Chapitre 1 (1/2)

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Ace se réveilla en sursaut lorsque l'alarme de son téléphone sonna à 7:30am. Râlant de mécontentement, il s'empressa de l'éteindre et reposa sa tête contre son oreiller qui semblait à cet instant précis, un doux nuage de coton. Il était sur le point de se rendormir quand son subconscient enregistra un bruit étouffé provenant de la cuisine, le faisant émerger de la torpeur dans laquelle il s'enfonçait.

Au prix d'un effort surhumain, Ace se leva et sortit de sa chambre vêtu pour seul habit de son caleçon. Arrivé dans la cuisine, il frotta ses yeux endormis et bailla la bouche grande ouverte. Andreï, son meilleur ami et colocataire préparer le petit-déjeuner.

— Bien dormi ? lui demanda-t-il lorsqu'il l'aperçut.

Ace et Andreï vivaient dans un petit appartement du Queens qu'ils partageaient depuis leur arrivée à New-York pour leurs études respectives.

— Hmhm, marmonna Ace.

Il se versa une tasse de café.

— Tu aurais pu mettre un jogging quand même, tu vas attraper froid, le morigéna Andreï. Et puis, pense un peu à moi...

Pourtant, lui ne portait qu'un bas de jogging, dévoilant son torse nu.

— Ce n'est pas comme si tu m'avais déjà vu à poil !

Les deux amis se connaissaient depuis la maternelle, leurs mères avaient été très proches. Tous deux issus de l'immigration, ils avaient trouvé en l'autre un compagnon de route. Les deux compères étaient vite devenus inséparables. Ils avaient tout partagé : leurs premières histoires d'amour, la crise d'adolescence et l’apparition de l'acné, leur soudaine et très courte passion pour le football américain et même leurs premières masturbations. Enfin, ils ne les avaient pas expérimentées ensemble, cela va sans dire. Ils avaient fait les quatre cents coups et même si Andreï se montrait plus raisonnable que son ami, il n'en restait pas moins un vrai casse-cou.

— Je me rappellerai toujours du jour où je t'ai surpris à me mater sous la douche après les entraînements ! C'est vrai que j'en ai toujours eu une plus grosse que toi, charia Andreï en gloussant.

Du haut de ses vingt ans, Andreï n'avait plus rien d'un adolescent : ses cheveux châtains coupé court sur sa tête, ses yeux bleus, sa haute stature et son corps d'athlète qu'il adorait sculpter à la salle de musculation en compagnie d'Ace faisaient de lui un jeune homme vigoureux et tonique.

— Arrête tes conneries, tu sais très bien que que c'est faux ! répondit sèchement Ace.

Le jeune homme détestait admettre que dans sa jeunesse, il avait jalousé pendant un temps le corps déjà formé de son meilleur ami. Et même si cela lui était vite passé, Andreï avait une excellente mémoire et aimait ressasser les vieux souvenirs, au grand dam de son ami !

Ils passèrent leur petit-déjeuner à se chamailler gentiment, en partie à cause de l'humeur exécrable d'Ace. Puis, celui-ci prit une douche pour chasser les dernières traces de brume de son cerveau avant d'entamer sa journée de cours.

Ace était étudiant en seconde année dans une faculté de Droit à Manhattan. Il adorait le droit et se plaisait à s'imaginer avocat, son bureau situé au dernier étage d'une tour en plein cœur de la ville avec une vue imprenable sur la ville qui s'étendait en bas. Il n'avait pas le droit à l'échec : son père avait durement économisé pour lui payer ses études et il ne pouvait pas se permettre de redoubler une année.

Il se rendit dans sa chambre et chercha des vêtements propres. La tête d'Andreï passa dans l'embrasure de la porte et l'interrompit :

— Tu me rejoins à la salle après tes cours ? demanda-t-il.

— Ouais, répondit Ace. Mais il faudra que je repasse à l'appartement avant pour prendre mes affaires.

— Aucun souci. Je serai déjà là-bas.

Andreï sortit de la pièce et Ace farfouilla dans son armoire, mettant la main sur un t-shirt noir, un pantalon de la même couleur – il se demandait comment les gens pouvaient porter des vêtements colorés, il trouvait cela affreux – et se regarda dans la psyché de sa chambre. Ses habits sombres ne faisaient qu'accentuer le vert profond de ses yeux et son t-shirt laissait entrevoir ses tatouages qui parsemaient sa peau.

L'encre était sa seconde passion après le droit. Chaque dessin qu'il arborait fièrement avait une signification.

Son premier, la dague stylisée sur son avant-bras gauche lui rappelait son adolescence chaotique et rebelle dont ses proches avaient souffert.

Les branches de pacanier qui épousaient la forme de ses clavicules symbolisaient la Vie, si éphémère soit-elle. Enfin, le dernier tatouage sur son bras droit était en hommage à sa mère. Il représentait un serpent gueule ouverte, prêt à mordre, enroulé autour d'un cœur humain dans une posture agressive et possessive. La queue se perdait derrière son biceps. Il semblait être le gardien de l'organe et le protégeait de toute menace.

Après un dernier coup d'œil à son reflet, Ace quitta la chambre et prit les clés de l'appartement sur le petit buffet à l'entrée.

— On se voit à la salle, lança-t-il à son colocataire en sortant.

— нет проблем.

