121.3 - Le souhait d'Artael

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Scottie s’approcha et mit une main sur l’épaule de son ami.

— Ouais, c’est bien ce qu’on s’est dit hier, lorsqu’on vous a entendu faire vos trucs.

Il lui fit un clin d’œil. Gabriel rougit ; la chambre de l’éclaireur et du mage se trouvait tout juste à côté de la leur.

— Si ça peut te consoler, j’en ai un pareil, déclara Wyatt. Je le porte en privé, par contre !

— Ah ! Êtes-vous aussi des adeptes du jeu de rôle canin ? questionna Gabriel.

— Nah. J’ai juste un penchant pour le cuir.

— Oh misère… soupira Shayne.

Ce dernier s’était attendu à tout, sauf de discuter de sexualité avec ses camarades. Il tenta de penser à autre chose que sa compagne en tenue de docteure. Il l’imagina aussitôt dans un accoutrement d’infirmière et grimaça de plaisir. Il se donna une claque au visage et se tourna vers le robinet de sa douche afin de s’éclabousser avec de l’eau froide.

— Va te soulager, mec, fit Scottie qui pouffait de rire. On est entre frères d’armes, ici. On ne te jugera pas.

— Oh ça va, je sais très bien que je suis entouré par des gays ! gronda Shayne.

— Et un pan… marmonna Wyatt entre ses dents.

— Mais c’est qu’il est susceptible, le lapin… formula Scottie, pour l’elfe basané.

— D’ailleurs, j’ai cru remarquer qu’elle est plus longue que la mienne, déclara le mage. La honte quoi ! Je me suis fait battre par notre général !

— Pfft, même celle de Flint dépasse la tienne, répondit Gabriel qui pouffa de rire.

— Quoi !? Merde… Comment fonctionnent les machines, déjà ? râla Wyatt.

— Toi, n’y pense même pas, bouda l’éclaireur, déçu.

Le colosse haussa ses épaules et se tourna vers ses compagnons.

— Bah, vous avez vu la mienne ? Elle est minuscule. On s’en fout, quoi. L’important, c’est ce qu’on en fait, pas à quoi elle ressemble.

Il mit ses mains sur ses hanches, dévoilant son corps fièrement à ses amis.

Scottie baissa son regard pour observer le membre de son ami cuisinier. À sa grande surprise, il n’y avait absolument rien. Au lieu d’y trouver un organe masculin, de la peau recouvrait le système reproducteur de la même manière qu’une poupée pour enfant. Gabriel avait censuré cette région pour faire une farce à son ami.

— Eh, tu triches ! formula l’éclaireur, déçu. T’as tout fait disparaître.

— Tu ne pensais quand même pas que j’allais tout te montrer ? pouffa le guerrier bedonnant, faussement vexé. C’est réservé qu’à Flint.

— Sacré Gabriel… gloussa Wyatt. Toujours plus d’un tour dans ton sac.

Shayne secoua la tête et jeta un coup d’œil par-dessous son épaule.

— Vous êtes vraiment bizarres, déclara-t-il. On dirait des nanas qui comparent la taille de leurs seins en plein pyjama party.

— Dis plutôt que tu es jaloux de notre affection pour les queues, rétorqua Scottie avec un sourire malicieux. Tu ne sais pas ce que tu manques.

— Je vais perdre ma carte membre des alliés si vous continuez à me provoquer…

Il fusilla ses collègues de travail, horrifié. Il se rinça rapidement, et s’éloigna, alors qu’il tremblait de tout son être. Le pauvre elfe hétéro s’était senti de trop dans cette conversation. Il s’était dit qu’il valait mieux pour lui d’aller se changer dans un compartiment vide, avant de se rendre à l’infirmerie. À mi-chemin vers sa destination, il repensa à Cassandra dans son uniforme d’infirmière et ressentit une érection encore plus forte que la précédente.

— Meeeeeeeeerde, vous m’avez perverti, bande de cons ! brailla-t-il à l’attention de ses camarades. Je vous jure que vous me le paierez aux prochains entraînements !

