125.3 - Retrouvailles dans l'espace

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Son expression changea rapidement de la douce et joviale louve, pour montrer de l’agacement et du mépris. Elle grogna et bomba le dos comme un chat.

— Je t’assure que tu n’as rien à craindre de ma sœur. Elle a été enfermée dans l’autre dimension d’Aeglys, par erreur, relata la déesse.

— Ouais, bah, tu nous as ordonné de la garder là-bas, coûte que coûte ! Ils t’ont fait un lavage de cerveau ou quoi ? Parce que moi j’appelle ça de la trahison !

Mécontente, la louve fit volte-face et s’allongea au sol avant de grogner. Elle se croisa les pattes et bouda. Nox, de son côté, roula des yeux.

— Notre tâche était surtout de protéger l’humanité, elle ne nous a jamais dit pourquoi, déclara la panthère. Nous avons suivi sa demande à la lettre.

— Ouais, bah, moi j’appelle ça du foutage de gueule ! poursuivit sa sœur.

— Dia, franchement… cesse de te comporter comme un bébé…

Pour toute réponse, la louve lui sortit la langue. Flint pouffa de rire si fort que cela perturba Athéna et Shayne. Curieuse, Dia se tourna vers lui.

— Qu’est-ce qui te prend, tout à coup ? demanda le général.

— Non, mais, tu l’as entendu parler ? commenta Flint. On dirait moi, en 3913 !

— Ah… maintenant que tu le dis… Pfft…

L’ex-vampire se mordit la lèvre inférieure et essaya d’étouffer un gloussement, mais ce fut plus fort que lui. Quelques secondes plus tard, il éclata de rire à son tour, en compagnie de Nox. Athéna n’était pas certaine de comprendre leur référence. Elle cligna des yeux. Agacée, Dia fouetta le sol avec sa queue.

— Tu lui as sûrement transmis des traits de ta personnalité au fil du temps, mentionna la princesse, qui voulait participer à la conversation. La relation entre un porteur et son esprit élémentaire est tellement intense que parfois, des habitudes se transmettent chez l’un et chez l’autre. Ce phénomène existe sous différentes variations.

Flint opina du chef, sans même regarder sa mère. Dia avait remarqué la tension entre le blond et sa mère, mais avait préféré ne rien dire. Elle se rassit après s’être tournée vers les autres et secoua sa longue queue avec acharnement. Nox, quant à lui, se lavait l’arrière d’une oreille avec sa patte.

— Quoi qu’il en soit, nous allons devoir modifier nos plans, reprit Athéna. Si Satan est impliqué dans cette affaire et que notre ennemi n’est plus vraiment le Conclave, nous allons devoir prendre une approche différente.

— Que proposes-tu, dans ce cas ? questionna l’ex-vampire.

— Une plus petite équipe devra s’occuper de sauver les âmes du Jardin d’Éden, alors que le reste d’entre nous assistera l’armée dans les premières lignes. J’enverrais toutefois Cassandra et d’autres personnes assister les soigneurs…

— Ça tombe bien, ils campent tous à quelques kilomètres du château, expliqua Nox. La nécropole où sont enterrés la plupart des anciens dieux est protégée par les dernières divinités actives. Des représentants de toutes les factions y sont présents.

Athéna afficha un petit sourire en coin, mais cela n’avait rien de positif. Elle semblait dégoûtée par cette nouvelle.

— Pourquoi fais-tu cette tête ? demanda Shayne.

— C’est typique des dieux, ça. Ils ne pensent qu’à eux et leurs disciples, mais au moment où notre nation entre en guerre, ils se serrent les coudes… Et dire que je me suis tuée à leur répéter, des milliards de fois, que notre monde était en danger…

— Ce n’est pas de ta faute, ils étaient inconscients que la menace était réelle.

— Voilà ce que ça apporte d’être une exclue qui a désobéi au Conclave, personne ne m’a prise au sérieux pendant près de quatre mille longues années.

Flint fit alors un étrange parallèle entre sa mère et son existence avant de rejoindre les brigades. Tout comme elle, il avait été mis à l’écart, simplement parce que les membres du Conseil l’avait trouvé trop immature et qu’il était de nature impulsive. Il était loin d’avoir l’ingéniosité d’Athéna. Néanmoins, sa détermination et son grand cœur avait su impressionner ses pairs, au fil des dernières années.

— Maintenant, tu nous as… c’est tout ce qui compte, grommela le blond.

Il ne regarda même pas la princesse, gêné par ses actions récentes. Les mains dans les poches, Flint avait l’impression d’être de trop, dans cette pièce.

— Ça me touche vraiment, ce que tu dis, remarqua Athéna.

Le ton de sa voix était chaleureux et empli d’amour ; cela provoqua un malaise chez le capitaine, qui préféra sortir de la chambre. Il s’excusa et s’éloigna, la tête basse. La porte automatique s’ouvrit et se referma derrière lui. Intriguée par la réaction de son porteur, Dia décida de le suivre.

— J’ai encore gaffé, soupira Athéna.

Shayne ignorait comment intervenir. Il se contenta d’hausser les épaules.

¤*¤*¤

Quelques minutes plus tard, la louve finit par retrouver Flint qui s’était aventuré dans la serre où poussait de nombreuses plantes. Elle avait repéré son odeur facilement quand elle était sortie de la chambre, mais n’avait jamais vu cette pièce. Ça lui avait pris trois minutes pour trouver la bonne porte ; elle s’ouvrit pour la louve, sans problème. Le jeune homme entretenait quelques plantes et arrachait des mauvaises herbes pour se changer les idées.

