Chapitre 3

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— Encore, Ace...

Ace sourit de toutes ses dents et agrippa plus fermement la tête du lit. Il augmenta la cadence de ses coups de reins et arracha un gémissement de plaisir à Vanessa qui griffa ses omoplates de ses ongles fraîchement manucurés. Essoufflé, et trempé de sueur, il ralentit et promena ses doigts sur le corps lisse et chaud de sa partenaire. Il empoigna ses seins et les massa tendrement.

Vanessa était une très belle femme et qui plus est, douée au pieu. Ace partageait avec elle une forte complémentarité qui leur permettait de prendre beaucoup de plaisir.

La jeune femme serra les draps du lit entre ses poings avant qu'un nouveau gémissement ne franchisse ses lèvres.

— Attends... souffla-t-elle.

Elle sourit à Ace et lui fit comprendre de se retirer. Elle le força à s'allonger en travers du lit en appuyant sur son torse. Alors, elle monta sur lui et s'empala sur son membre tendu. Ace grogna et s'empressa de saisir les hanches de Vanessa pour lui imposer le rythme. Obéissante, elle ondula son bassin lentement et releva la tête. Ace se délecta de la vue que lui offrait la jeune femme : sa gorge dévoilée, ses seins fermes et galbes, ses minces hanches qu'il ne cessait de caresser.

Vanessa s'appuya sur les pectoraux de son amant et se laissa aller.

— Putain...

Elle se pencha et l'embrassa sauvagement. Elle bougeait son bassin et cherchait à sentir la virilité de son amant plus profondément en elle. Quand Ace bougea ses reins en harmonie avec ceux de Vanessa, la jeune femme gémit de plus belle. Il sentit les battements de son cœur tambourinaient violemment dans sa poitrine sous le plaisir intense qu'il éprouvait. Se sentant près à venir, il prit le relais : il renversa Vanessa sur le côté et, se retrouvant au-dessus d'elle, la pilonna brutalement. Elle passa les bras autour de sa nuque et gémit à l'oreille d'Ace.

L'orgasme lui arracha un grognement avant que les vagues de plaisir lui coupèrent le souffle. Il s’affaissa sur sa compagne qui tremblotait en proie à l'émotion.

Les jeunes amants restèrent ainsi enlacés quelques minutes pour reprendre leur souffle, le membre d'Ace encore en érection à l'intérieur des chairs de Vanessa. Puis la jeune femme se tortilla légèrement pour se dégager. Elle embrassait la ligne de la mâchoire d'Ace et promenait ses doigts sur sa peau caramel. L'Espagnol avait fermé les yeux et profitait du silence qui régnait dans son cerveau. Tous ses problèmes s'étaient volatilisés, y compris la présence de sa mère qui hantait d'ordinaire ses pensées. Mais la dose d’ocytocine ne permettait pas à Ace de rester très longtemps en paix et ses préoccupations se remirent à agiter son cerveau. Qui plus est, les ongles de Vanessa commençaient à lui faire mal.

Il repoussa de la main la jambe de sa maîtresse étalée sur lui et se leva pour jeter le préservatif à la poubelle de la chambre d'hôtel que Vanessa avait réservée une heure plus tôt. Sans un regard vers la jeune femme qui se régalait du spectacle de son corps nu, Ace entreprit de ramasser ses affaires par terre avant de s'habiller.

— Tu pars déjà ! s'exclama Vanessa. Pourquoi tu ne resterais pas un peu avec moi ?

Sa voix prenait des intonations suppliantes comme toujours lorsqu'elle voyait son amant partir une fois leur petite affaire terminée.

— On est dimanche.

Elle ne comprit pas le lien entre sa question et la réponse d'Ace.

— Ace, je voulais te parler... J'en ai marre de ce qu'on fait, se voir en cachette et...

— On a déjà eu cette conversation, Vanessa, la coupa Ace. Les trucs romantiques après la baise, c'est pas pour moi. Et on n'est pas en couple, Vanessa, on ne se voit que pour coucher, point final.

Même si les mots d'Ace étaient aussi tranchants qu’une lame de rasoir, il ne voulait pas être si froid. Ils avaient été clairs dès le début mais depuis quelques temps, la jeune femme s'était mise en tête d'avoir quelque chose de plus sérieux avec lui.

— Je sais bien, mais tu ne trouves pas que cela serait plus facile si, je ne sais pas... Tu me plais Ace, et je sais que c'est réciproque, sinon je ne serais pas là avec toi, n'est-ce pas ?

Ace se contenta de la toiser. Si Andreï avait été présent, il aurait tout de suite compris que le silence de son ami ne présageait rien de bon. Mais Vanessa se trompa lourdement sur sa signification.

