126.2 - Nash et Cerbère

7 minutes de lecture

Il sortit son cristal à nouveau et absorba l’âme de la jeune femme. Il jeta un regard dédaigné vers son épée recouverte de sang et se dit qu’il allait devoir la nettoyer, une fois qu’ils en auraient fini avec ce campement. Il entendit le garde, derrière lui qui avait repéré la voix de sa partenaire. Nash fit aussitôt une roulade vers la gauche et se planqua dans un gros buisson. Tel un caméléon, le châtain passerait inaperçu, encore une fois.

Une heure plus tard, le roi arriva aux quartiers généraux de la résistance, titre que l’on donnait à l’organisation qui essayait d’éliminer Satan. Il s’agissait d’un simple camp, barricadé de tout ce que ses membres trouvaient dans la nature. Ils se trouvaient loin du château, mais avaient un vaste terrain. Ils pouvaient se cacher dans des ruines ou des cavernes, lors de leurs missions à l’extérieur de leurs murs, mais cet endroit était pour eux sécuritaire. Des mages protégeaient cet endroit en permanence avec de puissants champs de forces ; ils se relayaient à toutes les heures.

Le châtain était assis sur le dos d’un cheval ailé, un pégase qu’il avait emprunté au Général Hercule VI pour sa mission du camp ennemi. Le dieu en question était, semblerait-il, le descendant d’un fils du tout premier Zeus. Il avait toujours préféré servir l’armée, le titre de roi ne lui convenait pas. Athéna, son aînée, devait normalement succéder à son père, mais il en fut autrement, car on avait nommé Nash à sa place.

Le châtain, de son côté, avait renoncé à son titre quelques mois plus tôt lorsqu’il avait déclaré la formation de sa nouvelle faction. Cependant, il avait été forcé de reprendre son titre de roi, car les olympiens avait besoin de lui, plus que jamais.

— Votre Altesse ! fit un garde, lorsqu’il vit son souverain arriver à dos de pégase. Mages ! Baissez le champ de force ! Sa Majesté le Roi Zeus est entré !

— Pour la dernière fois, mon nom est Nash Markios ! articula l’épéiste.

Le soldat n’y fit pas attention, comme à chaque fois que le dieu tentait de se faire respecter. Celui-ci s’ennuyait de la bonne vieille époque où les gens l’appelaient par son prénom. Depuis qu’il était devenu le nouveau roi, c’était Zeus par ci et Zeus par là, car ce titre inspirait non seulement la confiance, mais aussi la bienveillance dans le cœur de ses sujets. Parfois, il inspirait aussi la peur.

Nash avait graduellement commencé à entendre les nombreuses voix de ses prédécesseurs, ce qui lui permettait désormais de puiser dans leur sagesse collective. Pour cette raison, on le respectait davantage qu’autrefois. Néanmoins, il avait aussi le côté fougueux des Markios. Cela faisait de lui un homme à ne jamais mettre en colère. Aucun soldat ou civil n’osait le contredire, de peur d’attirer ses foudres sur eux. Il était conscient que son ancien patron avait été un expert de la foudre, mais lui contrôlait mieux la nature. Seuls les autres dieux semblaient le traiter avec un peu plus de respect. Le Général Hercule faisait partie de ces gens.

— Ah ! Nash ! Te voilà ! fit une voix forte et enjouée, lorsque le roi traversa le camp avec le cheval ailé.

Le châtain avait déjà repéré le visage du véritable propriétaire de ce pégase. Le visage fin, le corps musclé, la peau légèrement bronzée mais luisante et les cheveux en broussailles définissaient les traits d’Hercule. Aussi blond que la plupart de ses cousins ou de ses cousines, il se faisait surnommer le Lion d’Or de l’armée. Il combattait principalement avec une lance et un bouclier, il avait tout d’un gladiateur. Son partenaire de sélection était, évidemment, le cheval ailé que l’épéiste empruntait occasionnellement.

— Quelles sont les dernières nouvelles ? interrogea Nash.

— Nous gagnons du terrain près du château, malheureusement nous avons perdu un campement au sud de la ville, ainsi que quelques-uns de nos soldats.

— J’ai réussi à envoyer mes compagnons élémentaires à destination, nous aurons très bientôt des renforts. Où sont les autres ?

— Comme toujours, tu trouveras Artémis et Apollon dans la tente du centre. Ces deux-là ne sont pas d’accord sur la procédure à suivre pour l’infiltration…

L’homme à la crinière blonde secoua la tête avant de lever les épaules. Toutefois, il s’approcha du pégase et lui caressa la nuque.

— Oh, tu m’as manqué, mon petit Rex, dit-il avec une voix plus enfantine.

Le cheval souffla à travers ses dents et poussa un étrange son, qui ressemblait à un rire. Hercule fit une bise sur le museau de sa monture, alors que Nash descendit.

— Dis, Herc', commenta celui-ci. Tu pourrais me rendre service et apporter ce cristal aux mages ? Dis-leur que j’ai récolté une vingtaine d’âmes, ce soir.

