Chapitre 47

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Ecrit en écoutant notamment : Italobrothers – Radio Hardcore [Dance Music]


— Tu ne te souviens donc pas de m’avoir invité ? réplique-t-il avec une assurance qui claque en contraste avec ma posture hésitante.

— Si… si, bien sûr ! Entre !

— Parfait, tu peux laisser ouvert, mes parents viennent aussi vous dire bonjour rapidement.

Il débarque dans le hall d’entrée comme si c’était chez lui, va trouver mes parents, fait la bise à ma mère, et serre virilement la main de mon père.

Ses parents le rejoignent quelques secondes plus tard, et malgré la proposition des miens de discuter un moment autour d’un apéritif, ils refusent poliment, ayant déjà une autre invitation à honorer. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’ils sont passés déposer leur fils plus tôt que prévu, nous ont-ils expliqué.

Alors que je me dirige vers le salon pour aller chercher mon téléphone, Morgan me suit d'un pas rapide et se rapproche dangereusement de moi. Au secours ! Qu'est-ce que je fais maintenant ? Il me fixe dorénavant avec un sourire dont l’intention reste largement indéchiffrable, et moi, je reste planté comme un idiot entre la cuisine et le salon. Je finis par reculer de quelques pas en informant tout le monde d’une voix forte que je vais lui faire visiter le quartier avant que la nuit tombe.

Il me suit sans demander d'explications supplémentaires, ainsi nous marchons dans un silence impérial le long de quelques rues quasi-désertes, à l’exception d’un voisin qui s'acquitte de la promenade vespérale de son caniche géant, puis je le mène volontairement sur un chemin qui sort du village vers les champs pour être absolument sûr de ne pas être dérangés.

Je m’arrête une ou deux minutes après nous être engagés sur le chemin de terre, et il fait de même devant moi, éclairé à contre-jour par les dernières lueurs multicolores du soir.

J’affiche un sourire empreint d'appréhension et approche fébrilement mes doigts de son arcade suturée en allant l’effleurer très légèrement. Il tressaille à peine sous mon authentique marque d’affection, puis me sourit enfin sincèrement. J’aurais envie de l’embrasser, mais le souvenir d’il y a deux jours me met encore trop mal à l’aise. Alors bêtement, je me mets à regarder ses pieds et dis d’une voix saccadée :

— Euh, je ne sais pas vraiment par où commencer…

— Moi je sais bien.

Il me relève le menton, je sens son souffle chaud se rapprocher de mon visage, puis ses lèvres viennent s’écraser sur les miennes. Je suis encore tellement sous le choc qu’il aurait sûrement plus de sensations en embrassant ma statue au Musée Grévin - encore fallut-il qu’elle existe -. Passé l’instant de surprise, j’ouvre légèrement la bouche pour permettre à sa langue insistante d’aller chercher la mienne. Après quelques dizaines de secondes qui m'ont paru trop courtes, il me dit posément:

— Voilà, maintenant on peut parler.

— Si tu crois que ça m’a avancé tout ça…

— C’était pas suffisamment clair ?

— Je sais pas…
— Bon, j’aimerais que ça soit la dernière fois qu’on parle de ça. J’ai fait une connerie, toi aussi. Match nul. La seule chose que j’ai envie de faire maintenant, c’est de continuer à t’embrasser !

Une chaleur dévorante m’envahit, et mû par mon instinct, je viens me loger entre ses bras et prends l’initiative de l’embrasser avec une fougue qui m’était jusqu’à lors inconnue. J'ai envie de le plaquer au sol, de m’allonger sur lui, de lui retirer ses vêtements, de caresser son torse en l’embrassant dans le cou… Je me perds dans mes pensées et il semble deviner mes intentions en me reprenant gentiment :

— J’espère que t’as pas l’intention de faire l’amour dans les champs ! C’est un peu boueux en ce moment !

— Ah non, non, viens, on rentre !

— Pour faire l’amour ?

Je lui réponds d’un rire amoureux en lui rappelant que mon frère et mon cousin dormiront dans la chambre d’à côté cette nuit et la prochaine. Il semble déçu :

— Oh bah non ! Tu penses que ça passe si on les déménage à la cave temporairement ?

