Perdus dans la savane (Vers 2.0)

de Image de profil de Frédéric LeblogFrédéric Leblog

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  • Putain d'Adèle, comment qu'on brûle ici...

Je me réveille les cheveux en bataille et, surtout, avec les aisselles ruisselantes sous un cagnard à rendre jaloux Lucifer en personne !
Je mate tout autour de moi, mais j'ai beau me défoncer les rétines, je ne découvre qu'un décor idéal pour western spaghetti : immenses plaines arides, parsemées de quelques bosquets lointains ; un peu de verdure rachitique, sans oublier quelques empilements d'énormes rochers prêts à s'écrouler au premier courant d'air. Rien à faire, aussi loin que porte mon regard, et dans toutes les directions, il n'y a rien qui ressemble à ma ville natale.

  • Mais comment j'ai encore fait pour arriver ici, bordel de merde ?

Je me gratte la tête. Ce que je regrette immédiatement : j'ai la peau tannée et ma maigre chevelure n'a pas su retenir les rayons ardents de ce satané soleil. Mon crâne doit être rouge comme les miches d'un nouveau-né. Un rapide coup d'oeil sur mes bras me confirme moult coups de soleil carabinés, d'ailleurs. Et puis j'ai l'impression de me frotter sur de la toile émeri à chaque geste. C'est à cause de cette poussière super fine, un peu rouge et beaucoup trop chaude pour moi et mon derme. Nous deux, mon derme et moi, on préfère la neige et les sapins de Noël, d'habitude. J'ai des grains de sable partout dans les oreilles, entre les doigts et je n'ose péter, de peur d'allumer un feu de joie sous ma ligne de flottaison... Je ne suis plus qu'une statue en terre presque cuite.

  • Bon, je suis où, donc ?

Parce qu'il faut bien que j'admette que je suis intégralement perdu. Et j'admets sans problème ! Ceci n'arrange pas mes affaires, mais je tiens à rester en accord avec moi-même. Il serait dommage que je me fâche tout seul, égaré dans un quasi désert que je ne connais pas, me dis-je avec un brin de bon sens.

  • J'ai dû abuser un peu de la téquila, hier...

Si mes souvenirs restent confus, je me vois pourtant bien faire le con dans l'église où mon meilleur pote se mariait pour la septième fois. J'avais une bouteille planquée sous ma veste... Et je me souviens aussi très bien de l'air épouvanté du cureton et des regards désapprobateurs des parents de la nouvelle Dulcinée quand j'ai prétendu brailler quelques couplets paillards sous les ogives de la nef chrétienne. Même que le beau-père de mon pote s'est vite chargé de me virer de l'église à coups de pompe dans le prose. Un ancien para, je crois. J'ai pas pu lutter...
De toute façon, je m'en foutais parce que j'avais eu le temps d'apercevoir mon pote qui riait à s'en fêler les molaires pendant que sa gonzesse, une aimable connasse selon moi, lui foutait ses tous premiers coups de coudes dans les côtes...

Ouais, ce fut une belle noce. Bon, je ne me souviens pas trop de la suite, pas plus du fameux vin d'honneur que du repas, ni même des tubes un peu ringards qu'on sert invariablement à ceux qui abandonnent volontairement leur liberté pour se charger de chaînes conjugales.
J'avais beaucoup, mais alors vraiment beaucoup picolé... "Chagrin d'amour à consoler", que je disais à une greluche que je tentais de convaincre de mon romantisme absolu et que je lui proposais de découvrir sans tarder dans les réserves de la cuisine, entre deux cartons de pâtes fraîches et des bidons argentés de bière sous pression.

Rêveur, je me passe la main sur la joue, juste pour savoir si je ressens encore la douleur de la gifle que la belette m'infligea et qui refusa tout net de passer à la gamelle dans la cuisine... Salope ! Non mais, que m'aurait-elle fait si je lui avais palpé la laiterie ou, pire, tripoté les meules !
Un sourire me vient, que je regrette aussitôt parce que je sens craquer la peau de mes lèvres en train de calciner... Je me rattrape avec un simple soupir qui calme un peu ma douleur.

  • Je dois faire quoi, maintenant ?

Bonne question. Je tente encore de me peler les mirettes, mais y a rien d'humain à des horizons à la ronde.


A suivre...

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