127.1 - Le fléau des anges

6 minutes de lecture

Le 25 octobre 3918 AD, soit quelques jours après l’arrivée du Célestia au Saint Royaume, le moral de l’armée s’était grandement amélioré. Au départ, plusieurs d’entre eux, s’étaient opposés à l’intégration de Perséphone et ses acolytes, dans leurs rangs, mais Athéna leur avait rapidement fait comprendre qu’ils avaient tous été trahis par le Conclave et que leur faction avait besoin d’eux, coûte que coûte.

Résignés, Apollon et Artémis n’avaient plus le choix de collaborer avec le trio, afin de mener leurs hommes aux nombreuses batailles qui se déroulaient sur les plaines de la capitale. Athéna, quant à elle, avait repris le flambeau de sa petite sœur et était devenue leur nouvelle commandante – titre dont elle se débarrasserait une fois que la guerre serait terminée et que la paix serait revenue.

Artael faisait partie de l’équipe menée par la princesse, alors que les membres de la Septième Brigade les suivaient de près. Le jour précédent, ils avaient libéré plusieurs sites de campements et agrandi leurs rangs. Pour ce faire, ils avaient sauvé des anges déchus et les avaient transposés à travers les cristaux qu’on leur avait passés avant de partir des quartiers généraux. Il leur fallait retrouver les troupes de Poséidon, d’Hermès et d’Héphaïstos, car ces derniers seraient des atouts importants pour leurs prochains combats.

Où sont-ils allés ? avait demandé Athéna à Apollon.

Au nord, pour rejoindre les dieux égyptiens. Malheureusement, leur faction est tombée depuis plus d’une semaine et nous sommes toujours sans nouvelles d’eux.

Nous devrons donc déplacer tout le monde vers le nord !

D’un ton résolu, la déesse avait ordonné à tous, au quartier général de leur armée, de démanteler leur site et de migrer en direction de leurs bases. Ils avaient campé chaque nuit, afin de récupérer des forces, mais avaient dû abandonner les plus faibles derrière eux, qui étaient protégés par quelques personnes. Le Célestia ne pourrait plus voler pour quelque temps ; les techniciens avaient décidé de se servir des champs de forces afin de protéger les âmes innocentes. Quelques-uns des meilleurs hommes de leur armée avaient offert leurs services, ce qui avait rassuré Nash, avant que leurs troupes repartiraient au combat.

Aux petites heures du matin, ce jour-là, Flint et Gabriel n’arrivaient pas à dormir. Tous deux étaient assis près d’un feu, éloigné des tentes où les autres dormaient. Dia dormait paisiblement dans leur tente, aux côtés de Charlie. Pendant ce temps, le colosse venait de terminer de manger un morceau de viande séché. Il avait peur.

— Ce monde est beaucoup plus lugubre que je l’imaginais, mentionna le capitaine, qui traçait des formes irrégulières au sol, avec un doigt.

— Des cadavres, des cadavres et encore des cadavres, déglutit son mari.

— Nous avons vu combien de villages détruits, déjà ?

— Six, environ… Très peu de survivants.

Le capitaine de la Septième Brigade avait ressenti l’inquiétude dans la voix de son époux. Le gros guerrier était de plus en plus nerveux. Depuis qu’ils étaient arrivés au Saint Royaume, il ne blaguait plus tellement et tremblait parfois dans son sommeil. Comme toujours, il marmonnait des mots en rapport à Randy et parfois même, ses futurs petits-enfants. Il faisait des cauchemars chaque nuit. Cet endroit le terrifiait.

— C… ce n’est pas du tout le paradis auquel je m’attendais, couina Gabriel.

— Moi non plus, si ça peu te rassurer. Je regrette déjà la belle Célestia, lorsqu’elle était à son état le plus magique… magnifique, surtout.

— Nous devons faire en sorte de sauver nos amis…

Flint hocha la tête, et caressa le dos de son chéri. Tous deux observèrent les flammes du feu de camp, en silence, pendant un court moment.

La veille, le Général Hercule avait reçu l’ordre de rentrer aux quartiers généraux, suite à une blessure à la hanche qu’il avait subite durant leur dernier combat. Il fut escorté par quelques soldats, sur le dos de son pégase. Leurs meilleurs guérisseurs se trouvaient tous au vaisseau, afin de soigner les blessés et les malades. Ils avaient failli le perdre.

