Chapitre 14

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Cela faisait maintenant trois jours qu'Ace n'avait pas quitté sa chambre, ou très peu. Il ne cessait de ruminer de sombres pensées, tantôt allongé sur son lit, tantôt assis à son bureau et fixant le mur devant lui. Même Andreï ne parvenait pas à le faire sortir de sa tanière.

Ce n'était pas la première fois qu'il se coupait ainsi du monde. Lors du décès de sa mère, il avait refusé ne serait-ce que quitter son lit durant quasiment deux semaines, se levant juste pour ses besoins vitaux. Depuis, il lui était arrivé de se renfermer, ne voulant même pas voir sa sœur, qu'il adorait pourtant par dessus tout.

Andreï ayant pourtant l'habitude, il n'aimait pas voir son meilleur ami comme cela, surtout quand il ne comprenait pas la raison de ce mutisme et de cette colère. D'accord, Tyler l'avait embrassé et peut-être humilié devant de nombreuses personnes en lui décochant son poing dans son estomac – chose que très peu de personnes pouvaient se vanter d'avoir fait – mais ce n'était tout de même pas une raison. Cela avait assez duré et de toute façon, il devait sortir de sa chambre, il n'avait pas le choix.

Le jeune homme toqua à la porte de la chambre et l'ouvrit doucement. Une onde de chaleur en profita pour s'échapper de la chambre close et frappa Andreï. Le volet étant quasiment fermé, il laissa ses yeux s'habituer à la pénombre. Ace était assis sur sa chaise de bureau, fixant l'écran de son ordinateur portable qui baignait la chambre d'une pâle lumière. Andreï laissa échapper un petit soupir en voyant son ami. Ace faisait peine à voir, il avait les cheveux décoiffés, ne portait qu'un seul sous-vêtement pour habit et il devait certainement avoir des cernes énormes à fixer son ordinateur d'un regard morne. Le seul signe qui indiquait à Andreï que son meilleur ami ne s'était pas desséché sur place était qu'il faisait tourner entre ses doigts un crayon de papier d'un geste lent.

— Ace, tu dois sortir de ta grotte. Je te rappelle que tu as accepté de prendre la place de Dean ce soir en échange de ta petite soirée de l'autre fois. Tu dois aller bosser dans une demi-heure.

Puis, voyant qu'il ne bronchait pas, il ajouta d'une voix plus ferme :

— Va prendre une douche, que j'aère un peu la pièce. Tu ne peux pas te laisser aller comme ça juste parce que quelqu'un t'a déçu. En plus, tu n'as quasiment pas ouvert les cours qu'Abby t'a passé.

— Je sais, rétorqua Ace d'une voix plus grave que la normale, certainement due à son mutisme de plusieurs jours.

L'espagnol se leva et se décida à aller prendre sa douche. Andreï le laissa passer en secouant la tête avant de se précipiter pour aller ouvrir le volet, faisant enfin circuler l'air et laissant l'odeur de transpiration s'évacuer de la chambre. Puis il sortit et alla préparer un repas express pour Ace et lui.

Ace dû bien admettre que la douche lui fit le plus grand bien. C'est comme si toutes les mauvaises pensées qui lui collaient à la peau depuis plusieurs jours se détachaient de lui et s'évacuaient avec l'eau qui coulait sur son corps. Il pencha la tête en arrière, ferma les yeux et laissa les gouttes d'eau ruisseler sur son visage avant de venir s'écraser sur le carrelage de la douche. Il se concentra sur ce martellement pour ne plus penser à rien. Dans les quelques heures qui allaient venir, il devait oublier Tyler, la bagarre à la fac et ses cours et se focaliser sur son job à la Jouvay.

Séché et habillé, Ace prépara son sac avec son habit de serveur et après avoir rapidement avalé son repas, sortit de l'appartement. Lorsqu'il sortit à l'air libre, il vissa ses écouteurs dans ses oreilles et lança sa playlist spécialement réservée pour quand il était d'humeur maussade. Puis il se dirigea vers la bouche de métro la plus proche.

