Chapitre 16

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Tyler se réveilla en sursaut. Il se redressa et écouta attentivement. Bien qu'il était endormi, il n'avait pourtant pas rêvé... « Assez paradoxal tout ça », pensa-t-il ironiquement. Soudain, la sonnerie de l'interphone retentit encore une fois. Il n'avait pas bel et bien pas rêvé !

Quelle heure était-il ? Où était son damné téléphone ? Il fouilla frénétiquement dans ses draps avant de regarder au sol. Il s'empara de son portable et regarda l'heure.

— Merde !

Il se précipita hors de sa chambre et descendit quatre à quatre les escaliers. 09h05 am.

— Merde, merde, merde !

Son fichu réveil n'avait pas sonné. Il courut à travers la pièce à vivre et écrasa de son doigt le bouton d'ouverture du portail. Puis il se retourna et parcouru rapidement du regard le salon. La bouteille de bière et les restes de pizza de la vieille trainaient encore.

— Fais chier !

Il s'empara des déchets et les jeta dans la poubelle de la cuisine. Il eut à peine le temps de remettre les coussins du canapé en place, balança les miettes qui restaient sur la table basse par terre d'un revers de main qu'on frappait à la porte.

Tyler s'injuria mentalement. Comment voulait-il faire bonne figure et se faire apprécier d'Ace s'il n'arrivait même pas à se réveiller un dimanche matin ? En plus, c'était lui qui avait proposé à Ace de se voir ! Lui, était à l'heure alors qu'il avait dû se déplacer pour venir.

Lorsqu'il ouvrit la porte, la lumière vive du jour l’éblouit un instant et il plissa les yeux.

— Salut, je suis vraiment désolé mon réveil a pas sonné...

Comme toujours Ace était à tomber. Il avait opté pour une tenue légère et décontractée – bien qu'il lui semblait ne l'avoir jamais vu porter des vêtements plus stricts – et bien évidemment, entièrement noire : pull oversize qui cachait sa musculature mais laissait entrevoir le début de ses deux tatouages sur les clavicules, jean et chaussures. L'idée qu'avait eue Tyler en venant la dernière fois en s'habillant différemment d'ordinaire commençait de plus en plus à le séduire. Mais le plus difficile allait être de convaincre Ace.

Ses cheveux bruns tombaient légèrement devant ses yeux et instinctivement, Tyler eut envie de les réarranger. À défaut de pouvoir le faire, il passa ses mains dans sa tignasse, pour essayer de discipliner ses cheveux, sans succès.

— Tyler... hésita Ace.

Le blondinet se demanda ce qu'il se passait. Pourquoi Ace rougissait ?

— Tu es en caleçon.

Tyler ouvrit grand les yeux avant de se regarder. Il était en sous-vêtement et pied nu.

— Merde, jura-t-il pour la énième fois en à peine 5 minutes. Je suis désolé, j'avais pas fait gaffe dans la précipitation... Entre, ajouta-t-il en se poussant de l'entrée. Je.... je vais m'habiller.

Il ferma la porte derrière Ace.

— Fais comme chez toi, je reviens dans quelques minutes, invita Tyler avant de se rendre dans sa chambre.

Il ouvrit en grand son armoire, sortit un vieux t-shirt et un bas de jogging avant de les enfiler. Il décida de ne pas prendre de chaussettes, de toute façon, le chauffage au sol réchauffait le carrelage. Il fila dans la salle de bains, se passa de l'eau sur le visage et dans les cheveux, les coiffa sauvagement et bien sûr, s’aspergea de déodorant. Puis il redescendit.

Pendant ce temps, Ace s'était déchaussé à l'entrée et s'était assis sur le canapé, attendant sagement son hôte.

— Tu veux boire quelque chose ? demanda Tyler pour briser la glace.

— Un verre de jus de fruit, si tu as.

Tyler se dirigea vers la cuisine. Il sortir le jus du frigo et le versa dans deux verres. Ace le rejoint.

C'est bizarre, je n'arrive pas à me repérer dans la maison, avoua Ace après un silence. Elle m'a l'air complètement différente que quand il y avait la soirée.

— Si tu veux, je te fais visiter, proposa Tyler. Comme ça, tu ne seras pas dépaysé la prochaine fois que tu viendras.

Ace acquiesça et Tyler sourit intérieurement. Il posa son verre vide dans l'évier et comme promis, il fit le tour de la maison, Ace derrière lui. Il commença par le bas, où se trouvait le salon et la salle à manger, ainsi que la cuisine, une première salle de bain et une chambre à coucher. Tout était très lumineux car les grandes baies vitrés inondaient les pièces de lumière. Puis il monta le grand escalier en colimaçon fait de marbre donnant sur l'étage. Là encore, il montra les deux chambres toutes les deux flanquées de leur salle de bain privative, ainsi qu'un énorme dressing qu'il indiqua comme appartenant à sa mère, le bureau de son père et une bibliothèque. Enfin, il termina par sa chambre.