Perséphone était constamment aux côtés d’Athéna et essayait d’éviter les foudres de leurs subordonnés. Elle parlait très peu et essayait quand même de se montrer autoritaire. Les soldats, pour la plupart, refusaient de l’écouter et la tolérait tout simplement. Thanatos, de son côté, faisait peur à tout le monde à cause de son titre de Dieu de la Mort. Hypnos n’avait aucun problème à se faire respecter, puisqu’il était le moins controversé des trois. Toutefois, le Dieu du Sommeil semblait utiliser un peu de ses charmes magiques afin de calmer les plus anxieux des anges qui l’entouraient.

— Parlons de l’avenir, veux-tu ? suggéra Flint, d’une voix douce.

— Ah… p… pourquoi ?

— Je crois que tu as quelque chose à me dire depuis quelque temps… Pas vrai ?

Gabriel hocha la tête, avant de passer une main dans sa barbe garnie. Voilà des semaines, qu’il avait oublié de la tailler, tellement il était préoccupé par ses rêves, ainsi que la guerre. Il posa ses yeux verts sur les flammes, près de ses pieds et s’allongea près de son partenaire, qui l’imita. Tous deux observèrent les étoiles, ensemble, face à face. Il faisait constamment nuit au Saint Royaume, depuis que les démons avaient lancé un puissant maléfice au soleil. Cela leur rappelait les ténèbres éternelles de l’enfer où ils avaient survécu pendant quelque temps.

— C’est un peu embarrassant, en fait, fit le colosse. Voilà des mois que j’essaie de vous en parler à, toi et tous les autres… Mais bon… Il m’arrive que je rêve souvent que tu m’as mis en cloque à quelques reprises et que nous avons formé une belle et grande famille… J’ai un vague souvenir de la simulation de la base lunaire, mais je me souviens t’avoir révélé que Gabriel, celui qui m’a précédé… était un homme trans…

— Je… je vois. Et ça te travaille depuis tout ce temps ?

— Oui… au point où je suis en train de me demander si je ne suis pas devenu fou…

— Mais non… Il n’y a rien de mal d’avoir ce genre de rêve. De toute façon, tu es un dieu polymorphe, désormais. Tu as le droit de faire ce que tu veux de ton corps.

Flint regardait son époux dans les yeux. Il remarqua que celui-ci avait commencé à pleurer. Il essuya une larme qui coulait le long de son visage.

— Mais il y a Lucas… marmonna Gabriel. Je ne veux pas lui faire de la peine…

— Chéri… Les lois de notre monde d’origine ne s’appliquent plus depuis que nous sommes devenus immortels. J’ai consulté les archives du vaisseau et j’ai compris comment les anges ont tendance à s’accoupler, après que Luna m’en a informé. La sexualité et l’identité du genre sont très différents au Saint Royaume. J’aurais cru que tu m’en parlerais, mais je savais que tu étais préoccupé, alors je n’ai jamais trouvé le bon moment pour que nous en discutions...

— Je… je vois. Je ne voulais pas vous effrayer avec de nouvelles révélations. Déjà que vous aviez tous mal pris cette histoire d’incestes…

Gabriel prit une longue respiration et demeura silencieux un moment. Il observa les étoiles, perdu dans ses pensées, avant de reprendre :

— M’aimerais-tu encore si je décidais de changer… mes organes reproducteurs ?

— Bah ouais ? Pourquoi cette question ? Si je t’ai marié, c’est parce que je souhaitais passer le reste de ma vie à tes côtés.

— Oui, mais tu dis tout le temps à quel point tu m’aimes comme je suis, répondit le colosse qui retourna son regard vers son époux.

— Gabriel…

Le blond lui caressa la joue et ajouta :

— Si tu veux connaître cette expérience, qui suis-je pour te juger ? Tu le sais bien que j’aime nos enfants. Je ne serais pas contre à l’idée de t’en donner d’autres.

Les joues de Gabriel s’empourprèrent.

— Tu… tu le penses vraiment… ? couina-t-il.

Flint hocha la tête.

— J’avoue que je n’y connais rien avec les… euh… chattes, mais j’imagine que Kylie ou bien Misaki pourraient bien me donner quelques tuyaux…

Gabriel pouffa de rire. Il n’était pas habitué d’entendre son mari prononcer ce genre de mot. Toutefois, il se sentit mal à l’aise.

Lapinou… soupira-t-il. Lucas va vouloir ma peau, quand il apprendra ce que je veux faire. J’ai pas envie qu’il prenne ça comme une insulte à son corps…

Annotations

Vous aimez lire TeddieSage ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0