La traversée de l'Autriche en franchissant les Tauern...

4 minutes de lecture

Dimanche 2 Août 1970 … 8 heures du matin, nous sortons des tentes quelque peu ébouriffés et les yeux encore plein de sommeil… Le soleil a déjà bien rempli son office en séchant la toile de nos tentes. On entend chanter un ruisseau tout proche, les crêtes des montagnes tout autour de nous se découpent sur un magnifique ciel bleu …

    Un bon café et on s’anime : démontage et pliage du campement … A 10H20 nous quittons Dalaas (Autriche). Quelques kilomètres plus loin à Arlberg, nous faisons le plein d’essence des deux voitures … Avec le chargement volumineux sur le toit de l’Anglia et le rouli engendré, nous ne pouvons pas rouler très vite sur les routes sinueuses du Tyrol si bien que nous ne parvenons à Innsbruck qu’à 13H20 . Nous y effectuons un petit ravitaillement pour le pique-nique que nous faisons, en sortie de ville, dans un champ bordant la route …  

S'étant bien sustentés, nous repartons… Jusqu’alors, l’Anglia dont le moteur cafouillait de façon épisodique hier, a tourné rond … Je me sens rassuré… J’ai dû me réjouir trop tôt car à 16H35 exactement ( Carnet de bord du voyage rédigé par Anne Marie ), la voiture cale et ne veut pas redémarrer… Arrêt obligé… On lève le capot ( Il sera souvent ouvert ce capot, au cours du voyage…) Avec Daniel on opère les mêmes bidouillages que la veille et dix minutes plus tard nous repartons… Énervant ça !...  Surtout qu’on ne sait pas pourquoi, le moteur fait des siennes … Wörlg , nous avons effectué 1308 kms depuis notre départ l’avant-veille …  

A peine une heure plus tard et l’Anglia s’immobilise de nouveau … Le « chameau » de service se montre récalcitrant … Cette fois, nous sommes obligés de remorquer la voiture, la Simca 1000 s’y colle… (Sage précaution ayant envisagé cette situation, nous avions, dans chaque coffre des deux voitures, un câble de remorquage) Dans un garage à Lofer, nous sommes accueillis par des personnes très aimables qui compatissent et qui font venir un agent Ford … Voilà deux mécanos penchés au-dessus du moteur et qui baratinent en riant … Malgré l’orage et une grosse averse, l’ambiance est à la rigolade… Un des mécanos, goguenard, qualifie l’Anglia d’Antiquité… Ça tombe bien, nous allons en Grèce… enfin, si on y arrive … La panne vient d’un fil d’alimentation du distributeur, en un tour de main, ils remédient à cela et nous assurent que nous pouvons repartir tranquillement… La facture n’est pas trop salée et on s’en tire pour 120 shillings autrichiens… (Déplacement un dimanche…) Merci pour le service car les hoquet moteurs de l’Anglia sont définitivement éradiqués…Il est 19H30 quand nous repartons de Lofer…  

Zell am See, c’est parti pour le franchissement des Tauern . Nous allons monter en lacets interminables, sur plus de 40 kilomètres, jusqu’au col du Grossglockner à 2465 m. ! L’ascension se fait à allure très réduite, par endroit la rampe de la petite route atteint un pourcentage de pente allant jusqu’à 17%... L’Anglia est à la limite de l’asphyxie… , dans certaines épingles, en marchant à côté on irait plus vite… Le moteur chauffe, rien d’étonnant… Au volant je ne pipe mot l’œil rivé à la route ( A l’époque je fumais la pipe justement … J’ai cessé de fumer en 1976 … Tiens ça fait 40 ans ! … )  A 23h, nous sommes parvenus au sommet du col … Arrêt dans la nuit … il neige… Ça floconne, c’est bien pour les moteurs qui peuvent refroidi. Dans le halo des phares, on se fait une bataille à coups de boules de neige… surréaliste car nous sommes  bientôt le 3 Août…  C’est parti pour la descente vers Lienz ! Maintenant, ce n’est plus le moteur qui chauffe mais les freins… Même en 2nd, la voiture s’emballe sur certains raidillons bien pentus… Dörllach et ça descend toujours … Infernal ! il fallait vraiment être cinglé pour prendre une telle route … Grand regret d’avoir fait cette « promenade » la nuit, car ça doit être magnifique le jour !…      


Lundi 3 Août : Nous effleurons Lienz et filons vers Spittal et de là sur Villach où nous parvenons vers 1H30 du matin. La Yougoslavie est toute proche (On est encore à l’époque de Tito, ainsi, de la Slovénie à la Macédoine passant par la Croatie, la Serbie et le Monténégro, ce n’est qu’un seul État) L’Italie n’est pas loin non plus et nous n’avons pas manqué de faire la gaffe du jour (de la nuit plutôt...) : à une bifurcation, nous avons pris la mauvaise route ce qui fait que nous nous retrouvons à la frontière Austro-Italienne…  Demi tour, c’est l’autre frontière que nous devons franchir : l’ Austro-Yougoslave… ça nous vaut de faire une vingtaine de kilomètres supplémentaires … mare de chez mare !... Il n’y a personne d’autre que nous au poste frontière ; nous sommes les deux seules voitures … Le douanier de service examine nos passeports puis nous repartons vers Ljubljana où nous parvenons à 3h30 du matin … La ville est déserte en pleine nuit, mais tous les magasins fermés sont éclairés !… Dodo dans les voitures… avant d’arriver dans la capitale de la Slovénie, nous avions fait une halte dans un petit village pour nous reposer un peu, mais un groupe de jeunes plutôt éméchés, rôdant autour des voitures et nous interpellant en frappant vigoureusement aux vitres, nous a décidé à reprendre la route…

A 5h30 du matin, ayant plus ou moins somnolé nous quittons Ljubljana, nous prenons « l’autoput » (Prononcer: "autopout" Ainsi nommait-on, en Yougoslavie, à cette époque, les routes à grande circulation) Effectivement, c’est de la chaussée bien asphaltée à 3 ou 4 voies non séparées. Le jour levé, nous y croisons beaucoup plus de camions que de voitures particulières… 7H30 : à 1836 kilomètres de notre point de départ, nous atteignons Zagreb, une grosse ville… Les gaz d’échappements émis par les véhicules sont infects… Il fait déjà chaud, Le froid de la nuit dans les Tauern n’est plus qu’un souvenir. Nous nous arrêtons à une terrasse de café pour prendre le petit déjeuner… on nous sert du café turc... une horreur !... Nous ne sommes pas au bout de nos surprises…  

 - à suivre ...

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Patrice Lucquiaud ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0