Gabriel, Scottie et Wyatt éclatèrent de rire en même temps.

Le gros guerrier décida de se rincer et se dirigea vers une petite table où il avait posé ses vêtements, tout près des douches. Il enfila un maillot de bain, puis décida de se rendre au jacuzzi. Le couple l’imita et vint le rejoindre, un moment plus tard.

— Dommage que Flint ne soit pas avec nous, fit l’éclaireur. J’aurais trop aimé voir sa tête avec Shayne ! Faudra raconter ça aux filles !

— Ouais, Kylie rirait à en pisser dans ses petites culottes, ajouta Wyatt.

— Dégueu.

Scottie grimaça de dédain, avant de se laisser couler dans l’eau chaude, jusqu’à la nuque. Il se trouva près de la grosse panse du guerrier, assis au bord de l’eau. Il flotta accidentellement jusqu’à lui et se cogna sur le ventre.

— Hé ho, n’essaie pas de me le voler, plaisanta le mage.

— Dis plutôt que tu veux l’essayer toi aussi, pouffa Gabriel.

— Nan. Sans vouloir te vexer, je préfère Flint.

— Tu as bon goût, dans ce cas !

Le gros barbu se laissa tomber dans l’eau afin de rejoindre son ami Scottie. Il fit déborder le bain chaud, à cause de son tour de taille.

— Inutile de te dire que tu prends toute la place, pouffa l’éclaireur. Les filles ne vont pas vraiment s’amuser…

— Bof, je ne compte pas rester longtemps. J’ai envie d’aller nous cuisiner un repas gastronomique pour célébrer cet entraînement !

— Dis plutôt que tu veux faire pleurer notre général.

— Bah, qu’il s’habitue. Je suis comme mon fils m’a créé !

Scottie rougit aux paroles de son grand ami. Il était impressionné de le voir si bien dans sa peau, malgré le fait qu’il avait tant d’imperfections. Tout comme ses amis dans la Septième Brigade, il avait remarqué les nombreux changements en Gabriel. Du jour au lendemain, l’homme timide s’était transformé en quelqu’un de fier et très amical. Il aimerait bien avoir la même assurance que lui.

— Tu l’as dit, Gab ! formula le jumeau Sanders, amusé.

— Ouep ! Et je ne changerais pas pour tout l’or de l’univers.

Gabriel mentait, mais ça, ils ne le sauraient pas avant un certain temps. Inutile de leur parler de ses épisodes nocturnes. Il comptait en parler en privé avec Cassandra, quand il aurait un peu plus de temps pour lui. Sa conversation avec Athéna l’avait beaucoup aidé à faire le tri dans son esprit. Il avait maintenant besoin de consulter un professionnel de la santé, alors son choix s’était arrêté sur la guérisseuse du groupe.

Un moment plus tard, le gros guerrier décida qu’il était temps de partir préparer le dîner. Il se rinça rapidement et se leva devant le regard de l’éclaireur, dont les yeux ne quittaient pas l’énorme bedon. Il l’observa s’éloigner, perdu dans ses pensées.

Afin d’attirer l’attention de son époux, Wyatt claqua les doigts devant ses yeux.

— À quoi penses-tu ?

— Je me demande comment c’est de vivre dans sa peau… Juste par curiosité.

— Mouais bah, je te préfère comme tu es.

— Je ne prétends pas détester mon corps, au contraire. Seulement, Gabriel me fascine. Je n’ai jamais connu un gros type comme lui, fier de ses formes. Je trouve ça bien.

Il se tourna vers son époux et esquissa un petit sourire en coin.

— Il y a aussi un autre truc qui me passe par la tête en ce moment… Je me demande si Flint et lui seraient d’accord pour faire un truc avec nous…

— Genre, qu’on fasse tous l’amour ensemble ? commenta Wyatt.

— Bah ouais ? Pourquoi pas ? C’est que du sexe après tout.

