124.1 - Une chute inattendue

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Le 18 octobre 3918 AD, un mois après l’attaque mystérieuse à bord du Célestia, l’équipage était finalement arrivé dans le même système solaire où la planète du Saint Royaume existait, près de son astre solaire. L’attaque des clones ne fut pas oubliée pour autant, car quelques personnes avaient succombé à leurs blessures et d’autres avaient toujours de la difficulté à s’approcher des membres de la Septième Brigade.

Flint et ses camarades avaient reçu l’ordre de rester dans l’aile ouest du vaisseau pendant quelque temps, afin que les autres passagers du vaisseau puissent récupérer psychologiquement. Heureusement pour tout le monde, l’ennemi ne les avait pas retrouvés suite à l’embuscade surprise. Ils n’avaient toujours pas découvert qui les avait trahis et donné leurs coordonnées précédentes au Conclave. Peut-être qu’ils ne le sauraient jamais. Ils ignoraient même si le vaisseau était mouchardé. Ils n’avaient rien trouvé qui aurait pu leur prouver le contraire.

— Je n’aime pas ça… je n’aime pas ça du tout… dit Athéna qui observait la planète, depuis la grande fenêtre de la salle de pilotage. Vous ressentez la même chose que moi, n’est-ce pas ?

Entourée de Perséphone, Hypnos, Thanatos et Artael, la Princesse de l’Olympe avait détecté une énergie maléfique qui émanait du Saint Royaume.

— Il est clair à mes yeux que la guerre spirituelle a pris de l’ampleur depuis notre exil, mais je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi glauque, poursuivit la blonde.

Le Dieu du Sommeil passa une main derrière sa chevelure blanche et se tourna vers Athéna. Il vit qu’elle n’allait pas bien, alors il tenta de la réconforter.

— Ne t’en fais pas, Nana, dit-il. Nous mettrons bientôt un terme à cette histoire.

— Ce n’est pas la raison pour laquelle je suis inquiète, soupira son interlocutrice. Je ne suis pas toujours d’accord avec les décisions du Conclave, mais j’espère qu’ils sont toujours sains et saufs. Le Saint Royaume ne s’en remettra jamais sans la présence de leurs chefs. À en juger l’ambiance malsaine qui règne dans ce système, les barrières des enfers n’existent plus. Nous risquons d’arriver au beau milieu d’un champ de bataille.

— Je propose que nous accostions près du château, le centre nerveux de toute cette guerre, suggéra Artael. Inutile de nous cacher, rendus là.

— Et risquer la vie de notre équipage ? Hors de question ! fit Perséphone. Nous devons trouver un endroit sécuritaire pour notre équipage et à partir de là, nous infiltrerons la ville. Après les dernières réparations du vaisseau, notre réacteur possède seulement assez de jus pour prendre la fuite jusqu’à Dickens.

Ils ne pouvaient pas se permettre de gaspiller l’énergie qui leur restait. Ils avaient dû en sacrifier beaucoup lors de l’invasion des clones afin de reconstruire les parties endommagées du vaisseau.

— La bonne nouvelle, c’est que l’élément de la création est abondant au Saint Royaume, expliqua Athéna. Du moins, selon mes souvenirs, parce que là, je ne ressens plus tellement de sa puissance…

Aggravée par ce constat, la blonde s’appuya sur le panneau de contrôle qui se trouvait devant elle. Elle appuya sur plusieurs commandes et fit apparaître des images holographiques devant les yeux de ses compagnons. Ils pouvaient voir une ville en ruine, où circulaient des démons et des anges déchus. Tout avait été ravagé et incendié. Il n’y avait pas un seul soldat ou civil. Plusieurs dépouilles traînaient aux pieds de ces criminels de guerres.

La princesse, qui se couvrit la bouche, afin d’étouffer un cri.

— Oh, je vais être malade… dit-elle, le visage blême.

— Ressaisis-toi, formula Perséphone, avant de claquer sa langue. Ta faction a besoin de toi, plus que jamais. Ne laisse pas ces cadavres te distraire de ton objectif.

— J’aimerais bien t’y voir, toi ! Ça se voit que tu n’en a rien à faire des civils. Est-ce vraiment une bonne idée de te léguer cette planète ?

Athéna s’était tournée vers sa sœur pour la fusiller du regard. La Reine des Enfers baissa ses yeux au sol. Autrefois, elle se serait moquée de tout ce qu’on lui disait, mais depuis qu’elle côtoyait les membres de cet équipage, elle s’était adoucie.

Décidément, mon titre ne me convient plus, se dit Perséphone. Je n’ai plus rien d’une reine. Je n’ai plus le choix de l’admettre, ma sœur serait un bien meilleur choix pour gérer le Saint Royaume. Je devrais lui en parler, quand les choses se seront calmées.

À cet instant, une ingénieure avec qui ils travaillaient depuis des mois, tourna son regard vers la capitaine du Célestia.

— Madame, je détecte un signal de détresse brouillé ! Me donnez-vous la permission d’éclairer tout ça ?

— Allez-y, voyons ce qui en découle.

— À vos ordres, capitaine !

Curieux, Artael reconnut une voix à travers les bruits statiques du signal. Ils pouvaient tous entendre la voix féminine à travers l’interphone de la cabine de pilotage.

— … sez… min… core… pouvait-on entendre à la radio.

