136.2 - La boîte de Pandore

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— Circulez ! ordonna le Général Wolfe. Ces ossements sont déterrés pour une question de vie ou de mort. Vous connaîtrez les raisons plus tard !

— Nous sommes des citoyens de cette ville, nous avons droit de savoir tout ça maintenant ! hurla une vieille dame grincheuse, qui leva sa canne en l’air.

— Ce n’est ni le moment de créer une émeute ou de vous en remettre à la violence, insista Shayne. Nous venons d’apprendre une terrible nouvelle de la bouche de notre prisonnier. Votre président et son équipe sont en train de gérer la crise de leur mieux.

— Ouais, mais pourquoi déterrez-vous la tombe de Pandore ? Que voulez-vous faire avec sa boîte ? Dans mon jeune temps, il nous était formellement interdit de s’approcher de cette partie du cimetière, jeune homme !

— Hélas, tous les dieux qui s’occupaient jadis de ce monde sont morts durant la guerre et les autres ont élu un nouveau chef jusqu’à ce que des élections aient lieu. Pour le moment, tout ce que je vous demande, c’est de nous faire confiance !

— Pfft ! Vous me dégoûtez…

La vieille dame fit demi-tour et retourna chez elle, comme la plupart des citoyens, venus manifester leur mécontentement. Shayne réalisait que ce que Flint et Misaki avaient fait, était un acte immoral, mais si cela pouvait servir à leur cause, qui était-il pour les en empêcher ? L’albinos et lui avaient croisés le jeune homme, alors qu’il sortait de la grange, avec sa pelle. Il leur avait expliqué par la suite ce qu’il avait découvert, ou plutôt ce qu’il pensait être un noyau de création dormant.

— C’est une jarre… ? questionna Misaki, confuse.

— Oui, mais c’est aussi une boîte, déclara Flint.

Il baissa son regard vers les ossements de Pandore et retira délicatement le bras gauche du squelette, ainsi que le bras droit. Autour de la défunte, il y avait des pierres précieuses, ainsi que des restes de vêtements qui avaient été rongés par les termites, comme le reste de la tombe. Ce cercueil empestait la poussière, ainsi que la moisissure.

— Je suis désolé, Pandore, mais votre boîte pourrait nous sauver la vie… dit Flint en s’adressant aux ossements. Je vous la ramènerais lorsque nous n’en aurons plus besoin.

— Je ne crois pas qu’elle puisse t’entendre, remarqua Misaki.

— Possible. Après tout, les gens qu’on enterre ici, ne sont pas réincarnés.

— Était-elle une criminelle ?

— Je ne crois pas… mais le premier Zeus s’en est servi comme une arme de guerre, afin de punir les premiers humains, qui sont par la suite devenus des démons… si on en croit les dires de Satan.

Shayne, curieux, observa le jeune homme alors qu’il sortait du trou où il avait ramassé la jarre poussiéreuse. Il l’aida à se relever.

— D’où t’es venu une idée pareille ? demanda-t-il avant de pointer l’objet.

— J’ai lu ça dans livre que j’ai trouvé, quelques semaines plus tôt.

— Eh bah. Je ne savais pas que tu aimais lire.

Pendant ce temps, Gabriel arriva au cimetière. Il n’avait pas de bonnes oreilles, mais avait quand même entendu quelques mots de ses camarades et de son mari. Il afficha un air inquiet à Flint qui lui sourit bêtement.

— Mais dans quel pétrin tu t’es encore fourré, mon lapinou ? formula le colosse.

— Tu me remercieras peut-être lorsqu’on aura ouvert cette jarre. Il s’agit de notre issue de sortie, d’après moi. Mais il n’y a qu’un problème…

Le blond tenta d’enlever le couvercle de la jarre, hélas celui-ci demeurait coincé.

— Je crois que seul Pandore pouvait l’ouvrir et malheureusement, elle n’est plus avec nous. Il faudra qu’on consulte nos mages.

Embêté, le gros barbu grogna.

— Mais allez-vous me dire ce qui se passe, à la fin ?

— On croit qu’il s’agit d’un noyau, expliqua Flint.

Gabriel cliqua des yeux rapidement. Son expression passa rapidement de la frustration, à l’émerveillement.

Voilà pourquoi Nash avait l’air inquiet, un peu plus tôt, pensa-t-il.

Il se passa ensuite une main dans sa barbe avant de ronchonner :

— Vous m’avez fait peur, bon sang ! Par contre, comment se fait-il que les démons ne l’aient pas détecté, si c’est bien le cas ?

— Parce que c’est un noyau endormi, voilà tout, expliqua son mari. Si c’est bel et bien le cas, en tout cas. S’il existe vraiment, nous allons pouvoir nous en servir et sauver ce monde. Nous n’aurons plus à fuir.

L’imposant châtain leva son regard le ciel et mit ses mains derrière la tête, ensuite, il soupira de soulagement. La dernière chose qu’il voulait était de mourir une deuxième fois. Finalement, il avait eu raison de croire en Flint et ses amis.

Vers la fin de l’après-midi, Flint, Cassandra et Luna étaient rassemblés à la bibliothèque. Le blond essayait d’ouvrir la boîte avec le bout non-tranchant de son épée, mais n’y arrivait pas. Pendant ce temps, la guérisseuse et la magicienne essayaient de comprendre les symboles écrits dans l’encyclopédie que leur avait montré Nash, un peu plus tôt. L’elfe lisait dans le manuscrit en question, alors que la magicienne consultait un vieux dictionnaire sur la langue grecque classique.

