inter 21
— Au fait, vous n’avez pas encore répondu.
— A quelle question ?
— Eugène Mercier, vous l’avez tué ?
— Non.
Elle fait une drôle de tête.
— Attendez. Il n’est ni en taule, ni mort. Vous le séquestrez quelque part ou quoi ?
Je souris à pleine dents.
— C’est pas vrai, vous le séquestrez quelque part ! s’écrie-t-elle.
— Eh, s’il vous plaît, parlez un peu moins fort. Je n’ai pas tellement envie de me prendre une prune pour tapage diurne.
— Arrêtez il n’y a pas un voisin à des kilomètres dans votre bled.
— Et Alberto ? Il risque de tout entendre si vous ne réduisez pas drastiquement les décibels.
Elle baisse d'un ton.
— Dite-moi où vous cachez cet homme.
Silence.
Soudain, elle devient écarlate.
— Il est dans ce hameau ?
Tremblant de peur, elle imagine la terreur enfermée sous nos pieds.
— Mais pour qui me prenez-vous Aurore, pour accueillir, sous mon toit, des criminels de cet acabit ?
— Dites-moi où il est alors ?
— D’abord, dites ce que vous comptez faire de l’information.
Elle réfléchit, comme si elle n’avait pas encore pensé à cette question.
— J’irai… voir la police, que voulez-vous que je fasse d’autre ?
— C’est ça votre plan ? Prendre votre Mini Cooper verte et blanche et foncer dire aux flics qu’un pédophile est séquestré quelque part ? Je ne ferais pas ça si j’étais vous.
— Ah bon et pourquoi ça ?
— Car ils remonteraient la piste jusqu’à moi.
— Je croyais que vous vouliez finir derrière les barreaux ? demande-t-elle en croisant les bras devant moi, tandis que je la fixe, droit dans ses yeux nucléaires.
— Et moi, je croyais que vous comptiez d’abord découvrir mon bloc de croquis ?
Annotations