— Elle fait le double de la mienne au moins ! s'exclama Ace en entrant.

— Elle est un peu en bordel, ne trouva rien d'autre à dire Tyler.

— Et c'est ton lit ça ? Tu n'as pas peur de te perdre dedans ? demanda Ace ironiquement.

Tyler laissa échapper un petit rire. Ace s'avança jusqu'à la fenêtre qu'il ouvrit. Là, il reconnut le balcon de la soirée.

— Ah c'était donc ta chambre...

Tyler comprit mais ne dit rien.

— Et bien sûr, il y a aussi une salle de bain, releva Ace d'un ton détaché.

— Eh bien oui.

Les deux jeunes hommes retournèrent au salon. Ace s'arrêta devant le piano à queue qui trônait.

— Tu sais en jouer ?

— Je joue quelques notes. C'était plus ma mère qui jouait. Je parle au passé parce que ce piano n'a pas été touché depuis que je suis petit. Je n'ai jamais su pourquoi elle avait arrêté.

Ils s'installèrent au salon pour travailler. Ils firent de nombreuses recherches internet, utilisèrent les livres de doctrine qu'ils avaient empruntés à la bibliothèque universitaire et continuèrent leur dossier qu'ils allaient rendre comme support écrit.

Ils se penchèrent également sur la façon dont ils allaient soutenir leur Mémoire à l'oral. Ils devaient à travers leur oral montrer comment il était possible de prouver qu'il y avait eu – ou non – consentement lorsque la victime portait plainte pour agression sexuelle. Bien sûr, leur sujet ne se résumait pas à cela. Ils expliquaient également dans leur dossier la différence entre la qualification « d'agresseur » ou de « violeur », les différentes formes d'agression que la loi punit, les conséquences d'une agression sexuelle sur le plan physique et psychologique ainsi que les sanctions qu’encourrait l'agresseur.

— L'idéal serait de jouer des rôles, lança Ace. Il suffirait que l'un de nous deux joue une victime et l'autre son avocat.

— Tu as raison, mais de ce cas-là, on n'aurait que la version de la victime. Il faudrait aussi celle de l'agresseur. Le problème et que nous ne sommes que deux et qu'il fraudait un personnage représentant le Droit.

— Et si on demandait à Ms. Pierce de jouer le rôle de la victime ? On pourrait être tous les avocats des parties.

— Je ne sais pas si les professeurs référents ont le droit de jouer un rôle dans notre oral, hésita Tyler. Même si là, elle aura juste à jouer un rôle, quitte à ce qu'elle lise un script, de toute façon c'est nous qui l'aurons écrit.

— On peut toujours lui demander si c'est possible. Elle nous avait donné son numéro de téléphone. Si tu veux, je m'en charge.

D'accord, vas-y, on ne sait jamais.

En quelques minutes, Ace envoya le message. La réponse ne se fit pas attendre. Ms. Pierce expliquait qu'il n'était pas inscrit dans le règlement du programme auquel ils participaient que les professeurs référents ne pouvaient pas participer à l'oral de leurs étudiants. Néanmoins, elle leur rappela que s'ils voulaient qu'elle participe, rien ne devait venir d'elle. Il fallait que ce soient eux qui se chargent de créer les personnages et de rédiger leur oral. Mais cela ne l'empêcherait pas de donner son avis sur leur travail.

Ace et Tyler furent soulagés. Ils décidèrent donc que leur professeure jouerait la victime, tandis que Tyler serait son avocat et Ace, l'avocat d'un agresseur fictif. Leur oral prendra la forme d'une plaidoirie devant une cour d'assises, Ace devra interroger la victime tandis que Tyler se chargera de démontrer qu'elle n'avait pas été consentante.

Une fois qu'ils furent fixés, ils firent une petite pause avant de reprendre. Comme promis, Tyler aida Ace à réviser ses cours, notamment le droit administratif.

Ils commandèrent à manger lorsque leurs ventres commencèrent à protester. Tyler insista pour payer la part d'Ace, après tout, c'était lui qui invitait. Ils bavardèrent poliment tout en mangeant, ne parlant que de sujets impersonnels comme la fac ou le Mémoire. Ils évoquèrent le couple Morgan-Abby et cela les fit rire : ils n'auraient pas pensé que les deux jeunes gens s'attirent autant mutuellement.

— Morgan, raconta Tyler, est un vrai tombeur. Aussi loin que je me souvienne, je ne l'ai jamais vu en couple avec une même fille plus d'une semaine. Je ne pensais pas qu'il tomberait fou amoureux d'Abby. Il n'arrête pas de me parler d'elle, je dois même le couper tellement il pourrait passer des heures à me décrire la moindre attention qu'elle lui porte.

