Chapitre 34

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Quelques jours étaient passés depuis qu'Ace et Tyler s'étaient unis dans une nuit d'amour, de tendresse et de pure bonheur. Les premiers jours, Ace ne touchait plus terre. Il semblait être sur son petit nuage, où rien ni personne ne pouvait le faire chuter. Bien entendu, ses amis remarquèrent ce changement soudain chez lui. Ils le questionnèrent, et Ace dû leur donner une explication. Même s'il n'était pas rentré dans les détails, le cri de joie d'Abby avait résonné dans toute la cafétéria, attirant les regards sur eux. Matthew la fit taire tandis qu'Ace avait baissé les yeux, embarrassé. La jeune femme voulut absolument recueillir les impressions et pensées de son ami durant l'acte car c'était la première fois qu'elle pouvait nourrir sa culture sur les « relations sexuelles homosexuelles surtout quand il s'agissait de son ami. Putain, j'y crois pas, et tu as fait ça sans rien nous dire, tu aurais au moins pu nous prévenir que... ».

Ace avait continué de fixer Abby sans rien dire. Quand elle était dans un tel état euphorique, il était inconcevable de penser qu'il était possible de pouvoir en placer une. Alors, Matthew et lui avaient attendu qu'elle se calme enfin. Là, Ace avait invoqué sa carte vie privée pour signifier qu'il n'allait rien lui dire du tout. Il finit tout de même par raconter à demi-mot comment cela s'était passé et ce qu'il avait ressenti.

Il ne parlait à Tyler que par message. Détestant toujours les appels – même avec Tyler – et n'ayant pu se revoir par la suite, c'était le seul moyen qui leur restait.

Alors qu'il était à la fac, il reçut un message du blond. Celui-ci lui demandait s'il pouvait se voir au bar d'à côté pour bosser leur oral, et cela leur permettrait aussi de pouvoir discuter. Ace se souvint alors à quel endroit Tyler faisait référence : c'était le bar de Maria. Il grimaça au souvenir de la dernière fois qu'il y avait mis les pieds. Ça s'était très mal terminé. Mais aujourd'hui, tout avait changé. Il se mit alors à sourire. Tout compte fait, Maria avait eu raison. Ace était bien devenu le petit-ami de Tyler. C'était comme si elle avait un don de prémonition.

Soudain, il releva la tête et s'immobilisa en plein milieu du couloir. Petit-ami ?

XXX

Ace entra dans le petit bar. Maria, appuyée au comptoir, discutait avec un client. Quand elle le vit, elle se releva et interrompit la discussion qu'elle tenait avec l'homme.

— Ace, mon chou ! Tyler t'attens derrière, sur une des petites tables comme la dernière fois.

L'espagnol fut surpris que le petit bout de femme l'ait reconnu alors qu'il n'était venu qu'une seule fois. Elle devait avoir une mémoire des visages très développée. Ou bien, Tyler avait rendu visite à sa vieille amie et lui avait parlé de leur relation.

— Merci, lança-t-il, avant de s'éloigner.

Il se sentait encore coupable de la scène qu'il avait faite la dernière fois. Quand il vit Tyler, penché sur son ordinateur, Ace sourit doucement. Le blond ne l'avait pas entendu arriver, entièrement concentré sur son écran. Il jouait distraitement avec la paille de son verre. Ace fut encore une fois sous le charme de la beauté de son compagnon : ses traits aussi lisses, ses lèvres douces, ses cheveux blond et doux, ses yeux bleus océan.

Ses sourcils étaient froncés et il avait la bouche légèrement entrouverte, comme s'il avait dû mal à comprendre ce qu'il lisait.

— Votre rendez-vous est arrivé, monsieur, s'exclama Ace d'une voix professionnelle.

Tyler releva la tête et ses traits s'illuminèrent en l'apercevant. Il se leva pour embrasser le brun.

— Tu as vu, je suis à l'heure, cette fois-ci.

— Même en avance, répliqua Ace en regardant sa montre. Preuve que le monde tourne de moins en moins bien en rond.

Tyler leva les yeux en l'air, avant de frapper gentiment l'épaule de son ami.

— Arrête de dire des conneries et ramène plutôt ton cul, on a du boulot.

— Tu étais en train de lire quoi ? T'avais l'air vachement concentré, demanda Ace en s'asseyant.

— Mon cours de droit fiscal. C'est du pur charabia. Incompréhensible, souffla Tyler, démoralisé.

— Je vais pas pouvoir t'aider sur ce point.

Tyler lui adressa une grimace.

— Merci, Ace, on peut vraiment compter sur toi.

— Je n'y peux rien, c'est toi qui es censé m'aider, se défendit Ace. T'es en troisième année je te signale.

— Bref, conclut Tyler en fermant l'onglet affiché sur son ordinateur. Occupons-nous plutôt de notre oral.

Il termina sa boisson et sortit de son sac quelques notes qu'il avait préparées.

— J'ai commencé à préparer un script. Enfin, dans les grandes lignes. Si on est toujours d'accord, tu joueras le rôle de l'avocat de la défense et moi celui de la partie civile.