— J'ai envie de tenter quelque chose avec toi. On pourrait explorer nos sentiments et notre liaison et pourquoi pas officialiser notre relation, plaida-t-elle.

Ace s'approchait du lit pour récupérer son portable sur la table de chevet quand Vanessa saisit son bras pour le forcer à la regarder. Elle voulait une réponse, elle n'arrivait plus à supporter les silences de l'Espagnol.

— C'est non, Vanessa, répondit sèchement Ace en se dégageant de la poigne de la jeune femme. Toi et moi, ce n'est que pour baiser et seulement pour ça. Si cela ne te convient pas, on arrête tout.

Ses yeux fusillèrent la jeune femme et il tourna les talons. La chambre de la porte claqua derrière lui. Ce que ressentait Vanessa lui importait peu à cet instant précis. Elle avait été d'accord et elle connaissait Ace. Mais si elle elle commençait à éprouver des sentiments pour lui, alors ils devront arrêter de se voir. Il détestait qu'on lui force la main et encore plus que l'on revienne sur sa parole. Vanessa avait dépassé les bornes. Elle ne voyait que ses intérêts et tout ce qu'elle souhaitait, c'était l'exhiber comme un trophée.


Ace était furieux d'avoir encore eu cette conversation. Ce n'était pas la première fois que Vanessa lui faisait comprendre qu'elle espérait plus avec lui. Mais elle devenait de plus insistante malgré ses refus. Elle n'admettait pas qu'on lui tienne tête, voilà tout. Ce n'était qu'une petite fille pourrie gâtée, habituée à avoir tout ce qu'elle désirait, surtout avec les hommes.

Il sortit de l'hôtel et mit ses écouteurs, volume à fond pour noyer sa colère dans la musique. Le visage de sa mère s'imposa alors à son esprit et Ace ressentit une douleur poignante au creux de son estomac. Il se demandait ce qu'elle aurait pensé de tout ça. L’engueulerait-elle pour les mots durs qu'il avait eu envers Vanessa ? Certainement, car elle avait toujours été altruiste, faisant passer le bonheur des autre avant le sien. Elle n'aurait pas voulu que son fils soit aussi mauvais envers les autres. Mais il n'allait tout de même pas s'enfermer dans une relation qu'il ne souhaitait pas ! Il ne ressentait rien pour Vanessa, pas même une once d'amitié. En dehors du sexe, elle et lui n'avaient aucun point commun.

En réalité, Ace savait que sa mère lui aurait dit. « Cesse d'être aussi agressif envers les autres, ce ne sont que des innocents, personne n'y peut rien. Ne leur en tiens pas rigueur. ». Il serra des dents sous la vague de chagrin qui l'assaillit. S'il se concentrait assez, il pouvait même entendre sa voix lui parler directement au creux de l'oreille. Il marcha plus vite en direction de la bouche de métro, fuyant les ombres lugubres qui le pourchassaient.


XXX


Ace ferma la porte de l'appartement d'un claquement sec. Andreï, alerté par ce soudain bruit, sortit de la minuscule pièce qui lui servait d'atelier. Malgré le fait qu'il portait sa tenue de peintre – un t-shirt qui n'était plus très blanc dû aux nombreuses taches de couleurs qui le parsemaient et un vieux pantalon, il avait réussi à se mettre de la peinture marron en bas de la joue.

Ace croisa le regard interrogatif de son ami et s'affala sur le canapé. Andreï s'assit à côté de lui en s'essuyant les mains sur un chiffon sale. La jambe d'Ace ne cessait de tressauter, signe qu'il était énervé. C'était une sale manie qu'il avait prise depuis ses années au lycée quand ses professeurs le rabrouait à cause de son comportement.

Andreï posa une main sur son genou pour l'empêcher de continuer.

— Qu'est-ce qui ne va pas ? demanda-t-il d'une voix douce.

Il savait combien son meilleur ami avait tendance à s'emporter très – trop – facilement. Il devait se confier pour percer l’abcès et éviter d'envenimer les choses.

Ace soupira bruyamment sans daigner le regarder.

— C'est Vanessa. Elle est amoureuse de moi, lâcha-t-il comme une horrible évidence.

La façon dont Ace allait droit au but ne surprenait plus Andreï mais il se retint sourire s'il ne voulait pas signer son arrêt de mort. Son ami ne tournait jamais autour du pot et d'un côté, cela pouvait être déconcertant pour celui qui ne s'attendait pas à une telle franchise.

— Et en quoi est-ce un problème ?

Ace roula des yeux avant de se tourner vers Andreï, face à lui.

Tu le fais exprès ou quoi ? C'est un gros problème ! s'indigna Ace en haussant le ton.

