Chapitre 24

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Les vacances passèrent à une vitesse fulgurante, au grand regret de Cassie. Son frère allait devoir repartir à New-York, les abandonnant de nouveau, son père et elle.

Les Cruz passèrent Noël en famille, selon la tradition. Cassie se réveilla tôt le matin de Noël et après avoir réveillé son frère et son père, elle se précipita vers le sapin de Noël qui avait été installé quelques jours auparavant. Là, elle trouva deux boîtes, emballées dans du papier cadeau. Elle s'empressa de le déchirer pour découvrir ce que renfermaient les cartons. Elle sauta de joie dans toute la maison lorsqu'elle les ouvrit. Felipe avait économisé plusieurs mois pour lui acheter un nouveau téléphone, celui qu'elle avait était à deux doigts de rendre l'âme. Ace lui avait offert la paire de talons qu'elle voulait depuis déjà bien longtemps. Mais son père avait toujours refusé, prétextant que les talons étaient bien trop hauts et qu'il était dangereux d'en porter tandis qu'elle grandissait. Ace avait préparé son cadeau à l'avance, car le prix était assez élevé, mais voir sa sœur si heureuse valait bien tous les dollars du monde.

— Merci, merci ! s'écria Cassie en sautant au cou de son père.

Puis elle claqua deux baisers sur les joues de son frère avant de le serrer très fort dans ses bras.

Elle laissa soudainement ses cadeaux sur le canapé et se glissa derrière le sapin. Tandis qu'Ace regardait sa sœur faire, en se demandant ce qu'elle mijotait, Felipe s'était éclipsé, avant de revenir avec un petit cadeau dans ses mains.

— Joyeux Noël, crièrent-ils de conserve, sous le regard surpris d'Ace.

— C'est pour moi ? demanda-t-il, étonné.

— Bien sûr, idiot. Aller, dépêche-toi d'ouvrir ! la pressa Cassie en tendant avec empressement un gros paquet rectangulaire.

Ace s'en saisit avant de s'asseoir sur le canapé, entouré de son père et de Cassie. Il commença par déballer le petit cadeau : il en ressortit un écrin bleu nuit. Il devina immédiatement ce que c'était.

— Papá, tu n'as pas fait ça... souffla-t-il.

Felipe le regarda, une lueur de malice dans les yeux. Ace l'ouvrit et reconnu ce qu'il y avait à l'intérieur : la montre qu'il avait repérée l'été dernier, lorsqu'ils étaient partis en vacances.

— Je suis allé la chercher lorsque Cassie et toi étiez à la plage.

— Mais elle coûtait beaucoup trop cher... commença Ace, ému, en retournant dans ses mains l'objet.

Le bracelet de la montre était en cuir noir, tranchant avec le cadran argenté.

— On va dire que c'est une avance de ton anniversaire.

— Merci, papá.

Ace prit son père dans ses bras. C'était le plus cadeau qu'il pouvait recevoir, en dehors de passer du temps avec sa famille. Il avait tellement désiré cette montre, mais le prix l'avait refroidi et il avait fini par y renoncer.

— C'est pas fini ! s'exclama Cassie en posant le second carton sur les genoux d'Ace. Celui-ci est de la part de buelo y buela. Mais j'ai aussi participé un petit peu, ajouta-t-elle fièrement.

— Merci beaucoup minipousse, répondit Ace en lui faisant une pichenette sur le bras.

Seuls les grand-parents du côté de Felipe étaient encore en vie. À la mort de leur belle-fille, ils avaient été énormément présents fils et leurs petits-enfants et avaient été pour eux un fort soutien émotionnel.

Lorsqu'il déchira le papier cadeau, Ace n'avait aucune idée de ce que cela pouvait bien être. Et la boîte ne l'aida pas plus : elle était quelconque, de couleur brune, sans aucune autre inscription qu'un nom de famille écrit gracieusement dessus.

Ace ouvrit l'ouvrit et ses yeux s’agrandirent de stupeur. À l'intérieur, se trouvait un costume deux-pièces noir.