L’ingénieure finit par arranger le signal et finalement, ils comprirent le message.

Attention, attention ! Ne vous posez surtout pas près du palais ! Peu importe qui entendra ce message, faites demi-tour. Tout est perdu. Venir nous aider serait du suicide ! Passez votre chemin, pendant qu’il en est encore temps ! Tous les membres du Conclave ont été assassinés et l’ennemi s’est emparé de notre palais, ainsi que toutes nos ressources. Ce message sera répété. Attention, attention ! Ne vous…

Athéna soupira et ordonna à la jeune femme de fermer l’appareil. Elle avait reconnu la voix de sa sœur, Artémis qui avait envoyé un signal de détresse dans l’espace. Cette dernière devait sûrement faire partie de la résistance.

— Était-ce qui je pense ? questionna Perséphone. Toujours vivante, celle-là ?

La princesse hocha la tête avant de s’adresser à ses collègues.

— Artémis et son frère Apollon sont des membres importants de notre armée. Je suis certaine qu’ils sont toujours vivants. S’ils ont laissé ce message, c’est qu’ils savaient que nous arriverions tôt ou tard au paradis.

— Ils disent que tout est perdu, devrions-nous les croire ? mentionna Hypnos.

— Je n’ai aucun lien psychique avec eux, depuis cette distance. Il me serait impossible de confirmer leurs dires. Nous devrons nous rapprocher un peu, dans l’espoir de contacter nos alliés. Continuons de survoler le système solaire, en mode furtif !

L’ingénieure, qui avait entendu ces paroles, opina du chef et déclara :

— À vos ordres, madame !

— Augmentez aussi nos boucliers de dix pourcents !

— Je le déconseille, Nana, ajouta Hypnos. Nous risquons de causer une panne du réacteur.

— Je connais mon vaisseau mieux que quiconque. Cette bonne vieille Célestia pourra endurer un peu plus de pression.

Athéna pianota sur son panneau de commandes et modifia les fenêtres holographiques. Le paysage dans les images montra une partie du palais qui s’était effondré, avec une multitude de démons ailés qui volaient autour du vaste bâtiment. Elle déglutit.

— Connaissant Nash, il doit sûrement avoir escorté plusieurs civils en lieu sûr, dit Artael. Si les esprits élémentaires sont toujours à ses côtés, j’imagine qu’il est aussi dans les premières lignes de l’armée.

— Ça m’étonnerait, parce que je ne ressens plus leur présence, expliqua Athéna. Soit leur énergie est très faible, soit ils sont morts. Je ressens toujours la présence de Nash, mais elle est trop faible pour que je puisse trouver ses coordonnées exactes…

— Espérons dans ce cas qu’il aura réussi à préserver leurs âmes. Dia, ses frères et sœurs sont d’excellents alliés. Flint et ses amis auront besoin de leur soutien lorsque nous arriverons sur votre planète.

— Je ne te le fais pas dire, Artie, mais c’est possible que l’ennemi les ait déjà convertis en démons. Tout ce que nous pouvons faire, pour le moment, c’est de prier pour leur survie et essayer de trouver des survivants qui pourront éclaircir cette affaire.

L’atmosphère était pesante pour toutes les personnes présentes dans la salle de pilotage. Ils savaient qu’ils n’avaient plus le choix de se préparer à l’inévitable combat auquel l’équipage s’était préparé mentalement et physiquement, depuis des mois.

De puissantes ondes psychiques volaient dans tous les sens au Saint Royaume, les gens à bord du Célestia arrivaient, pour la plupart, à les ressentir. Les créatures maléfiques surpassaient toutes leurs attentes. Ils plongeaient tous dans une guerre sans merci qui datait depuis plusieurs millénaires. Enfin, ils assisteraient à la fin de ce conflit. Personne, à bord du vaisseau, ne s’attendait à survivre. La plupart d’entre eux, toutefois, souhaitaient libérer la planète des dieux et rétablir l’ordre spirituel.

Athéna songea que le moment était venu de s’adresser à ses collègues de travail et de ses subordonnés. Pour cette raison, elle ramassa le microphone près de son panneau de commandes et appuya sur un bouton pour que sa voix se fasse entendre à travers tout le vaisseau. Il était temps pour eux de se préparer à combattre.

— Amis et passagers du Célestia… Ici votre capitaine qui vous parle. Comme vous avez pu le deviner, nous sommes à présent près du Saint Royaume. D’ici une heure, nous atteindrons notre planète. Malheureusement, elle est infestée de démons. Tout est en ruines, mais ne perdons pas espoir. Il y a sûrement des gens qui ont survécu à cette guerre. Je vous ordonne donc de faire de votre mieux et de sauver qui vous pourrez. Il est temps pour nous d’évacuer le Saint Royaume et de protéger quiconque ne pourra pas être en mesure de se battre.

Elle prit une pause avant de se passer une main dans les cheveux.

— Quant à vous, membres de la Septième Brigade, je compte sur vous afin de combattre à nos côtés, continua-t-elle. Notre objectif est toujours d’infiltrer le château et de nous frayer un chemin jusqu’au Jardin d’Éden. Nous devons aussi réclamer le système des âmes et retrouver tous ceux et celles qui nous ont été enlevés. Cette mission ne sera pas facile, mais j’ai foi en vous. Ne me décevez pas.

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