Chapitre 5 (2/2)

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Tyler se tourna vers Ace et lui tendit la main.

— Ravi de faire ta connaissance, Ace. Cruz, c'est un nom espagnol, non ? demanda-t-il joyeusement.

Ace leva un sourcil, et jeta un bref coup d’œil à la main pâle que lui tendait son partenaire. Cela faisait à peine deux minutes qu'ils s'étaient rencontrés, et sa façon de faire déplaisait fortement à Ace. Il se demandait combien de temps il allait pouvoir supporter ce sourire angélique. Il avait l'impression qu'il se foutait de sa gueule.

— On a du boulot, se contenta de répondre d'une voix froide.

Il se dirigea à la table désignée par son professeur sans se préoccuper de savoir si Mr. Parfait le suivait derrière lui. Son regard croisa celui d’Abby à quelques pas de lui. Elle fit semblant de s’éventer pour se donner de l'air avant de lancer un bref coup d’œil sur le garçon qu'Ace supposait être son partenaire – il avait oublié son nom – et de montrer du menton Tyler. Ace roula des yeux devant la mimique de son amie on ne peut plus compréhensive, avant de s'asseoir à sa table. Il sortit son ordinateur portable de son sac de cours et l'ouvrit devant lui.

— Hm... Tu sais, sachant qu'on va passer beaucoup de temps ensemble, il faudrait peut-être apprennes à mieux à se connaître. Mais à ce que je vois, tu es plutôt du genre timide, ajouta-t-il lorsqu'il croisa le regard meurtrier que lui adressait Ace.

— On a pas besoin de se « connaître », comme tu dis. On est juste ici pour bosser sur un stupide projet, point barre.

Tyler siffla en levant les mains.

— Ça va j'ai compris ! T'es pas du genre bavard. Eh bien moi, j’adore parler avec des nouvelles personnes, du coup je ferai la conversation pour deux.

Il s'assit devant Ace et prit une posture nonchalante.

— Je m'appelle Tyler Scott, j'ai vingt-quatre ans, et je suis en quatrième année de droit, mais ça, tu dois déjà le savoir. Mon nom de famille te semble peut-être familier car mon père est chirurgien dans un hôpital de renom à Manhattan et ma mère est, disons... femme d'affaires. Je suis...

— Je me fous complètement du métier de tes géniteurs et je te ferais savoir que je n’en rien à cirer de ta vie, alors juste ferme-la, le coupa Ace d'une voix cinglante.

Dans le top 5 des choses qu'Ace détestait par-dessus tout dans sa vie, l'orgueil et la vantardise des gens étaient la première. Ils voulaient montrer à la face du monde leur réussite, et se moquaient bien de savoir s'ils blessaient les gens en faisant cela. Ace n'était pas du genre à être jaloux de ce que les autres possédaient, seul son bien-être le préoccupait. Mais ce n'était pas une raison pour qu'un blanc-bec ne cesse de parler pendant trois heures de sa petite vie de riche. Il était né avec une cuillère en argent dans la bouche, comme le petit Américain privilégié qu'il était et ça, Ace le savait déjà, pas besoin qu'il se mette à le lui raconter.

Tyler resta bouche ouverte, coupé dans son élan, avant de la refermer d'un claquement sec.

— Et bien comme ça, on sait à quoi s'attendre avec toi.

— C'est ça. Maintenant, pourquoi tu ne sors pas tes affaires ?

— Mes affaires ? C'est que vu qu'on n'avait pas cours, je n'ai pas pris mon ordi. Et puis, on a le tien, alors tout va bien !

Ace bouillonnait de rage. Au prix d'un effort surhumain, il ferma les yeux pour tenter de se calmer.

— Qu'on soit bien clair : c'est la première et la dernière fois que je me tape tout le boulot. T’emmèneras ton ordinateur la prochaine fois.

— À vos ordres, chef, s'exclama Tyler, en mimant le salut militaire.

— Ça t’arrive d'être sérieux ? soupira Ace.

— Non, Enfin, juste une fois. C'était avec mon pote, Morgan, tu sais, il participe au programme, il est avec une fille blonde, ou châtain je sais pas trop, je crois qu'elle est ton amie. Il avait...

— Je m'en fous ! s'écria Ace.

Tyler le regarda avant d'éclater de rire.

— Relax, faut pas s'énerver comme ça, c'est mauvais pour ta tension artérielle.

Le brun crut qu'il allait s'arracher les cheveux. La collaboration allait s'avérer longue et pénible. Trèspénible. Il décida de changer de sujet et opta pour un en lien avec leur boulot.

— Vu qu'on est libre de choisir le thème de notre mémoire, je choisis le domaine du droit pénal. Et si cela ne te convient pas, c'est la même chose, annonça Ace d'une voix dure.

— Le pénal ? Je t'ai déjà dit que je voulais être avocat spécialisé des affaires ? Non, parce que vois-tu, lorsque j'étais petit, j'avais un ami dont les parents étaient dans la finance... Oh ça va, t'as aucun humour toi ! s'interrompit Tyler. Moi tout me va, tant que ce n'est pas du droit international, je ne suis pas trop fort dans ce domaine.

— Je dirais plutôt dans tous les domaines... murmura Ace assez fort pour que le blond entende.

