Chapitre 7

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Ecrit en écoutant notamment : DJoNemesis - Ritornata Dalla Luce [Dance] https://www.youtube.com/watch?v=_LDFX30ggr0

Peu après vingt heures, la sonnette retentit et nous accourons vers l’entrée, impatients de découvrir lequel de nos amis est arrivé. Nous ouvrons et découvrons sur le pas de la porte Aymen, tout sourire, muni d’une bouteille de pastis dans sa main gauche.

Après nous être salués, Eléa me demande :

— D’ailleurs Émilien, tu pourrais aller chercher des verres supplémentaires que j’ai oubliés de sortir ? Ils sont dans les grandes armoires noires du salon. Viens, Aymen, on va mettre la bouteille au frais, termine-t-elle à destination de notre ami.

Je me dirige vers le salon puis ouvre donc une des douze armoires au hasard. Comme d’habitude, ça sera la dernière qui sera la bonne… Après quelques tentatives infructueuses, j’ouvre un des rangements plus volumineux du bas, et découvre avec excitation une mallette de platines. Très, très intéressant ! Oubliant mon devoir initial, je rejoins mon amie à grandes enjambées :

— Tu sais si elles fonctionnent, les platines de l’armoire ?

— Heu… ah oui… normalement oui ! C’est mon père qui s’amusait un peu avec ça, mais ça doit faire cinq ans qu’il ne les a plus sorties…

— Mais tu ne m’as jamais dit que vous aviez ça !

— Je t’avoue que j’avais presque oublié qu’elles traînaient là… Normalement, il y a tous les câbles nécessaires avec, si ça t’intéresse, tu peux essayer de les brancher. Mais je te préviens, moi, je ne sais pas du tout utiliser ça !

— Ne t’inquiètes pas, ça je gère !

Heureusement, comme me l’ont judicieusement indiqué les membres du Nightfader, j’ai attaché ma clé USB sur mon porte-clés, ce qui me permet d’avoir toujours mes morceaux avec moi. Je commence donc à m’affairer à mes branchements, et lâche une grande exclamation de satisfaction quand la musique démarre. Bon, alors, les platines sont d’une marque différente de celles du Nightfader, mais il n'y a pas de raison pour que je ne m'en sorte pas !

La première transition ne tarde pas à rameuter mes deux amis. Aymen s'exclame de sa voix puissante :

— Eh, mais tu nous avais caché ce talent !

— Non non, c’est récent, d’ailleurs c’est très loin d’être parfait.

— C’est pas un problème ! En tout cas, ça fait tout de suite plus stylé comme soirée ! Bon, après, ne te sens pas obligé de rester aux platines tout le temps, quand t’as envie de nous rejoindre, tu balances une playlist, hein !

— Ouais bien sûr ! Mais je compte m’entraîner un peu. Il faudra que je sois à la hauteur pour les soirées de l’école que je devrai animer.

Aymen se frotte les mains et va accueillir nos autres amis.

Je m’adresse à nouveau à Eléa :

— Et puis, j’ai rencontré un mec assez sympa à l’association de mix de mon école, qui aime la même musique que moi.

— Ah, t’as de la chance, c'est une espèce rare ! Il faut quand même dire que ça a facilement tendance à faire fuir les gens, ce style.

— Ne t’inquiètes pas, ce soir, je fais tout ce qu’il y a de plus chill. Et aussi, le mec dont je t’ai parlé, il est gay, mais vraiment, pour le coup, on ne dirait pas du tout, enfin avant qu’on arrive dans sa chambre…

— Dans sa chambre ?

— Ah non, ne t’imagines rien, hein !

— Ha, au moins c’est cool, t’as l’air de changer un peu sur ce point !

— Non, pas du tout ! Moi, je ne change pas !

Je me rends compte à l’instant d’après que je me suis montré très véhément dans ma réponse, et qu’elle avait simplement voulu dénoter une amélioration de mon estime pour les gays en général, ce qui d’ailleurs est loin d’être faux depuis quelques jours.

Elle me regarde, interloquée, et je tente alors de me reprendre :

— Euh, je ne voulais pas vraiment dire ça… tu comprends, hein ?

— Ouais… n’empêche que t’es bizarre parfois, la question a l’air de te travailler un peu, je me trompe ?

Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais Eléa a réellement un don pour mettre les gens en confiance. Et puis, elle a tellement touché dans le mille que je me sens presque obligé de lui répondre sincèrement :

— Non… je crois que t’as raison, mais c’est difficile… je pense que tu comprends que ça ne va pas de soi… Il y a encore une semaine, je t’aurais rembarrée vite fait bien fait, mais depuis que je connais ce Renan…

— Oh… ça me fait vraiment très plaisir que tu me considères comme une amie assez proche pour me dire ça… Tu devrais continuer à discuter avec lui alors, je pense…

— Ouais, t’as raison… comme d’habitude, terminé-je avec un léger rire nerveux.

Je sens mon cœur se mettre à battre très fort après ma révélation à demi-mot… c’est vraiment un sentiment très nouveau. À la fois agréable, car je me sens moins seul avec ces soucis, mais en même temps troublant parce que je ne reconnais plus totalement le Émilien d’il y a encore quelques jours.

Je cesse ensuite de me poser trop de questions métaphysiques, me promettant simplement de continuer à discuter avec Renan la semaine prochaine, en restant néanmoins très prudent. Je me concentre alors plutôt sur mon mix, et fais le plein de confiance en recevant de nombreux compliments de mes amis. Finalement, ce n’est pas si difficile que ça : un petit effet flanger [1] avant le refrain, un coup de filtre passe-bas [2] pour inciter les gens à chanter… je m’amuse comme un fou et ne vois pas la soirée passer.


[1] donne une sorte d’effet de sifflement sur les voix notamment

[2] permet d’étouffer les paroles tout en conservant la mélodie du morceau

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