Chapitre 16

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Ecrit en écoutant notamment : Undefined. - You Woke Me With Your Acid Kiss [Acid Techno]

Comme je me l’étais promis, je décide de ne pas cacher ma relation avec Renan. Lui est d'ailleurs du même avis que moi, et c’est donc naturellement quelques jours plus tard que je reçois un message de Laszlo, me souhaitant bonne continuation avec une ironie plus que palpable. Franchement, le fait qu’il ne vienne même pas me parler en face à face, alors que ça lui pose visiblement un certain problème, entérine vraiment la nouvelle opinion que je me suis faite à son sujet.

Maintenant, reste seulement le problème que nous habitons toujours presque l’un à côté de l’autre – heureusement que nous ne sommes pas en colocation tout de même –. Notre désir de nous éviter est allé si loin que nous avons tant bien que mal convenu de créneaux de sorties pour éviter de nous croiser en partant en cours le matin. C’est mon tour entre moins dix et moins cinq, le sien entre moins cinq et pile.

Au début, la situation me désolait quelque peu, mais je m’y suis fait. C’est pour dire, lorsque j’appris par hasard que son couple avait cassé, je ne ressentis absolument aucune animosité à son encontre. De toute façon, il n’aurait pas de mal à s’en retrouver une autre.

Et puis, maintenant que j’ai Renan, rien ne me paraît très grave… Je ne pensais pas qu’un mec pouvait faire preuve d’autant d’empathie. Depuis son erreur, alors que je perçois bien qu’il aimerait aller plus loin, il s’efforce de me laisser le temps d’appréhender les nouveaux sentiments auxquels je fais face. Malgré le fait que je n’aie dans un premier temps pas été très clair sur mon attirance pour lui, je suis de plus en plus persuadé que je suis inexorablement tombé amoureux, et ne me prive maintenant plus de le lui rappeler régulièrement. Ce qui me fait craquer, c’est qu’il ne semble toujours pas s’y habituer : il affiche toujours ce même sourire franc mais gêné…

Je craignais que la période d’examens qui va bientôt avoir lieu perturbe pas mal notre relation, mais nous avons trouvé notre méthode bien à nous, nous adonnant toujours à nos baisers langoureux accompagnés de chastes caresses, après nos séances de travail en commun, ne nous dévêtissant pour l’instant pas en-dessous de la ceinture.

Pourtant, depuis deux ou trois jours, je constate qu’il devient de plus en plus difficile pour lui de se contenir totalement, et je me demande si, lui ayant déjà redoublé d’efforts pour moi, je ne devrais peut-être pas en faire de même pour le satisfaire. Le souci est que, même si je me sens irrémédiablement attaché à lui, ce que je connais des relations gays ‘habituelles’ me fait assez peur. J’adore passer mes mains sur ses abdos délicats, dans ses cheveux souples, caresser délicatement son visage fin et harmonieux, ou encore le chatouiller au niveau des aisselles, ce qu’il adore par-dessus tout ; mais l’idée de devoir le masturber ou le sucer me provoque de désagréables frissons de malaise, bizarrement bien plus que l’idée de le pénétrer.

Ainsi, aujourd'hui, après avoir sué sur quelques exercices tordus à propos de l’équation de Navier-Stokes pour préparer notre examen de mécanique des fluides, au lieu de nous jeter l’un sur l’autre, je lui dis :

— Ça va si on discute de deux trois trucs avant ?

— Oui, bien sûr ! T’as l’air soucieux…

— Ouais un peu… je me disais que t’avais sûrement envie qu’on passe à des activités… comment dire… plus dignes de jeunes de vingt ans que de quatorze…

Je le vois réfréner son excitation quant au fait que je me sois enfin décidé à mentionner cet aspect de notre relation, mais il est particulièrement ravi. Il me répond, diplomatiquement :

— Si tu veux vraiment, uniquement ! De mon côté, je suis évidemment ouvert à toute proposition.

— J’y réfléchis depuis quelques jours… et en fait… j’ai l’impression que… je n’ai pas spécialement envie de toucher à ça, dis-je en désignant son entrejambe. Mais c’est débile, parce que je t’aime vraiment, sinon… T’es mon petit ange aux yeux verts.

Il s’esclaffe devant ma déclaration d’amour maladroite, mais reprend sérieusement :

— Mais ne t’inquiète pas pour ça, ce n’est pas parce que tu n’as pas envie de me sucer que je vais être vexé ! Il faut relativiser, tout le monde n’aime pas les mêmes choses, et il ne faut pas prendre les films X au pied de la lettre.

— Ouais…

— Tu sais même qu’il y a un certain nombre de couples gays qui ne pratiquent jamais la pénétration ? Et ils ne s’en portent pas mal pour autant !

— Ah ça, par contre… je ne dis pas non !

Pour le coup, il me fixe soudainement avec les yeux grands ouverts sans cligner pendant un moment, puis s’exclame :

— Eh ben, t’es marrant toi ! Et quand tu prends la voiture, tu démarres directement en cinquième ?

— Haha, non, jamais essayé, mais ça peut être marrant ! Non mais sérieusement, ça me fait bien moins peur. Ça me donnerait presque envie, tiens…, terminé-je pour le provoquer un peu.

— Oufff… tu m’imagines prendre ce braquemart là ?

Grrr... Il est fort, très fort, encore plus efficace pour renvoyer l’embarras à son expéditeur que Roger Federer ne le ferait avec une petite balle jaune… Il me tire de ma gêne stratosphérique en poursuivant :

— Par contre, si tu n’as pas d’objection, je ne serais pas contre un examen préalable du matériel. Mais c'est vraiment comme tu le sens, je te le répète.


Je hoche la tête, espérant que les prochaines minutes ne vont pas raviver de mauvais souvenirs.

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