Chapitre 17

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Ecrit en écoutant notamment : Sweet – The Ballroom Blitz [Rock'n Roll]


Sentant que je traîne nonchalamment derrière lui, le surveillant finit par se retourner, aigri :


— Allez, on accélère, je n’ai pas toute la journée devant moi ! Moi, je travaille !


— Oui, oui, j’arrive…


Alors que nous pénétrons dans son bureau, le père d'Alexis intime au surveillant :


— Vous pouvez y aller, je vais m'expliquer en tête à tête avec ce jeune homme.


Surpris, il quitte la pièce pour aller retourner vaquer à ses occupations, qui semblent relativement peu passionnantes.


— Alors Michaël, on ne se voit guère fréquemment ici, n’est-ce pas ? Tu me permets que je t’appelle par ton prénom ici ?


— Oui, bien-sûr, je n'y vois aucun problème.


— Toi aussi, tu peux, si tu veux, enfin bon, venons-en aux choses sérieuses. Quelle idée d’amocher ton camarade de classe ? Tu as encore de la chance, selon l’infirmière, ce ne sont que des bleus et des griffures sans conséquences… Qu'est-ce qu'il t'a fait, Alexandre ?


— Oh, ne vous inquiétez pas, c’était juste un différend tout à fait futile, et quelques insultes, vous savez, des trucs d’adolescents… Je ne sais pas vraiment ce qui m'a pris sur le coup...


— Oui, je comprends, Alexandre m’a dit la même chose tout à l'heure, il t’a piqué ta copine, c’est ça ?


Euh, non, pas tout à fait… Mais soit… Tant mieux s’il s'invente tout seul une explication plausible…


— En quelque sorte, mens-je en essayant de conserver un air détaché.


— Ce n’est pas ça qui m’empêchera de te faire venir samedi matin, j'y suis bien obligé. On peut quand même s’arranger pour la date, ça te va, cette semaine ?


— Ouais parfait, allez, à la prochaine, dans d’autres circonstances ! conclué-je en me levant du siège à l’assise volontairement plus basse que celle de son majestueux fauteuil en cuir.


Je quitte alors le bureau comme si j'avais accompli une formalité administrative, et note en refermant la porte son air passablement déconcerté, avec les sourcils froncés et la bouche en cul de poule.


Après avoir fini le cours de maths et être rentré chez moi, je me prépare pour l’entraînement de foot du soir. Avec toutes ces émotions, j’avais complètement oublié que j’allai revoir mon beau Morgan. Quand je le croise, forcément, ça ne rate pas, mon rêve de la nuit passée me provoque quelques sentiments étranges. Il a remarqué mon trouble, et me demande pourquoi il a l’impression que j’ai vu un fantôme passer derrière lui. J’élude :


— Oh, j’ai eu une journée un peu tendue... Mais ne t'en fais pas.


L’effort physique me fait du bien et me permet de ne pas trop repenser à cette journée plutôt désagréable. Lorsque l’entraînement est terminé, je vais à la douche accompagné de Morgan et de mon frère. Cette fois, c’est réel ! Et heureusement, le spectacle ne me déçoit pas, il manque juste l’étreinte… 12 cm au repos à vue d’œil, c'est sympathique... Alors que nous nous rhabillons et sortons du vestiaire, Morgan me demande :


— Je veux pas te faire chier, d’ailleurs ça n’en a pas trop l’air, mais samedi, tu pourrais de nouveau venir pour m’aider à faire un autre truc ? C’était vraiment cool avant-hier!


À la limite, c’est plutôt moi qui dérangerais, puisque c’est le jour de son anniversaire ! Quand même un peu bizarre le mec…

Je me garde pourtant bien sûr de le lui dire, voulant lui réserver la surprise de le lui souhaiter quand je viendrai, et réponds :


— Ouais, ça va le faire, mais je pourrai venir seulement vers 11h, je me suis pris deux heures avant.


— Oh, pas de problème, je pourrai dormir plus longtemps comme ça, mais toi, comment t’as fait pour te ramasser deux heures ? Je te croyais sérieux ! dit-il en manquant de s'étouffer de rire.


— Disons que j’ai réglé le compte de quelqu’un qui le méritait bien, enfin je t’expliquerai ça en détail samedi, conclué-je, en doutant de ma capacité à agir ainsi.


Il n’insiste pas, et nous finissons par nous séparer. La mère de Morgan, qui est arrivée entre temps, me propose bien de nous ramener, mais moi et mon frère refusons poliment d'un commun accord pour ne pas abuser de sa gentillesse.


Le soir, dans mon lit, en me remémorant les évènements du jour, je suis victime d'un léger coup de stress en notant une légère faille dans ma tactique : idéalement, il faudrait éviter que mon oncle rapporte à mon père que je me suis soi-disant battu pour une fille. Lui qui a à peine découvert il y a une semaine que je suis gay, il risque de ne pas tout comprendre...


Le lendemain, en cours, j’ai cependant déjà mon nouvel objectif en tête : il faut absolument que je trouve un cadeau pour Morgan, lorsque j'irai chez lui samedi, le jour de son anniversaire.

Après la fin des cours, je fais donc un petit crochet par les boutiques des rues adjacentes à la célèbre place Kléber de Strasbourg. Grâce à Lilian, je sais maintenant qu’il a fait pas mal de saut en hauteur avant de démarrer le foot avec nous. Comme il ne m’en a jamais parlé, je suis convaincu qu’il sera à la fois très surpris mais très content de mon initiative. J'espère bien avoir droit à un de ses sourires craquants... et pourquoi pas plus…


J’achète un petit livre écrit par un champion du monde de la discipline, qui semble raconter sa carrière et donner de nombreuses anecdotes. Lorsque le jeune caissier me demande si j’ai besoin d’un emballage cadeau, j’acquiesce avec un grand sourire :


— Oui, c’est pour l’anniversaire d’un… ami.


J’aurais bien aimé pouvoir insérer « petit », tiens... Je le remercie malgré tout chaleureusement de m’avoir empaqueté l'opuscule - jamais je n’aurais réussi à faire ça aussi proprement - .


Alors que j’attends mon bus à la gare routière, je distingue mes opposants d’hier arriver dans ma direction, l’œil torve. J’ai comme l’impression que je n’en ai pas complètement fini avec eux...

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