Chapitre 34

5 minutes de lecture

Ecrit en écoutant notamment : Brushman x Paranoiz - Whomper Stomper [Hardtrance]


Deux semaines plus tard.


Après la soirée de mardi, pour laquelle nous nous sommes uniquement occupés de la logistique, nous nous couchons ensemble à presque sept heures du matin, éreintés par les incessants va-et-vient nécessaires au transport du matériel et au nettoyage de la salle qui a servi pour la soirée principale. Nous nous endormons comme des masses sans même avoir eu le temps d’échanger la moindre caresse. Et tant pis pour les cours d’aujourd’hui, car il faut que nous soyons à nouveau opérationnels ce soir. Heureusement, comme nous animerons uniquement un before de la soirée, nous pourrons normalement cette fois-ci lever le pied avant deux heures du matin.


J’émerge vers quinze heures, vaseux, ma vision brouillée mettant quelques secondes à se rétablir. Souhaitant aussi laisser complètement le temps à mon amoureux de récupérer, je quitte sans bruit sa chambre, en lui laissant un mot sur papier, comme au bon vieux temps.

Vers dix-neuf heures, nous nous donnons rendez-vous au restaurant universitaire afin de prendre des forces pour tenir jusqu’au milieu de la nuit. Je suis particulièrement excité pour ce soir ; en effet, je préfère presque l’animation des befores à celle des soirées officielles. J’adore être face à une foule certes moins nombreuse, mais bien plus dense, car entassée dans le salon d’un T4. Et puis surtout, dans ces moments-là, on est bien plus libre quant aux morceaux à passer. Le but est vraiment de s’adapter aux attentes des fêtards, un exercice peu évident mais tout à fait grisant.

Alors que la colocation que nous sommes en train d’investir avec notre matériel est encore vide, j’annonce avec plaisir à Renan que mes deux amis Ardéchois ont pu se libérer pour venir admirer nos talents le lendemain, lorsque nous serons aux commandes face à quelques centaines d’étudiants.

Nous sommes quasiment prêts un peu avant neuf heures, et discutons autour d’une bière lorsque Mila débarque, probablement pour s’assurer que tout est en ordre. Elle règle rapidement la réponse en fréquence de l’amplificateur, en nous assurant que le rendu sera meilleur avec cette configuration, bien que j’aie du mal à discerner une différence à l’oreille.

Souhaitant suivre l’évolution de la situation, avant d’éventuellement aller interférer un peu dans sa vie privée, je lui demande ensuite, décontracté :

— Et sinon, ça se passe toujours bien avec Laszlo ?

— Bof… m’en parle pas… c’est carrément en dent de scie depuis quelques jours, en tout cas, ce soir, je fais ma vie ! J’ai assez de boulot de toute façon !

Je cache au mieux ma satisfaction, soulagé de ne pas avoir à en faire plus, et change donc rapidement de sujet de discussion.

Mila nous laisse seuls dix minutes plus tard, ayant apprécié notre mise en place. Son programme est chargé ; on ne s’improvise pas présidente d’une telle association !

En attendant que les premiers étudiants arrivent, nous jouons quelques vieux morceaux rocks pour nous amuser, et discutons avec un des responsables de la liste étudiante candidate au bureau des élèves. Marvin, dont le rôle est de s’assurer que ce before se déroule dans les meilleures conditions possibles, nous demande, l’air malicieux :

— C’est vrai que vous sortez ensemble ?

Renan se charge de répondre par l’affirmative, et ajoute, en ma direction :

— Tu vois, on commence à être connu malgré nous !

— Hmm, je préférerais qu’on soit connu pour nos talents musicaux…

Marvin, conciliant, s’empresse de me rassurer avec un sourire enjoué :

— Ne t’inquiète pas pour ça, je t’ai déjà vu en live, et même si j’y connais rien, t’assures super bien, hein !

— Merci…

Même si ce n’est pas notre genre de prédilection, nous démarrons avec du rap américain, avant d’enchaîner sur des classiques du rap français plus agressifs, mais qui ont le don de remplir assez rapidement le salon. Je me rends compte que la simple vue des étudiants qui se sentent à l’aise déforme ma perception de la musique en elle-même, en me faisant presque apprécier des refrains dont j’aurais horreur habituellement. Alors que le public devient légèrement plus féminin, nous dérivons sur des sonorités pop et dance. À notre grande surprise, les titres de Kesha mettent le feu, même les mecs dansant de manière survoltée. Comme quoi, certains classiques un peu kitsch passent toujours aussi bien !

Vers minuit, sentant que les gens en redemandent, et que leur taux d'alcool le permet, nous basculons sur des morceaux plus rapides, qui achèvent d’enflammer notre public, avant que celui-ci ne finisse lentement par migrer vers la soirée principale. Nous poussons gentiment les derniers irréductibles dehors vers une heure et quart, les accompagnant même dans les escaliers au vu de leur état d’ébriété avancé. Tous les deux très fatigués, nous rangeons le matériel à une vitesse express, et allons nous coucher chacun chez nous pour récupérer en vue de la dernière soirée de la semaine.

Ma chambre étant orientée plein est, je fais exprès de laisser les rideaux entrebâillés afin de me faire réveiller délicatement par les premières lueurs du jour autour de huit heures, plutôt que par la sonnerie hautement crispante de mon téléphone.

Heureusement, même si la présence aux cours de ce matin est absolument obligatoire de huit heures et demie à midi moins le quart, sous peine de mettre une validation en péril, la matinée est principalement constituée de conférences par rapport auxquelles il faudra simplement rédiger une note de synthèse. Autant dire qu’on peut gentiment se permettre de somnoler, il suffira ensuite de sortir son pipeau et d’inventer de jolies phrases pour remplir les deux pages Word exigées. Il faut dire qu’en deux mois et demi d’école, je suis déjà passé maître dans l’art de rallonger inutilement les phrases à l’aide de locutions complexes qui n’apportent en fait strictement rien au texte.

À midi, pour casser une fois la routine du restaurant universitaire, je vais chercher une pizza avec Renan, que nous dégustons tranquillement sous un soleil froid, au bord d’une des pelouses qui parsèment le campus.

Nous retournons ensuite nonchalamment en cours, avant de quitter celui-ci au bout d’une heure et demie tant il nous semble que nous perdons notre temps dans cet amphi déjà largement déserté par les étudiants. De toute manière, il faut que nous allions chercher mes amis Aymen et Eléa à la gare de Massy aux alentours de seize heures.

Après avoir définitivement comblé notre manque de sommeil restant, nous en prenons la direction, et les retrouvons directement à la sortie des quais.

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