Chapitre 4 - le champ de blé

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Tom se réveilla à l’aube mais son hôte était déjà parti. Une poignée de cerises se trouvait sur son balluchon. Elles avaient un goût délicieux, à la fois juteux et sucré. L’un après l’autre, les fruits remplissaient son estomac, et son courage en remontait d’autant. Bientôt, il n’en resta que deux, que Tom mit de côté à regret. Ces cerises-là, elles étaient pour Lisbeth. Puis il se décida à regarder au dehors. L’air était encore frais mais les insectes commençaient déjà à s’activer. Loin en bas, il voyait une colonne de fourmi s’attaquer à une cerise tombée. Mauvaise idée, il fut pris de vertige et faillit perdre l’équilibre et dégringoler en bas de l’arbre, tête la première. Son cœur battant à tout rompre, il rentra la tête à l’intérieur et s’appuya contre la paroi. Comment allait-il descendre ?

Il ne pouvait tout de même pas rester là toute la journée, il fallait qu’il poursuive sa quête ! Tout tremblotant, le balluchon sur l’épaule, Tom ferma les yeux le plus fort possible et se laissa glisser à tâtons sur la branche la plus proche. Par malchance, c’était une branche morte, qui cassa sec sous son poids. Paf, il se retrouva par terre, empêtré dans un buisson qui avait arrêté sa chute. Il se releva tant bien que mal, tâtant ses os.

« Ouf, rien de cassé, quelle sacrée chute ! J’ai eu de la chance que ce buisson amortisse la descente ».

Et pour se remettre de ses peines, il grignota encore deux noisettes au miel avant de repartir. Le printemps s’étalait dans toute sa splendeur tout autour de lui : les abeilles bourdonnaient, des fleurs colorées émanait un doux parfum et les arbres se paraient de vert tendre. Il avait beau avoir mal un peu partout, il se sentait bien.

Il avança gaiement toute la matinée, se guidant grâce à la position du soleil. L’air réchauffait vite et il se mit à transpirer. Tout à coup, un gargouillis de son ventre brisa l’harmonie du champ des oiseaux. Il était bientôt midi. Guilleret, Tom s’assit sur une jolie pierre grise recouverte de lichen au bord d’un marais.

« Parfait pour mon pic-nic ! »

Il défit son bagage pour en sortir un en-cas et quelle ne fut pas sa surprise quand il n’y trouva que les deux cerises de Lisbeth ! Il n’avait pas été prudent, et avait déjà avalé toutes ses provisions.

« Quel imbécile je fais » se gronda-t-il, « J’avais pourtant lu dans mes livres qu’il faut toujours rationner sa nourriture. Je vais devoir me débrouiller pour trouver quoi manger maintenant ».

Il partit donc en quête de noix, de baies ou de tout autre aliment susceptible de lui remplir l’estomac. Il marcha quelques temps avant de discerner un éclat jaunâtre entre les arbres. Cela ressemblait fort à un champ de blé. Il s’approcha avec espoir. En effet, c’en était bien un et les épis étaient lourds de leurs graines. Quelle aubaine !

Tom s’approcha et cueillit quelques brins chargés. Il allait porter les premiers grains à sa bouche lorsqu’un trio de musaraigne à l’air belliqueux s’avança pour lui barrer le chemin.

« Halte-là, ce champ est la propriété de notre suzerain le roi musaraigne ! Personne n’a le droit de prendre du blé sans son autorisation. Vous êtes en état d’arrestation ! » Ils tenaient ferrement entre leurs pattes griffues des morceaux de bois pointus, durcis au feu.

« Je… Je suis désolé, je ne savais pas…. Et j’ai tellement faim… », bredouilla Tom. Il ne s’y connaissait pas du tout en combat et encore moins contre trois musaraignes armées jusqu’aux crocs, qui luisaient d’ailleurs quant à eux d’un éclat farouche.

Sans même l’écouter, elles le saisirent par les épaules et le poussèrent sans ménagement devant elles, s’aidant de leurs pieux pour le faire avancer plus vite.

« Pas de panique, Tom, pas de panique », se répétait le petit homme tout bas. Il n’avait jamais été traité de la sorte.

Tom fut poussé et trainé jusque dans un grand terrier sombre, éclairé par quelques bougies jaunies. Des tapisseries tissées illustrant des épis de blés étaient accrochées au mur le long du couloir au fond duquel trônait une grande musaraigne brune mouchetée de gris. « Probablement le roi », se dit Tom, empreint de respect et d’un brin de peur.

Il fut brutalement jeté à ses pieds, parvenant tout juste à maintenir son équilibre pour effectuer maladroitement une révérence.

Le monarque leva vers lui des yeux étrangement pétillants. Avant qu’il ne menace de l’enfermer au cachot ou tout autre sort désagréable de la sorte, Tom s'empressa de s'excuser, bredouillant, le rouge aux joues.

Le roi éclata alors d’un rire tonitruant : « Quel drôle de petit homme ! Je n’en avais jamais eu avant. Comment es-tu arrivé ici ? Je me le demande. Tu me le conteras ce soir au dîner et en échange, je te laisserai manger de mon blé ».

Ce n’était pas une question, c’était un ordre. Tom acquiesça humblement. Il était ennuyé de perdre encore du temps, mais que pouvait-il faire d’autre ! Et son estomac semblait satisfait par ce marché.

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