— Je ne sais pas, marmonna cette dernière. Je n’arrive pas à déterminer les sons… kata… stré… psei ? Apo… kaly… psei ? Je détecte aussi deux fois le mot ‘na’ et une fois ‘gia’.

— Ça ressemble à apocalypse et catastrophe, tout ça, répondit le capitaine, qui fit une grimace.

— Comme toutes les langues, je suis certaine qu’il doit y avoir un double-sens à tout ça. Laisse-moi faire un peu plus de recherches et peut-être que je comprendrais ce que ça signifie. Ça te va ?

Flint haussa les épaules. Il n’avait rien d’autre à faire, ce jour-là. Son père lui avait donné congé pour qu’il puisse aider Cassandra et Luna à résoudre cette énigme. Finalement, il choisit de rester dans la bibliothèque et aider la magicienne avec un autre dictionnaire. À trois, ils finiraient bien par trouver un sens à cette phrase.

Une heure plus tard, le président raconta tout ce qu’il avait appris, ce jour-là, aux membres du Conseil. Rapidement, la panique surgit dans la salle où avait eu lieu cette réunion, mais leur supérieur direct réussit à les calmer. Celui-ci leur rappela que son fils faisait de son mieux pour comprendre le message codé, qu’Athéna leur avait laissé. Plusieurs d’entre eux n’avaient jamais vu ces symboles de leur vie, et s’étaient habitués aux lettres modernes. D’autres n’avaient que des connaissances basiques de la langue grecque.

— Quelle bande d’imbéciles, nous sommes ! tonna Hercule avant de se taper le front. Nos ancêtres auraient honte de ce que nous sommes devenus !

— Allons, ne dis pas ça Herc’, répliqua Artémis. C’est le Conclave qui en avait décidé ainsi, afin que l’on s’adapte aux nouvelles sociétés.

— Non, mais te rends-tu compte ? Du grec classique et nous ne sommes mêmes pas capable de comprendre ce que ça signifie ! Zeus doit se retourner dans sa tombe…

Nash, qui assistait à cette réunion, en tant qu’invité d’honneur, leva sa main.

— En fait… Zeus et ses précédentes incarnations sont toutes en moi… Mais bon ! Ils comprennent aussi pourquoi ces décisions ont été prises. La plupart de vos prédécesseurs trouvaient certaines prononciations difficiles, alors ils ont appris d’autres formes d’écritures. Même moi, je n’ai pas été capable de déchiffrer ces mots.

— Dans ce cas, qui le pourra, si les anciens Zeus ne peuvent même pas t’aider ?

— Il ne faut pas sous-estimer Luna. C’est la jeune femme la plus brillante que je connaisse. Sans elle, nos amis n’auraient pas survécu aux nombreuses années passées à Célestia. Athéna l’a formée, pour ainsi dire, à devenir une bonne remplaçante.

Apollon, assis à côté de sa sœur, se pencha vers Nash.

— Alors, pourquoi ne pas lui transmettre son titre, puisqu’Athéna n’est plus des nôtres ?

— Parce que Luna l’a déjà refusé, répliqua le général. Elle n’est pas intéressée aux politiques du Saint Royaume, mais à l’intelligence et à la sorcellerie.

— Sarah serait plutôt celle qui devrait la remplacer, proposa Artael. Mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Elle a encore de la difficulté à accepter qu’elle soit sa fille.

— Pfft… ça fait pourtant un mois, non ? commenta Artémis.

Le président allait lui répondre, quand la porte de la salle du Conseil s’ouvrit rapidement, avec un Flint Markios complètement essoufflé. Ce dernier tenait toujours la jarre entre l’un de ses bras et s’approcha rapidement de la table ronde, où étaient rassemblés la vingtaine de dieux. Ils se tournèrent tous vers lui.

— Flint ? Que se passe-t-il ? demanda son père.

— Luna a trouvé la réponse, dit celui-ci, après avoir repris son souffle. L’expression employée par Athéna était en fait un jeu de mots. Notre amie a conclu que ça voulait dire : briser pour révéler.

Plusieurs divinités présentes dans la pièce s’observèrent, confuses par cette phrase.

— Briser quoi ? interrogea Hercule, interloqué.

Ceci, quoi d’autre ? expliqua Flint qui souleva la jarre. Maman voulait que l’on brise la boîte de Pandore afin de révéler quelque chose d’important !

Il y eut des halètements, des cris de surprise ou de peur ici et là, mais Artael et Nash furent les seuls à prendre le capitaine avec sérieux. Si Athéna avait écrit cette instruction, c’était parce que cette jarre l’intriguait.

— Ça serait un sacrilège que de détruire une relique aussi importante de notre passé ! déclara Apollon qui se leva de son banc. Cette pièce mériterait de finir dans un musée et non en pièces ! Je suis contre cette idée.

— Je pense la même chose, dit la dame au faux mohawk, à ses côtés.

— Merci Artémis. Si nos ancêtres l’ont placé entre les mains de Pandore, c’était pour respecter ce qu’elle avait fait pour nous, pas pour s’en moquer. Cette jarre ne doit surtout pas être détruite ! Vous devez trouver un autre moyen de récolter ce que vous cherchez !

Flint roula des yeux et posa l’objet magique sur la table.

— Alors quoi ? fit ce dernier en gesticulant une main en l’air. On essaie de faire venir un sorcier puissant, autre que Apollon qui ne veut pas détruire cette œuvre d'art, pour extraire le noyau ? Je vous rappelle que nous ne sommes plus que quelques centaines de gens à habiter cette planète. Nos ressources sont de plus en plus limitées… Nous devons prendre ce risque.

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