Chapitre 23

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Quand Tyler aperçut son nom en gros sur son téléphone, son cœur rata un battement. Pourquoi diable Ace l'appelait ? Il n'aurait pas pensé qu'il était du genre à aimer parler au téléphone, préférant de loin la rapidité des messages. Et aussi, parce que cela évitait d'avoir à tenir une conversation.

Tyler reprit ses esprits et décrocha avant que la sonnerie ne parvienne à terme. Et il attendit. Et attendit. Il regarda l'écran de son téléphone. Il avait bien décroché à temps, le petit minuteur décomptait les secondes. Il comprit alors qu'Ace, était en train de rassembler son courage, à l'autre bout du fil. Il avait dû certainement agir sur un coup de tête, comme à chaque fois.

Le blond se concentra et entendit enfin la respiration de son ami. Seulement sa respiration. Et celle-ci eut un effet apaisant sur lui. Il posa alors son téléphone à côté de lui, et s'allongea entièrement dans son lit, ses bras passés sous sa tête. Il fixa son plafond, toujours dans l'attente. Si Ace l'avait appelé, c'est qu'il voulait lui parler. Et ce n'était certainement pas à lui de faire le premier pas, après ce qu'il s'était passé.

Tyler avait également peur de la réaction d'Ace. Bien qu'il essayait de se rassurer, il avait passé une semaine horrible. Ace n'avait plus donné aucun signe de vie, même sur ses réseaux sociaux auxquels Tyler s'était abonné, mais aussi à ceux dont il ne l'était pas. Il avait imaginé mille scénarios dans sa tête, dont les trois quarts se terminait mal, pour lui. Alors, il préférait attendre que Ace prenne la parole, avant de faire quoi que ce soit de mal.

Il finit par fermer les yeux, bercé par la respiration d'Ace. Peut-être voulait-il juste avoir un lien avec lui.

— Tyler ?

La voix grave d'Ace, amplifiée par ses écouteurs sans fil, fit frissonner le blond. C'était comme s'il avait chuchoté son prénom directement à son oreille. Il n'aurait pas imaginé à quel point entendre sa voix lui avait manqué.

— Oui ?

— Ah, tu ne dors pas.

Tyler eut envie de hurler de rire. Tout son corps était sous tension et cette remarque absurde eut l'effet d'une bombe. Il se retint cependant.

— Si j'ai décroché, Ace, c'est que je ne dors pas, en effet.

Il ne put empêcher sa voix de prendre un ton sarcastique. Mais Ace eut un léger éclat de rire, ce qui le rassura.

— Je... je voulais te parler, commença Ace maladroitement.

Tyler ne dit rien, il préférait attendre.

— J'avais besoin de te parler, se rectifia Ace.

L'espagnol se tut un instant, avant de reprendre :

— Je viens littéralement de passer cinq minutes à créer et à me répéter un discours dans ma tête et je viens de tout oublier.

— Heureusement que tu es plus doué pour retenir tes cours.

Un petit rire retentit aux oreilles de Tyler. Il sourit à son tour.

— Dis-moi ce que tu veux me dire comme ça te viens, Ace. Je vais bien réussir à te comprendre.

Il entendit Ace prendre une grande inspiration.

— Pardonne-moi. Vraiment. Je n'aurais jamais dû agir comme j'ai fait, après qu'on s'est... embrassé. J'ai été lâche, et je t'ai laissé comme une merde, avec toutes les émotions que tu as dû ressentir. Je le sais, parce que j'ai ressenti les mêmes, moi aussi.

Tyler crut que son cœur allait exploser tant il battait fort.

— Je te pardonne. Comme je t'ai dit, je serais toujours là pour toi.

— Merci. Parce que je vais avoir besoin de ton aide, Tyler. J'ai besoin de toi à mes côtés,

— Ace, je...

— Non, attends le coupa Ace. Laisse-moi finir, s'il-te-plaît. Je me dois d'être honnête avec toi, tu le mérites. Je t'ai fait trop de mal.

Ace avala sa salive et reprit, d'une voix moins assurée :

— Au début, je ne comprenais pas ce qu'il m'arrivait. Dès la première fois qu'on s'est vu, à la bibliothèque, j'ai été... ébranlé en te voyant. Et tu me connais, pour me défendre, je me suis réfugié sous ma carapace de fer, j'ai joué au gros dur, à celui qui te détestait. Inconsciemment, je me sentais en danger. Tu es mon exact opposé, celui que j'aurais adoré être, si... enfin, tu vois. Au fur et à mesure que j'ai appris à te connaître, et à t'apprécier bien malgré moi. La première fois qu'on s'est embrassé a été la goutte d'eau. Tu faisais naître en moi des sentiments que je ne pensais ne jamais ressentir, surtout envers un garçon. J'ai dû m'éloigner pour survivre. Quand on a renoué le contact, j'étais content, malgré moi. La journée qu'on a passé ensemble a vraiment été magique, pour moi. Je ne m'étais jamais senti aussi bien depuis longtemps, surtout en présence de quelqu'un que je ne connaissais pas depuis longtemps. Et quand on s'est embrassé chez moi, je... je pourrais pas te dire ce que j'ai ressenti. Je ne regrette pas de t'avoir embrassé, loin de là, et j'en suis même content, avec du recul. Par contre, je regrette la façon dont j'ai réagi.