Le mage gloussa et s’approcha de son époux, qu’il embrassa sur la nuque. Scottie le laissa faire et l’enlaça. L’idée d’inviter Flint et Gabriel dans un ménage à quatre n’avait fait qu’éveiller en lui de nouvelles idées, en ce qui concerne son propre couple. Quelques secondes plus tard, il posa ses lèvres sur les siennes.

¤*¤*¤

Le capitaine de la Septième Brigade et son père se trouvaient au réfectoire habituel où ils avaient pris l’habitude de prendre tous leurs repas. Randell coloriait dans un coin, tandis que père et fils buvaient un thé et un café, respectivement. Ils avaient passé quelques heures à discuter des récents événements à bord du Célestia et tout ce qui concernait la guerre spirituelle. Artael avait informé Flint de tout ce qu’il savait, jusque-là. Cela rassura le jeune homme que son père ait décidé de tout lui expliquer.

— Donc, si on résume bien ce que tu viens de me dire : le Conseil pense qu’on ne pourra pas combattre les dieux du Conclave… dans notre état.

— C’est ça. Voilà la raison pour laquelle nous devons essayer de renforcer vos capacités mentales. Une fois que nous aurons pénétré leur système solaire, rien ne nous dit qu’ils n’auront pas déjà lancé une attaque contre nous. La puissance du Conclave dépasse tout ce à quoi vous vous êtes opposés par le passé.

— Gabriel m’a déjà prévenu à ce sujet. Nous ne devrions rien craindre tant et aussi longtemps que nous aurons les esprits élémentaires avec nous, n’est-ce pas ?

— J’ai bien peur que non. Même Dia et sa fratrie ne pourront faire quoi que ce soit contre les puissantes illusions auxquels vous pourriez être confrontés. D’après Athéna, il y a de fortes chances que ton oncle et votre amie louve soient déjà des prisonniers de guerre. Nous devrons donc tout faire pour les libérer de leurs cachots.

Flint se frotta le front, en train de réfléchir.

— Et nous devrions arriver dans combien de temps, déjà ? Un mois ?

— C’est plus ou moins le cas, si nous décidons d’augmenter la vitesse. Toutefois, ni Perséphone, ni Hypnos ne souhaite nous mettre en danger. Pour cette raison, nous allons ralentir le vaisseau et nous arrêter à quelques reprises sur des planètes où nous pourrons récupérer des ingrédients ou bien nous entraîner.

— J’ai l’impression que nous perdons un temps précieux. Ça fait déjà trois semaines que nous errons dans l’espace sans signe de vie de nos proches. Ils seront peut-être tous morts, à notre arrivée. Et tu l’as entendu toi-même de la bouche de maman : le réacteur ne pourra pas supporter davantage de résurrections, à ce rythme. Nous allons devoir en trouver quelque chose pour le remplacer.

À cet instant, Randell tourna son visage vers son père et son grand-père.

— Pourquoi ne vous servez-vous simplement pas des simulations de la salle des machines ? Vous y gagneriez un temps précieux…

Le grand blond se tourna vers son fils et cligna des yeux.

— Tu nous écoutais ?

— Bah ouais. Nous ne sommes que trois dans cette salle. Et ce n’est pas parce que je suis un gamin que je ne sais rien… J’ai conservé quelques souvenirs de mon ancienne forme.

Randell fixait toujours son cahier à colorier, alors qu’il discutait avec Flint.

— Souviens-toi de la base lunaire, papa. Hypnos a dit qu’il programmerait la réalité virtuelle, différemment, s’il fallait recommencer la simulation. C’est ça, la solution à tous vos problèmes. Changez les règles du jeu… Ainsi, votre nouveau Conseil pourra vous entraîner de manière plus avancée.

Bouche bée, le capitaine regarda son père, qui était tout aussi choqué que lui. L’ex-président et son fils au tempérament farouche en avaient presque oublié qu’en leur présence, se tenait un garçon qui fut autrefois l’un des plus puissants mages de Baldt. Il avait peut-être un petit corps, désormais, mais celui-ci semblait avoir conservé toute son intelligence. Quelques semaines plus tôt, il avait été comme une ardoise vierge. Finalement, les deux hommes trouvaient son idée excellente.

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