XXX

La soirée allait être très longue. Il n'était que 1:00am et déjà, la sécurité avait dû faire sortir plusieurs hommes qui s'étaient battus. En plus de ça, la musique beaucoup trop forte commençait à donner un mal de crâne à Ace et les corps dansants agglutinés de partout lui donnaient chaud. Une fine pellicule de sueur commençait à mouiller son front et ses cheveux et s'il n'allait pas sortir prendre l'air d'ici peu de temps, son t-shirt sera trempé. Il servit un groupe de jeunes femmes déjà bien alcoolisées, ignora copieusement les paires d'yeux qui le mangèrent du regard et repartit, son plateau vide dans une main. Apercevant son patron au comptoir, il tenta de le rejoindre en évitant les danseurs sur la piste.

— Je prends ma pause, cria-t-il à l'oreille de James pour se faire entendre.

— OK. Après, va à l'espace VIP, tu prends le relai de Rose.

Derrière son aspect macho, James était en réalité très protecteur, surtout vis-à-vis des femmes. Même s'il devait faire tourner son équipe, il n'aimait pas voir Rose seule à l'espace VIP car il n'avait aucun moyen de voir ce qu'il se passait à l'étage lorsqu'il n'y était pas. Il préférait envoyer les gars en haut, pour pouvoir garder un œil sur Rose au cas où un client se permettrait d'être un peu trop avenant avec elle.

Ace sortit par la porte de service située derrière dans la réserve et se retrouva dans l'arrière-cour. Il sortit une clope de son paquet et l'alluma. Il tira un bon coup et expira profondément. La fumée se dispersa rapidement dans la nuit sans nuage. Ace fuma sa cigarette, le regard plongé dans les étoiles. Il se demanda laquelle parmi tous ces astres était sa mère. Il était sûr qu'elle reposait là-haut, elle qui avait toujours la tête dans les nuages et qui adorait rêver, parfois un peu trop. Heureusement, elle avait eu avec elle son mari qui l'avait aidé à garder les pieds sur Terre. Il repéra d'un simple coup d'œil l'étoile du Berger ainsi que la Grande et la Petite Ourse. Isabella lui avait appris lorsqu'il était enfant toutes les constellations. Ils avaient passés des heures tous les deux à regarder le ciel étoilé, allongés dans l'herbe du jardin de la maison familiale. Les yeux de sa mère ressemblaient aux étoiles qu'elle montrait du doigt tant ils brillaient de bonheur. À cette époque, son cancer n'avait pas encore été diagnostiqué.

Se rendant compte qu'il ne restait plus que le mégot de la cigarette, Ace le jeta dans la poubelle et rentra. La chaleur étouffante lui sauta au visage et il eut immédiatement chaud. Heureusement, l'espace VIP était équipé d'une climatisation pour ne pas que les clients privilégiés soient incommodés. L'espace était également insonorisé et possédait son propre bar. Ace monta les escaliers qui menaient à la mezzanine. L'espace VIP surplombait la grande salle en bas. D'immenses baies vitrées avaient été installées, donnant une vue vertigineuse sur la piste de danse en contrebas.

Ace scruta rapidement l'espace collectif et analysa les quelques clients qui s'y trouvaient. Bien entendu, ils étaient l'archétype des gens friqués qui voulaient sortir un samedi soir : costumes et montres dont le prix était au minimum le quadruple du salaire d'Ace pour les hommes ; robes échancrées et bijoux en or massif pour les femmes. Deux hommes plutôt âgés étaient accoudés au bar, discutant tout en buvant leur coupe de champagne, tandis que un trio composé d'un hommes et de deux femmes était assis sur des sofas.

Rose aperçut Ace et comprit qu'il allait la remplacer. Elle retira le torchon de son épaule et sorti de derrière le comptoir.

— Tout va bien ? demanda Ace lorsque la jeune femme arriva à son comptoir.

— Parfaitement bien, les clients sont très polis aujourd'hui, chuchota Rose à voix basse, bien que la musique, certes moins forte qu'en bas, pouvait tout de même aisément masquer ses paroles. Les hommes du bar veulent passer une autre commande et ensuite, il faut que tu ailles voir le groupe de jeunes dans la loge n° 2, je n'ai pas eu le temps de prendre leur commande.

Ace hocha la tête et Rose lui fit un clin d'œil pour lui souhaiter bon courage avant de dévaler les escaliers.

En plus d'un endroit collectif, la salle était composée de petits alvéoles réservés à ceux qui venaient en groupe pour garder un semblant d'intimité. Néanmoins, les murs étaient en réalité des vitres, pour que l'employé puisse d'un simple coup d'œil vérifier si les clients ne faisaient pas tout et n'importe quoi, l'alcool aidant.

