Chapitre 53

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Ecrit en écoutant notamment : Primeshock – Primetime [Disco/Hardstyle]


Je continue à râler tout seul en me demandant maintenant pourquoi Morgan et moi habitons si loin l’un de l’autre... Je t’explique pas la galère que ça sera pour se voir régulièrement, surtout quand les vacances seront terminées ! Les entraînements et matchs de foot ne sont clairement pas des occasions idéales pour se faire quelques câlins, alors que si je le pouvais, je me blottirais dans ses bras ad libitum…

Une idée qui pourrait peut-être un peu arranger les choses surgit alors dans mon esprit. Je fêterai mes dix-huit ans dans quatre mois, et qui dit dix-huit ans, dit possibilité de passer son permis ! Je ne m’étais jamais vraiment intéressé à la question, ou du moins je repoussais inlassablement ce projet, n’y discernant pas une grande utilité. Mais là, faut dire que ça serait vraiment pratique pour se voir !! Enfin, si mes parents m’autorisent à emprunter la vieille Renault qui affiche 200.000 km… Au moins, je n’aurais ni à les déranger, ni à me taper trente kilomètres aller-retour à vélo à chaque fois dans le froid de l'hiver qui arrive.

Toujours est-il que, mû par une motivation absolument remarquable, je décide de m’installer devant le PC de la maison et d’aller apprendre le code de la route en ligne. Bon, il faudra néanmoins que je négocie avec mes parents pour qu’ils m’aident à payer l’auto-école du village, les 485 euros que j’ai reçus en bossant trois semaines cet été ne suffisant clairement pas.

Si je prends un peu d’avance maintenant, je pourrai peut-être obtenir le code assez rapidement, et avec un peu de chance, passer l’examen du permis avant ma majorité…

Après avoir essayé de retenir le maximum d’informations en une heure, je tente un test fictif, et échoue lamentablement à 17/40. Merde, il y a encore du travail ! En même temps, quelle idée de foutre un cédez le passage derrière une branche ! Et puis qu’est-ce qu’on a besoin de savoir quand activer les feux de position ou de croisement ! Et connaître les règles applicables en cas de croisement impossible sur une route de montagne, on en parle ?

Je ne désespère pas, et ayant vraiment toute la journée à tuer, je passe plusieurs heures à essayer de retenir du mieux possible toutes ces règles, dont j’aurai sûrement oublié les trois quarts un mois après avoir passé mon permis… Mes efforts payent, puisqu'au bout du septième essai, je commence à reconnaître certains pièges usuels, et parviens à dépasser les 30/40. Il manque encore quelques points, mais je progresse !

À 14h30, je me rends brusquement compte que je n’ai même pas encore mangé, et décide de faire cuire la moitié d'un sachet de pâtes en prévision de l’entraînement de ce soir. En attendant que l’eau daigne bouillir, j’en profite pour envoyer un message à Lilian et lui demander s’il serait chaud pour une sortie avec Morgan cette semaine. Je le lui présente comme un simple ami pour l’instant, ne souhaitant pas encore trop m'avancer.

Je suspends mes révisions concernant les différents pictogrammes du tableau de bord lorsque mon frère et ma mère rentrent à la maison à dix minutes d’intervalle. Ma soudaine lubie m’avait presque fait oublier ma mission du soir, et j’essaye de me convaincre que ça ne va pas trop mal se passer en me rappelant que j’ai déjà un soutien de poids en la personne de Nathan. Les quelques kilomètres qui nous séparent du terrain du club ne m’ont jamais paru aussi rapides à parcourir…

Ainsi, pour éviter de stresser trop longtemps, je prévois de faire mon annonce au début de l’entraînement. Alors que je me dirige plus ou moins sûr de moi vers les vestiaires avec mon frère, me répétant une dernière fois la formulation que j’ai soigneusement préparée, mon coach m’arrête et ordonne à Nathan de nous laisser seuls tous les deux. Il m’emmène sur la pelouse, probablement pour éviter que notre conversation soit entendue par un tiers; il prend ensuite la même inspiration que lors de ses discours d’avant-match, et commence à me parler :

— Comme tu l’as peut être remarqué, samedi dernier, après la fin du match, j’étais plus occupé à bander l’arcade de Morgan plutôt qu’à me lancer dans des leçons de morale...

Mmmh, moi quand je m’occupe de lui, c’est pour le faire bander tout court…

— Mais ton comportement est ab-so-lu-ment inadmissible pour un joueur de notre équipe. Sans parler du fait qu’on perd sûrement un joueur précieux avec tes conneries. C’est pas parce qu’on se traite gentiment de tapettes à l’entraînement qu’il faut amocher ton ami, quelle que soit la raison de votre… Enfin bref, sache que j'attends de toi un comportement irréprochable à l'avenir, et que, si par miracle, ton pote a le courage de revenir, t’as plus qu’intérêt à t’excuser, et même à le soutenir face aux autres, parce que crois-moi, ils ne seront pas tendres avec lui, et je ne vais pas passer mon temps à faire la police.

— D’accord, pas de problème ! Et s’il y a une chose dont je suis sûr, c’est qu’il sera là aujourd’hui, et qu’on s’entend très bien !

Il me scrute quelques secondes d’un air suspicieux, ne comprenant pas où je veux en venir avec ma formulation volontairement mystérieuse, et il finit par me lancer, en effectuant un mouvement ample du bras :

— Allez, va te changer, et j’espère que t’as raison !

Bon, on va dire que mon entraîneur est un ‘demi-allié’… J’obtempère, vais donc mettre mes chaussures et protège-tibias, et observe que l’équipe est quasiment au complet, assise sur les bancs en bois.

J’ai horreur de me montrer en public, surtout pour évoquer un sujet que je ne devrais pas avoir à commenter, mais la blessure que j’ai infligée à mon petit ami mercredi dernier justifie clairement quelques explications auprès de mes partenaires. Et puis, je sais aussi que Morgan attend ça impatiemment…
En effet, je n’ai même pas eu le temps d'aller lui serrer la main, mais il se mord presque les doigts d’impatience à l’autre bout de la pièce. J’espère juste qu’il n’a pas déjà été victime de trop de moqueries, parce que là, on risque d’être servis.

Je capte l’attention de mes partenaires et disant assez fort :

— Vous voulez vraiment savoir pourquoi j’ai poussé Morgan contre la barrière la dernière fois ?

Alors que je m’attendais à ce qu’il y en ait au moins un qui ouvre sa gueule pour raconter une connerie, je suis agréablement surpris par l’intérêt et le respect qu’ils semblent me porter. Certains me fixent moi, d’autres toisent Morgan, d’autres encore alternent entre nous deux.

— En fait, j’ai été vraiment con. Si vous pensez qu’il n’y a qu’un mec gay dans l’équipe, c’est faux. Moi aussi, et Morgan, c’est mon petit ami. Si j’ai réagi de cette manière la dernière fois, c’est sûrement que contrairement à lui, je me méfiais de votre réaction. À vous de me montrer si je peux avoir confiance en vous.

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