— Ah c'est du joli ça ! Tout ça parce que j'ai redoublé une seule petite année. En plus, tu n'en connais même pas la raison !

Ace ouvrit la bouche pour répondre et Tyler anticipa.

— Je m'en fous ! répondirent-ils en chœur.

Le blond s'esclaffa devant l'air mi-surpris mi-énervé de son camarade.

— Tu vois, malgré toi, je commence à apprendre à te connaître.

Tyler lui fit un clin d’œil, posa son bras sur le dossier de sa chaise tandis que son autre main s'enfouissait dans sa chevelure blonde. Ace sentit un petit fourmillement dans le creux de son estomac et baissa les yeux sur son ordinateur.

— Et donc je pourrais au moins avoir la réponse à ma question, non ?

Ace souffla pour la énième fois.

— Quelle question ?

— Tu as des origines espagnoles ? demanda-t-il, un sourire aux lèvres.

— Qu'est-ce que tu n'as pas compris dans « on est juste ici pour travailler » ?

— Je suis aussi têtu que toi ; je ne te lâcherai pas tant que tu ne m'auras pas répondu.

— Oui, finit par lâcher Ace, pour que Tyler le laisse tranquille.

— J'en étais sûr !

Ace roula des yeux et Tyler ne cessa pas de sourire.

Ils continuèrent ainsi à se... chamailler. Tyler semblait prendre un malin plaisir à parler de tout et de rien dans l'espoir, peut-être, d'arracher enfin quelques mots plus sympathiques de son camarade.


Lorsque l'après-midi céda peu à peu sa place à la soirée, Mr. Johnson mit fin à la première rencontre et encouragea chaque binôme à se voir en dehors des cours pour continuer leur projet. Il fixa ensuite une seconde date de rendez-vous à la bibliothèque universitaire où chaque groupe rencontrerait leur professeur référent une fois qu'ils auraient communiqué leur sujet le mardi suivant, à la même heure.

— Je te propose que l'on se revoit jeudi après-midi après les cours pour continuer, lança Tyler.

Ace le regarda, surpris. Il ne s'attendait pas à ce que Mr. Parfait lui demande de travailler de lui-même. Il se voyait déjà à devoir le forcer.

— Euh ok, mais je ne pourrai pas rester pas longtemps, par contre... l'informa Ace.

— Si je te demande pourquoi, tu me répondras ?

— Donc, jeudi soir à six heures, conclut Ace, en ignorant sa question.

— J'avais un coin plus sympa à te proposer à la place. Je n'aime pas la bibliothèque, ce n'est pas très... chaleureux pour bosser, tu ne trouves pas ? s'expliqua Tyler devant l'air contrarié de l'espagnol. J'ai besoin d'être à l'aise pour travailler.

— Dans ce cas, où ?

— Donne-moi ton numéro de téléphone pour que je puisse t'envoyer l'adresse par message. C'est un petit bar tranquille pas loin.

Ace s'exécuta, quelque peu contrarié. Mais il n'avait pas le choix et savait très bien que cela serait plus facile pour communiquer.

— D'accord. Salut, lança-t-il sans autre forme de procès en tournant les talons.

Il avait hâte de quitter son casse-pieds de binôme.

— Hé attends ! le héla Tyler.

Ace ne sut pourquoi il s'arrêta et se retourna. Peut-être dans un excès de gentillesse, ou bien pour que Tyler le lâche le plus vite possible.

— Quoi ?

Le blond se contenta de sourire et le rattrapa en deux enjambées.

— Vu que maintenant nous sommes officiellement camarades pour le programme, accepterais-tu de me serrer la main pour sceller notre collaboration ?

Ace fronça les sourcils devant l'air content de son binôme. Il était vraiment sérieux, là ? Décidément, ce gars-là lâchait jamais l'affaire. Tyler lui tendit la main et bougea ses doigts pour l'inciter à la lui serrer. Le regard d'Ace passa de la main tendue à Tyler. Il nota alors pour la première fois combien les yeux de son camarade étaient bleus. Semblables à deux miroirs d'eau, Ace pouvait y voir son reflet. Troublé, il baissa le regard et céda. Le sourire de son compagnon s'élargit.

La main de Tyler était chaude dans celle d'Ace. Il se surprit à penser qu'elle était aussi incroyablement douce, peut-être même plus que celle de Vanessa lorsque celles-ci se posaient sur son torse dénudé quand ils baisaient.

Ace cligna plusieurs fois des yeux pour chasser ses pensées obscènes et complètement... déplacées alors qu'il serrait encore la main de Tyler dans la sienne. Il releva les yeux et il rendit compte que Tyler était légèrement plus grand que lui, il devait presque lever la tête pour le regarder quand ils étaient aussi proches. Ace ne put soutenir le regard intense du blond qui semblait vouloir lire au plus profond de lui et il finit par lâcher sa main. Il se retourna et s'éloigna. Il avait hâte de quitter la bibliothèque. Il avait un semblant de mal de crâne à force d'avoir été plongé dans un brouhaha incessant. Il ne voulait même pas saluer ses amis. Il devait se dépêcher, il bossait ce soir et il devait repasser chez lui avant. Mais au fond de lui, il savait peut-être que la véritable raison de son empressement à quitter les lieux, n'était pas son travail.

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