Chapitre 27

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Ecrit en écoutant notamment : Dr. Peacock x Billx - Irish Banger [Hard Techno]


Nous rentrons tous les trois très satisfaits de notre soirée. Malgré tout, même Renan ne souhaite pas en remettre une couche avant de dormir ; nous aurons de toute façon le temps de recommencer nos activités demain pendant la journée, car nous n’avons pour l’instant rien d’autre de prévu.

Pendant le trajet de retour, mon père, qui s’est définitivement acoquiné avec Renan en particulier pour me charrier, lui a demandé s’il était envisageable qu’on fasse connaissance avec ses parents par Skype ou autre. Renan lui a poliment expliqué que ça sera difficile, car ses parents sont apparemment eux aussi en vacances.

Je commence désormais sérieusement à envisager qu’il me cache quelque chose avec sa famille… J’ai du mal à croire que ses parents n’aient aucune solution technique, serait-ce à la limite par WhatsApp ou Messenger… Le plus flagrant, c'est le fait même que Renan ait directement écarté l’option sans rien tenter. Je ne suis sûr de rien, mais peut-être faut-il tenter un petit coup de bluff en faisant mine de savoir qu’il se passe quelque chose.

Je n’en ai pas tellement envie ce soir ; d’ailleurs, je compte bien me laisser quelques heures pour réfléchir à comment introduire le dialogue de manière assez naturelle.

Je me lève cependant le lendemain sans avoir énormément avancé dans ma réflexion, ayant plutôt été occupé à observer et caresser mon amoureux dans sa quasi-nudité.

Il faudrait aussi sérieusement que je lui montre un côté plus sûr de moi, sinon il va finir par douter de l'amour que je lui porte... Ou bien une nouvelle déclaration bien franche pourrait-elle suffire ? Pourquoi pas.

Le matin, vers huit heures, je reçois un message de mes anciens amis de lycée Eléa et Aymen, qui me demandent si je suis dans le coin en ce moment. J’ai soudainement un peu honte de ne pas avoir repensé à eux, alors qu’on avait passé une semaine très sympa dans les Alpes ensemble cet été. Quand j’y repense, c’était encore l’époque où je me moquais des gays, alors que je savais pertinemment que j’étais terriblement attiré par certains mecs.

Ce n’est heureusement pas le cas vis-à-vis d’Aymen, je ne vous raconte pas la galère sinon… Lui, il est assez grand, bien un mètre quatre-vingt-dix, la peau mate du fait de ses origines marocaines, et c’est le spécialiste de la drague lourde ! Il est encore plutôt avenant, ce qui lui assure quelques succès périodiques, mais ce n’est pas pour autant que je souhaite faire une fricassée de museau avec lui.

Je demande bien sûr l’assentiment de Renan avant de lui confirmer que c’est d’accord pour se voir, ce qui ne pose pas de problème. Mon petit ami a beau avoir l’air calme, il aime particulièrement le contact social, et je suis sûr qu’il est déjà impatient de les rencontrer. Je prends mon vélo de route et lui prête celui de ma sœur, qui est quasiment à sa taille.

Nous démarrons pour la dizaine de kilomètres qui nous séparent de la maison d’Aymen, et je me fais désormais plaisir en charriant Renan, qui est un peu à la traîne derrière moi :

— Allez ! On est déjà fatigués ?

— Oui, ralentis un peu, je suis mort !

— N’importe quoi, tu pourras seulement dire ça quand tu te seras une fois levé à cinq heures du mat’ pour aller pédaler deux cents kilomètres tout seul sous le soleil ! dis-je en faisant mine de repartir en danseuse.

— Pff, t’es pas drôle… me répond-il d’une voix hachée par le mistral, qui s’est levé ce matin, et nous souffle droit dans le visage.

Je me décide à l’attendre un peu, et une fois qu’il est revenu à ma hauteur, je ne peux m’empêcher de poser la question qui fait les cent pas dans ma tête depuis quelques heures :

— Je ne sais pas trop s’il y a un problème avec tes parents, mais tu sais, tu peux tout me dire, hein… parce que déjà, s’ils ont bien accepté ton homosexualité, ce sont forcément des gens formidables…

— Ah, mais ne te fais pas de souci, ils vont très bien… c’est juste qu’ils ne sont pas trop fan des méthodes de communication moderne. Mais peut-être que pour les vacances de Noël, on pourra imaginer quelque chose !

— Tu me rassures… et sinon, c’était sympa jeudi dernier à Paris au moins ?

— Ah… oui oui, c’était super ! Enfin eux, ils étaient très contents de visiter un peu la capitale, ils n’y viennent pas souvent.

— D’accord, je vois !

Et voilà, comme d’habitude, je me posais simplement trop de questions alors qu’il y avait des explications rationnelles toutes simples ! Maintenant, il va encore plus me prendre pour le mec beaucoup trop soucieux par rapport à tout… J’ai raté une occasion de fermer ma gueule.

Toujours fidèle à la franchise chère à Renan – qui a d’ailleurs déjà démontré son efficacité avec ma famille – , j’ai bien prévenu Aymen que je venais avec mon mec, et celui-ci m’a répondu qu’il était impatient de voir ça. J’espère seulement qu’il n’a pas cru à une blague…

A l'entrée de son village, je le préviens par texto de l’imminence de notre arrivée, et lorsque nous atteignons son adresse, le garage est déjà ouvert, afin que nous puissions ranger les vélos. Il nous fait ensuite monter, et une fois au salon, il s’écrie :

— Voilà donc la chère moitié de mon Émilien favori !

— Oui, on peut dire ça, répond Renan, amusé.

— Il faut dire que je commençais à désespérer de te voir enfin avec quelqu’un, pas vrai, Émilien ? Et si on m’avait dit que ce serait avec un mec, eh ben je… enfin bref, ça me la coupe !

— Mais ça ne te dérange pas ? demandé-je quand même pour être certain.

— Non, bien sûr, on est en France ! Par contre, je peux vous dire que la plupart des marocains sont moins cools que moi ! Mais c’est assez marrant, au lycée, t’étais le premier à te moquer des quelques gays de l‘établissement pourtant !

— Il faut croire que j’ai changé… réponds-je laconiquement.

— Et c’est grâce à moi ! complète Renan, très fier de lui.


— Bon, on se fait un petit Fifa le temps qu’Eléa arrive ?

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