Chapitre 19

4 minutes de lecture

Ecrit en écoutant notamment : Technoboy - Next Dimensional World [Hardstyle]

Point de vue Renan


Le samedi matin, je dors jusqu’à dix heures avant de me mettre un peu au boulot : les partiels ne se réussissent pas tout seul, en tout cas pas pour moi. Je me contrains à éteindre mon téléphone pour ne pas être tenté de répondre à n’importe quel message, et me plonge dans mes exercices pendant trois bonnes heures.

Lorsque j’estime avoir suffisamment bien compris le cours pour pouvoir obtenir sans trop de souci un bon dix sur vingt, j’attrape mon téléphone, et lance un peu de musique depuis mon ordinateur. Hésitant à sortir pour aller m’entraîner à la salle de sport, je passe mes morceaux les plus énergiques à fond pour m’insuffler la motivation nécessaire. Allez ! De toute façon, si je ne le fais pas pour moi, autant le faire pour Émilien.

Il est quand même tellement… attendrissant. Sûrement parce qu’il a encore du mal à trouver des repères… mais malgré tout, j’ai l’impression que ça avance pas super vite, j’espère qu’il va s’aguerrir plus rapidement pendant les prochains temps. Il avait l’air assez motivé pour jeudi prochain, reste à voir ce que ça va effectivement donner.

En arrivant à la salle, je tombe par hasard sur Calixte, un ami de l’asso LGBT, qui malgré ses soufflements étranges soulève quand même quatre-vingts kilos de fonte au développé couché. M’ayant repéré, il s’empresse de me faire la bise une fois sa série terminée :

— Ah tiens, le petit Renan ! Je ne te vois pas souvent ici, t’as décidé de venir raffermir un peu tes muscles ?

Ah, ce Calixte, comment le décrire ? Un peu grande gueule mais plutôt sympa comme ami. Par contre, il est toujours prêt à raconter ses exploits sexuels à n’importe qui, en insistant toujours sur les détails les plus graveleux. Je ne sais pas s’il en est particulièrement fier, ou si ça l’amuse simplement de voir ses interlocuteurs gênés, en train de marmonner un « parle un peu moins fort, s’il-te-plaît », mais pour ma part, je l’ai définitivement cerné le jour où il a commencé à me vanter les vertus et le plaisir de la double pénétration pendant un cours de probabilités. J’avais seulement su l’arrêter lorsqu’il avait commencé à se lancer dans une étude comparative approfondie des avantages et inconvénients de chaque position envisageable pour ce faire.

Je lui réponds alors :

— Bah oui, il faut bien plaire un peu, non ?

— Bien sûr, pourquoi crois-tu que je viens ici quatre fois par semaine ? Et sinon, mon petit Rennais s’est trouvé un charmant jeune homme à câliner ?

— Euh… oui, en effet…

— Haha, mais évidemment que je sais que tu sors avec Emilien. Bon choix, bon choix, rien à dire… C’est agréable de se faire démonter par ses soins ?

Je rougis un peu et déclare :

— Euh non, je ne sais pas encore… mais bientôt je pense, bientôt…

— Mais comment ça, pas encore ? Vous vous voyez depuis un bon moment, pourtant ?

— Je sais bien… mais ce n’est pas de ma faute s’il a encore un peu du mal à tout accepter.

— Je n’ai jamais dit ça, ne t’inquiète pas ! Mais j’ai peut-être un bon plan pour toi, si tu veux serrer quelques mecs d’un peu plus près.

— Ah bon ? réponds-je interloqué.

— T’aimes bien la techno, si je me trompe pas ?

— Oui.

— T’aimes bien aller en soirée ?

— Euh oui, plus ou moins.

— T’es gay ?

— Haha… allez, balance !

— Parfait, tu n’as qu’à m’accompagner à Paris jeudi prochain. Je ne sais pas si tu connais la ‘Boiler Room’, mais c’est... putain de lourd ! La meilleure boîte techno LGBT de France.

— Ouais, ça a l’air cool, j'en ai déjà entendu parler, mais je suis déjà pris jeudi.

— Allez, je suis sûr que ce n’est pas important. Tu verras, c’est incroyable, un line-up de qualité, une densité de beau mecs que tu ne pourrais même pas imaginer dans tes rêves les plus fous.

— Ouais enfin des mecs défoncés surtout...


— C’est vrai, concède-t-il, mais pas tous, loin de là. Allez ! Au pire, si ça ne te plaît pas, on ne rentrera pas trop tard. Et puis vraiment, t’as le droit de t’amuser, Émilien m’a l’air un peu nunuche quand même.

Je proteste en défendant mon amoureux, mais finis par céder devant l’émerveillement que lui procurent visiblement les souvenirs de ses précédentes soirées. C’est d’ailleurs sûrement là-bas qu’il pêche un certain nombre des mecs dont il nous parle.

Je me sens un peu coupable vis-à-vis d’Émilien, mais bon, après-tout, ce n’est que partie remise. Et puis, je suis sûr qu’on peut se faire plaisir là-bas rien qu’en dansant. Enfin, j'avoue que j’ai quand même envie de vérifier s'il y a réellement autant de beaux mecs... Il suffira de ne pas trop s’en approcher, et puis je me barrerai quand je voudrai au bout d’un moment, je ne pense pas que Calixte veuille rester avec moi pendant cinq heures non plus.


Revenu chez moi après une séance qui aura finalement été occupée pour moitié à discuter avec Calixte, j’achète ma place et vais me remettre un moment au travail. Je m’attelle ensuite à trouver une excuse valable pour Émilien. Allez, je lui dirai que j’ai de la famille qui vient à Paris ce soir-là... S’il veut absolument m’accompagner, je trouverai bien un moyen de l’en empêcher.

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