— Ah ! Te voilà, toi, fit l’animal. Tu m’inquiètes beaucoup tu sais ?

— Désolé, j’ai de la difficulté à gérer mes émotions quand ma mère est dans les parages.

— Je sais… Je commence à te connaître assez pour savoir quand tu n’es pas dans ton assiette. Quand tu as touché ma fourrure, un peu plus tôt, j’ai détecté ce sentiment étrange qui ronge ton âme. Tu lui en veux… n’est-ce pas ?

C’est compliqué, avait voulu lui répondre le capitaine, mais il ne le fit pas. Au lieu de cela, Flint prit un arrosoir et versa un peu d’eau sur les plants de légumes qui n’avaient pas reçu une seule goutte depuis la journée précédente.

— Je n’arrive plus vraiment à me sentir en sécurité, à cause de ses nombreuses révélations, lui dévoila-t-il. J’ai l’impression que mes frères, ma sœur et moi, nous ne sommes que des armes de guerres et rien de plus.

— Ce n’est pas ce qu’elle prétend, en tout cas. Elle vous a toujours aimés.

— Je ne sais pas si je devrais m’en réjouir ou rester sceptique. Rien ne nous dit qu’elle a mis cette réponse dans ta tête pour que tu me remontes le moral. Tout est calculé d’avance, avec cette femme.

Dia savait que Flint avait des périodes dépressives, mais en cet instant, elle était découragée que celui-ci ne fasse rien pour soigner cette maladie mentale. Sa négativité commençait à lui peser lourdement sur le cœur.

— En tout cas, tant que tu seras dans cet état, ne comptes pas sur moi pour prendre l’apparence de ton arme, fit la louve. Ton attitude pourrait facilement me corrompre.

— Je sais, je sais. C’est pourquoi je suis venu me détendre dans la serre… mais tu es venue m’interrompre.

— Ce n’est pas une excuse, grogna Dia. Tu es mon porteur, oui ou non ?

L’animal s’approcha de son partenaire et lui donna un coup de mufle sur la jambe. Flint s’interrompit dans ses mouvements.

— Oui, mais à quoi bon ? Aeglys n’existe plus, que je sache, dit-il.

— Peut-être, mais ta tâche restera toujours celle de protéger l’humanité. En ce moment, des gens ont besoin de toi et des autres brigadiers. Tu as le devoir de les libérer de ces démons et de leur trouver une nouvelle terre sécuritaire. Si tu ne veux pas le faire pour Athéna, fais-le au moins pour les gens qui sont morts lors de cette guerre… Les Doyle n’ont pas mérité d’être tués encore une fois, mais ils se sont sacrifiés pour notre cause.

Flint se souvint alors des paroles de la panthère, un peu plus tôt. Il leur avait raconté comment Derek et Gretta Doyle s’étaient mis devant un groupe de civils innocents, afin de les protéger contre les démons. Ils furent tués rapidement, suivis de Marcus et de Misha.

Aux dernières nouvelles, Yosuke Megumi était toujours vivant. Le maître des armes ferait partie d’un escadron d’anges et aurait mené ces derniers à plusieurs victoires.

Le capitaine de la Septième Brigade conclut que Dia avait raison. Il se devait d’aider ces gens qui combattaient pour leur avenir, ainsi que leurs convictions.

Mais à quoi est-ce que ça rime, un avenir dans le monde spirituel ? se dit-il. Tout est à notre portée de main, du moment qu’on a un noyau de création en possession. La vie est tellement devenue facile et monotone, depuis que nous nous sommes réincarnés…

— À quoi penses-tu, Flint ? interrogea la louve.

Il y avait trop longtemps qu’ils avaient synchronisé, elle avait de la difficulté à lire dans ses pensées. Elle pencha la tête d’un côté et essaya de sonder son esprit.

— Au fait que je n’ai pas envie d’être un dieu pour l’éternité, avoua le blond. Ma carrière à Baldt me manque. Au moins, tout ce que je désirais, je l’obtenais avec un effort. Dans le monde spirituel, tout est trop facile. Où sont les défis à relever ? Où est le plaisir de gagner quoi que ce soit ? Cette vie n’est pas pour moi.

— Tu n’es pas le premier qui m’en parle, à vrai dire. Même Nash trouvait les noyaux un peu trop accessibles, avant le début de cette guerre. Depuis que Satan a envahi le château, par contre, ses sbires se sont emparés d’eux. Maintenant, plusieurs planètes sont affectées à cause de leur toute nouvelle influence.

— Je n’y avais pas pensé à ça…

Le capitaine déposa l’arrosoir de côté et se mit une main sur la hanche. Il avait oublié que même s’il était devenu un dieu, les mortels devaient toujours vivre une existence normale. Si Satan avait commencé à corrompre ces planètes, il finirait par se créer une armée qui serait presque infinie. Cette créature devait être arrêtée. Il prit une grande respiration, puis se dirigea en direction de la sortie de la serre. Dia l’avait convaincu d’agir. Cette dernière, satisfaite, décida de le suivre en chantonnant gaiement. Le vaisseau allait entrer dans l’atmosphère du Saint Royaume, d’ici peu.

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