inter 16

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Silence.

Elle me fixe, circonspecte.

— Répondez-moi, Monsieur Martinez. Qu’attendez-vous de moi ?

— Je vous l’ai déjà dit, Aurore. Je suis un homme toxique. Alors aidez-moi à me faire enfermer, c’est la seule chose que je désire.

— Mais je n’ai pas ce pouvoir et vous le savez très bien.

— Ne vous fichez pas de moi. Ce n’est pas la mer à boire, tout de même.

Silence.

— Bon, j’embaucherai quelqu’un d’autre, poursuivis-je. Du vent, allez oust. Allez-vous-en maintenant.

— Donc c’est sérieux ? demande-t-elle abasourdie. Comment voulez-vous que je m’y prenne, Monsieur Martinez ? Que j’ouvre une galerie d’art, pour y exposer vos œuvres immondes, d’un genre pédopornographique, afin de vous attirer de nouveaux ennuis avec la justice ?

— Aurore, vous êtes psychologue. Votre travail consiste à minima à identifier des fractures psychiques. Alors restez professionnelle et je vous garantis que vous finirez par me donner raison. Je suis très dangereux Aurore.

Soudain, elle sort de son sac une petite bouteille d’eau qui semble avoir fait la guerre.

— Jetez moi cette bouteille s’il vous plaît.

— Pourquoi je n’ai pas le droit de boire maintenant ?

— Elle est à coup sûr pleine de bactéries, pas besoin de microscope pour le voir. Alberto vous donnera de quoi vous rafraîchir. Schweppes, Champagne, eau plate ou que sais-je encore, que voulez-vous ?

— Rien, merci.

— Gardien !

— S’il vous plaît arrêtez, Charel.

Trop tard, de gros sabots résonnent depuis l’autre bout de la cave.

— Il veut quoi le pédophile ?

— C’est l’heure de la pause Alberto, alors cessez de m’appeler comme cela un court instant.

— Désolé Monsieur Martinez, je… ne voulais pas être injurieux. Que puis-je faire pour vous ?

— Madame a besoin d’un rafraîchissement mais comme elle préfère s’empoisonner, allez donc lui remplir un panier de fruits et légumes verts du potager, afin qu’elle ne s’en aille pas d’ici trop amoindrie.

— Ce ne sera pas nécessaire, intervient Aurore. Je vous remercie monsieur.

— Ensuite, déposez-le près de l’entrée pour qu’elle ne l’oublie pas avant de prendre la route, puis reprenez le rôle qui est le vôtre s’il vous plaît Alberto.

— Très bien monsieur.

Aurore passe une main derrière sa nuque tandis que ses joues s’empourprent. Manifestement gênée qu’Alberto ait été dérangé pour elle.

— Laissez ce monsieur tranquille. Ou du moins, ne faite plus appel à lui pour moi. Il a déjà fort à faire avec vous et votre numéro de prisonnier à la noix, pas la peine d’en rajouter.

Je n’ai pas le souvenir de l’avoir déjà vue aussi mal à l’aise qu’à l’instant présent.

— Comme vous voulez, Aurore.

— Reprenons, enchaîne-t-elle. Vous m’avez dit que ce dessin n’était pas le fruit de vos projections mentales. Vous dites qu’il s’agit de la terrible réalité. Mais de quelle réalité parlez-vous précisément ? D’une réalité vue à la télé ou d’une observée de vos propres…

— A votre avis, Aurore ? l’interrompe-je. Réfléchissez bien.

Soudain elle réduit ses yeux en fentes qui me percent à jour.

— Ne me dites pas que votre condamnation pour voyeurisme était pour ça ?

— Vous n’avez qu’à vous dire que je suis un grand reporter, un reporter d’un nouveau genre. Ce sera plus digeste.

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