Rangers, Aquanaute

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Le soldat Rangers était fébrile. Le projet Via Aeris n’avait qu’un an d’existence et pourtant, les Air-Lines étaient déjà des célébrités. Dans les casernes, on affichait des posters montrant tel ou tel membre du projet en pleine action. Aucun d’entre eux n’avait posé pour ces photos mais les journalistes risquaient véritablement leur vie pour prendre des clichés épiques. L’un des plus célèbres de ces instantanés était le capitaine Sharks frappant du poing un obus de char pour le détourner de son escouade. La photo avait raflé toute les récompenses cette année-là et la vidéo de l’exploit avait pulvérisé les records de visionnage sur les réseaux d’informations de la Fédération. Il était donc normal, pour un jeune soldat de seize ans ayant à peine fini ses classes, de s’interroger sur la raison de son intégration au sein de cette armée déjà légendaire.

C’était pour le moins inconcevable et il n’avait rien fait pour le mériter. Son jeune âge ne lui avait pas fait connaitre une douzaine de bataille, sa fonction de responsable des communications ne lui avait pas permis de s’y illustrer et son physique de gringalet ne lui donnait aucun espoir d’être un jour capable de prouesses physiques extraordinaire à l’instar du capitaine Sharks ou de son second, le géant Sixth. Lui pesait difficilement cinquante kilos et mesurait un petit mètre soixante-dix. Ses cheveux roux, seule particularité où il se distinguait des autres Aquanautes, contrastait facilement avec le brun décoloré par les embruns et la réverbération du soleil sur l’eau qui caractérisait habituellement les Aquanautes. Ses yeux, d’un orange plus vif encore que sa chevelure, étaient à l’instar de Fifty, sensibles à la lumière. Un mal répandu dans cette armée, conséquence de plusieurs générations passée sous la luminosité plus faible du soleil de Bellanor VII. Rangers se sentait donc trop faible pour faire partie des Air-Lines.

Cependant, le jeune soldat oubliait son don. Un don qui ne se trouvait que sur vingt personnes dans toute la Fédération. Une oreille d’or à nulle autre pareille. Tout, absolument tout ce qu’il entendait était stocké dans sa mémoire et il pouvait reconnaitre une fréquence radio rien qu’en l’écoutant. Ce don l’avait tout naturellement amené à se diriger vers les télécommunications, les sonars et les radars. Rangers l’ignorait mais ils étaient trois soldats à être aussi doué dans ce domaine. Il n’aurait pas été sélectionné pour intégrer le projet Via Aeris sans cela.

Néanmoins, Rangers doutait de lui depuis le jour où Sixth était descendu à la base sous-marine Deep Star pour lui annoncer la « bonne » nouvelle. Le Fire Warrior gigantesque était entré dans la cabine du jeune soldat, avait souri en voyant les posters d’Air-Lines affichés au mur et avait annoncé à la cantonade que le soldat R. Rangers était désigné pour convoyer une énorme génératrice d’énergie à bord du Black-Bird et par la même occasion s’installerai dans sa nouvelle affectation. Le jeune garçon avait failli croire à une blague mais c’était le major Sixth en personne qui le lui annonçait. Ce ne pouvait en être une. Rangers garda le silence tellement il était interloqué.

_ Allooooo ? Demanda Sixth en s’approchant. Soldat Rangers ? Vous êtes toujours avec moi ?

_ C’est-à-dire, j’ai du mal à croire que j’ai été sélectionné pour être un Air-Line. Je suis loin d’être un soldat performant et j’en suis conscient, monsieur.

_ Il est vrai que vous êtes chétif, surtout comparé à moi. Mais vous êtes un expert dans votre domaine. Une sorte de petit génie, m’a-t-on dit.

_ Mais mon âge…

_ Ah oui ! Vous avez seize ans et vous avez peur d’être trop jeune. Il est vrai qu’en général, le capitaine Sharks préfère avoir des hommes qui ont l’expérience du terrain. Mais il ne dédaigne pas d’avoir quelques recrues au potentiel prometteur à l’occasion. De plus, je ne vous cacherai pas que le fait que vous soyez sur Bellanor VII nous arrangeait aussi… Oh ! Je vois que vous allez utiliser cet argument pour me contredire alors je vais vous arrêter tout de suite. Il est vrai que nous vous recrutons par complaisance pour nous éviter d’avoir à pousser jusqu’à l’autre bout de la galaxie…

_ Vous voyez major, que… Essaya d’argumenter Rangers.

_ MAIS !!! Gronda Sixth pour l’interrompre. Il s’agit toutefois, comme pour toutes les autres recrues, d’un engagement à l’essai et il vous faudra faire vos preuves pour être accepté. Contrairement à ce que l’on peut croire dans vos casernes, rentrer chez les Air-Lines est facile. C’est y rester qui est dur. Maintenant, faîtes votre paquetage, nous nous reverrons à bord du Black-Bird.

