Chapitre 13

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Ecrit en écoutant notamment : Nico Moreno - Insolent Rave [Industrial Techno] https://www.youtube.com/watch?v=OgaU5BUChBE

En ce début de semaine, comme je me l’étais promis, je me décide à contacter Renan pour essayer de trouver un moment pour nous voir ce soir, et après quelques messages, nous en arrivons à la conclusion que dix-sept heures semble l’horaire le plus adapté.

À midi, j’ai naïvement accepté d’aller manger avec Laszlo et sa nouvelle copine, sûrement était-ce d’ailleurs pour lui une étape supplémentaire dans sa relation, de la présenter à son « meilleur ami », mais j’ai rapidement déchanté. Ni lui ni elle ne semblait s’intéresser vraiment à moi, si ce n’est pour poser quelques questions d’usage, alors j'ai terminé rapidement de manger pour m’éclipser en leur souhaitant une bonne fin de repas. Et vous savez quoi ? Laszlo n’a même pas essayé de me retenir, et je me demande maintenant de plus en plus dans quelle mesure il m’a fait venir simplement pour s’exhiber avec Mathilde. Est-ce qu’il exagère – car à ce rythme, on ne se verra carrément plus du tout dans moins d’une semaine – ou est-ce que c’est moi qui sur-réagis ? Je n’en sais rien.

Au moins, cette question aura eu la vertu de m’occuper pendant une partie de l’après-midi, pendant ces cours en amphi interminables lors desquels certains profs s’écoutent vraiment parler et doivent sûrement bander rien qu’en entendant leur voix. Je commence à me demander si ça vaut encore vraiment la peine d'y assister.

Peu après dix-sept heures, alors que je suis en train de migrer vers notre point de rendez-vous – j’ai insisté pour qu’on se voie dans une salle de réunion de l’école et non dans une de nos chambres –, je me mets à stresser en constatant que je n’ai pas du tout prévu comment je devais réagir s’il demandait à nouveau des explications sur cette fameuse soirée.

Ayant une dizaine de minutes de retard sur l’horaire convenu, je le retrouve donc déjà installé avec son PC portable. Alors que je pousse la porte, il ouvre de grands yeux vers moi, et les rebaisse immédiatement, sûrement refroidi par mon expression corporelle, qui se veut sèche et professionnelle uniquement.

J’installe à mon tour mon ordinateur dans un silence pesant et me racle la gorge une fois que je suis prêt. Renan semble nerveux, car il se pince sans cesse les lèvres et ne semble pas trop savoir quoi faire de ses mains. Avant que le silence ne devienne trop gênant, et puisque c’est moi qui ai pris l’initiative du rendez-vous, je démarre :

— Bon alors, t’as lu le mail de Mila ?

Il me répond d’une voix chétive :

— Oui, oui… ça me semble assez clair. Je vais t'envoyer aussi des infos concernant notre association, genre... par rapport à la déco, au style musical et tout…

Deux bonnes minutes, sans un mot échangé, s’écoulent ensuite, le temps qu’il me transfère le message.

— Bon, si on faisait au moins une liste des trucs à faire et qu’on s’en répartissait déjà une partie, ça serait une bonne avancée, non ?

— Oui, oui…

Nous passons alors en revue sans enthousiasme débordant les différentes tâches, à savoir s’organiser avec les agents de sécurité, avec le bureau des élèves pour l’installation des tapis de soirée et barrières, avec le Nightfader bien sûr pour l’installation de la sono, et enfin avec l’asso de Renan pour le programme et la décoration de la salle. Pas si simple que ça en a l’air ! Heureusement, nous pourrons évidemment compter sur les membres du Nightfader et de XY-Z pour nous aider un peu.

Finalement, la conversation devient un peu plus naturelle, même si je sens que Renan n’est pas au meilleur de sa forme. Pourtant, il change soudain d’expression, et me pointe d’un doigt inquisiteur :

— Bon, on a assez bavassé comme ça, maintenant tu vas vraiment dire ce que j’ai fait jeudi dernier ! Sinon, je plante cette malheureuse soirée !

— Et alors ? réponds-je, goguenard.

— Arrête, je sais très bien que t’as intérêt à ce que ça se passe parfaitement, tout ça pour ta petite fierté de merde !

— Ah mais pas du tout, tu te trompes, mon cher ! ajouté-je avec un ton exagérément sarcastique.

— Oui, c’est vrai, il n’y a pas que ça, il y a cette pouffiasse de Mila aussi, hein ?

— Alors, mon grand, tu vas bien m’écouter, je n’ai pas besoin de toi pour ça, alors si ça ne te convient pas, tu peux rentrer chez toi, je trouverai quelqu’un d’autre !

Il se lève alors d’un coup, range son ordinateur en vitesse dans sa pochette, et part d’un pas décidé. Alors qu’il est en train d’ouvrir la porte, je prends conscience que mon coup de bluff a été un échec, et je m’écrie :

— Tu tiens vraiment à le savoir ? Bah voilà, je crois que tu n’étais pas loin de la tentative de viol sur moi ! C’est comme ça que tu traites tes amis ?

Renan fait immédiatement demi-tour et claque la porte derrière lui :

— Quoi ?

— Non, t’as bien entendu ! Je pense que tu comprends pourquoi je l’ai mauvaise depuis une semaine !

Il place les mains sur ses joues, avec un air choqué. S’il joue la comédie, c’est vraiment très fort, mais il semble tout à fait sincère.

— Je… ne sais pas quoi dire… attends-moi, je passe aux toilettes, je ne me sens vraiment pas très bien.

Son air horriblement confus et désolé me donne presque envie de le pardonner. Je me frotte le front, en y réfléchissant mieux : finalement, est-ce aussi grave que Laszlo me l’a suggéré ? J’ai de moins en moins confiance en lui depuis quelques jours. Il faut que je prenne ma propre décision.

J’attends alors patiemment le retour de Renan, dont je vois poindre la silhouette une dizaine de minutes plus tard. À peine est-il revenu dans la salle que j’accours vers lui et le prends dans mes bras :

— Tu n’as plus intérêt à me refaire ça, hein ! Mais je crois que je me suis déjà suffisamment forcé à t’en vouloir, tu ne le méritais pas.

Pour toute réponse, il me serre de toutes ses forces contre lui en posant sa tête contre mon cou. On a bien le droit de faire ça avec un ami, non ?

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