Chapitre 11

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Ecrit en écoutant notamment : ZZ Top - Sharp Dressed Man [Rock] https://www.youtube.com/watch?v=7wRHBLwpASw

Malgré une soirée à laquelle il devait participer ce soir, Laszlo a préféré revendre sa place et rester avec moi. Si ce n’est pas un ami en or ! Nous passons ensuite le week-end sur le campus de notre école, alternant entre travail, films et détente. Pas de sport possible malheureusement, même si je sens que ma cheville va déjà beaucoup mieux. Ça me remonte le moral, et la fin du week-end arrive alors que je pense de moins en moins à l’incident du jeudi soir. Le dimanche soir, nous regardons le match OM-PSG, et insultons copieusement les parisiens, qui ont mis quatre buts à notre équipe favorite.

Le lundi matin, je sens que je n’ai plus besoin des béquilles, même si je dois continuer à poser le pied droit prudemment. Je fais exprès d’arriver quelques minutes en retard à l’amphi, dans le but de repérer où ce salaud de Renan s’est installé. Je dépose alors mes affaires quelques rangées derrière lui, afin qu’il ne puisse même pas me voir.

Visiblement, lui n’a pas l’air très choqué par son comportement de jeudi passé ! Il suit assidûment le cours, et répond à certaines questions du prof avec un ton aussi déprimant que désarmant de normalité. Il faut croire que ça doit être classique pour lui ! Je suis sûr que je ne dois pas être le premier à qui ça arrive ! En fait, c’est vrai, en y regardant de plus près, son sourire n’est pas si mignon que ça, plutôt sournois finalement. Et son regard, qui semble simplement espiègle à première vue, est en réalité plus machiavélique qu’autre chose. Mais j’avoue qu'il est très facile de se méprendre sur son compte !

Je le surprends plusieurs fois pendant le cours à essayer de me repérer, en vain grâce à mon positionnement hautement stratégique, c’est-à-dire derrière un mec qui doit approcher des deux mètres.

La fin du cours arrive, et j’essaie alors de ranger lentement mes affaires pour le laisser s’en aller avant moi. Sauf qu’évidemment, il en profite pour faire un dernier tour d’horizon et je comprends que je suis repéré sans même avoir détaché les yeux du sol. Je me retiens de lui foutre une baffe en travers de la gueule lorsqu’il se plante devant moi, principalement parce que le prof est encore en train de plier bagages à quelques mètres de nous. Je me dirige alors d’un pas affirmé vers la sortie, faisant souffrir ma cheville, mais suis rattrapé par Renan, qui m’attrape le bras.

— Mais lâche-moi, qu’est-ce que tu me veux encore, ça ne t’a pas suffi ?

— Hein ? Mais qu’est-ce que tu dis ? On est amis, non ? Et puis faut que je te parle d’un truc super important, pourquoi tu ne m’as pas répondu ce week-end ?

Ah oui, forcément, je l’avais bloqué le vendredi après être rentré chez moi… Je trouve heureusement une excuse rapidement :

— J'ai ma cheville qui a tourné et donc…

— Oh, merde, c'est arrivé comment ?

— En courant.

— Ah c’est con… Mais tu pourras bientôt reprendre j’espère ? Et tu m’emmèneras, ça serait bien que je me remette sérieusement en forme.

Je commence vraiment à me poser des questions sur son cas. On dirait que pour lui, il ne s’est absolument rien passé. J’essaye de trouver une réponse au plus profond des fins motifs irréguliers qui composent ses iris d'un vert claquant, en vain. Son comportement et ses intentions semblent encore plus obscurs que le noir de ses pupilles…

— Tu ne me réponds pas ? Et pourquoi j’ai l’impression que tu commences à m’éviter ?

— Devine.

— Je ne vois pas vraiment… Mais, ça a peut-être un rapport… Tu sais ce qu’il s’est passé jeudi soir après qu’on a mixé ? Je crois que j’ai fait un black-out assez violent, mais je n’ai trouvé personne qui ait pu me dire ce que j’ai fait.