Ace rit légèrement.

— C'est l'effet qu'Abby fait aux gars. Quand elle veut quelque chose, elle l'obtient toujours, surtout avec les hommes. Et elle sait très bien jouer avec les mots, elle arrive à embobiner qui elle veut. Mais je te rassure, elle aussi est amoureuse de Morgan. Je n'avais jamais vu ses yeux briller lorsqu'elle parle de lui.

— Il faut bien avouer que leur rencontre était inéluctable...

Tyler prononça ses mots en regardant Ace droit dans les yeux. Celui-ci supporta son regard avant de le détourner, troublé par ses yeux bleu azur. Il était sûr qu'il allait se noyer dedans s'il les fixait trop longuement. Il se racla la gorge avant de finir son coca.

— On a bien avancé ce matin, reprit Tyler comme si de rien n'était. On a toute l'après-midi de libre.

— C'est vrai.

— J'avais pensé qu'on aurait pu sortir en ville, tous les deux, proposa-t-il innocemment.

Ace jeta ses déchets à la poubelle. Comme il ne disait rien, Tyler continua :

— Je ne sais pas, on pourrait aller faire du shopping, ou ce que tu veux. Une sortie entre amis.

— Je suis partant.

Tyler fut surpris. Il ne pensait pas qu'il allait accepter aussi rapidement. Il ne voyait pas Ace faire du lèche-vitrines toute une journée.

— Ok, cool ! Eh bien je vais prendre une douche et on peut y aller. Mais avant, il faut que je monte des cartons dans ma chambre, mon père a voulu ranger le garage la semaine dernière et il a retrouvé des vieilles affaires à moi. Il m'a demandé de les trier si jamais il y a des choses que je souhaite garder.

— Tyler, suivit d'Ace, alla au garage et s'empara d'une pile de cartons.

— Attends, je vais t'aider, proposa Ace avant de se saisir des boîtes restantes.

Ils montèrent tous les deux à l'étage et ils les posèrent dans un coin de la chambre.

— Tu peux m'attendre ici si tu veux, je n'en ai pas pour longtemps, cria Tyler depuis la salle de bain. Allume la télé, la télécommande est sur ma table de chevet.

Une chaîne d'information en continue se lança. Ace rabattit la couverture sur le lit et s'assit en tailleur dessus. Il ne tarda pas à entendre l'eau couler.

Tyler expédia sa douche. De toute façon, il allait en reprendre une ce soir, avant de se coucher. Lorsqu'il eut séché ses cheveux, il passa sa serviette autour de sa taille et alla dans la chambre.

— Tyler ! s'écria Ace avant de détourner le regard et fixa la fenêtre de la chambre tandis que le blondinet traversa la pièce, en direction de son armoire.

— Oh ça va, on est entre mecs ! On a tous le même corps.

Poussant l'audace à l'extrême, il laissa tomber sa serviette, le temps d'enfiler un caleçon propre. Jetant un regard derrière lui, il vit Ace toujours en train de scruter attentivement dehors, comme si c'était le plus beau paysage du monde. Il sourit malicieusement, avant d'enfiler ses vêtements.

— C'est bon, tu peux te retourner, prévint Tyler narquoisement.

Ace soupira excessivement de soulagement. Tyler leva les yeux au ciel en souriant et retourna dans la salle de bain pour se coiffer et se parfumer.

— C'est bon, on peut y aller, Georges nous attend devant l'entrée.

— Georges ? s'étonna Ace.

— Oui, le chauffeur de mon père, expliqua Tyler, quelque peu gêné. Il est parti en déplacement, du coup Georges peut nous emmener.

— Je n'imaginais pas que vous ayez un chauffeur privé.

— Et aussi une femme de ménage et un jardinier. Et quand j'étais petit et que mes parents s'absentaient, j'avais une baby-sitter ou une cuisinière.

— Je vois, répondit Ace un peu trop sèchement.

Il sortit de la chambre et attendit dans le couloir. Tyler n'ajouta rien et le suivit. Il le frôla lorsqu'Ace le laissa passer. Il eut alors un flash-back de la soirée, quand il avait embrassé Ace dans ce même couloir. Il fut parcouru d'un frisson et croisa les doigts pour qu'Ace ne l'avait pas remarqué.

Les deux jeunes hommes rejoignirent Georges, qui les attendait à côté de la voiture. Ils grimpèrent à l'arrière tous les deux et le chauffeur s'installa derrière le volant.

— Je vous conduis en ville, Mr. Scott ?

— C'est ça, Georges. Au centre-ville, répondit Tyler en s'attachant.

— Très bien.

La voiture démarra et s'engagea sur la chaussée.

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