C'était un petit jeu entre eux, les deux amis aimaient se parler dans leur langue natale, russe pour Andreï, espagnol pour Ace. Au fil du temps, ils avaient appris les rudimentaires mais ils étaient loin de la parler couramment.


XXX


Arrivé à la faculté, Ace aperçut ses deux amis qui l'attendaient sur le parvis. De nature peu sociable, la vie de loup solitaire lui suffisait amplement mais Matthew et Abby s'étaient imposés à lui par la force des choses. Ils étaient les seuls à voir en Ace autre chose qu'un ours mal léché.

Matthew était un jeune homme joyeux et sociable malgré sa timidité. Il avait été le premier à s'adresser à lui le jour de leur entrée en première année. Immédiatement conquis par le sacré personnage d'Ace, il ne l'avait plus quitté. Ace trouvait en lui quelqu'un sur qui compter et il avait fini par apprécier sa présence rassurante à ses côtés. Ses cheveux châtains et ses yeux marrons lui donnaient un air juvénile.

Abby, elle, était une femme énergique et pas le moins du monde dérangée par ce que les autres pouvaient penser d'elle. Elle avait un caractère bien trempée et possédait une certaine franchise qui en mettait plus d'un mal à l'aise. Contre toute attente, son tempérament fort avait trouvé une résonance dans celui d'Ace. Depuis la rentrée, elle arborait un balayage blond dans ses cheveux naturellement ondulés. Ses yeux marron toujours rieurs, son magnifique sourire et son corps bien formé ne laissaient pas indifférent les hommes. D’ailleurs, Ace avait toujours pensé que Matthew en pinçait pour elle mais le jeune garçon était bien trop embarrassé pour faire le premier pas. Tout l'opposé d'Ace, qui, s'il ne ressentirait pas des sentiments amicaux envers son amie, aurait déjà tenté le coup.

— Et voilà notre Espagnol préféré ! s'écria Abby en l'apercevant.

Ace roula des yeux.

— C'est normal, je suis le seul que tu connais.

Il lui claqua la bise avant d'offrir une poignée de main virile à Matthew. Puis, il sortit une cigarette de son paquet et l'alluma. Fumer avant le début de la journée était devenu une mauvaise habitude. Mais il appréciait son plaisir coupable et il comptait bien arrêter après ses études.

— Comment vas-tu en cette merveilleuse journée de septembre ? demanda la jeune femme, un sourire aux lèvres.

Elle savait par avance la réponse que lui donnerait Ace. C'était la même chaque fois qu'elle lui posait la question. Cependant c'était leur petite routine quotidienne et elle aimait taquiner son ami.

— Comme un lundi, Abby, soupira Ace en expirant la fumée.

La jeune fille rit doucement et Matthew tapota le bras d'Ace dans un signe compatissant. Leur amie était en grande forme aujourd'hui.

Ils passèrent quelques minutes à bavarder sur le perron, le temps pour Ace de prendre sa dose de nicotine, avant de se résigner à entrer.

Pendant deux heures, ils étudièrent le droit de la famille et même si ce n'était pas le cours que préférait le jeune homme, il n'en restait pas moins très intéressant grâce à la professeure dynamique qui le présentait. Ace voulait devenir avocat pénaliste, mais le droit pénal n'était enseigné qu'en troisième année. Il devait attendre encore un peu avant d'étudier ce qui le passionnait.

Ses amis et lui s'assirent dans le vaste amphithéâtre et patientèrent jusqu'à l'arrivée de leur enseignante.

— Regardez qui voilà, s'exclama Matthew, un sourire taquin aux lèvres.

Ace releva la tête en direction des nouveaux arrivants et son regard croisa celui d'une jeune femme brune. Habillée de couleurs vives, ses vêtements faisaient ressortir ses formes généreuses comme si elle voulait se faire remarquer.

Elle lui adressa un clin d’œil et se passa la langue sur les lèvres en un geste aguicheur avant de s'asseoir sur un siège légèrement en contrebas.

Abby éclata de rire à côté d'Ace devant le manège de leur camarade.

— Tu la revois quand, Vanessa ? demanda-t-elle à Ace.

— Je n'en sais rien, marmonna-t-il.

— Je peux t'assurer qu'elle ne rêve que d'une chose : te chevaucher de nouveau le plus tôt possible, ajouta son amie, ce qui fit rire à son tour Matthew.

Ace soupira bruyamment et secoua la tête pour condamner leurs taquineries.

Depuis le début de l'année, Vanessa et lui entretenaient une liaison uniquement basée sur le sexe. Les relations longues et stables n'étaient pas faites pour lui. Il ne croyait pas en l'amour, sentiment bien trop éphémère et aveuglant.

Lorsque le cours commença, Ace se concentra et buvait littéralement les paroles de l'enseignante. Il se remémora le cours précédent et la notion du divorce qu'ils avaient abordé. Ils avaient parlé du divorce par consentement mutuel qui nécessitait l'accord des deux époux. Aujourd'hui, la professeure évoquait celui pour faute. Évidemment, l'adultère fut pris en exemple. L'esprit d'Ace divagua et il se surprit à s'imaginer en époux cocu. Il sourit intérieurement à cette idée : il y avait plus de chances qu'il soit l'époux infidèle.

À la fin du cours, Ace prit congé de ses amis. Avant de rejoindre Andreï, il devait faire un crochet par son appartement dans le Queens pour récupérer ses affaires.

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