— Il y a même les chaussures qui sont en dessous, indiqua Felipe.

— Mais pourquoi ? demanda Ace en chuchotant.

— Parce que tu es un adulte maintenant ! Et tu te dois d'avoir ton propre costume dans ton placard, pour des événements exceptionnels. J'ai bien demandé à tes grand-parents de le prendre en noir, ta couleur préférée.

— Mais ils l'ont payé combien ?

— Cela ne te regarde pas, jeune homme ! File l'essayer pour voir comment il te va.

Ace s’exécuta, trop abasourdi pour parler. Lorsqu'il se présenta ainsi vêtu devant Felipe et Cassie, des sifflements retentirent.

— Dis donc, t'es à tomber par terre, le complimenta Cassie.

— Un vrai beau jeune homme, ajouta Felipe.

Il s'approcha de son fils pour regarder si le costume lui seyait correctement.

— J'ai eu de la chance de ne pas me tromper dans les mesures, il te va comme un gant. Heureusement que tu n'as pas pris plus de poids à cause de la musculation.

— Merci beaucoup, papá.

— Ce n'est pas moi qu'il faut remercier pour le costume mais tes grands-parents, fit remarquer Felipe, un sourire aux lèvres.

— Je voulais dire : merci pour ce Noël. C'est le plus beau Noël qu'on a passé depuis la mort de maman...

Felipe sourit un peu plus, et hocha la tête.

— Je voulais que ce Noël reste gravé dans votre mémoire, expliqua-t-il en se tournant vers ses deux enfants. Pour vous montrer que même si la vie peut être dure parfois, il est toujours possible de passer de bons moments et qu'on a le droit, nous aussi, de se sentir bien et d'être heureux.

— Eh bien, c'est réussi.

Cassie acquiesça, les larmes aux yeux, parfaitement d'accord avec son frère. Elle se jeta dans les bras de Felipe et Ace les rejoignit.

Felipe se retint de verser une larme lui aussi. Voir ses enfants heureux après ce qu'ils avaient dû traverser étant jeune, le comblait de bonheur.

— Aller, il ne faut pas perdre de temps : je vous rappelle que mes parents nous ont invités à manger. Il est temps d'aller se préparer.

Ace le ressentait jusqu'au plus profond de son cœur : c'étaient les plus belles vacances de Noël de ces cinq dernières années.

Les Cruz avaient fêté la nouvelle année avec la famille d'Andreï, comme chaque année. Les deux familles s'entendaient à merveille et c'était une tradition maintenant. Ce qui n'était pas pour déplaire à Cassie : depuis toute petite, elle était en adoration devant Andreï. Une fois, elle avait clamé haut et fort du haut de ses six ans à qui voulait l'entendre, qu'elle se marierait avec lui quand elle sera adulte. Aujourd'hui, elle avait grandi et ce qui était devenu une idée de petite fille s'était transformé en souvenirs que les familles aimaient bien ressortir à chaque occasion pour la mettre mal à l'aise. Mais au fond, Cassie était restée la même. Andreï était son modèle en matière d'homme, et elle avait adoré narguer ses copines du collège lorsque Ace venait la chercher avec son meilleur ami à la sortie des cours.

Ils dansèrent beaucoup, burent également beaucoup et crièrent tous ensemble le décompte de la nouvelle année. Puis s'était ensuivie l'heure des embrassades et du champagne.

Maintenant, il fallait dire au revoir. C'était la fin des vacances et Ace devait repartir à New-York. Sur le quai de la gare, des larmes coulèrent timidement. C'était toujours un crève-cœur pour Ace de quitter son père et sa sœur. Mais il n'avait pas le choix.