Ace prit la commande des hommes du bar et les servit. Un groupe de cinq personnes sortit de la première loge et rejoignit la piste de danse. Ils se déhanchèrent au rythme de la musique, boissons à la main.

Le jeune homme se dirigea ensuite vers la loge n°2, le carnet pour prendre les commandes et un stylo entre les mains. Cette loge avait la particularité d'être placée de telle façon que les sofas étaient collés aux vitres. De l'extérieur, les clients n'étaient visibles que de dos. Tout en s'approchant, Ace nota mentalement la silhouette d'une femme aux cheveux châtains clairs ainsi qu'un homme à côté d'elle. Il ouvrit la porte et s'adressa aux clients avant même de les regarder.

— Bonsoir, que désirez-vous boire ?

N'entendant personne lui répondre, il leva les yeux de son carnet. Lorsqu'il comprit à qui il avait affaire, il se figea.

— C'est quoi ce bordel..., s'éleva la voix de Morgan.

Ace se retrouvait nez-à-nez avec celui qu'il ne voulait plus jamais voir de sa vie. Mais le destin semblait s'acharner sur lui.

Tyler était assis dans le sofa en face de la porte, tout aussi surpris qu'Ace. Qu'est-ce qu'Ace faisait ici, habillé en serveur ? Cela faisait déjà quelques années déjà qu'il fréquentait cette discothèque et il n'avait jamais vu Ace travailler ici. Le meilleur ami de son père connaissait le directeur et il connaissait déjà tout de la boîte de nuit avant même d'être en âge d'y entrer. Il n'aurait pas pu manquer de remarquer Ace bien avant. Instinctivement, Tyler releva que l'uniforme de serveur lui allait parfaitement, moulant ses biceps et laissant entrevoir la silhouette de ses abdominaux. La lumière d'ambiance violette de la salle faisait ressortir la fine pellicule de sueur déposée sur les tatouages d'Ace.

— On peut m'expliquer ce qu'il se passe ?

Ace tourna la tête pour regarder celle qui venait de parler. C'était la jeune femme qui était assise dos à la vitre.

— Je crois que ce n'est pas trop le moment, Cloe... répondit Morgan, en jetant un coup d'œil à Tyler.

— Soit ! Alors nous aimerions bien commander, si le serveur veut bien faire son travail.

Son ton autoritaire eut pour raison de reconnecter Ace à la réalité. Dans d'autres circonstances, cette Cloe en aurait pris pour son grade, mais là, son cerveau semblait avoir grillé. Sans un mot, il sortit de la loge.

— Hé ! s'écria Cloe. Qu'est-ce qu'il fait votre pote, là ? Reviens ici !

Elle se leva et s'élança à sa poursuite. Ses talons martelèrent violemment le sol tandis qu'elle se dirigeait vers le bar.

— Je peux savoir ce que tu fous ? T'es censé prendre notre commande, tu te prends pour qui là ?

— Je vais appeler quelqu'un, c'est l'heure de ma pause, bégaya nerveusement Ace en s'emparant de son téléphone.

— Cloe, furax, ouvrit la bouche mais se fit interrompre.

— Cloe, s'il te plaît, tu veux bien retourner avec les gars ? Je pense qu'Ace et moi devons parler.

La voix de Tyler retentit bizarrement dans le cœur d'Ace. Néanmoins, il n'avait pas le temps de s'attarder sur ce sentiment, il devait demander à Taylor de prendre sa place en urgence.

Cloe se retourna, regarda Tyler, revint sur Ace, et souffla bruyamment.

— D'accord, mais je ferais part de l'incompétence de cet employé à mon père. Cela ne s'est jamais vu et le gérant devra rendre des comptes lui aussi.

Après un dernier regard de dédain lancé à Ace, elle tourna les talons et s'éloigna, sa robe noire virevoltant derrière elle.

— Ne t'inquiète pas, elle ne le fera pas, rassura Tyler. Si tu savais toutes les promesses qu'elle dit mais qu'elle ne tient pas. Elle a un sacré caractère et moi-même parfois, j'en fais les frais.

Ace le regarda avant d'aller essuyer les verres qui séchaient sur le présentoir. Tyler se déplaça et s'assit sur le tabouret en face de lui.