Sixth était alors repartit, laissant Rangers avec ses doutes. Bien entendu, le Fire Warrior doutait de cette affectation comme la plupart de ceux qui en était au courant. Le jeune Rangers était peut-être considéré comme un génie des communications, c’était surtout le fait qu’il soit imposé par le Fédérateur Fauless qui provoquait le tumulte. Fauless n’avait confié qu’à Sharks la vraie raison. C’était peu après avoir discuté avec Fifty, le Fédérateur voyait Sharks dans un confortable petit salon privé.

_ Alors Sharks ? Vous vous remettez bien de cette balle dans le poumon à ce que je vois ?

_ Je ne suis peut-être pas immortel comme Sixth, mais je ne suis pas en sucre, Fédérateur. Et puis, j’ai toujours guéri très vite même sans être un mutant.

Le vieux Fédérateur regardait le capitaine d’un air envieux. D’une certaine façon, Sharks lui rappelait ses jeunes années, lorsqu’il était fort et impétueux.

_ Tout autre que vous aurait pris sa retraite à cause des séquelles. Mes médecins m’ont dit que la balle avait entièrement brûlé votre poumon. Et vous, vous guérissez en à peine un mois comme s’il s’agissait d’une vulgaire entorse… Mais ce n’est pas pour discourir sur vos capacités de guérison que je vous ai convié. Je voulais vous parler de l’opérateur des communications.

_ Celui que vous avez proposé à Fifty. J’ai lu son dossier. Il ne tiendra pas deux semaines d’entrainement. Il est trop faible, physiquement ET moralement.

_ Je sais. Pourtant, je veux que vous le gardiez à bord du Black-Bird. Je pense que c’est l’endroit le plus sûr de toute la Fédération.

Sharks quitta sa raideur protocolaire pour plonger son regard dans celui de Fauless. Les yeux bleus du leader de la Fédération exprimaient un désespoir assez inhabituel. Sharks ne comprenait pas la signification d'un tel regard.

_ Compte tenu de la difficulté de nos missions, je ne pense pas.

_ J’ai peur que l’on attente à sa vie. A vos côtés, il sera au moins à l’abri des assassins.

_ Ce n’est qu’un soldat perdu parmi tant d’autre, en quoi son existence vous serait plus importante ?

_ Sharks ! C’est mon petit-fils. Lâcha Fauless en retenant ses larmes.

Sharks se leva d’un bond de son siège. Lui qui ne connaissait que l’armée comme seule famille ne comprenait pas les sentiments du Fédérateur. Du coup, il se retrouvait mal à l’aise, partagé entre le désir de faire plaisir à son bienfaiteur et celui de ne jamais céder aux complaisances. Pourtant, quand il vit les yeux du vieil homme s’humidifier, il se radoucit.

_ Expliquez-moi. Ordonna-t-il en se rasseyant.

_ Bien avant que je ne devienne Fédérateur ou même le « légendaire soldat Fauless » des livres d’histoire, j’ai été aussi un odieux connard. Commença à raconter le vieil homme d’un ton larmoyant. La grand-mère de Rangers, je confesse que je l’ai connu dans son privé à son corps défendant.

_ En d’autre terme, vous l’avez violée. Résuma Sharks s’en se permettre de juger.

_ Pour ma défense, je dirai qu’à l’époque nous étions tous sous Exodanchikane.

Les sourcils de Sharks frémirent imperceptiblement tandis qu’il cherchait dans ses souvenirs.

_ … J’ai lu que c’était une drogue qui exacerbe tous les mauvais instincts du soldat afin d’en faire une parfaite machine de terreur. Il y a eu un procès. L’usage de cette drogue a été interdit et tous les soldats ont été déclarés pardonnés de leurs crimes car les injections avaient été décidées par leurs supérieurs.

_ En effet, le tribunal nous a pardonné. Mais pas ma conscience. Dès que j’ai commencé à avoir une situation plus confortable, j’ai fait rechercher la femme à qui j’avais fait subir cet outrage et je me présenté devant elle. Je lui ai donné mon épée énergétique et lui ai dit que je venais en pénitence et j’offrais ma vie en réparation de mes fautes.

_ Vous avez un grand sens de l’honneur, Fédérateur. Vous a-t-elle épargné pour vous pardonner ou bien pour vous punir ?

Le vieil homme ouvrit de grands yeux. La question de Sharks visait incroyablement juste. Depuis plusieurs années, Fauless se la posait en son for intérieur.

_ A ce jour, je l’ignore encore. Elle m’a toutefois fait cette estafilade qui barre mon visage. Et oui ! Je ne me la suis pas faite durant la bataille d’Erhnan ! Ma cicatrice la plus célèbre n’est pas un fait de guerre mais le résultat du dernier mouvement de haine d’une femme pour son tourmenteur. Toujours est-il qu’après m’avoir ouvert le visage en deux, elle me présenta au fruit de mon crime, la mère de Rangers. Une magnifique rouquine de sept ans. En voyant cet ange qui me ressemblait autant, j’ai eu une révélation et je jurai dans l’instant de devenir le meilleur homme possible.

_ Et je pense que vous l’êtes devenus, sincèrement. Appuya Sharks sans aucune malice.

