Nauplie-Cavallino .... Quelle cavale !...

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Lundi 24 Août 1970 :

 

Levés à 7H, nous quittons le camping de Nauplie à 9H30 …
Au compteur, la Simca 1000 affiche 81763 km et l’Anglia 45749 km (auxquels il faut ajouter les 99 999 km du tour de compteur déjà effectué … ) ce qui, en fait, représente 145748 Km parcourus par cette vénérable petite Ford depuis sa sortie d’usine en 1963…


C’est parti pour une longue remontée vers le Nord …


50 kilomètres plus loin, nous faisons le plein d’essence des deux voitures … Il est un peu plus de midi quand nous sortons d’Athènes empruntant l’autoroute reliant la capitale hellène à celle de la Macédoine, Salonique, passant par Lamia, et Larissa. A partir de cette dernière ville nous reprenons notre trajet de l’aller, cette fois effectué en sens inverse …
A 14 H, nous faisons un court arrêt pause sandwichs et boissons … Il fait chaud … 16H30 nouvel arrêt pour faire le plein d’essence des deux voitures … on en profite pour boire un pot à une terrasse près de la station service … Grosse déception pour Daniel et moi… il n’y pas de bière… nous sommes condamnés à boire du Coca Cola … Il est frais … c’est déjà ça …
On poursuit notre route, sous la chaleur accablante… glaces grandes ouvertes … turbulences d’air chaud dans l’habitacle, c’est saoulant … Il y peu de circulation sur l’autoroute et plusieurs fois nous roulons de front, la Ford au côté de la Simca, on se fait des signes et même nous nous passons des cigarettes d’une voiture à l’autre, à plus de 100 à l’heure … Sacrée jeunesse !...


 

* Quelque part en Grèce sur le chemin retour ...
Photo prise depuis la Simca 1000...


Aux abords de Litochoron, nous repassons près de L’Olympe …19H30, nous sommes encore à une bonne centaine de kilomètres de la frontière Greco yougoslave …
A partir de Katerini, l’autoroute prend fin… Sur la Nationale qui la prolonge, aux abords de Salonique, comme à notre arrivée en Grèce, nous retrouvons le trafic plus dense avec une noria de camions et de tracteurs…
Nous passons à côté d’un accident spectaculaire ; une voiture renversée sur le toit, brûle dans un fossé et autour il y a déjà un gros attroupement… Nous restons silencieux un long moment …
Ayant longé la mer sur plus de 80 kilomètres, nous traversons à nouveau des plaines fertiles à perte de vue … Nous approchant du Nord du pays, les paysages se font plus vallonnés puis de plus en plus rocailleux à l’approche de la frontière.
20H30 arrêt à Evzoni où, aux abords de la localité, nous trouvons un mini terrain de camping … Montage d’une seule tente … Nous apprécions le repas copieux pris à un petit restauroute avant d’aller nous coucher ivre de fatigue vers 23H …

 

Simca 1000 : 82514 km – Anglia : 146 494 km … 

 

Mardi 25 Août 1970 :

 

7H40 Départ précipité après avoir effectué une toilette sommaire dans des conditions plutôt folkloriques.
A 1500 mètres de la frontière nous nous arrêtons pour faire l’appoint d’eau pour les batteries.
Le passage, se fait sans difficulté. Nous voilà de retour sur le sol yougoslave. Arrêt petit déjeuner à Gevgellja. Je râle un bon coup en voyant que l’on nous propose toujours cet infâme café turc. Je préfère boire une bière que j'apprécie en dépit de l’heure matinale…
 9H… C’est parti pour une longue traversée de la Yougoslavie…
14H Arrêt casse-croûte d’une demie heure. Nous avons parcouru 307 km depuis la frontière. Quand nous repartons il commence à pleuvoir… La pluie nous accompagne un moment, rafraîchissant l’atmosphère … Les moteurs apprécient autant que nous, ces températures plus clémentes …
On avance… on avance … Nis, Belgrade… Direction Zagreb…
Vers 20H nous nous arrêtons pour dîner dans un restaurant motel… très bruyant.
Nous repartons une heure et demie plus tard, la nuit est tombée. Nous sommes encore à plus de 250 km de Zagreb.
Commence une interminable parcours de nuit sur une route droite mais infernale avec des tronçons poudreux, des chantiers signalés par des feux de bois, des trous dans la chaussée sur laquelle traînent, ça et là, des objets inimaginables : barres de fer, bidons, cageots, pneumatiques, roues, tout ce qui peut se perdre, venant ou tombant d’un véhicule … C’est apocalyptique … surtout ces flambées qu’on voit de loin, sur ces interminables lignes droites… Il est préférable de ne pas dépasser le "50" pour éviter de faire une embardée fatidique. On roule l’œil constamment en alerte, les mains collées au volant … Cette route dangereuse a l’avantage de nous tenir éveillé, on ne risque pas l’endormissement. Les trois occupants de l’Anglia, nous sommes tous fumeurs … on grille cigarette sur cigarette … De ce fait, nous roulons vitres à moitié baissées et déflecteurs grand ouverts pour rafraîchir l’habitacle qui commence à sentir l’étable et le tabac froid…
On avance… on avance… dans la nuit yougoslave... Pour mon compte, la tension est telle, que je n’éprouve aucune fatigue … 
 


* Ci-dessous, le carnet de Bord où Anne-Marie a noté les pleins en carburant de la Simca 1000 et de L'Anglia, effectués au cours de cette longue étape... 

