inter 5
— Aimez-vous cette famille, Aurore ?
— C’est une vraie question ou de la rhétorique ?
— Vous êtes psychologue alors à votre avis ?
Pas de réponse.
Je me penche vers elle pour lui chuchoter une confidence qui échappera aux oreilles de son dictaphone : « Aidez-moi à me faire incarcérer, ou je vais finir par être complétement barge ».
Je me réadosse au dossier de ma chaise comme si de rien était puis j’ajoute d’une voix normale :
— Au tribunal ils disent que je ne suis pas doué pour raconter des histoires.
— Et ils ont totalement raison, si je peux me permettre. Personne ne vous enfermera, Charel. La prison est pour les criminels, pas pour les plaisantins ni conteurs de rêves, ajoute-t-elle en jetant un coup d’œil à mes menottes. Pardon de vous l’apprendre, mais vous semblez totalement sain d’esprit, malgré votre grotesque sens de la mise en scène.
— Vous ne savez pas de quoi vous parlez.
De son regard solaire, elle me fixe droit dans les yeux.
— Monsieur Martinez, à quelle fréquence vous arrive-t-il de dessiner des enfants dans les lieux publics ?
Cette fois, c’est moi qui ne réponds pas.
— Comme au cirque, sous ce chapiteau par exemple ? insiste-t-elle.
— Là, vous m’ennuyez, Aurore. Je vous ai déjà dit que cela ne m’arrivait qu’en cas d’extrême nécessité.
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