— On aura toutes les vacances ! Pas de précipitation ! Mais je suis super rassuré que t’aies envie de me sauter dessus, crois-moi !

— Mmmh ! Oui… ronronne-t-il d’un air lubrique en me détaillant, insistant plus particulièrement sur certains endroits de mon corps.

Tout d’un coup, l’envie d’étreindre son torse sans aucune entrave devient beaucoup trop forte : j’enlève mon t-shirt et le sien, et viens me réchauffer dans ses bras, le vent du nord cinglant de cette fin octobre me fouettant férocement les côtes. Ma main plonge à l’aveugle vers sa ceinture, qu’elle déboucle avec agilité, avant de se frayer un passage entre le tissu et la peau pour atteindre l’objet de son désir.
Il me regarde, manifestement désorienté par mon excès d’engagement, et avant qu’il ait le temps d’en placer une, je commence à embrasser ses épaules dénudées tout en faisant rouler son sexe sous ma main. Il émet un soupire de satisfaction, et j’entends sa respiration s’accélérer et adopter un rythme saccadé à mesure que je m’applique pour lui prodiguer d’agréables sensations. Je me recule ensuite d’un demi-mètre, ne sachant plus vraiment si je tremble d’excitation, d’émotion, ou bien simplement à cause du froid. Je contemple l’être magnifique qui se dresse fièrement en face de moi, me rappelle qu’il est mien, sens une émotion oubliée depuis longtemps se matérialiser, et finis par lâcher dans un sanglotement haché :

— T’es… tout pour… moi ! Je t’aime !

Je hurle de toutes mes forces, les habitations les plus proches se situant à cent mètres :

— Vous m’entendez, J’AIME MON MORGAN !

Je prends rapidement conscience du ridicule de ma déclaration, et j’ai comme l’impression qu’il va me sortir une remarque décalée dont il a le secret, mais il ne semble finalement pas disposé à plaisanter, apparemment lui aussi sous le coup d’une émotion intense. Il vient au contraire me chuchoter presque imperceptiblement à l’oreille :

— Moi aussi. Je t’aime, Michaël.

Nous restons sans parler l’un face à l’autre, un mètre nous séparant, comme si cet éloignement rendait ensuite le contact avec l’être aimé encore plus merveilleux. Après nous être revêtus, nous faisons sagement demi-tour, nous tenant uniquement par la main. Je suis convaincu qu’il est aussi soulagé que moi que nous soyons littéralement retombés dans les bras de l’autre aussi facilement. Et heureusement qu’il a fait le premier pas…

Nous reprenons des expressions les plus normales possibles et détachons nos mains en gravissant les quelques marches qui mènent à la porte. Nous n’avons pas le temps de nous déchausser que mon père vient interpeller Morgan :

— Je te remercie encore toi et tes parents pour la bouteille de coteaux du Ventoux ! Ça me fait très plaisir !

— Ah… de rien ! Mais on ne peut pas vraiment dire que c'est moi qui ai choisi !

Il saute ensuite du coq à l’âne en reprenant à parti mon amoureux :

— Aussi, entre nous, je trouve que t’as fait des super matchs récemment ! J’avoue que je suis impressionné par ta combattivité et ton endurance ! Michaël te l’a jamais dit ?

Nathan, qui était plongé dans son smartphone au salon, accourt en entendant parler de foot. Morgan, quant à lui, hésite sur la réaction à avoir face à ces compliments, et espère trouver de l’aide en se tournant vers moi, mais les clins d’œil bienveillants quoique hésitants que m’a adressés mon père m’ont déjà trop perturbé pour que je puisse lui être d’une quelconque utilité. Il serait presque mignon à essayer de nous réconcilier, mais ce n’est plus franchement nécessaire !
Nathan semble se retenir de rire en nous voyant tous les trois nous regarder bizarrement, alors que ma mère, qui a aussi perçu le léger malaise qui règne, et qui s’apprêtait à poser quelques questions pour éclaircir la situation, est heureusement interrompue par la sonnerie. Cette fois-ci, c’est sûr, ce sont les cousins !

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