 

 

Mercredi 26 Août 1970 :

 

Il est presque 3H30 du matin quand nous atteignons Zagreb, ville fantôme aux vitrines de magasins toutes illuminées mais dont les rues et boulevards sont déserts. Dans la traversée de la ville, nous ne rencontrons âme qui vive … Hallucinant !... fichu pays !...  On file… En avant vers Ljubljana !
Nous retrouvons la belle route croate à 3 voies bien asphaltées (Autoput)… ça roule beaucoup mieux et surtout plus vite. Nous croisons très peu de véhicules.
Vers 4H30 du matin nous nous arrêtons pour nous reposer un peu dans les voitures. Nous avons parcouru plus de 1050 km depuis notre départ d’Evzoni … 21 h que nous sommes sur la route n’ayant pratiquement pas lâché le guidon …
Nous dormons plus ou moins bien, disons plutôt que nous somnolons durant un couple d’heures…   A 6H25, je sonne le réveil … il faut reprendre la route mes amis, l’Italie est encore loin !… Je me fais maudire… Il fait tout juste jour … On est hirsute, nous sortons des voitures pour nous dégourdir les jambes … petit jogging, quelques mouvements, chacun boit un peu d’eau en s’aspergeant également, histoire de bien se réveiller…
Nous levons les capots, regardons les niveaux, faisons l’appoint en eau pour les batteries et en huile pour les voitures dont les moteurs ont pas mal consommé au cours de cette dernière étape. Heureusement que nous avions notre réserve … seulement faisant l’appoint, je me rends compte que j’ai entamé mon dernier bidon. Il faudra pourtant vidanger avant d’entrer en France… on trouvera certainement de la bonne huile moteur en Italie ou en Suisse. L’Anglia ne consomme que de la « Antar Molygraphite »…
Nous voila reparti, il fait beau … Ljubljana est atteinte une heure et demi plus tard… il reste encore presque 100 kilomètres avant de passer en Italie… Route sinueuse dans la montagne où les nuages s’amoncellent.
10H15 du matin nous arrivons au poste frontière … ouf !.. C’en est fini avec la Yougoslavie … Juste entrée en Italie, nous nous arrêtons au premier restaurant qui se présente, pour prendre un solide petit déjeuner. En plus d’un vrai maous café, nous apprécions particulièrement le salamis et le fromage et, puis Daniel et moi sommes heureux de retrouver nos bonnes vieilles gauloises …
83811 km au compteur de la Simca 1000 … Nous repartons … on passe à proximité de Trieste, prenant la direction de Venise encore distante de plus de 150 kms …
Une heure plus tard, nous effectuons un nouvel arrêt : ravitaillement en carburant et pause boissons dans une auberge. Le soleil chauffe bien plus que la veille … On en a tous marre de la route et aspirons à trouver d’ici peu un bon terrain de camping … Tandis que nous sirotons bières et cocas présentés en méga bouteille comme le fait remarquer Anne-Marie, nous ressassons nos aventures de la veille dans l’enfer yougoslave, sur ces routes défoncées qui ont malmené nos montures … Le patronne du bar restaurant nous explique que nous trouverons de nombreux campings juste avant d’arriver à Venise… tandis qu’elle nous fournit ces explications, voilà que toute la famille s’y met : patrons, enfants, serveuses, parlent tous forts, accompagnant de moult gestes chacun de leurs propos. C’est vite la cacophonie … Exubérance méridionale !…
Nous reprenons la route et une heure plus tard, arrivons à Lido di Jesolo, localité où il nous a été dit que les terrains de camping foisonnent. C’est bien cela … on a que l’embarras du choix… Ils sont tous en front de mer Adriatique à touche-touche sur des kilomètres...



Il est 15H quand, finalement nous entrons dans l’Européan Camping (Aujourd’hui Europa Camping à Cavallino). Il est gigantesque mais il reste pas mal d’emplacements libres. Le gérant nous attribue la place 606 …
Montage des tentes, gonflage des matelas, grosse douche… Après ces bienfaisantes ablutions, mes amis vont jusqu’à la mer, moi je rentre sous une tente et m’endort aussitôt. Eux se sont baignés puis ont dormi sur le sable… Ils reviennent au campement, les uns après les autres, car la fraîcheur tombe vite sur la plage …
Je me réveille à 20H. Nous allons dîner au restaurant du camping … Spaghetti à la Bolognaise pour tous … c’est trop bon !...
23H Extinction des feux… On est heureux, béa, bien à plat …  

Simca 1000 : 83969 km Anglia         : 147958 km

Trajet Nauplie-Cavallino : 2206 km ...

à suivre...

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