_ D’un commun accord avec sa mère, je les faisais transporter secrètement sur Bellanor VII où la petite Eléa fit des études pour devenir médecin avec mon appui discret. La suite, vous vous en doutez. Elle rencontra un jeune Aquanaute et eut un enfant, Rangers.

Fauless arrivait enfin à la partie qui intéressait vraiment Sharks. Il avait cependant assez de respect pour le Fédérateur pour souffrir ses digressions.

_ Je sais de source sûre que mes ennemis au sein du Sommet ont découvert l’existence d’Eléa. Je ne sais dire si c’est heureux ou pas mais comme elle morte il y a deux ans, ils ne se serviront pas d’elle contre moi.

_ Mais votre petit-fils est vivant, lui. Et s’ils connaissent votre fille, ils connaissent Rangers aussi. Et c’est pourquoi, vous voulez que je l’intègre au projet Via Aeris. Ainsi, je pourrais le protéger. Il est heureux que sa spécialité soit en concordance avec nos besoins du moment.

_ S’il meurt en mission, j’accepterai cela comme le destin, mais je ne supporterai pas que l’on attente à sa vie juste pour me faire du mal. Je vous en supplie, Sharks ! Vous êtes tellement intègre que l’on dit de vous que vous êtes un robot, je ne peux compter que sur vous.

Sharks se leva et se mit au garde à vous. Il respectait le Fédérateur depuis toujours. C’était un homme digne et sa détresse avait touché le capitaine qui n’était définitivement pas un robot.

_ Vous pouvez compter sur moi ! Rangers sera intégré aux Air-Lines, subira mon entrainement infernal, montera aux combats comme les autres et risquera sa vie comme un soldat de la Fédération. Mais s’il s’avère qu’un assassin tente de s’approcher de lui pour vous nuire, je peux vous assurer qu’il disparaitra corps et biens avant d’avoir pu toucher votre petit-fils !

_ Merci, capitaine…

Le Sommet, l’organisme placée sous l’autorité du Fédérateur et qui l’aidait à gouverner, avait décidé d’offrir plus d’autonomie aux Air-Lines. Il avait donc été demandé aux Aquanautes de concevoir une génératrice d’énergie capable d’alimenter le Black-Bird durant des années. La génératrice devait également alimenter l’arme principale du Black-Bird, le laser 4000 Millimètres, véritable gouffre d’énergie pour les batteries.

C’était le jeune Rangers qui était chargé d’acheminer la génératrice à bord du vaisseau qu’on lui avait alloué : le Translator RK-48, un petit chasseur extrêmement maniable mais plutôt léger en terme de blindage. Pour les quarante Air-Lines, il s’agissait d’une mission de routine mais pour le jeune soldat, c’était déjà une épreuve. Il connaissait mal les systèmes du Translator et le poids de la gigantesque génératrice gênait les manœuvres. Malgré tout, guidé par Fifty à la radio, Rangers s’en sortait bien. Ses trajectoires étaient bonnes et sa vitesse correcte.

Sharks apparut comme un diable hors de sa boite sur le pont de commandement alors que le Translator se trouvait encore à six cent kilomètres du Black-Bird, à dix-huit heures pile. Sixth quitta à l’instant le fauteuil de commandement.

_ Bonjour, capitaine. Vous êtes en avance. Vous auriez pu vous ménager, c’était votre premier jour de congés depuis votre blessure au poumon.

_ Justement ! Aboya Sharks, qui était en colère. Qui a donné l’ordre que la génératrice nous soit livrée en plein espace et pas à la surface ?

Sixth pianota sur l’ordinateur pour afficher les ordres de mission. Il ne comprenait pas cette soudaine inquiétude de la part de Sharks mais une année sous son commandement lui avait appris à obéir avant de poser des questions.

_ Il s’agit de l’amiral Sessenta. Il n’a pas l’air de tenir à ce que l’on se pose au Star’s Nest. Mais pourquoi cela vous inquiète-t-il autant ?

La réponse vint sous la forme d’une alarme sur les moniteurs. Une anomalie s’était formée entre les deux vaisseaux. Très vite, cette anomalie s’ouvrit pour laisser sortir une énorme créature humanoïde inconnue et résistante au vide spatial. Rien qu’à la voir, tous devinait qu’elle serait un adversaire redoutable.

_ Comme par hasard le jour où je suis en congé. Susurra amèrement Sharks.

La créature prouva ses intentions inamicales en tentant d’attaquer le Translator avec les griffes qu’elle avait à la place des doigts. Par chance, Rangers avait eu la présence d’esprit de modifier sa trajectoire dès l’apparition de l’anomalie et avait esquivé le coup. Aussitôt quarante super-soldats se précipitèrent aux postes de combats. Tandis que Fifty manœuvrait le Black-Bird pour harponner la créature et ainsi détourner son attention du Translator, tous les soldats s’installaient sur des consoles de tourelles laser et les pilotes fonçaient vers leurs véhicules spatiaux. En très peu de temps, cinq chasseurs de types différents venaient épauler le Black-Bird pour détruire cette créature qui était aussi grande que le vaisseau-planète. Pourtant, malgré leurs automatismes et des tirs extrêmement précis, la rafale de tir comprenant des lasers, des projectiles anti-blindage, des munitions explosives et d’autres forces plus mystiques, ne parvint pas à infliger une seule blessure au monstre. De plus, celui-ci s’obstinait à viser le Translator. Sharks ordonna un tir de l’arme principale. Sixth objecta avec véhémence.

