Révélation

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Allongé dans son lit, Adhara était prêt à s'endormir. Il avait clos ses paupières témoignant de sa fatigue, mais la créature lovée dans ses bras ne semblait pas du même avis. Hedony se redressa pour le regarder dans les yeux. Ses deux émeraudes sondaient son âme avec un air presque suppliant.

« J'en veux encore. »
Un doux sourire étira ses fines lèvres et elle vint frotter sa joue contre la barbe naissante du jeune homme, imitant le ronronnement d'un chat. Il émit le début d'un gloussement puis soupira. Elle voulait sa mort car il n'en pouvait clairement plus.

« Tu m'as vidé de toutes mes forces. »

C'était peu dire, elle avait littéralement absorbé toute son essence vitale à travers leurs nombreuses étreintes. Et elle n'en démordait pas, Hedony brûlait encore d'envie. Plus elle en avait et plus elle en voulait. Sa bouche sillonnait sur le torse du jeune homme cherchant à réactiver la sensibilité de ses zones érogènes.

« Allez, je sais que tu en meurs d'envie comme moi. » dit-elle entre deux baisers alors que ses lèvres descendaient jusqu'à son aine.

Jamais elle ne s'était sentie aussi entière, aussi pleine, aussi elle-même qu'avec Adhara. Jamais aucun homme n'avait pu la combler autant qu'il ne l'avait fait, aucun n'avait pu égaler son endurance, son doigté. Mais cela ne lui suffisait pas, elle n'était toujours pas rassasiée.

Le corps d'Adhara réagit sous ses avances, bien malgré lui.

« C'est pas juste... donne-m'en un peu alors.
— Hmm... »

Elle ne comprenait pas, mais elle avait plus important à faire. Ses lèvres effleurèrent sa virilité et il se contracta tout entier. Son souffle devenait plus profond à mesure qu'elle s'occupait de lui. Elle faisait diversion, pensa-t-il.

« Hé oh ? » lança-t-il pour attirer son attention.

Elle leva les yeux vers lui.

« Quoi ?
— T'aspires toute mon énergie vitale... Je ne saurais jamais me lever demain matin, si tu continues. »

Elle s'était arrêtée. De quoi parlait-il ? Dans son regard, Adhara lut l'incompréhension. Etait-ce possible qu'elle... ne sût rien ? Il était incrédule. Cependant, cela pouvait expliquer certains comportements étranges comme son attachement aux humains, le fait de vouloir cacher les visions qu'elle avait...

« Tu ne sais... vraiment rien ? »

Elle fronça les sourcils. Il passa une main dans sa brune chevelure, remettant une mèche rebelle derrière son oreille afin de dégager son visage et ses grands yeux verts.

« Tu ne sais rien, constata-t-il.
— Je comprends rien à ton charabia. De quoi tu parles ? »

Dans sa voix, Adhara sentait poindre son énervement. Elle s'était raidie au-dessus de lui.

« Tu ne sais même pas ce que tu es ? demanda-t-il.
— Ce que je suis ? Répéta-t-elle, de plus en plus agacée.
— Tu...
— Je ? »

Son regard était dure, elle attendait des explications.

« Comment dire... Tu es une succube. Ça te dit quelque chose ? »

Elle le gifla, quittant le lit précipitamment. Dans sa tête, elle avait fait le lien directement. Des créatures maléfiques qui hantaient les hommes durant la nuit pour coucher avec eux. Ce n'était pas elle, elle était plus noble, elle n'était pas qu'une vulgaire bête de sexe. Comment se permettait-il de l'insulter comme ça ? Être traitée de traînée dans sa ville natale n'était-il pas suffisant ?

Il essuya sa joue, comme pour faire disparaître les picotements de la claque qu'il avait encaissée. Elle le jaugeait avec un sentiment de haine et de dégoût.

« C'est facile d'insulter quelqu'un comme ça après avoir eu ce qu'on voulait ! »

Adhara lui attrapa le poignet avant qu'elle ne sortât de la chambre.