— Je ne sais pas si tu es au courant mais son père est le propriétaire de la discothèque. Il en possède quelques-unes dans la ville, dont celle-ci. Tu dois très certainement te douter que Cloe fait partie du même... milieu que moi, ajouta Tyler d'une voix hésitante.

— Sans blague, sinon je pense qu'elle serait en bas, parmi les gens normaux (il appuya sur ce mot).

Tyler laissa un échapper un petit rire gêné. En apercevant son collègue monter les escaliers, Ace soupira intérieurement de soulagement. Enfin, il allait pouvoir s'éclipser de cet endroit et reprendre son poste en bas. Il ne voulait pas passer une seconde de plus en présence de cabrón.

— Merci Taylor, je reviens dans quelques minutes, souffla Ace au creux de l'oreille de son collègue en posant une main reconnaissante sur son épaule.

Il sortit de derrière le bar et s'apprêta à descendre les escaliers lorsque Tyler le retint par le bras. Ace se figea, et posa un regard lourd de sens sur la main de Tyler qui l'aggriper.

— On peut parler, Ace ? Je t'en prie, je... j'ai fais des erreurs et je m'en veux terriblement.

Le ton implorant de Tyler le fit se retourner. Le blond lâcha son bras mais continua de le regarder. La musique et la présence de Tyler commençaient fortement à lui taper sur le système et il avait vraiment besoin de prendre l'air. Mais par dessus tout, il se rendit compte qu'il avait besoin d'explications. Après la colère, venait le besoin de comprendre. Il se rappela les paroles d'Andreï, celles que depuis l'enfance il lui répétait. Il devait essayer de comprendre les gens, de savoir pourquoi ils ont fait cela et surtout d'arrêter de s'emporter comme ça. Il devait arrêter, ou du moins essayer d'arrêter de tout détruire sur son passage telle une tornade.

Et puis, il devait se pencher sur les sentiments qui se bousculaient dans son cœur. Pourquoi, lorsqu'il voyait Tyler, il avait à la fois envie de le frapper violemment mais aussi de retrouver ce sentiment qu'il pourrait qualifier de presque heureux qu'il avait ressenti lorsqu'il l'avait invité chez lui, et qu'ils avaient parlé de tout et de rien, assis sur le canapé ? Et pourquoi il n'arrivait pas à chasser de ses pensées la sensation des lèvres de Tyler sur les siennes ?

Ce fut ce cocktail d'émotions et d'envie qui le poussa à accepter la demande de Tyler.

— Suis-moi, lâcha-t-il froidement avant d'entamer la première marche, sans vérifier si Tyler lui obéissait.

En bas, Ace se fraya un chemin entre les danseurs et s'arrêta net lorsqu'il vit James un peu plus loin.

— Montre ta carte VIP au type là-bas et dis-lui que tu souhaites me parler en privé cria Ace dans le creux de l'oreille de Tyler.

Celui-ci frissonna légèrement en sentant le nez de l'espagnol frôler son hélix. Il chercha du regard l'homme qu'Ace lui pointait dur doigt à travers la foule et hocha la tête lorsqu'il l'aperçut. Il était en train de discuter avec une femme tout en lui servant une boisson.

Sans attendre, il s'élança dans sa direction. Ace vit Tyler échanger quelques mots avec James tout en montrant sa carte qui lui donnait accès à l'espace privatisé de la discothèque. Quelques secondes plus tard, James le regarda, avant de sourire poliment à Tyler.

Lorsqu'il vit le blondinet revenir, Ace attendit que celui-ci le repère avant de se diriger vers la sortie principale.

Une fois à l'air libre, Ace résista à l'envie de se griller une clope, la dernière ne remontait même pas à une heure. Il était bien plus stressé au sujet de la conversation qu'il allait avoir que ce qu'il voulait bien laisser paraître.

Les deux jeunes hommes ne parlèrent pas pendant plusieurs minutes. Appuyés le dos contre le mur de la boîte de nuit, tous les deux embarrassés par la présence de l'autre à ses côtés. Finalement, Tyler se lança, bien conscient qu'il devait parler le premier.

— Je... (il se racla la gorge pour se donner du courage), je suis désolé Ace. Je n'aurais pas dû t'embrasser à la soirée sans ton accord.