_ Capitaine ! Si nous tirons avec le 4000 Millimètres, nous tomberons à sept pour cent des réserves d’énergies ! On ne peut pas se permettre cela sans savoir si ce sera efficace !

_ J’en suis conscient major ! Et je suis presque certain qu’il va l’éviter mais nous devons vérifier ma théorie. Je suis sûr qu’il est au courant pour la génératrice, c’est pour ça qu’il vise le Translator. Sortez les bornes !

Partout dans le Black-Bird, sortirent du sol des bornes cylindriques avec une empreinte de main droite au-dessus. A l’exception de Fifty, qui devait se concentrer tout entier au pilotage, tous les Air-Lines posèrent leur main sur l’empreinte. Aussitôt, ils se retrouvèrent en connexion psychique avec l’intelligence artificielle du Black-Bird et chacun d’entre eux. Pour développer cette technologie inédite dans la Fédération, le Sommet avait ordonné à l’ordre des archivistes Fire Warrior de collaborer avec les techniciens Aquanautes en divulguant certains secrets bien gardés. Les bornes puisaient de l’énergie mystique dans la volonté de vaincre des personnes reliées et augmentaient de façon exponentielle la puissance du laser. Après chaque tir, l’arme avait laissé les cobayes chargés de tester l’arme dans un état de fatigue extrême et d'hébétude passagère mais les Air-Lines supportaient mieux le choc, heureuse conséquence de l’abominable entrainement qu’imposait Sharks.

Lorsqu’il sentit que chacun était relié à sa borne, le capitaine ordonna de tirer sur la créature fantasmagorique. L’avant du Black-Bird ouvrit une sorte de bouche de quatre mètre de diamètres où l’énergie commença à s’accumuler. Le monstre arrêta instantanément de s’acharner sur le Translator, à l'intérieur duquel le pauvre Rangers commençait sérieusement à désespérer, et se retourna vers le grand vaisseau noir.

_ Feu ! Hurla Sharks à plein poumons.

Le formidable tir d’énergie fusa vers l’horrible monstre qui l’esquiva avec une facilité déconcertante. Il se mouvait en trois dimensions dans l’espace comme s’il nageait dans de l’eau, ce qui était physiquement impossible. Maintenant, il voyait le Black-Bird comme une cible et commença à « nager » vers lui. Fifty, seul Air-Line en pleine possession de ses moyens n’attendit pas qu’un ordre vienne de la part de son commandant pour esquiver la main griffue. Dans la même manœuvre, il avait dévié sa trajectoire et effectué un bombardement bien senti sur la créature, malheureusement sans effet.

_ Bon sang ! S’indigna-t-il. Ce bestiau est increvable ! Capitaine, si vous vous êtes remis, avez-vous une suggestion ?

_ Qu’on m’ouvre une liaison vidéo avec le Translator. Ordonna Sharks avec une inhabituelle lenteur dans sa voix.

Rangers ouvrit la communication dans la seconde où il la reçut. Sur l’écran apparut son idole, le capitaine Sharks, étonnamment essoufflé.

_ Vous avez vu le tir que ce monstre a esquivé ? Lui demanda le guerrier de légende. Cette arme a vidée nos réserves d’énergie et nous a affaiblis car elle puise directement dans nos psychées.

_ D’accord. Acquiesça Rangers sans savoir si c’était ce qu’attendait Sharks.

_ Cette arme est sans doute notre seule chance de la détruire vu qu’elle est invulnérable au reste de notre armement. De plus, les Aquanautes viennent à peine de se rendre compte de notre problème et mobiliseront leur flotte spatiale trop tard.

_ Qu’attendez-vous de moi, capitaine ? Demanda Rangers avec une oppression sur le cœur.

_ Nous devons atteler la génératrice sans attendre pour pouvoir tirer une seconde salve.

Le cœur de Rangers se serra encore plus. Dans le calme, il pensait avoir du mal à placer la génératrice dans son socle sur le toit du Black-Bird mais dans le tumulte d’une bataille contre une mystérieuse créature invincible, il était sûr d’échouer. Il commença une phrase que Sharks coupa instantanément.

_ Si on ne fait pas ça, on est mort, soldat ! Et je préfère crever en tentant une action plutôt que d’attendre, la bouche ouverte ! C’est clair ?

_ Je pourrais mettre la génératrice en overloop et me fracasser sur la bestiole ? L’explosion serait égale à une centaine de bombe atomique !