Ace hocha la tête, qu'il avait posée sur sa main.

— Ton rôle sera donc de tout faire pour convaincre les jurés et le juge que ton client n'est pas l'agresseur présumé, reprit Tyler. Et le mien, sera de défendre la victime, dont le rôle sera tenu par Mrs. Pierce, et donc que ton client soit puni. J'ai bien récapitulé ?

Ace réitéra son geste, toujours en regardant son ami.

— Il ne reste plus qu'à écrire notre script en se basant sur notre Mémoire. Le but est de réutiliser les arguments de notre Mémoire tout en les adaptant à la situation. Mais (et Tyler leva le doigt en l'air), il ne faut pas faire du copier-coller. Le jury aura déjà lu notre dossier, donc rien ne sert de répéter ce qu'on a dit. Il faut donc écrire les trois scripts en même temps, pour bien coordonner les répliques. En sachant que celui de Mrs. Pierce sera le moins long puisqu'elle ne parlera pas énormément, seulement pour donner sa version des faits et répondre à tes questions. Généralement, les victimes répondent en une ou deux phrases aux questions, trop intimidées. Tout est clair pour toi ?

Tyler regarda Ace.

— T'es sexy quand tu joues le rôle du professeur, souffla Ace, un sourire malicieux aux lèvres.

Tyler souffla d'exaspération mais très vite, un sourire mangea ses lèvres.

— T'as rien écouté du tout ! l'accusa-t-il.

— Bien sûr que si ! répliqua Ace. Je ne suis pas idiot. Je peux faire deux choses à la fois : t'admirer et t'écouter.

Tyler faillit bien rougir sous le compliment.

— Je sais pas ce que je préfère : l'Ace acariâtre et revêche, ou l'Ace amoureux.

Comme prévu, l'espagnol fut piqué au vif et se redressa.

— Pardon ? Tu délires mon pauvre. La fiscalité a endommagé tes derniers neurones restants.

Tyler rit devant l'air outré d'Ace.

— Bon, dépêchons-nous, j'ai pas envie d'y passer des heures non plus, enchaîna Ace, sans donner l'occasion au blond de rétorquer.

Tyler reprit son sérieux, heureux d'avoir remporté la bataille.

Les deux jeunes hommes passèrent tout l'après-midi à rédiger leur dialogue. Ils travaillèrent d'arrache-pied pour réussir à tout finir aujourd'hui. Contre toute attente, ils se complétaient très bien : Tyler plus à l'aise à l'oral, s'occupait de rendre les dialogues fluides, annotant chaque réplique avec le ton qu'ils devaient employer et la façon de se tenir et de plaider. Il n'hésitait pas à jouer les scènes, se mettant parfois debout et lisant à haute voix les dialogues. Quant à Ace, il apportait les connaissances qu'ils devaient absolument retranscrire. L'un s'occupait de la forme, l'autre du fond.

Le script de Mrs. Pierce fut le plus simple à créer, comme ils s'en doutaient. Ils avaient indiqué à quel moment elle devait parler et une fois les leur terminaient, ils n'avaient plus qu'à incorporer les répliques de leur professeure au bon moment.

Lorsqu'enfin tout fut finalisé, il était 06:00 pm passé. Ils envoyèrent les scripts à Mrs. Pierce quand ils furent satisfaits. Leur professeur leur promit de le lire dès ce soir et de leur envoyer ses rectifications. Ainsi, ils n'avaient plus qu'à le retoucher chacun de leur côté, et au pire, Ace et Tyler se mirent d'accord pour s'appeler si jamais ils devaient se concerter. Ils en profitèrent également pour commencer à répéter une ou deux fois.

Tyler referma son ordi, en soufflant de soulagement. Ace s'étira, courbaturé à force d'être resté assis. Les deux n'en pouvaient plus.

Comme si elle avait attendu ce signal, Maria vint à leur table.

— Eh bien dites-moi, vous avez dû très bien travailler, lança-t-elle souriante, comme à son habitude. Vous n'avez pas quitté vos sièges.

— Tu peux pas savoir, s'écria Tyler. Je suis crevé.

— Je peux vous servir quelque chose pour que vous puissiez penser à autre chose ?

— Volontiers, Maria. Un monaco pour moi.

— Un mojito, demanda Ace quand la femme le regarda.

— Pas de problème mes choux, ça arrive tout de suite.

Elle revint quelques minutes plus tard et déposa les boissons devant les deux jeunes.

— Maria, la retint Ace alors qu'elle tournait le dos.

La jeune femme le regarda. Ace se força à lui rendre son regard, légèrement intimidé.

— Je vous dois des excuses. Je me suis emporté la dernière fois que je suis venu ici quand vous aviez dit que... commença-t-il. Ce n'était pas du tout contre vous.

— Oh, mais c'est déjà oublié mon chou, le coupa-t-elle. Tu n'es pas la première personne à élever le ton sur moi. Et tu ne seras pas le dernier.

— Peut-être, mais ça n'excuse en rien mon comportement.

