Acropole...

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Samedi 15 août 1970 :

Réveil de notre petite communauté à 8H30… Certains d’entre nous veulent assister à la messe de l’Assomption … Ainsi, Anne-Marie, Maguy et Emmanuel vont à Athènes et dans une église  qu’ils trouvent horrible, ils assistent à la cérémonie ponctuée de beaux chants  mais qui dure un peu trop longtemps, d’autant qu’il fait très chaud et, qu’en plus la messe, est récitée en grec contemporain ( même pas classique !...)  Daniel  et Roselyne ont cherché en vain une messe orthodoxe mais n’ont rien trouvé  ( Étonnant cela …) Du coup, ils ont fait des emplettes… Moi, le « mécréant », je suis resté au camp pour préparer les visites mises au programme des prochains jours … 

A leur retour on va tous plonger dans la piscine avant d’aller au restaurant du camp  invité par Emmanuel… voilà une décision bien appréciée et qui, en plus de l’agrément d’un bon repas, nous évite la corvée de vaisselle  …



A 16h, nous partons tous, sous un soleil de plomb pour aller visiter l’Acropole à Athènes, sans omettre de prendre la réserve d’eau fraîche (fraîche pour un temps plutôt court … mais bon … )

Parvenu à pied d’œuvre, laissant les voitures au soleil (l’ombre se fait rare) nous constatons, grimpant sur le divin promontoire, que nous ne sommes pas les seuls touristes. Foule colorée et multi lingue croisons nous… Difficile d’apprécier le paysage  bien que nous nous sentons petit à l’entrée des propylées qui s’érigent aux abords du site. Elan vers les hauteurs d’une masse de marbre impressionnante …

 
Débouchant sur l’esplanade,
ayant encore quelques degrés à gravir nous apercevons, en arrière plan de blocs de marbres empilés au sol, les superstructures hautes du Parthénon blancheur nacrée en découpe, sur l’azur du ciel.



Instant saisissant qui nous laisse bouche bée… on en oublie les nombreux touristes qui sillonnent l’endroit mitraillant à tout va du clic clac de leurs appareils photos, ces vestiges d’un temps révolu, celui de la splendeur d’Athènes, il y a un peu plus de 25 siècles… Sur les fondations de ce qui, 20 siècles plus tôt, avait été un somptueux palais Mycéniens au cœur de la cité, Périclès avait élevé un sanctuaire effaçant les ruines d’un autre, rasé par les Perses. Aujourd’hui il présente à nos yeux sa majesté blanche parvenue jusqu’à nous, non sans graves blessures et lésions résultant des outrages du temps et du saccage des hommes. Les Turcs n’avaient-il pas installé là une poudrière qui un jour sauta et fit voler en éclat certaines parties de monuments de ce remarquable site …

 

 

Sortant de notre stupeur, à notre tour, nous débouchons sur l’esplanade pour  contempler de plus près ces vestiges d’une civilisation charnière entre Orient et Occident ; une civilisation  qui a porté haut les valeurs esthétiques dans toutes les formes d’art allant jusqu’à transcender le mouvement dans la pierre  et lui donner vie  pour l’éternité …  A la contemplation les Caryatides de l’Erechthéion, l’émotion nous saisit si fort qu’aussitôt, ces admirables vestales  se mettent en mouvement dans un ensemble parfait et avancent majestueusement nous révélant leur sublime marche Eurythmique en 3 temps :  lever – porter – poser , enchaînement fluide et gracieux qui provoque le léger balancement de leur longue tunique plissée… Marque du divin jusque dans l’accomplissement de ce qui caractérise l’homme qui, en sa verticale position progresse dignement, sur le plan horizontal. Une merveille !  Les progrès de l’humanité, ne se font-ils pas, pas à pas ?...