— Ah bah ça, ça ne m’étonne pas…

— Ah, donc t’étais avec moi quand même !

— Oui, mais… t’as vraiment fait de la merde… je ne peux pas te pardonner.

Il prend soudain un air assurément plus anxieux.

— Heu… te pardonner quoi ? Tu me fais peur !

— Bon, ça ne concerne que nous deux… ...

— Et ?

J’ai beau réfléchir, mais je n’arrive pas à formuler d’explication claire dans ma tête. Je n’arrive pas à associer ce qu’il s’est passé jeudi soir avec la personne qui se tient actuellement devant moi. Je le déteste, mais je ne conçois pas qu’il ait pu me faire du mal. Et puis… je détesterais qu’il me considère comme victime de ses pulsions…

— Rhaa, tu m’emmerdes avec tes questions ! Retourne plutôt avec ta clique, ça vaudra mieux, je ne veux juste plus avoir affaire à toi.

Il commence à protester, mais voyant au loin Laszlo qui arrive dans ma direction, je le pousse sur le côté, et pars en le menaçant une dernière fois.

Je m’éloigne ensuite avec mon meilleur ami, en jetant un dernier regard vers Renan, qui part dans le sens inverse, complètement désarçonné. Mais en y repensant, c’est sûr qu'ignorer ce qu’on a fait pendant plusieurs heures doit être assez déstabilisant, surtout après ce que je lui ai dit. Mais je crois qu'il le mérite bien.

Jeudi soir se tient cette fois-ci une nouvelle soirée de formation avec le Nightfader, d’ailleurs j’ai prévenu Renan qu’il n’a pas intérêt à se pointer, car j’y serai. J’ai absolument envie de faire sérieux pour avoir plus tard un poste au bureau de l’association, et il n’est pas question que je me laisse perturber par sa présence.

Dix-neuf heures dix-sept et quarante-neuf secondes. Il est l’heure de se préparer, et aujourd’hui, j’essaie de me faire encore plus parfait que la dernière fois. J’ai cependant l’horreur de constater qu’il n’y a apparemment plus d’eau chaude en ce moment. Tant pis, ça sera douche froide, idéal pour se remettre les idées en place. Je sors néanmoins grelottant, puis alors que j’ai presque fini de me raser, mon rasoir tombe en rade de batterie… c’est vraiment pas ma soirée ! Je me dépêche de le rebrancher et vais choisir des habits appropriés pendant ce temps.

Comme à mon habitude, j’arrive juste à l’heure : je préfère généralement prendre mon temps pour me mettre dans l’ambiance et pouvoir discuter au calme.

Et ma technique paye plutôt bien, car Mila vient me voir et me demande :

— Alors, Émilien, toujours aussi motivé pour t’investir dans l’asso pour la suite ?

— Oui, bien sûr, plus que jamais !

— T’aurais envie d’avoir un poste important plus tard ?

Je lui réponds de manière à la fois saccadée mais enthousiaste :

— Ah… oui ! Ça me ferait… vraiment très plaisir ! J’aime… vraiment ça !

— Ok parfait, alors je te propose que tu organises un petit évènement, une collaboration Nightfader/XY–Z. T’as pas besoin de te prendre la tête, c’est juste un petit truc pour te mettre un peu en condition.

— Euh ouais, bien sûr ! Mais c’est quoi ce XY–Z ?

— Tu ne les connais pas ? C’est l’asso LGBT du campus, tu verras, ils sont super sympas et arrangeants. Ils organisent leur traditionnelle soirée ‘Night of Diversity‘, et ça fait plusieurs années qu’ils peuvent compter sur nous pour mettre l’ambiance.

Fait chier ! Il aura fallu que je tombe sur ça, évidemment ! Je garde cependant un sourire de façade – il faut savoir rester professionnel en toute situation –, et agrémente ma réponse d’un clin d’œil subtil qui la fait sourire.

— Ah d’accord, ça sera avec plaisir !

— Super ! Mais ton ami Renan, il ne vient pas ce soir ? Comme vous vous entendez super bien et qu’il fait partie de XY–Z, avec leur président, on vous a naturellement confié la tâche.

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