— Si tu tiens tant que ça à te faire pardonner, alors sache que c'est fait. J'accepte tes excuses.

— Merci, souffla Ace en souriant.

Maria sourit à son tout avant d'ajouter :

— Tu remarqueras que mon flair a toujours raison. Tyler m'a raconté où vous en étiez tous les deux. Je suis contente pour vous.

— Maria ! Tu avais dit que tu tiendrais ta langue, rouspéta Tyler.

— Tu me connais, maintenant. Quand il s'agit de toi, je ne peux pas m'empêcher de parler. Et il faut dire que j'ai le chic pour créer des situations cocasses. Tu te rappelles de la gaffe que j'avais faite quand tu étais venu avec ce petit châtain... Comment s'appelait-il déjà ?

— Maria ! s'écria Tyler. Tu n'as pas des clients qui ont soif ?

Elle rit doucement et ébouriffa les cheveux de son protégé.

— Aller, je vous laisse en amoureux, lança-t-elle avant de s'éloigner.

— Elle ne peut pas s'en empêcher, il faut toujours qu'elle joue à la maman-poule, s'exclama Tyler comme excuse.

— C'est mignon, je trouve, répondit Ace.

Puis il fixa Tyler d'un regard étrange :

— Il s'est passé quoi avec ce gars ?

Tyler le regarda, une moue moqueuse aux lèvres.

— Tu serais jaloux ?

Ace fronça les sourcils, comme s'il était dégoûté.

— Jaloux, moi ? N'importe quoi. Tu n'es pas Lénoardo DiCaprio, non plus, je n'ai aucun souci à me faire.

— C'est vrai, admit le blond. Il était pas mal quand même, jeune.

— Qui ça ? DiCaprio ? Je ne sais pas moi, j'ai jamais fait gaffe.

— Ah oui ? Ça veut dire qu'il n'y a que moi de la gente masculine qui sait te mettre au garde-à-vous, susurra Tyler, charmeur.

— Tu vas t'arrêter avec tes remarques obscènes ? s'écria Ace, en s'emparant de son verre.

— Tu ne disais pas la même chose la dernière fois quand...

— T'es insupportable quand tu t'y mets !

— Je prends ça comme un compliment.

Ace préféra ne pas répondre et but une gorgée de sa boisson.

— Mais en parlant de choses comme ça, j'ai un truc à te demander.

— Quoi donc ? demanda Tyler, étonné.

— T'es pas obligé d'accepter si tu ne veux pas.

— Dis toujours.

Ace but une autre gorgée et se lança :

— Andreï a un projet à faire avant la fin d'année. Il doit peindre une toile et la soumettre à un jury. C'est comme notre Mémoire, si tu veux. Il a eu une idée. Il voudrait peindre un nu... Un nu de nous deux, compléta-t-il sous le regard étonné de Tyler.

Le blond plissa les yeux.

— Tu entends quoi par « un nu de nous deux » ?

— On ne serait pas complètement nu, en réalité. Il m'en a parlé un peu mieux, hier. Il veut nous peindre tous les deux, de dos ou bien enlacés, je n'ai pas bien compris. Il y aurait une sorte de drap qui nous recouvrirait, ou au moins nos parties intimes et peut-être nos jambes. Bref, on verrait juste la partie supérieure de notre corps mais pas nos visages non plus. Il dit qu'on dégage quelque chose, une sorte de complémentarité et c'est ça qu'il veut représenter. Et puis, il voudrait faire passer un message à travers : l'acceptation de soi et la lutte contre les discriminations, tout ça, quoi.

Tyler se tut pour réfléchir. L'idée lui plaisait bien. Encore faudrait-il savoir comment il voudrait le réaliser.

— Il voudrait faire ça quand ?

Ace haussa les épaules.

— Dans les jours prochains. Il doit déjà faire un croquis de nous et le reste, il pourra le faire sans notre présence. Il voudrait le faire dans son atelier, il a déjà trouvé le bon angle pour jouer avec la lumière... J'ai pas tout compris ce qu'il m'a dit, il a employé des termes trop techniques, s'excusa-t-il.

Tyler respira un grand coup.

— Écoute, si t'es partant, je le suis. Ça pourrait être cool comme expérience. Je n'ai jamais été modèle, ajouta-il en souriant. On ne perd rien à le faire, surtout si on reste anonyme.

— Tu veux bien ? s'exclama Ace. Andreï sera hyper content.

— Pas toi ? demanda Tyler.

L'art, c'est pas trop mon truc. Mais Andreï sait ce qu'il fait et s'il est content, je le suis.

Tyler hocha la tête.

— Tu me tiens au courant quand Andreï sait la date qu'il veut le faire.

— Pas de soucis, répondit Ace en souriant.

Les deux jeunes hommes continuèrent de parler d'art, d'Andreï et de sujets plus frivoles. Ils finirent par se séparer, heureux tous les deux. Ils allaient se revoir bientôt et pour quelque chose de nouveau, que peu de personnes ont l'occasion de faire. Cela les rapprochera un peu plus, ils en étaient sûrs.

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