Le canal vidéo fut parcouru de parasites, le monstre avait réussi à cogner le Black-Bird avec un uppercut. En conséquence, la carrosserie en modullo-mécanique se modifia. A l’endroit exact de l’impact, elle se condensa en créer une plaque de blindage renforcé dont la couleur noir carbone contrastait avec le noir corbeau du reste du vaisseau. Ensuite, satisfait du résultat, Razorback, l’intelligence artificielle du vaisseau, reproduit le blindage sur la totalité de la surface, le faisant ressembler au dinosaure du nom d’Ankylosaurus. Il avait un peu perdu son aspect profilé mais semblait plus « costaud ». Sharks réapparut à l’écran et son regard traduisait une profonde colère.

_ Je vous interdis d’envisager l’attaque kamikaze, soldat ! Je ne vous laisserai pas en arrière juste pour battre une créature inconnue ! Alors vous m’abandonnez vos idées suicidaires et vous écoutez le sous-lieutenant Fifty ! Il vous guidera dans les manœuvres.

Sharks s’était calmé mais pendant une fraction de seconde, son regard se perdit dans le vague. Il revivait un douloureux souvenir de son passé et chuchota pour lui-même.

_ Je ne laisse plus personne en arrière, j’en ai déjà trop laissé.

L’oreille d’or de Rangers capta cette phrase pleine de désespoir. Il n’arrivait pas à le croire, l’invincible capitaine des Air-Lines avait des faiblesses humaines. Le jeune soldat se rasséréna.

_ A vos ordres, capitaine. Rangers au sous-lieutenant Fifty, préparez-vous à ouvrir la trappe pour la génératrice. Je vais la livrer en vitesse.

_ Vous êtes sûr de vous ? S’enquiert le pilote professionnel. La manœuvre ne sera pas facile.

_ Ne vous inquiétez pas ! Je suis peut-être un pilote moyen mais je suis un as au basket-ball.

Fifty se retourna vers le fauteuil de commandement. Il implora Sharks du regard.

_ Au basket-ball ? Répéta-t-il en posant la main sur son micro pour étouffer le son.

_ Pas de commentaire. Dit Sharks fermement. Il est décidé et c’est notre meilleure chance.

Fifty se retourna à nouveau vers ses consoles. Il balaya ses moniteurs d’un regard concentré et fit le point. Il expliqua à tout le monde ce qu’il convenait de faire.

_ Ordre à tous les chasseurs de rentrer immédiatement sur le Black-Bird. La situation est la suivante. La créature fait face au Black-Bird et s’interpose encore entre nous et le Translator qui transporte notre génératrice. De plus, toute les soixante-quinze secondes environ, elle tente de nous fracasser avec ses mains. Rangers ! Ce que nous devons faire est d’une grande complexité mais ne demande que des actions simples, du moment qu’on les exécute avec le bon timing.

_ Je suis tout ouïe. Affirma Rangers avec détermination. Je vais réussir.

_ Lorsque la créature donnera son prochain coup, un direct du poing gauche, vous compterez jusqu’à vingt et foncerez vers nous en passant par l’endroit où se trouvera son épaule droite à ce moment-là. Compte tenu de votre vitesse maximale, son bras et son épaule passeront en dessous de vous car le monstre préparera un grand moulinet vertical. Vous serez alors face à nous et j’aurais ouvert la trappe qui se trouve SUR le Black-Bird, à l’arrière et vous aurez une seconde pour viser et effectuer le largage.

_ J’y arriverai.

_ Je n’ai pas fini. Insista Fifty. On va avoir besoin de toutes les volontés possibles. Alors, une fois la génératrice larguée, vous mettrez plein gaz et vous la devancerez pour entrer par la trappe et vous poser dans le hangar numéro 3. Ensuite, vous rejoignez une borne… Vous n’aurez qu’à faire comme les autres. Est-ce que c’est clair ?

Rangers eut envie de demander des explications sur ce qu’il devait faire avec les bornes mais il se retint.

_ Oui, sous-lieutenant.

_ Tant mieux, parce que ça commence maintenant. Se précipita Fifty.

Le pilote surdoué tira le manche le plus à droite possible, ce qui eut pour effet de faire partir le gigantesque vaisseau en vrille. Mais l’habileté de Fifty lui permit de se rétablir rapidement. Comme il avait prévu, ils se retrouvaient dans la configuration qu’il avait expliquée. Les chasseurs rentraient tous par les bais d’atterrissage prévues à cet effet, et le Translator se trouvait pile derrière le monstre. Rangers commença son décompte à rebours à voix haute tant il était nerveux.

Sharks et Sixth regardaient impuissant les moniteurs et attendaient fébrilement. Cette manœuvre était affaire de pilote et les guerriers n’étaient en aucun cas utiles. La seule chose qu’ils pouvaient faire était de se concentrer pour donner à l’arme principale le maximum de leur âme. Fifty ne se contentait pas d’attendre. Il cherchait sur ses moniteurs des informations qui risquaient de mettre en péril cette manœuvre de folie. La génératrice pesait quelques centaines de tonnes et un simple décalage de quelques centimètres sur la plateforme qui devait amortir son inertie la transformerait en boulet de canon dévastant la queue du Black-Bird. Avant que l’une de ses informations de malheur n’apparaisse, Rangers finit son décompte et enclencha ses propulseurs.