« Hedony ! l'interpella-t-il. Tu n'es pas obligé de me frapper pour autant. »

À son tour, son expression s'était durcie. Il affichait un air sévère. La réaction d'Hedony tirait vraiment des habitudes des humains, à leur manière de diaboliser les actes sexuels depuis des millénaires.

« J'ai rien dit de mal. Il y a rien de mal à ce que nous avons fait... »

Elle restait muette. Elle essayait seulement de retirer sa main de sa poigne de fer, la mine renfrognée.

« Hedony, tu as eu des visions... tu dois me croire, non ? »

Elle fit non de la tête, les nerfs à vif. Elle retira son bras de son emprise et il la lâcha à contrecoeur. Le tuahine était à court d'arguments. Ce n'était pas à lui de lui apprendre ce qu'elle était et de découvrir l'envers du monde. Mais bon sang, n'avait-elle vraiment pas conscience de sa propre nature ? N'avait-elle jamais pensé plus loin, cherché à comprendre ?

« Tu vas où ? lui demanda-t-il en la voyant passer la porte de la pièce.
— Fumer ! »

Hedony ressentait le besoin de se changer les idées, de prendre un bon bol d'air frais sur la terrasse. En passant par le salon, elle récupéra sa culotte et enfila un pull. La succube sortit son briquet et une cigarette de sa poche.

Le sol sous ses pieds était glacial, le vent décoiffait ses cheveux, mais entendre le froissement des feuilles mortes dans les arbres et sentir la brise caresser ses joues brûlantes l'apaisa. Elle galéra à allumer sa clope. Elle n'avait tiré que deux bouffées lorsque Adhara la rejoignit. Elle fit mine de ne pas le voir, le regard perdu dans le vague, loin devant elle. Il se plaça derrière elle et l'enveloppa de ses bras. Son menton se posa sur son épaule. Elle soupira, essayant de balayer toutes les mauvaises pensées qui l'assaillaient.

« Je ne voulais pas t'insulter. Excuse-moi. »

Adhara comprenait qu'il aurait dû prendre des pincettes, surtout si elle n'avait pas connaissance de sa nature profonde. Il enfouit son visage dans le cou de la jeune femme. Son souffle se perdit contre sa peau et Hedony frissonna. Un courant électrique traversa son dos pour se perdre dans ses reins. Elle cambra légèrement le dos, les sens en ébullition. Toute sa mauvaise humeur fondit comme neige au soleil et alors qu'Adhara vint déposer un baiser sur son épaule, elle se laissa aller contre lui.

« Si je suis une succube, toi, tu es quoi ? »

Les lèvres du jeune homme frôlaient sa peau en souriant.

« Pour faire simple, je suis un ange déchu. »

Elle gardait le silence. Il lui laissait le temps de digérer l'information.

« Un ange... répéta-t-elle pour elle-même. T'es pas sensé avoir des ailes alors ?
— Pas quand on est déchu...
— Qu'est-ce que tu as fait pour ça ? T'as fait quelque chose de mal qui plaisait pas au Seigneur ? »

Elle disait ça avec ironie.

« J'ai fait beaucoup de mal... et du bien aussi, j'espère. Peut-être beaucoup moins, certes, mais mes parents étaient déchus avant moi, je n'y suis pour rien là-dedans. »

Il tanguait de gauche à droite, comme s'il voulait bercer la jeune femme dans ses bras. Ils contemplaient les étoiles dans le ciel et profitaient du calme de la nuit. Hedony appréciait ce petit moment de complicité. Cela lui donnait l'effet d'être un couple, avec ses hauts et ses bas. Mais elle restait lucide, elle ne voulait pas s'attacher. Ça faisait trop mal de s'attacher. Même le temps d'un instant. Puis elle savait pertinnement bien qu'Adhara était comme elle... Une âme libre et solitaire.

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