inter 12

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— Bonjour Aurore.

— Bonjour Charel.

Elle s'installe, en découvrant pour la première fois ma cellule, plus humide et plus lumineuse que la salle aseptisée où nous nous sommes entretenus jusqu’alors, puis dispose avec élégance ses maigres affaires sur ma belle table en marbre. Dessus s’y trouve son ami le magnétophone qu’elle met en marche sans plus attendre.

— Je ne pensais pas que vous alliez revenir me voir, Aurore.

— Rassurez-vous, ce n’est pas mon genre d’abandonner mes patients, même les plus casses pieds, me taquine-t-elle avec un sourire de bienveillance.

— Et vous, rassurez-vous, je ne comptais pas vous remettre les pendules à l’heure. A propos vous avez vu ?

Elle est confuse.

— Quoi donc ?

— Il n’y aucune horloge ici.

— C’est normal. Alberto vient de m’informer que toute notion du temps devait vous échapper lorsque vous êtes en cellule, mise à part la petite lucarne, conclut-elle en la désignant avant de refermer son gilet jusqu’au dernier bouton. Cette cave est une vraie chambre froide, Charel.

— Que voulez-vous je suis un homme prévenant.

— Comment ça ?

— J’anticipe vos prochaines sueurs, Aurore.

Elle ne sourcille pas, tandis que je ne la quitte plus des yeux.

— C’était une boutade, dis-je pour noyer le poisson dans l’eau.

Je la trouve douce avec moi. J’espère qu’elle ne l’est pas avec les autres… même si je sais qu'il n’y en a qu’un comme moi. Et puis l’idée qu’elle revienne suffit à elle seule pour lui pardonner son absence.

— Je vous avais bien dit que vous étiez trop passionnée à mon égard, Aurore. C’est pour ça que vous êtes revenue, n'est-ce pas ?

Ce regard nucléaire… il m’avait presque manqué.

— Pourquoi me vous souriez de la sorte ? demande-t-elle.

— Car vous vous êtes enfin résolue à mettre ce baume à lèvres, luisantes elles vous vont encore mieux, à ravir si j’osais le dire.

Aurore continue de m’observer, de manière indéchiffrable cette fois. Ses yeux glissent maintenant sur mon cou tandis qu’elle me lance :

« Je ne suis pas contente, Monsieur Martinez ».

— Ah bon et pourquoi donc ?

— Vous savez bien.

— Me dites pas que vous avez eu vent d’un soi-disant chantage ?

— Alberto m’a appris pour votre tentative de suicide, m’informe-t-elle, constatant par elle-même les traces de lacérations tout autour de ma gorge.

Silence.

— Je vous en prie, arrêtez de sourire Charel. Il n’y a rien de drôle, je suis très sérieuse.

Je détourne le regard, sans qu’elle se doute que nous sommes deux dans ce cas.

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