Chapitre 5

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Ecrit en écoutant notamment : Mausio - Addicted [Dance] https://www.youtube.com/watch?v=19iX9C0z0HA

Alors que je venais de terminer d’effectuer un peu de rangement dans ma chambre pour faire bonne impression à Renan, j’entends trois coups secs frappés à ma porte. Je le laisse entrer, et il me demande :

— Au fait, t’as une clé USB ?

— Oui.

— Je peux vite fait télécharger quelques musiques et les mettre sur ta clé ?

Après avoir rapidement vérifié qu’il n’y avait aucun onglet compromettant ouvert sur mon ordinateur, je lui réponds :

— Vas-y, fais comme chez toi ! D’ailleurs, t’écoutes quoi comme musique ?

— Hmm, en général les gens n’apprécient pas trop, mais j’aime bien la techno hardcore et les genres dérivés !

— Non, c’est vrai ? Merde, je crois qu’on est fait l’un pour l’autre alors !

Il m’observe d’un sourire assez gêné – j’aurais juré qu’il avait rougi un peu –, puis semblant avoir compris que je ne disais pas ça pour le draguer, il reprend une expression normale :

— Ouais, je suis chaud pour qu’on crée ensemble la section 'musique hard' de l’asso !

Il termine ensuite de télécharger une dizaine de morceaux, puis nous rejoignons la soirée de rencontre du Nightfader un peu avant vingt-et-une heures. Nous arrivons les premiers et sommes accueillis par la présidente. Elle nous présente alors le bureau de l’association, commençant par Lucas, le responsable communication, et Samuel, l’ingénieur son, puis mentionne le trésorier et le responsable matériel, qui rejoindront la soirée plus tard. Elle nous raconte pour l’anecdote que Samuel avait fabriqué lui-même un caisson de basses à l’occasion de son TPE de première, et qu’il excellait maintenant à son poste.

Samuel nous invite à aller nous servir dans la pile de packs qui s’entasse non loin :

— On a prévu large avec le nombre de personnes qui se sont inscrites, mais si ça se trouve, on ne va même pas boire la moitié !

— Ah ouais ! répondons-nous tous les deux, très enthousiastes.

— Bon, comme vous êtes les premiers arrivés, ça vous dit que je vous montre rapidement les bases du mix ?

— Allez !

— Alors, voilà le matériel qu’on utilise : on a un PC avec un logiciel de mix, nous on a choisi Serato. Il est relié au contrôleur, c’est ce qu’on appelle familièrement les platines, même si on n’utilise plus de vinyles depuis un moment. Ensuite, il suffit de brancher le contrôleur à l’ampli, puis on connecte la sortie de l’ampli aux enceintes et aux caissons. D’ailleurs, il faudrait bientôt qu’on arrive à gratter des subventions du bureau des élèves pour racheter une nouvelle enceinte, il y en a une qui commence à avoir du mal…

Ayant plus ou moins compris, je demande :

— Et donc, c’est avec le contrôleur qu’on mixe ?

— Ouais exactement ! Regarde, il est divisé en deux parties symétriques, c’est ça qui permet de jouer deux morceaux à la fois. De chaque côté, tu peux contrôler la position dans le morceau, sa vitesse, le niveau des basses, des mids et des aigus. Tu peux aussi foutre des effets, mais on t’expliquera ça après.

Renan semble émerveillé :

— Whaa c’est tellement cool ! Je peux essayer ?

— Oui, regarde, là je vais lancer un morceau du côté gauche. Maintenant, choisis un autre et mets le sur le côté droit.

— Ok !

— Une fois que c’est bon… voilà… il faut t’assurer que les deux morceaux sont au même rythme. Par exemple, là, le premier est à 126 bpm, et le suivant à 128. Essaye de le mettre aussi à 126 avec le curseur tout à droite.

— Voilà, c’est bon !

Renan a vraiment l’air de s’amuser comme un enfant qui découvre son cadeau de Noël… pour ma part, je suis très attentif aux explications de Samuel.

— Maintenant, c’est l’étape la plus importante, il faut synchroniser les deux morceaux. Tu te mets au début d’une mesure du deuxième, et tu le lances pile au moment du drop du premier morceau, et ça sera calé. Ne t’inquiètes pas si ce n’est pas exact, on peut rectifier après ! … Voilà, maintenant t’as tes deux morceaux en même temps, mais tu n’entends que le premier, parce que le volume du deuxième est à zéro. Vers la fin du morceau, tu vas progressivement monter le volume du second, baisser les basses du premier, monter celles du deuxième, puis finalement descendre le volume du premier.

Oulà, ça n’a pas l’air si simple ! Renan s’emmêle un peu les pinceaux, mais un peu aidé de Samuel, il nous fait une très jolie transition tout en douceur.

C’est ensuite à mon tour d’essayer : je m’en sors presque aussi bien que Renan, et surprends un clin d’œil de Mila dans ma direction, laquelle me fait en même temps un signe positif avec le pouce. Je sens mes battements cardiaques accélérer d’un coup, on a sûrement dépassé les 128…

Alors que les autres élèves de première année qui se sont inscrits à l’association commencent à arriver, nous nous asseyons tous les deux un peu plus loin pour discuter avec Samuel et Lucas. Ils nous rassurent sur le fait qu’on apprendra vite, et qu’il ne faudra surtout pas stresser lorsqu’on animera notre première soirée.

Finalement, nous ne voyons presque pas la soirée passer, et lorsqu’à minuit, tous les étudiants qui étaient venus découvrir l’association sont partis, Mila nous propose de retoucher aux platines, vu l’air motivé que nous avons affiché tous les deux pendant toute la soirée. Nous ne nous faisons évidemment pas prier, et cette fois, je sors ma clé USB, et la branche sur les platines, en lançant à Renan :

— Prêt à mettre le feu !

— C’est parti, chef !

S’ensuivirent une grosse demi-heure de morceaux qui arrachent gentiment les oreilles, ponctuée de transitions encore très approximatives, jusqu’à ce que Samuel nous intime de légèrement baisser le volume, n’ayant pas spécialement envie que les agents de sécurité du campus débarquent dans sa colocation, qu’il a gentiment prêtée pour la soirée.

Nous finissons par quitter les lieux un peu avant une heure du matin, avec la satisfaction d’entendre les membres de l’association chuchoter entre eux qu’il y aura de la relève pour cette année ! Ils nous ont également prévenus que la première soirée où nous pourrons montrer nos « talents » se déroulera jeudi prochain.

Ni Renan ni moi n’avons vraiment envie de rentrer chez nous directement, et c’est donc assez naturellement qu’il me propose de passer chez lui. Nous marchons quelques dizaines de mètres dans la nuit douce, et il m’indique ensuite le chemin vers son appartement.

Je crois faire une crise cardiaque quand il ouvre sa porte. À la fenêtre est pendu l’immense drapeau arc-en-ciel que j’avais repéré quelques jours plus tôt. Ma gorge s’assèche instantanément et je dois faire un effort terrible pour ne pas montrer trop fort l’état de confusion avancé dans lequel je me trouve déjà. Mes jambes auraient envie de décamper sur le champ, mais le mieux que je puisse actuellement faire est de rester littéralement tétanisé sur le pas de sa porte, ne pouvant pas non plus franchir celui-ci, comme si cela symbolisait une forme de défaite contre moi-même.

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