Ace s'interrompit, le temps de reprendre son souffle. Tyler ne bougeait pas d'un pouce dans son lit, comme si le simple fait de bouger allait briser le rêve qu'il était en train de vivre. Il comprenait ce qu'Ace disait, mais il n'arrivait pas à le croire. Était-il bien en train de lui annoncer ce à quoi il pensait, ce qu'il avait voulu depuis longtemps, déjà ?

— Si tu veux encore de moi, alors j'ai envie de tenter Tyler. J'ai envie de me jeter dans l'inconnu, de suivre mes sentiments, de me jeter dans quelque chose que je ne connais pas. Et je veux le faire avec toi, si toi aussi, tu le veux aussi.

— Bien sûr que je le veux, souffla Tyler, ému.

— J'ai peur Tyler. J'ai vraiment peur. Je vais avoir besoin de ton aide, parce que je ne connais rien de tout ça, et tu sais à quel point je déteste ne pas maîtriser la situation. Mais je ferais des efforts, pour toi. Je veux tout faire pour te mériter. J'ai peur de te faire du mal une nouvelle fois, de ne pas réussir à me contrôler et que tu ne veuilles plus jamais me parler. J'ai peur de ne pas réussir.

Ace renifla au bout du fil, et Tyler comprit qu'Ace pleurait. Son cœur se brisa. C'était la première fois qu'Ace paraissait si vulnérable, si faible, et il n'était pas là pour lui dire que tout allait bien se passer, pour le prendre dans ses bras. Il ne pouvait que lui parler à travers son téléphone.

— Ace, écoute-moi bien. Nous allons tenter, et nous allons réussir. Tu sais à quel point je tiens à toi, et je ne te laisserais pas tomber. J'ai conscience que ce n'est pas facile de découvrir qui on est réellement, et de devoir faire face à soi-même et à ces émotions inattendues. J'ai traversé la même chose que toi, et j'ai survécu. Alors toi aussi, tu y arriveras. Tu as vécu bien pire.

Ace ne répondit pas et Tyler crut qu'il avait raccroché.

— Tu es le premier homme que j'ai embrassé. J'espère que tu te rends compte de la chance que t'as, souffla Ace, d'une voix où perçait une pointe d'humour.

— Oh que oui, j'en suis conscient. Et crois-moi, je vais me battre pour que je sois le dernier.

Ace eut enfin un rire franc, et le cœur de Tyler se gonfla de bonheur.

— Nous allons y aller petit à petit, reprit Tyler. Petit à petit. Jour après jour. Tu verras, ça se fera petit à petit. Et ne te mets pas de pression, car après tout, peut-être que ce n'est pas ce que tu crois....

— Comment ça ? l'interrompit-il. Tu penses que ce que je ressens est faux et que je me leurre ? Je sais maintenant ce que je veux, Tyler. Je veux être avec toi, explorer ces nouveaux sentiments que tu as fait naître en moi.

— Tu ne peux pas savoir comme je suis heureux, Ace, lâcha Tyler dans un souffle.

Ace ne répondit pas, mais son silence était plus qu'expressif.

— Promets-moi une chose, ordonna Ace. Promets-moi que tu ne changeras pas ton comportement, que tu ne te mettras pas de pression parce que tu veux bien faire, et ne pas te tromper. Je veux que tu restes toi-même, je veux apprendre à connaître le Tyler tel que je l'ai toujours connu. Prétentieux, arrogant, sûr de lui. Beau, aussi, avoua-t-il après un instant.

Tyler ne put empêcher de sourire, d'un sourire qui lui étira les lèvres jusqu'aux oreilles.

— Je vois. Tu veux avoir affaire à Mr. Parfait.

Ace gloussa doucement.

— C'est ça. Celui que je ne pouvais pas supporter au départ.

— Alors c'est promis.

— Merci.

Les deux jeunes hommes se turent, chacun voguant sur une mer de nuages. Ils se sentaient tellement légers, Ace parce qu'il avait avoué tous ses sentiments et qu'il se sentait comme libéré d'un énorme poids, et Tyler car il n'aurait jamais pu rêver mieux. Celui dont il s'était amouraché depuis le début et dont il avait cru que cela ne marcherait pas, venait de lui dire qu'il voulait tenter. Il se surprit à penser que Morgan avait eu encore une fois raison : il arrivait toujours à ses fins, au bout du compte. Comme quoi, lorsqu'on parlait à cœur ouvert, tout était tellement plus simple.

— Je vais aller dormir, lança Ace. J'ai assez fait de révélations pour ce soir et il est tard, j'ai peur de dire des choses que je n'assumerais pas au réveil.

— Comme quoi ? s'exclama Tyler en se redressant dans son lit, pour être plus attentif à ce qu'Ace allait répondre.

Mais l'espagnol ne lui fit pas ce plaisir.

— Bonne nuit, Mr. Parfait.

Tyler sourit.

— Bonne nuit.

Puis Ace raccrocha.

Tyler se laissa tomber de nouveau sur le dos. Son sourire revint immédiatement sur ses lèvres. Il était aussi excité qu'un gosse, la vieille d'une sortie dans un parc d'attractions. Son cerveau tournait à plein régime, imaginant chaque seconde un nouveau scénario entre Ace et lui. Ses fantasmes le submergèrent et il dut se résoudre à se soulager, sous peine de faire une nuit blanche à cause de son excitation.

Il allait passer de merveilleuses fêtes de fin d'année, et c'est avec une immense impatience qu'il allait affronter les deux semaines de vacances.

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