inter 20

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— Vous avez raison Charel. J’ai un travail d’introspection à faire j’en suis consciente mais vous m’avez surprise en appuyant pile où je pèche encore. Alors je vous prie de m’excuser. En temps normal la violence est quelque chose que je dénonce et proscris mais là vous m’avez… prise par surprise si je peux le dire ainsi.

Silence.

— Vous devriez prendre ça, dit-elle.

Je la regarde sans coopérer.

— Ne jouez pas les durs à cuire c’est ridicule. Votre lèvre, elle va encore plus enfler si vous n’appliquez pas ces glaçons.

Je la dévisage, en voyant clair dans son jeu.

— Vous me blessez puis proposez de soigner ma plaie. Vous êtes perverse.

— Mais c’est vous qui avez ouvert la bouche en grand voyant ma main arriver !

Encore un peu irrité, je lui lance :

« C’est quoi ce plan drague, Madame Soleil ? »

— Pardon ? Qu’est-ce que vous allez raconter encore ?

— Vous voyez bien que je suis attaché, non ?

J’agite mes anneaux d’acier accrochés aux chevilles pour que la poussière remonte jusqu’à ses narines. Aurore recule d’un pas, puis me dévisage de haut en bas avant de rire.

— Mais Monsieur Martinez, vous êtes-vous bien regardé ?

— Quoi, vous n’aimez pas les hommes riches ?

— Ça n’a rien à voir.

— Les fissures annales peut-être ?

— Vous êtes un sociopathe, un psychopathe et je me demande si vous n’êtes pas également un pervers narcissique. Alors même avec… tout ça, dit-elle d’un geste circulaire autour de mon torse, n’allez pas prendre vos rêves pour une réalité.

Elle laisse tomber au sol le torchon en forme de gousse d’ail qu’elle avait pourtant soigneusement préparé pour moi, puis retourne à sa place.

— Qui est celui qui vous a rendu comme ça ?

— Comme ça quoi ?

— Tiraillé à l’extrême, dit-elle.

— Vous voyez, vous recommencez.

— Recommencez quoi ?

— A me draguer ouvertement ou appelez ça comme vous voulez.

— Mais je ne vois pas le rapport.

— Vous comptez retrouver celui qui m’a fait du mal. C’est gentil de vous inquiéter pour moi, mais il n'y aucune chevalerie à mettre le bouillon. Je règle toujours mes comptes moi-même. Peu importe le temps que ça prend.

Elle me regarde sans comprendre.

— Vous débloquez complétement.

— Je plaisante. Navré de vous l’apprendre, je ne suis pas aussi timbré que vous le pensez. Mais juste au cas où, je vous le dis quand même, ne comptez pas lui faire la peau car la mort a déjà fauché le pauvre homme. C’était en 86. Il s’est lui-même foutu en l’air sur la route menant à mon orphelinat. Et tant mieux pour les autres gosses d’ailleurs. Ce porc aurait été bien incapable de ne pas embrocher leur boîte à chocolats à eux aussi.

— Vous redevenez dégoutant…

— Désolé, c’est vrai que j’ai tendance à m’emporter sur ces sujets, avoué-je

— Votre enfance ?

— Non, c’est plus un problème ça. Je parle de nos civilisations modernes d’une manière générale. De tous ces gamins qui à cet instant même et dans le plus grand des silences, subissent, de manière isolée ou répétée, des crimes en guise d’enseignement primaire.

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