Ace n'aimait pas pas quand son meilleur ami le forcer à dévoiler ses sentiments, à aller jusqu'au fond de sa pensée alors qu'il avait très bien compris ce qu'il voulait dire.

— Hé, je t'ai rien fait, moi, répondit Andreï. Объясни мне.

Ace lui fit une moue désolée mais il voyait à ses yeux verts plus sombres que d'ordinaire qu'il était loin d'être calme.

— Elle veut qu'on officialise notre relation, que je devienne son petit-ami, cracha-t-il. Elle sait très bien que je ne voudrais jamais. Je ne vais pas me forcer à l'aimer juste pour son bon petit plaisir !

Andreï avait conscience que son ami rejetait tous les sentiments que les autres avaient à son égard et l'inverse était également vrai. Il n'allait pas jusqu'à dire qu'Ace avait un cœur aussi froid que la pierre car il chérissait son père et sa sœur. Mais il s'était forgé une carapace pour se protéger. Il était persuadé que s'il laissait entrer quelqu'un dans sa vie ou qu'il s'entichait d'une personne, celle-ci finirait irrémédiablement par le laisser tomber et il souffrirait.

— Mais je croyais que vous étiez d'accord pour ne vous voir que pour baiser... avança Andreï.

— Ouais, mais elle en a marre. Quand est-ce que les gens vont arrêter d'en attendre toujours plus des autres ?

Andreï se douta que même si Vanessa avait peut-être été l'élément déclencheur, elle n'était pas le sujet principal de l'état d'Ace. Ces temps-ci, Ace était plus morne et solitaire que jamais. Il alternait phases de colère intense et moments de mélancolie profonde. Et le stress à cause des études n'aidaient en rien. Andreï redoutait que son ami fut retombé dans un épisode dépressif.

— Si ça te dérange, tu peux arrêter de la voir.

— Mais c'était un putain de bon coup au lit ! s'exclama Ace dépité.

Andreï fronça les sourcils, abasourdi..

— Enfin, Ace... Tu en retrouveras bien une autre ! Tu te prends vraiment la tête pour des choses futiles.

Maintenant que c'était dit tout haut, Ace reconnut que la raison pur laquelle il s'était mit dans tous ses états était... misérable. Mais une chose en entraînant une autre, il ressassait encore et encore la même colère et la même douleur qui ne cessaient de le ronger depuis trois ans. Il avait tant de colère, tant de haine en lui que la moindre chose pouvait le mettre dans une rage folle.

— T'as raison. Je suis désolé.

Il posa la tête sur la table basse et soupira profondément. Il n'en pouvait était exténué.

Andreï posa sa main sur son épaule et la serra pour le réconforter. Ace n'était pas du genre affectueux et tactile mais ce contact chaud et rassurant lui fit du bien.

— Tu faisais quoi dans l'atelier ? demanda Ace pour changer de sujet.

— Je suis en train de réfléchir à mon projet pour la fin d'année, je faisais des essais.

— Et ça donne quoi ?

Andreï fit une petite moue.

— Pas grand-chose. Trop d'idées me viennent en même temps et il faut que j'arrive à les trier. Je te ferai quand ça sera plus concret.

Ace hocha la tête et alluma son téléphone pour regarder l'heure.

— Je vais aller bosser un peu mes cours, dit-il en se levant.

Il laissa son ami rejoindre son atelier et entra dans sa chambre. Il s'assit à son bureau. Pour quelques heures, se plonger dans ses cours lui ferait oublier Vanessa et tout le reste.

Le soir était tombé sur New-York quand Ace sortir enfin le nez de ses cours. Son ventre criait famine une demi-heure et il n'arrivait plus à se concentrer. En guise de pardon pour sa petite crise, il entreprit de cuisiner le dîner pour Andreï et lui. Il prépara des tortillas mais faute du matériel nécessaire à la bonne préparation, elles furent moins élaborées que celle que son père lui préparait. Pendant qu'il cuisinait, l'odeur de la nourriture se répandit dans le petit appartement et Andreï finit par le rejoindre, lui aussi affamé. Il mit le couvert sur l’îlot central et une fois prêt, Ace servit le repas.

— ¡ Buen provecho ! s'exclama Ace.

— Gracias, lui répondit Andreï

Il roula plus que de raison le « r » et Ace sourit devant la mimique exagérée du Russe Une chance qu'Andreï n'était pas très rancunier.

Pour chasser les dernières réminiscences de toute colère et pour sortir de leur vie ennuyeuse, ils passèrent la soirée à rire devant une vieille comédie de leur enfance. Les petits moments simples qu'Ace avait en compagnie de son ami d'enfance lui faisaient presque croire que la vie était plus douce que ce qu'il pensait. Mais le fantôme de sa mère ne le quittait jamais bien longtemps.

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