Concentré au maximum, il piqua vers l’épaule du monstre à la vitesse maximale qu’autorisait son chargement. Le jeune Aquanaute ne cessait de se répéter les instructions en boucle, il craignait d’oublier une étape dans la précipitation. Pourtant, lorsque comme prévu, la créature abaissa son épaule pour armer son bras, inconsciemment le soldat inexpérimenté corrigea sa trajectoire pour suivre sa cible. L’erreur n’échappa pas à Fifty qui s’empressa de hurler dans sa radio.

_ Rangers ! Ne remontez surtout pas ! Continuez sur votre nouvelle trajectoire ! Je corrigerai moi-même ! Vous entrerez dans le hangar un finalement !

_ Reçu ! Désolé. S’excusa Rangers.

_ On n’a plus le temps pour ça. L’interrompit Fifty.

En effet, Rangers était arrivé au point de largage. Il prit le manche de visée, ajusta sa mire et enclencha les rail-guns situé en dessous de son appareil. La génératrice fut projetée en avant avec une force qui déstabilisa l’assiette du Translator. L’écran devant Fifty montra une approximation de la nouvelle trajectoire en rouge. La génératrice allait toucher le Black-Bird deux mètre trop à droite à cause de l’inertie.

_ Putain ! J’en ai marre d’avoir toujours raison. Se permit Fifty à voix haute. Rangers ! Je confirme que vous entrerez par le hangar numéro un ! Ne soyez pas surpris par ma manœuvre !

Sans attendre la réponse du soldat, il enclencha les propulseurs du vaisseau pour que celui-ci fasse un tour complet en utilisant son « nez » comme axe de rotation. De cette façon, lorsque le Translator arriva à distance d’accostage, la baie d’atterrissage du hangar numéro un lui faisait face. Rangers s’y engouffra sans attendre grâce à la maniabilité retrouvé de son chasseur. Le Black-Bird continua son tour de manège et se retrouva également pile prêt à recevoir la génératrice qui se posa lourdement sur sa plateforme en faisant gémir les amortisseurs inertiels. Automatiquement, les cales se verrouillèrent et la plateforme descendit tandis que la trappe se refermait. Sous la surveillance d’un officier ingénieur, les câbles d’énergie étaient connectés à la gigantesque dynamo.

_ Capitaine ! Les réserves d’énergies du Black-Bird remontent à vue d’œil et nous pourrons tirer dans quatre-vingt secondes. Déclara Fifty en lisant ses moniteurs.

_ Très bien ! Acquiesça Sharks. Que tout le monde se tienne prêt ! Nous allons encaisser l’attaque du titan de plein fouet pour qu’il soit le plus près possible et nous tirerons ensuite. Que chacun se connecte à sa borne et envoie le plus de force possible. Nous ne pourrons pas envoyer une troisième décharge. C’est notre dernier espoir.

Sharks disait toujours la vérité, c’était l’un de ses crédos. Les Air-Lines le savaient et se concentrèrent pour donner leur maximum à l’arme principale. Rangers, qui venait de débarquer trouva rapidement une borne mais ne savait pas l’utiliser. Un pilote se trouvant à proximité, le voyant hésiter, lui dit : Pose ta main sur la borne et pense que tu veux détruire cette chose ! L’interface humain/machine, c’est aussi simple que ça !

Le jeune soldat approcha sa main lorsque l’impact de l’attaque fut ressenti à travers tout le vaisseau. Rangers fut projeté sur le côté et eut la honte d’être le seul à tomber, les Air-Lines étant resté accroché à leur borne. Furieux, il se releva et se connecta avec précipitation. Instantanément, il ressentit les pensées des autres connectés comme si elles étaient siennes. Chaque pilote, chaque ingénieur, chaque soldat, et Sixth, et surtout Sharks, dont l’incroyable présence occultait presque toute les autres, ne pensaient qu’une chose : « Nous allons te détruire ! » Déconcerté par l’expérience, Rangers fit sienne cette pensée et se mit à l’unisson. L’information apparut sur les moniteurs de Sixth.

_ Capitaine, quarante Air-Lines sont connectés aux bornes. Tout le monde sauf Fifty, en fait. Nous pourrons tirer dans vingt-quatre secondes et selon Razorback, la garde de la créature sera grande ouverte.

_ Parfait. Répondit Sharks. Fifty, vous tirerez dès que vous en aurez l’occasion sans attendre mon ordre. Il faut détruire ce monstre !

La fenêtre de tir arriva avec une étonnante rapidité et Fifty réagit en un quart de seconde. Le laser chargé d’énergie mystique jaillit du vaisseau à vitesse supersonique et alla percuter la poitrine de l’incroyable monstre de plein fouet. Par réflexe, la créature mit ses mains en avant pour dévier le jet brulant mais c’était déjà peine perdue. Son enveloppe charnelle fondait, révélant un squelette de métal qui résistait à l’énergie et avançait même vers le Black-Bird. Au bord de l’évanouissement, Sharks nota une gravure au-dessus de l’œil droit du crâne. Fronçant les sourcils, il déchiffra « Bio Weapon IV », des mots humains. La colère monta en lui, ce qui eut pour effet d’intensifier encore la puissance du laser. Cependant, la créature avançait envers et contre tout dans leur direction.