Lorsque le train démarra, Felipe et Cassie firent des grands gestes pour lui dire au revoir, auxquels Ace répondit. Il essayait de se consoler comme il pouvait, il reviendrait pour son anniversaire dans un peu plus d'un mois. C'est avec des sentiments contradictoires qu'Ace retournait à New-York : la tristesse de quitter sa famille, mais aussi l'excitation. Là-bas, quelqu'un l'attendait impatiemment, et Ace avait hâte de le revoir. Assis sur le siège wagon, sa nouvelle montre au poignet et son costume dans son sac de voyage, Ace eut l'impression de partir pour un grand voyage. Ce qui n'était pas complètement faux.

XXX

Les retrouvailles avec Abby et Matthew furent joyeuses. La jeune femme ne cessait de raconter les quelques jours qu'elle avait passés avec son petit ami. Elle vantait le caractère romantique de Morgan à ses amis et expliqua dans les moindres détails tout ce qu'il s'était passé. Vraiment dans tous les détails tout ce qu'il s'était passé.

Ils étaient assis sur les tables de la petite cafétéria de la faculté, attendant l'heure de leur cours magistral, lorsque Ace vit arriver au loin une tête blonde bien connue. Son pouls s'accéléra et son cœur battit plus fort.

— Les gars, je crois qu'il y a Tyler... lança-t-il dans un souffle.

Abby se retourna aussitôt.

— OK. Très bien. Ace regarde-moi, ordonna-t-elle d'une voix dure. Tu te vides la tête, tu respires fort et tu te relaxes. Surtout, reste naturel.

Ace la fusilla du regard. Elle se croyait drôle avec ses conseils à la con ? Ça ne l'aidait pas du tout.

— Bien entendu, Ace avait tout raconté à ses amis, à propos de lui et Tyler. Il leur avait parlé de la scène du baiser – des baisers – chez lui ainsi que la façon dont il avait agi par la suite sans oublier le soir où ils s'étaient appelé et où il avait tout avoué à Tyler.

Abby avait crié de joie lorsque Ace leur avait fait part de ses doutes sur sa sexualité plus tôt dans la semaine.

— Je le savais ! Je l'ai su dès que tu as rencontré Tyler. J'ai tout de suite compris que ce gars allait te faire tourner la tête.

Puis, elle s'était penchée vers eux, comme si elle avait quelque chose d'important à dire.

— J'ai toujours rêvé d'avoir un pote gay, annonça-t-elle sur le ton de la confidence.

Matthew avait eu un fou rire incontrôlable devant le visage d'Ace qui s'était décomposé.

— Je vais te tuer, Abby. Vraiment.

La jeune femme s'était jetée au cou de son ami.

— Je rigole, Ace ! Je suis tellement heureuse pour toi.

— Moi aussi, avait ajouté Matthew. J'espère sincèrement que ça marchera entre vous.

Ace l'avait remercié d'un regard sincère.

— Toute façon, vous vous êtes mis d'accord sur le fait d'y aller doucement, s'exclama Matthew. Alors ne stresse pas, Tyler ne voudra pas te mettre à l'aise. Il ne t'embrassera pas.

Matthew sourit à son ami.

— Les amis ! s'écria Tyler en les apercevant. Bonne année à vous !

Ace sentit ses jambes flageoler. Maintenant qu'il voyait clair dans ce qu'il ressentait, il n'avait plus honte de l'admettre : Tyler était vraiment, vraiment très beau. Il portait un col roulé noir, qui contrastait avec ses cheveux blonds comme le blé et faisait ressortir ses yeux bleus. Il avait assorti son haut avec un pantalon à carreaux foncé et des petites chaussures à semelles plates. Enfin, un long manteau affinait sa silhouette tout en l'allongeant. Il dégageait tellement d'assurance, tellement de charisme.

Son sourire s'élargit quand il s'approcha d'Ace. Il crut que son cœur avait raté un battement dans sa précipitation lorsqu'il surprit le regard de Tyler glisser sur son buste et ses bras.

Puis, c'est tout naturellement que le blond l'enlaça dans ses bras. Ace sentit ses bras le serrer tout contre lui, dans une étreinte trop intense pour que ce soit une simple accolade entre amis. Mais il n'en eut cure. Tyler était enfin là, et en comble, il le tenait entre ses bras.

