inter 13
— Que mijotez-vous, Monsieur Martinez ?
— Qui ça, moi ? Rien du tout, mentis-je grossièrement.
— Charel…
— Bon d’accord. Puisque vous insistez, j’ai un cadeau pour vous.
Elle fronce les sourcils.
— Ne faites pas cette tête, le boudin ne vous va pas très bien. Il est dans la poche de mon pantalon. Allez-y servez-vous... pas du boudin, contentez-vous du cadeau.
Elle regarde si les menottes sont bien accrochées au banc métallique collé sous mes fesses, puis se lève.
— Gauche ou droite ?
— Comme vous voulez.
Elle fait demi-tour.
— Attendez ! Je vous le promets, les deux moitiés du cadeau sont chacune dans une poche. Je ne dis pas de sottise.
Elle tique.
— J’espère pouvoir vous faire confiance, Charel.
Je peux sentir son parfum, un nouveau, je distingue même quelques notes agrumes. Elles sont…
— Aie ! Aurore, vous me faites mal avec vos ongles.
— Désolée.
Silence.
Elle retourne à sa chaise en assemblant les parties de son présent.
Silence.
— Ça n’a pas l’air de vous faire plaisir.
Elle ferme les yeux, ne supportant pas l’image offerte par mon croquis.
— C’en est trop, je m’en vais pour de bon. Vous êtes complétement dérangé !
— Vous n’irez nulle part.
— Vous me menacez ?
— J’annonce seulement que vos émoluments viennent de passer du simple au double.
Elle est un peu décontenancée, mais se ressaisie rapidement.
— Tout n’est pas qu’une question d’argent Charel. Cette fois, vous êtes allé beaucoup trop loin.
Elle tourne les talons en se dirigeant vers la porte.
— Emportez au moins mon cadeau avec vous Aurore.
— Allez-vous faire voir, balance-t-elle, agrémenté d’un doigt d’honneur.
— Si vous ne revenez pas la semaine prochaine Aurore, je compte sur vous pour dire aux flics qu’il y a un fou à lier dans cette maison. D’ici-là, j’aurais viré Alberto pour que personne n’empêche la pendaison.
— Vous n’avez pas le droit de faire ce genre de chantage !
— Doubler vos honoraires et faire le travail pour lequel je vous paye, ou avoir ma mort sur la conscience. C’est vous qui voyez, Aurore.
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