_ Fifty. Dit le capitaine avec une rage contenue. Posez votre main sur la borne, il nous faut toute l’énergie nécessaire.

Fifty commença à obéir puis hésita une seconde. En tant que pilote, il n’avait jamais connecté son esprit au Black-Bird, même durant sa conception. Tout à coup, il se sentait intimidé, mais, comme il ne pouvait s’offrir le luxe d’être effarouché, il posa sa main. L’expérience le surprit agréablement et il se dit qu’il connaissait maintenant son vaisseau de façon bien plus intime que la plupart des autres pilotes. Malheureusement, un deuxième coup de griffes sur la coque le rappela à des sentiments plus urgents. Il concentra toute sa pensée sur l’unique objectif de détruire définitivement ce Bio-Weapon IV. Le laser s’intensifia à nouveau, prit de l’ampleur et fit enfin fondre le squelette du monstre pour n’en laisser aucune trace visible.

Tout le monde dans le vaisseau décolla sa main de la borne avec difficulté car après une seconde salve dans la même journée, la borne semblait comme aimanté à la chair. Sharks ne donna pourtant pas l’occasion à ses hommes épuisés de se reposer.

_ Rangers, venez à la passerelle de commandement et prenez vos fonctions d’officier radar ! Commença-t-il à ordonner. Je ne veux pas de mauvaise surprise ! Caporal Nek, vous qui êtes un Explorien’s, prenez deux hommes de votre choix et allez relever des échantillons de la créature. Récoltez ce que vous voulez mais je veux des résultats ! Tous les autres Air-Lines restent en alerte. Je veux au moins deux chasseurs en couverture du caporal ! Fifty !

_ Oui capitaine ! Sursauta le pilote.

_ Bravo pour ton pilotage. Dit-il d’une voix anormalement douce. Aujourd’hui, tu as fait très fort. Guider un bleu, anticiper les trajectoires et les mouvements et effectuer un arrimage spatial en plein combat. C’est vraiment toi le meilleur pilote de la Fédération.

Fifty, et toutes les personnes présentes sur la passerelle restèrent coites. Sharks avait tutoyé le pilote, chose qu’il n’avait jamais fait à personne. Les anciens camarades de Sharks à l’académie militaire auraient pu, s’ils n’étaient pas tous mort, expliquer ce que cela voulait dire. Hélas, personne n’expliqua à Fifty que ce tutoiement signifiait que Sharks lui faisait désormais confiance à cent pour cent. Or, il n’y avait que deux personnes dans toute la galaxie en qui Sharks avait une telle confiance : lui-même et désormais, Fifty.

Le lendemain, lorsqu’il apparut évident qu’ils ne seraient plus attaqué, Sharks donna un jour de repos à la plupart du personnel et les autorisa à descendre au Star’s Nest. Les autres, le personnel jugé indispensable eut le droit à un roulement bien calculé pour que chacun n’ait qu’une demi-journée de travail. Rangers fut convoqué à dix heure dans les quartiers du capitaine et, bien qu’épuisé par la journée d’hier, fut devant la porte dix minutes avant. Ne sachant pas ce que signifiait cette convocation, il se demandait s’il devait frapper à la porte ou attendre dix minutes. Sharks lui évita ce dilemme moral en ouvrant la porte comme si de rien n’était.

_ Entrez, Rangers. Dit-il en s’éloignant de la porte.

Rangers entra et s’assit dans le siège que lui désignait le capitaine. Le jeune soldat était raidit par la peur mais fut surpris par l’état de son supérieur. Il semblait fatigué avec des énormes cernes sous les yeux. Il suait à grosse goutte et avait du mal à respirer.

_ Je viens de faire du rameur. Dit-il comme pour s’excuser. Vous verrez que l’entrainement chez nous est infernal. Je doute que vous puissiez l’endurer, chétif comme vous l’êtes.

La phrase avait été prononcée, l’estomac de Rangers se serra.

_ Si vous voulez dire que je ne suis pas à la hauteur des Air…

_ MAIS ! Cria Sharks, de la même manière que Sixth la veille. Mais je vous demande de l’endurer quand même. Ici, vos camarades ne parlent que du cran dont vous avez fait preuve.

_ Pourtant, j’étais mort de peur. Argumenta Rangers.

_ Et c’est exactement pour ça que vous êtes courageux. C’est agir alors qu’on a peur qui est courageux, celui qui ignore la peur n’est qu’un fou ou un suicidaire.

_ Vous avez donc eu peur, capitaine ? S’étonna Rangers.

Un sourire passa en un éclair sur le visage de Sharks.

_ Non. Moi, je n’ai jamais peur…Dit-il sans une once d’humour. Toujours est-il que les Air-Lines vous ont déjà adopté. Vous êtes un Air-Line, tâchez de vous en montrez digne.

