Ace posa un regard amoureux sur le petit corps, enfoui sous les draps. Seule la tête blonde dépassait timidement, des mèches blondes camouflant à moitié un visage taillé à la serpe. Pareil à un enfant, il respirait doucement, les lèvres entrouvertes, en serrant contre lui ses bras.

Là, dans sa chambre d'adolescent, dans son lit qu'il avait connu de nombreuses années, se trouvait l'homme qui avait su faire chavirer son cœur. Il semblait si innocent, si pur, ainsi endormi. Mais Ace savait que lorsqu'il se réveillerait, il redeviendrait l'homme dont il était tombé amoureux.

Car maintenant, Ace en était sûr. Il n'avait jamais ressenti de sentiments si forts envers quelqu'un. Différents de ceux qu'il éprouvait pour sa famille. Mais presque aussi puissants.

Il ne comprenait toujours pas comment il avait pu passer à côté. Comment avait-il pu ignorer ce que son cœur, ce que son cerveau, lui dictait, dès les premiers jours ? Aujourd'hui, il s'en voulait. Il s'en voulait pour tout le mal qu'il avait pu lui faire. Il remercia alors le ciel d'avoir fait de Tyler quelqu'un de fort et de sincère. Car sans cela, il ne se serait pas réveillé ce matin au côté de l'homme pour qui son cœur battait.

La faible lumière qui passait à travers ses volets était tout de même suffisante pour y voir. Il pouvait ainsi librement épouser de son regard les formes du visage de son amant. Son nez aquilin, ses longs cils, la ligne de sa mâchoire, et même ses petites rides entre ses sourcils.

Ace s'allongea doucement et passa ses bras derrière sa tête. Il ferma les yeux et laissa alors son esprit divaguer vers ce lieu dont il tenait secret. Son jardin secret. Aussitôt la porte ouverte, il retrouva sa mère. Le souvenir d'Isabella surgit. Il la revit sur son lit d'hôpital, son corps relié à des machines et un masque sur le visage pour l'aider à respirer. C'était la dernière fois qu'il l'avait vue. Soudain, elle se mit à sourire. Elle était heureuse pour son fils. Il avait su ouvrir son cœur, et quelqu'un avait apaisé par son amour la haine et la colère qu'il ressentait depuis bien des années, maintenant. Ace avait pansé ses blessures et celles-ci étaient en train de se refermer. Pour toujours, il l'espérait.

Soudain, le souvenir se déforma, avant de se volatiliser en fumée. Un nouveau prit sa place. Isabelle était assise dans un fauteuil. Un nourrisson était posé sur ses cuisses. Cassie. Elle regardait son frère avec de grands yeux ouverts. Le bébé gloussa, heureux. C'était le premier souvenir qu'il avait de Cassie.

Un dernier se forma derrière les paupières d'Ace. Il se tenait debout devant une pierre tombale. C'était à l'enterrement de sa mère. Il se rappelait avoir énormément pleuré, comprenant qu'il ne la reverrait plus jamais.

Très vite, les souvenirs disparurent et furent remplacés par le visage de Tyler.

Ace se laissa alors transporter, voguant de vision en vision. Elles avaient toutes un point commun : Tyler.

Le brun versa alors une larme. Une seule.

XXX

— Hey, souffla Ace lorsque Tyler ouvrit les yeux.

— Salut, répondit-il de sa voix endormie. Tu es réveillé depuis longtemps ?

— Assez pour avoir pu te regarder dormir comme un bébé.

Tyler sourit et se redressa dans le lit.

— Felipe et Cassie sont réveillés ?

— Pas encore.

Le blond s'étira longuement avant de se lever. Il ouvrit alors les volets, laissant passer la lumière matinale du soleil.

Puis, il se recoucha, glissant sous les draps. Ace s'assit au bord du lit et fixa l'astre réchauffer la ville de sa chaleur.

Encore une fois, il se rendit compte de la chance qu'il avait eu de la chance que Tyler soit entré dans sa vie. Il ne voulait pas imaginer comment ça se serait passé s'il ne l'avait pas pardonné, et ce, à plusieurs reprises. Il n'aurait jamais connu tout ça. Il n'aurait jamais eu cette vie-là. Aujourd'hui, il n'avait pas peur de se l'avouer, de se le dire. Il était heureux. Vraiment heureux. Il n'aurait jamais cru qu'il parviendrait un jour à retrouver ce sentiment. Et même si la douleur de la mort de sa mère était encore là, quelque part dans son cœur, elle avait cédé le premier plan à ce nouveau sentiment qui envahissait sa poitrine, telle une onde de chaleur réconfortante. Enfin, il se sentait de nouveau lui-même.

Tyler sentit la nostalgie gagnée son compagnon. Alors il s'approcha de lui et entoura de ses bras Ace, collant son torse contre son dos nu. Sa chaleur réchauffa le cœur d'Ace. Tyler était là pour lui. Il voulait qu'il le soit encore très longtemps.

Sur une pulsion, il se retourna brusquement et regarda Tyler droit dans les yeux. Le cœur du blond se mit à battre plus fort, comme si son corps avait compris avant lui. Le regard émeraude d'Ace devint plus intense que jamais, et hypnotisa complètement Tyler.

— Je t'aime, chuchota Ace.

Tyler crut que son cœur allait exploser de bonheur. Ces mots qu'il avait attendus depuis si longtemps, qu'il pensait ne jamais les entendre, ces mots, Ace venait de les prononcer. À voix basse, comme un secret inavoué. Mais ils étaient emplis de promesses et d'espérances.

— Moi aussi, je t'aime, répondit-il les yeux brillants.

Alors, les deux hommes scellèrent leur amour naissant d'un baiser où se mêlaient joie, félicité, force et confiance.

***FIN***

Ainsi s'achève cette aventure. Merci énormément de l'avoir suivie pas à pas ! Ce roman représente beaucoup pour moi, car c'est la première (véritable) histoire que je termine et j'en suis extrêmement heureux (et fier, d'un certain côté). Merci d'avoir aimé, commenté, et lu ce roman ! :DD

Il est temps pour moi de laisser Ace et Tyler vivre la vie qu'ils méritent, ensemble et heureux. Cela faisait plus d'un an que je les côtoyais (même si j'ai eu une grosse pause de huit mois, en vérité XD), et me dire que je ne m'occuperais plus d'eux me pince le cœur...

Néanmoins, lorsqu'une page se tourne, une autre apparaît ! En effet, un nouveau roman bxb pointe le bout de son nez, dans le même style, bien que différent XD. Si cette histoire vous a plu, je ne peux que vous encourager à rester l'œil ouvert, aux aguets. Celui-ci ne tardera pas à apparaître (dans le courant de la semaine !!!) ;).

Au risque de me répéter encore une fois : un grand merci à vous.

Sincèrement vôtre,

A.