 

 

Erechthéion …érigé … rectitude attitude, l’homme debout, élève la pierre au niveau de sa condition… Là, colonnes en mouvement, impériales et ici, colonnes du Parthénon qui, du stylobate à l’entablement, fondent vers le ciel comme autant de jambes blanches élevées dans un prodige d’élégance cannelée. Ici, la mission des humains s’accomplit dans la grâce architecturale. A la suite des pieds ayant foulé la terre, les mains en extirpent la minérale substance pour la dresser vers le ciel. L’architecture grecque, plus que toutes autres, nous fait participer à cet extraordinaire dialogue entre les dieux et les hommes …

 

 Cette beauté de l’élan majestueux, cette harmonie des divines proportions, les artistes grecs les ont transmises à la postérité pour rappeler aux hommes, eux, ces colonnes d’eau vivantes, que cette toute puissance, cette magnificence font intégralement partie d’eux et qu’elles sont un don des Dieux … 


Voilà les pensées qui me submergent alors que je parcoure cette merveilleuse esplanade dominant Athènes la Blanche qui s’étale là, à perte de vue, sous nos yeux ébahis… Oubliées les agitations chamarrées des touristes grouillants, oubliés le tumulte et la débauche des déclics, tel bloc de marbre, je suis pétrifié par cette magnificence… mon âme trempe avec délectation dans ces minutes d’éternité … 

Du temps passe… retour à la réalité … A mon tour, je joue alors au photographe reporter au point que j’en oublie mes compagnons dont je me suis éloigné et qui m’attendent, quelque peu inquiets, au pied des Propylées… Je les rejoins enfin, nous admirons encore le petit temple d’Athéna Niké, juste au-dessus de nous… (Ici, en dessous ...)

 

Après cette visite, nous nous permettons un nouveau parcours à travers la ville de nuit… Nous y découvrons des quartiers pittoresques et très animés au point qu’on en a les jambes lourdes à force de marcher …  

De retour à notre campement on se met tous à la préparation d’un repas tardif, à base de riz et d’œufs. On dîne tranquillement, échangeant nos impressions sur les multiples découvertes de cette journée… les flonflons du dancing au loin, ne nous dérangent même pas, tellement nous sommes sous le charme …

Nous étaler pour la nuit à la belle étoile, nous  permet alors d’assister aux rares jets lumineux de leurs petites sœurs filantes… 

 

A propos du Parthénon*

C’est sous la direction de Phidias - auquel on doit l’Athéna chryséléphantine dont on peut admirer la copie tardive au musée nationale d’Athènes – que les architectes Ictnitos et Callicratès - que fut reconstruit entre 447 et 438 le Parthénon détruit par les Perses en 480  avant J.-C.

Les mensurations du Parthénon du style périptère (un total de 46 colonnes doriques sur les quatre côtés,) sont de l’ordre de 69,51m ponctués de 17 colonnes, sur 30,88m ponctués de 8 colonnes. Il faut mentionner que le stylobate (partie d’assise des  colonnes) l’architrave (partie haute rassemblant les colonnes à leur sommet) sont incurvées de façon convexe, les colonnes sont toute érigées «  en fruit »  (Inclinées de 7cm vers l’intérieur  - les 4 colonnes d’angle sont, elles, plus grosse et renflées au premier 1/3 de leur élévation - ceci pour compenser les effets optiques et que de partout l’on ait une nette impression de verticalité, effet auquel s’ajoute l’avantage de favoriser un bien meilleur écoulement des eaux de pluie.

A  l’intérieur en retrait du pronaos, à l’Ouest, la cella où était placé la statue d’Athéna  est portée par un ensemble de 23 colonnettes de style ionique. Vers l’Est en deçà de l’opisthodome, se tenait la salle des vierges jouxtant la Cella.

Un décor sculpté ornait les deux frontons du Parthénon. Au-dessus des architraves,   éblouissante, est la composition des frises constituées des 92 métopes de l’entablement, glorifiant Athéna. Ces frises d’une hauteur de 1,06 m s’étalent sur presque 160 m …) 

* NB  Le Parthénon ne serait pas un temple mais  un « trésor » dont la vocation était d’abriter l’ex-voto qu’est la colossale statue de 12 m de haut, représentant Athéna …


à suivre... 

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