_ Je ferais de mon mieux, monsieur. Mais je ne m’explique toujours pas ma nomination. Insista à nouveau le soldat tant il était peu sûr de lui.

Sharks joignit ses mains et reprit son regard tranchant. Avec les cernes, l’impression de malaise était encore plus marquée. Il sonda Rangers une demi-minute en silence puis finit par se décider. Il ouvrit enfin la bouche.

_ Rangers, vous devez savoir que je dis toujours la vérité mais dans ce cas particulier, c’est d’un niveau supérieur à top secret. C’est pourquoi je ne dirais que ceci : quelqu’un de TRES haut placé a insisté pour vous mettre dans ce vaisseau car votre sécurité n’est plus établie nulle part au sein de la Fédération. Si je n’avais pas le plus grand respect pour cette personne, j’aurais hésité à vous recruter, c’est vrai. Mais avant que vous ne recommenciez à dire que vous n’avez rien à faire ici, je veux que vous vous rappeliez qu’il s’est passé la bataille d’hier.

Rangers accusa le coup et traita l’information. Il avait reçu un coup de pouce de quelqu’un mais ce qui comptait pour Sharks, c’était qu’il s’était bien débrouillé hier.

_ Ainsi, vous ne me considérez pas comme un VIP qui n’a rien à faire là, mais comme l’un des votre ? C’est ça qui est important ?

_ Exact. Trancha Sharks.

_ Alors, en tant qu’Air-Line, je vous le demande capitaine : Etait-ce la génératrice ou moi que cette créature visait ?

_ Je l’ignore, soldat. Nek, notre Explorien’s, n’a pu trouver aucune trace biologique. Tout a été détruit par le 4000. Il ne reste que les enregistrements de bord et ce mot : Bio-Weapon IV.

_ Ce qui veut dire qu’il en reste trois. Dit Rangers en se levant.

_ Au moins trois. Corrigea Sharks en l’accompagnant à la porte.

Six mois passèrent avec la menace des Bio-Weapons. Une enquête fédérale dégagea de toute responsabilité l’Amiral Sessenta qui n’avait fait que suivre des routines envoyées par le Sommet. Au cours de ces six mois, les Air-Lines affrontèrent trois autres géants humanoïdes. Sharks fit particulièrement attention à repérer les numéros. Il y eut d’abord le II, qui fut facile à vaincre tant il était raide et ses schémas d’attaques répétitifs, le V, qui rajoutais un monstre à la liste et qui montra des signes d’intelligence et fit preuve d’initiative, et enfin, il y eut le IX, dont le combat fut extrêmement éprouvant tant il s’avéra capable de se cacher dans le décor d’une ville fantôme en ruine. De plus, les Air-Lines sortaient d’une mission particulièrement difficile. Ce jour-là, il y eut les premiers morts du projet Via Aeris.

Au bout de ces six mois, les Air-Lines n’étaient que quarante-sept. Il y avait le Sergent Blood, interprète dans une armée scientifique, et qui était, paradoxalement, peu volubile. Il y avait également Angel, plongeur de combat, seul survivant des Divin-Lines, qui était un vrai moulin à parole. Proposé par le Sommet, il avait insisté pour piloter un chasseur et être au cœur de l’action. Il fut formé par Dekon, un Ghost-Fighter extrêmement doué pour les combats entre chasseur. Pour les réparations, les Air-Lines eurent la chance de recruter Scindaï, chef mécanicien chez les Techno-Titans, avant les Shinobidos, qui avait également des vues sur lui.

Le projet Via Aeris ne recrutait pas seulement dans les armées de la Fédération. Dave Glory, un expert informaticien dans le civil, accepta à contrecœur de monter dans le Black-Bird. Burnz fut découvert par l’administration et son dossier remonta jusqu’à Sharks en tant que recrue potentielle. Burnz était un véritable génie des maths qui rivalisait en vitesse de calcul avec l’intelligence artificielle Razorback. Et pour finir, la dernière recrue des Air-Lines était un mutant dont les capacités de combat aux armes blanches étaient impressionnantes mais qui avait la manie de parler de lui à la troisième personne. Il avait fallu un Sharks totalement fou de rage et un combat d’une violence impressionnante pour lui faire rendre les armes. Il s’était alors agenouillé devant Sharks qui se maitrisait à peine.

_ Si tant est qu’elle vaille quelque chose, la vie de Wolf est tienne. Wolf jure allégeance au preux capitaine Sharks.

Mais au bout de ces six mois, les Air-Lines étaient moralement et physiquement épuisés, même le surhumain Sharks montrait des signes de fatigue. Il faut dire que depuis l’arrimage de la génératrice, il avait abandonné ses séances de rameur extrêmes pour les remplacer par quelques tirs de laser 4000 Millimètres par jour. Ce qui se montrait bien plus éreintant. Le Black-Bird voguait sans but précis à l’intérieur de la constellation du Dragon lorsqu’une anomalie similaire à celle des Bio-Weapon happa le vaisseau et ses habitants. Lorsque la lumière réapparut, les Air-Lines aperçurent un système solaire pourvu d’une unique planète et d’un seul satellite.

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