— On a dit qu'on n'allait pas se précipiter, souffla Tyler tout conte son oreille tandis qu'il l'enlaçait. Mais sache que je meurs d'envie de t'embrasser. Tu m'as tellement manqué.

Le cœur d'Ace s'apaisa immédiatement, comme transporté sur un petit nuage. Il avait cru avoir rêvé la discussion qu'ils avaient eu au téléphone, tant cela semblait irréel. Mais Tyler était là, prononçant ses mots en vrai.

Lorsque Ace prit une inspiration pour lui répondre, le parfum de Tyler frôla ses narines. Ace sentit son estomac se tordre. Même son odeur lui avait manqué.

— On avance doucement mais sûrement. Tu m'as manqué aussi.

Tyler se détacha de lui et leurs regards se croisèrent, durant un instant. Un instant qui sembla se suspendre. Tout ce qu'ils ne pouvaient pas exprimer se transmit par leurs yeux, regard azur dans regard émeraude.

Puis Tyler rompit le lien en se tournant vers Abby et Matthew.

— Bonne année, s'exclama Matthew en serrant la main de Tyler.

— Merci, à vous aussi.

Il fit la bise à Abby.

— Alors, ces vacances avec Morgan ? D'après ce que j'ai cru comprendre, ce n'était pas de tout repos.

Tyler lui lança un clin d'œil auquel la jeune femme lui rendit.

— Si tu savais !

— Je me doute bien.

Il regarda l'heure sur sa montre.

— Je suis désolé les amis, mais je dois vous laisser, je suis à la bourre et Morgan m'attend déjà dans l'amphi. Mais je voulais vous demander quelque chose. Je fais une petite soirée ce vendredi chez moi pour fêter la nouvelle année. Vous êtes invités et vous ne pouvez pas refuser ! Ça sera une petite soirée, tranquille, entre amis, comme la dernière fois.

— Entre amis ? répéta Abby. Dis-moi Tyler, combien d'amis as-tu ?

Tyler lui décocha un immense sourire.

— Juste assez pour s'éclater ! Juste avant que je ne me sauve, il y a un petit dress-code : tenue de soirée exigée ! Alors pour vous, messieurs, ça sera le costume et pour madame, eh bien, sortez votre plus bel ensemble.

— C'est comme si c'était fait ! répondit Abby. J'ai pile la petite robe qu'il me faut.

— Elle sera parfaite, je n'en doute pas ! rétorqua Tyler en déposant un baiser sur sa joue.

Il commença à s'éloigner lorsqu'il se retourna.

— Ah et bien sûr, Andreï est lui aussi invité, Ace ! Étant ton meilleur-ami, j'ai très envie de découvrir quelqu'un à qui tu tiens énormément. Comme ça, il pourra me parler un peu plus de toi, ajouta-t-il mystérieusement.

— Pas de soucis, je lui passe le message.

Tyler lui sourit avant de s'éloigner à grands pas.

— Tu peux te remettre à bouger maintenant, Ace, s'exclama Abby.

— Ne me dis pas que j'avais l'air coincé ? s'écria Ace.

Abby fit une petite moue très significative. Ace ferma les yeux de dépit. Il demandait à Tyler de rester tel qu'il était, et au final, c'était lui qui agissait différemment. Il ne devait pas être mal à l'aise en sa présence. Après tout, Tyler avait montré qu'il était toujours le même, il avait agi avec l'aisance et l'énergie qui lui était propre. À lui de rester le même.

— Depuis quand tu es aussi proche de Tyler, Abby ? interrompit Matthew.

— Depuis que je sors avec son meilleur ami, je suppose, Matthew, rétorqua-t-elle sur le même ton.

Matthew lui lança un regard soupçonneux.

— Quoi qu'il en soit, je sens que cette soirée sera mémorable, lâcha-t-il. J'ai hâte d'y être, pas vous ?

Matthew était réellement en train de lui poser la question ? Ace voulait déjà y être.

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