Le roi lui passa alors la gemme qu’il sortit de son sac et attendit pour une réaction de la part de son semblable. Le général finit par opiner du chef et accepta sa requête. Le châtain en profita donc pour se diriger vers la tente centrale du campement, c’était à quelques minutes de marche, de là. Peu importe où il mettait les pieds, il croisait des regards avec quelques soldats et civils qui se reposaient près des feux de camps. Il se devait de conserver une image respectueuse, en tout temps. Non seulement était-il l’un de leurs supérieurs durant cette guerre, il représentait aussi leur dernier espoir.

— Pour la dernière fois, Artémis, c’est du suicide, ton plan ! lâcha une voix à travers la tente. Tu vas nous mener à notre mort avec un plan pareil !

— Peut-être, mais le tien ne nous mènera nulle part ! rétorqua une deuxième personne.

— Ah ces deux-là… soupira Nash pour lui-même. Ils me font tellement penser aux Sanders… et dire qu’ils ne sont même pas jumeaux.

Cerbère préféra ne rien dire. Lui non plus, n’aimait pas tellement confronter le duo qu’ils s’apprêtaient à revoir, ce jour-là. Toutefois, ils étaient des membres hautement gradés de l’armée et ils méritaient toute son attention. Malheureusement, il craignait le pire.

Lorsque le roi entra dans la tente, voir le centre nerveux de son armée, son regard se posa sur une jeune femme à la chevelure brune, en mohawk tressé. Son visage était recouvert de peinture de guerre, mais ses yeux marron se posèrent sur son souverain. Arc en main, carquois attaché derrière le dos, la Commandante Artémis était une archère redoutable qu’il ne fallait surtout pas provoquer. Elle avait récemment changé sa vieille armure en cuir pour une nouvelle, dont le cuir venait d’une créature qu’elle avait tué elle-même, dans ses terres sacrées. Elle la portait en permanence, depuis qu’ils avaient commencé à camper à cet endroit. Elle gérait l’armée en l’absence d’Athéna qui serait mieux placé pour prendre les commandes. Elle avait accepté ce titre lorsque Nash l’avait renoncé, même si elle n’en voulait pas.

— La faction hindoue est tombée, déclara-t-elle à l’attention de Nash.

— Mince, répliqua-t-il. Que s’est-il passé ?

— Des démons se sont infiltrés dans leurs rangs et ont assassiné tout le monde durant la nuit. Il n’y a pas un seul survivant.

— Nous les vengerons.

Elle hocha la tête et retourna son attention vers son frère cadet. C’était un jeune homme aux mêmes couleurs que cette dernière, sauf qu’il était beaucoup plus distingué et portait des vêtements propres. Apollon, avant la guerre, était l’un des organisateurs de spectacles et un artiste hautement reconnu de la communauté. En ces temps troublés, il agissait en tant que mage et guérisseur. Au fil des dernières années, il avait passé beaucoup de temps en compagnie d’Athéna et de Nash, afin de prendre le thé avec eux. Lui et sa sœur étaient respectivement l’oncle et la tante des jumeaux Sanders. Nash se demandait comment ils réagiraient lorsque ces derniers reviendraient au Saint Royaume. Il se souvenait de leur histoire particulière.

— Que me vaut cette dispute ? formula le roi, qui analysa le frère et la sœur.

— Art’ veut infiltrer le château avec quelques-uns de nos hommes, afin de récolter d’autres cristaux, commenta Apollon. C’est de la pure folie ! Nous avons déjà perdu les hindous et les divinités égyptiennes, je crains le pire pour la faction judéo-chrétienne !

— Voyons, mon frère ! Tu n’as aucune raison de t’inquiéter. Avec davantage de cristaux, nous pourrions augmenter nos chances de survies !

— Mais on a besoin de toi ici ! On court tout droit à notre perte !

Ils se toisaient. La tension était si palpable que Nash roula les yeux. Celui-ci avait l’impression de se retrouver, une vingtaine d’années plus tôt, alors que Flint et Lucas se disputaient pour diverses raisons. Il se demandait d’ailleurs, s’ils allaient bien.

— Avant de prendre une décision que vous pourriez regretter, commença le roi, sachez que j’ai contacté votre sœur Athéna. Ses esprits élémentaires sont désormais à ses côtés. Elle ne devrait pas tarder à nous rejoindre, d’ici peu.

— Ah, mais c’est une bonne nouvelle ! s’exclama Artémis. Elle va enfin pouvoir gérer nos troupes. Je ne suis vraiment pas qualifiée pour ce poste…

— Comment t’as fait ? fit Apollon qui n’avait pas fait attention aux paroles de sa sœur. Est-ce que tu as eu de la difficulté ?

Nash leur expliqua alors comment il avait mouchardé la salle des machines avec une puce électronique, reliée à sa bague magique. Il pouvait donc détecter la distance à laquelle se trouvait le vaisseau. Son petit discours fit sourire la chasseuse, mais son frère haussa un sourcil. Il était étonné que Nash ait pensé à tout, avant de fuir Célestia.

— En tout cas, on pourra remercier notre père d’avoir pensé à déguiser ce vaisseau par une planète, dit Apollon. C’était ingénieux de sa part. Quel artiste !

— Je ne vois pas en quoi la science est un art, mais bon… râla Artémis.

Annotations

Vous aimez lire TeddieSage ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0