Chapitre 14

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Ecrit en écoutant notamment : Pablo Hernandez - Bitch I'm A Bottom [Pop] https://www.youtube.com/watch?v=7_M-TasnGtg

Trois semaines plus tard.

Renan et moi sommes fin prêts au niveau de l’organisation de la ‘Night of Diversity’, qui va débuter vers vingt-deux heures. Nous nous activons maintenant depuis plusieurs heures pour préparer les lieux, et par conséquent, ce soir, pas question de mixer pour nous deux, ce seront nos autres collègues du Nightfader qui s’en occuperont ! Les différentes tâches logistiques pour gérer la soirée ne manqueront certainement pas.

Depuis notre première entrevue mouvementée concernant la préparation de la soirée, ma relation avec Renan s’est de nouveau considérablement améliorée. Nous avons bien sûr re-discuté de « l’incident », mais estimons désormais qu’il est temps de tourner la page.

Finalement, il a été beaucoup moins difficile qu’escompté d’éviter que Laszlo ne me surprenne dans mes activités « gay-friendly » : nous ne nous croisons guère encore qu’en allant en cours le matin. Et si lui paraissait encore assez excité de me parler des avancements de sa relation il y a encore une dizaine de jours, ces conversations se raréfient maintenant elles aussi. Non pas que nous nous soyons embrouillés d’une quelconque manière, non, il semble simplement que certaines de ses préoccupations sont devenues encore plus envahissantes.

Il n’y a malheureusement qu’à attendre qu’il finisse par casser, où alors qu’il se rende compte qu’il néglige un peu trop sa vie sociale au profit de celle affective. Mais après tout, me comporterais-je différemment si j’étais fou amoureux d’un mec… euh, mais qu’est-ce que je raconte ? D’une fille plutôt !

Malgré le fait que je ne sois pas complètement fan de la décoration forcément orientée très LGBT, je prends quand même plaisir à gérer l’ensemble avec Renan. Tout se passe actuellement pour le mieux, nos amis du Nightfader assurent une ambiance excellente, et les membres de XY-Z, l’asso gay, qui nous prêtent main forte, sont effectivement, comme nous l’avait indiqué Mila, tout à fait efficaces et plutôt sympathiques. Bon, il ne faut pas oublier qu’il s’agit quand même plus de leur soirée que de la nôtre !

Je suis seulement déçu que Mila n’ait pas pu passer ce soir pour constater à quel point j’ai bien travaillé ; mais ce n’est pas si grave, le bouche-à-oreille fera sûrement son travail à merveille.

Minuit trente, c’est l’heure du set thématique de la soirée, dont les morceaux ont été choisis par les collègues de XY-Z. Avec Renan, nous nous octroyons quelques minutes de répit, la soirée étant bien partie sur sa lancée. Et là, je dois reconnaître que je ne connais pas grand chose, à part un ou deux titres de Bronski Beat ou de Mylène Farmer. Et puis, on a eu droit à une parodie de ‘Bitch I’m Madonna’ qui nous a beaucoup fait rire tous les deux. Enfin, de mon côté, cela provenait surtout du fait que lui connaissait les paroles par cœur, et chantait de sa voix horriblement fausse.

Un peu après une heure du matin, place à quelques morceaux plus calmes, puis progressivement plus langoureux et sensuels. Renan semble émerveillé devant la vision de quelques couples gays qui s’embrassent, tandis que je reste pour ma part beaucoup plus circonspect.

Pour la blague, nous improvisons un slow tous les deux, ce qui nous fait rapidement nous tordre de rire étant donné que nous sommes aussi mauvais l’un que l’autre pour danser. Après que je lui ai marché sur le pied pour la troisième fois, nous décidons d’arrêter le carnage et tentons de reprendre notre souffle.

Juste après que Renan m’a prévenu qu’il allait juste discuter quelques minutes avec deux de ses amis de l’association, je ressens une vive pression au niveau de mon poignet, et me retrouve devant Laszlo, qui affiche un air plus que contrit :

— Je peux savoir ce que tu fais là ?

— Je te retourne la question.

— Je suis venu avec Mathilde, et une de ses amies, qui est bi, il faut savoir se montrer ouvert ! Mais toi, qu’est-ce que tu fous à danser avec ce mec tordu ? termine-t-il en haussant la voix.

— Oh ça va, c’est juste un délire, on a le droit de s’amuser, non ? Et je te précise que c’est moi qui ai organisé la soirée avec Renan, donc c’est plutôt normal que je sois ici. Mais donc, quand il s’agit de l’amie de ta copine, il faut savoir être tolérant, mais quand c’est ton soi-disant meilleur ami, ça ne compte pas ?


— Oui enfin, la différence c’est qu’elle n’a pas essayé de me violer, à ce que je sache.

Il me toise alors de ses yeux menaçants, ceux qu’il utilise d’habitude plutôt avant le début de ses matchs de handball, lorsqu’il serre la main des adversaires.

— Tu ne me fais pas peur. En tout cas, t’as l’air de t’intéresser de nouveau à moi, c’est déjà un bon point, ajouté-je, grinçant.

— Ne prends pas ce ton de vieille peau aigrie qui n’a pas baisé depuis quinze ans ! Ah, quoique, ce n’est pas totalement faux !

— Oh putain, mais quel con !

Sans réfléchir, mon poing part en direction de son menton, mais il le bloque agilement, puis maintient fermement mes deux poignets en m’intimant :

— Ne sois pas con, viens, on va tranquillement partir et discuter, sans s’énerver.

— Ah mais bien sûr, chef ! Et je lui dis quoi, à Renan ?

— S'il-te-plaît, ne recommence pas avec lui. T’as encore de la chance que je n’aille pas le remettre en place, ça ferait mauvais genre.

— Non mais merde, si tu veux vraiment mon bien, laisse-moi tranquille, ce n’est pas compliqué !

— Ah mais j’y crois pas ! Tu serais prêt à laisser tomber notre amitié juste pour une petite pédale ?

— Ouais, parce qu’une amitié comme ça, je n’en ai pas besoin !

C’est à ce moment précis que Renan débarque au milieu de notre dispute, en essayant de s’interposer.

— Eh mais il se passe quoi les mecs ?

Laszlo lui répond du tac-au-tac :

— Alors le mec qui a agressé mon ami, lui, il peut se casser tout de suite !

Renan, ignorant sa menace, bien qu’il fasse certainement trente kilos de moins que lui, se tourne vers moi :

— C’est une blague, où tu lui as vraiment raconté ça ? Tu m’avais assuré que ce n’était resté qu’entre nous deux !

Je commence à bouillir intérieurement, regarde une fois Laszlo, puis dévisage Renan, et finis par déclarer :

— Vous me faites chier tous les deux, merde ! Je me casse ! Et battez-vous si ça peut vous défouler !

Je traverse donc d’un pas pressé la grande esplanade qui sépare le bâtiment de l’école où se tenait la soirée et nos résidences universitaires, en me maudissant d’aussi mal choisir mes amis.

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