Chapitre 55

5 minutes de lecture

Ecrit en écoutant notamment : Super Space - Trance Force [Hardtrance]


Alors que je traverse à pied l’Ill pour rejoindre le lieu de rendez-vous que nous nous sommes indiqué, je me surprends à ne plus être jaloux des couples se tenant la main que je croise. J’arrive à 14h59 place Kléber, et retrouve l’ambiance agréable qui règne en ce moment à Strasbourg : le froid n’est pas encore trop prégnant, et les rues ne sont pas encore envahies de chalets et de touristes qui se déplacent en masse équipés de perches à selfie pour le marché de Noël !

Ainsi, il me semble repérer mon ami Lilian depuis l’autre bout de la place. Je lui fais un grand signe à l'aide de mes bras, mais suite à une inspection plus poussé après avoir avancé de dix mètres, je constate que c’est sûrement un simple couple parmi d'autres. Faut dire que le mec lui ressemblait !

Je fais marche arrière, et n’ai qu’à attendre quelques secondes pour apercevoir avec joie mon amoureux sortir du tram et se diriger vers moi d’un pas assuré. Après avoir ressenti le frisson habituel qui me parcourt à chaque fois que je revois sa belle gueule, je me mets à courir en sa direction. Dans mon enthousiasme débordant, j’évite de justesse une collision avec une grand-mère qui sort de la Fnac, mais trébuche sur le rebord du quai de la station de tram. J’essaye de me rattraper, mais m’écroule sur mon amoureux, qui manque lui-même de tomber en arrière. Il éclate de rire devant tant de maladresse :

— Putain t’étais tellement pressé que ça de me prendre dans tes bras ? Je te rassure, moi aussi ! Ça va, tu ne t’es pas fait mal ? termine-t-il plus sérieusement.

— Si… je crois que je me suis éclaté le poignet sur le sol… ça fait assez mal… attends, je vais essayer de bouger tout ça…

Je fais lentement pivoter mon articulation et grimace en le regardant dans les yeux, puis me lamente :

— Oh non… la main gauche en plus… comment je vais faire pour te donner un peu de plaisir les prochains jours ? Je suis moins doué de la main droite pour ça…

Il semble très déçu, et j’avoue que je suis assez satisfait de ma petite blague ! J’aurais envie de le faire marcher encore quelques minutes, mais constatant qu’il traîne maintenant des pieds et avance sans réelle volonté, j’ai vraiment trop pitié de lui, et lui révèle ma feinte. Il est refait en un dixième de seconde, ce qui m’indique qu’il a sûrement prévu un projet assez croustillant pour ce soir. Vraiment, je me demande ce qu’il a imaginé… et j'espère être à la hauteur !

Alors que je suis en train de lui expliquer que j’attends toujours mon ami, je suis bousculé par une violente bourrade qui s'abat sur mon dos. Je me retourne, prêt à faire face, et me retrouve nez à nez avec Lilian.

— Bah alors, c’est quoi ce vent magistral que tu m’as mis à l’instant ?

Je me rends compte de ma gaffe en voyant la jeune fille de notre âge qui accompagne mon ami, et maudis mon manque de discernement légendaire.

— Oh merde… je suis désolé… j’ai cru que ce n’était pas toi, enfin pas vous…

J’essaye de me rattraper en faisant la bise, et en me présentant à celle qui semble être la petite amie de Lilian. Avant que je n'aie le temps de faire une nouvelle gaffe, elle nous explique qu'elle est la cousine de Lilian, et qu'elle vient visiter l'Alsace quelques jours avant de repartir en Suisse...

Lilian nous demande ensuite à Morgan et moi si nous aurions envie de faire quelque chose en particulier. Devant notre intense réflexion qui ne donne pour l’instant rien de concret, Léa propose de prendre le tram vers le Rivétoile, un grand centre commercial situé au sud de Strasbourg dans le quartier de Neudorf, et qui accueille aussi de nombreux restaurants, bars et un cinéma. Malgré le souvenir particulier du match qu'on a joué dans ce quartier la semaine dernière, j’accepte avec plaisir. Il faut reprendre le tram pour vingt minutes, mais ça vaut vraiment le coup !

Je suis surpris que Lilian n'ait pas du tout fait allusion au fait que Morgan et moi sommes ensemble, mais je n'ai pas envie de le faire moi-même, et puis, ce n’est pas si grave finalement...

Nous arrivons sur place, et par curiosité, nous regardons s’il n’y aurait pas un bon film qui commence dans pas trop longtemps. Lilian semble très intéressé par l’un d’entre eux, dont la séance débute à 15h45.

Je regarde Morgan avec insistance, car je ne voudrais pas qu’on soit en retard, pour quelque activité que ce fût. Il me rassure d’un hochement de tête du style « ça va, je gère le timing ! ».

Le film d'action se révèle moyennement intéressant et trop prévisible, et j’en profiterais bien pour embrasser mon amoureux, mais nous nous sentons tous les deux un peu gênés, car nous ne savons pas si la cousine de Lilian est au courant de notre relation. D’autant plus qu’elle s'est installée dans le fauteuil directement adjacent au mien... Nous sommes donc contraints de rester sages pendant tout le film, et je ressors un peu frustré, en plus d'être largement déçu par la qualité du film, sur lequel j'ai bien été forcé de me concentrer.

Lilian s’excuse en rigolant de son choix douteux, ce qui a le don de nous détendre tous les quatre, puis pour nous réconforter, nous nous installons et commandons à boire. La discussion va de bon train; je suis largement impressionné par les facilités de Morgan à sympathiser avec des inconnus, et alors que nous sommes toujours aussi indécis sur la conduite à adopter, cherchant de l’aide dans le regard de Lilian, Léa nous lance :

— Eh mais il y a pas de problème les mecs, vous pouvez faire ce que vous voulez… enfin ce qui reste dans les limites de l’acceptable ! Ça me choquera pas si vous vous embrassez...

Je manque de m’étrangler :

— Attends, mais comment tu sais ? Ah mais oui, je suis con, c’est Lilian qui t’en a parlé…

— Même pas ! Mais ça se voit à des kilomètres ! Après, je dois dire que t'aurais pu m'en parler avant, Lilian ! Les pauvres, ils se retiennent depuis des heures !

Je suis horriblement gêné, et me contente simplement de croiser mes doigts entre ceux de Morgan, sa main étant déjà posée sur la table. Ça m’est déjà tellement peu naturel d’afficher notre couple, même devant mon ami…

Heureusement, Léa réussit à nous mettre à l’aise - enfin surtout à ME mettre à l’aise -, en se contentant de poser quelques questions pas trop indiscrètes sur notre relation.

Vers 19 heures, après nous être promis de nous revoir cette semaine avant qu’elle ne reparte chez elle, nous nous quittons et laissons les deux cousins naviguer entre les boutiques qui sont encore ouvertes.

Je suis assez surpris quand Morgan m’emmène ensuite à la gare… j’ai l’impression qu’on va chez lui… Et effectivement, alors que nous atteignons la station de son village, il se lève d’un bond en me tirant par le bras. Nous marchons cinq bonnes minutes à une bonne allure, et je finis par reconnaître sa rue.

Vu la hargne avec laquelle il me saute dessus sans prendre le temps de refermer la porte de chez lui, j’en déduis que sa surprise est probablement d’avoir la maison pour nous tout seul... Après m’avoir embrassé sauvagement en fouillant tout mon corps de ses mains, il s’exclame :

— Et voilà ! Toute la nuit, rien que tous les deux, qu’est-ce t’en penses ?

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire lampertcity ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0