Il scruta du coin de l'œil Ace. L'espagnol ne bronchant pas, Tyler enchaîna :

— J'étais pas mal bourré et je sais ça n'excuse en rien. J'ai cru... je ne sais pas ce que j'ai cru à vrai dire... mais j'ai pensé qu'on était sur la même longueur d'onde. Quand on était tous les deux sur le balcon, je me suis dit que... que c'était peut-être possible, tu vois...

À bout de souffle et parce qu'il n'arrivait plus à trouver les mots justes pour exprimer ce qu'il avait ressenti, il s'interrompit. Il regarda alors Ace, pour l'implorer silencieusement de prendre la parole. Il avait besoin de savoir ce qu'il pensait et il n'arrivait plus à supporter ce silence pesant.

Ace releva la tête, qu'il avait gardé baisser sur ses pieds depuis le début et expira. Les mots de Tyler, bien que maladroits l'avaient malgré tout touché, il sentait qu'ils étaient sincères et que le jeune homme s'en voulait terriblement. Il essayait par tous les moyens de sauver leur timide amitié parce qu'elle devait très certainement compter à ses yeux et ce, même si elle était récente. Et Ace dû bien avouer qu'une partie de lui ne voulait pas y mettre fin définitivement.

Il se rappela également qu'il était venu chez lui en espérant le voir. Andreï le lui avait raconté, et même s'il était dans une colère noire à ce moment-là, il avait senti cette boule au cœur s'alléger .

Il garda les yeux fixés sur le ciel étoilé lorsqu'il parla enfin.

— Tu sais que je ne suis pas comme toi, hésita-t-il.

Ne trouvant pas les bons mots pour lui faire comprendre ce qu'il voulait insinuer, il se força à le lui dire tel quel :

— Je ne suis pas homo ou même bi.

Cette fois-ci, il n'y avait aucune abjection dans ses propos. Il établissait un fait, tout simplement. Tyler fut surpris du ton timide d'Ace. C'était bien la première fois que la timidité d'Ace transperçait, à travers sa carapace dure comme la pierre. Mais il n'aurait jamais cru que ce soit lui qui lui fasse éprouver de la timidité. Son cœur toujours épris de cet homme s'imagina que derrière ces paroles se cachait en réalité des regrets.

N'y tenant plus, Ace céda à la tentation et farfouilla dans sa poche à la recherche de son paquet de cigarettes. Il interrompit brusquement son geste alors qu'il allait le refermer et le tendit vers Tyler. Celui-ci lui sourit en remerciement. Ace détourna le regard.

Ce n'est qu'une fois la première bouffée expirée qu'il reprit la parole.

— On est d'accord, tu n'aurais jamais dû m'embrasser. Mais j'ai également mes torts. Je suis désolé de t'avoir frappé à la fac. Tu n'as fait que me rendre les coups.

Tyler écarquilla légèrement les yeux. Il ne pensait pas qu'Ace allait s'excuser, surtout à propos de ça.

— Tu sais, parfois je m'emporte et...

— Très souvent, rectifia Tyler sur le ton de la plaisanterie, du moins c'est ce qu'il espérait montrer, sa gorge nouée l'empêchaient de s'exprimer correctement.

Ace eut un rictus amusé.

— Andreï n'arrête pas de me le répéter : « Ace, il faudrait te calmer un peu, ça ne sert à rien d'être en colère contre la Terre entière. Personne n'y peut rien » (Tyler tiqua mais ne releva pas, bien conscient que ce n'était pas le moment d'engager Ace sur cette voie). Je m'emporte très souvent et des fois, il m'arrive de regretter.

Ace n'aimait pas les grands discours, et déballer ses sentiments l'incommodait de plus en plus.

— Bref, conclut-il après avoir tiré sur sa cigarette, tout ça pour dire qu'on a plus l'âge d'être aussi cons.

Le cœur de Tyler accéléra dans sa poitrine. Il se força au calme.

— Tu as raison. Je t'apprécie vraiment... en tant qu'ami ! se sentit-il obligé de préciser.

Ace eut alors un sourire franc.

— Surtout que nous n'avons pas le choix. Nous avons un Mémoire à faire, alors il faut bien qu'on se parle.

Tyler comprit qu'Ace le taquinait et il sentit son cœur se gonfler. Il se plut à penser que peut-être, tout allait revenir comme avant, ou presque.

— Ami ? demanda Tyler en tendant la main.

— Ami, répondit Ace en la lui serrant.

Les yeux de Tyler brillèrent, humides, et il remercia l’obscurité de le camoufler à Ace.

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