121.2 - Le souhait d'Artael

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Mais bon, nous savons tous les deux à quel point Gabriel est follement amoureux de toi, poursuivit son père. J’aimerais néanmoins que tu réalises ceci : parfois, je trouve que tu abuses de sa gentillesse. Il était autrefois un ami de la famille et maintenant il en fait partie. N’oublie pas tous les sacrifices qu’Athéna et lui ont faits pour nous. Nous leur devons Aeglys, après tout, et notre libre-arbitre dans cette guerre spirituelle.

— D’accord, je veux bien reconnaître que maman est une tacticienne hors-pair. Cependant, elle n’y connaît rien aux humains et nous prend souvent pour des cons. Elle devrait nous impliquer plus souvent dans les décisions de votre nouveau Conseil. Baldt était une nation démocratique, nous n’avons jamais le droit d’assister à vos réunions et…

Artael pouffa de rire si fort que cela fit sursauter le capitaine. Celui-ci cligna des yeux et pencha sa tête d’un côté. Il n’aimait guère cette sensation.

— Te moques-tu de moi, papa ? questionna-t-il.

Non, répondit celui-ci. Seulement c’est la première fois que je t’entends parler de politique de manière si passionnée. Je pensais que tu t’en fichais, pour être honnête avec toi. Se pourrait-il que tu souhaites devenir conseiller ?

— Je ne vois pas le problème.

Le mage recouvrit sa bouche et étouffa un gloussement. Cela embêta Flint.

Mon fils, poursuivit l’ex-président. Nous avons de la difficulté à te faire remplir des rapports de missions et de nous les remettre à temps. Crois-tu réellement que nous pourrions te donner un passe-droit, sous prétexte que tu es de notre famille ? Je te laisserais bien une chance, mais tu manques d’assiduité.

— Bah, ça se travaille…

Le capitaine se passa une main derrière la nuque et regarda dans une direction que son père ne pouvait voir, depuis sa position.

Ça fait des années que nous essayons de t’apprendre à ranger ta chambre ou à être à l’heure dans nos nombreux rendez-vous. Désolé Flint, mais je ne crois pas que l’on puisse te faire confiance pour le nouveau Conseil. En toute sincérité, tu es un excellent guerrier et capitaine de brigade, mais tu n’as pas l’étoffe d’un politicien.

Le concerné grogna et secoua la tête.

Par contre, ta mère m’a mentionné ce matin qu’elle aimerait que vous puissiez assister à nos réunions en tant que témoins, de temps à autre. Nous serions prêts à te prendre à partir de la semaine prochaine.

L’épéiste ne répondit rien. Cela inquiéta son père.

Allons, Flint. Tu me boudes ?

Flint retourna son regard vers Artael.

— Ce n’est pas à toi de me dire ce que je peux être et ce que je ne peux pas être ! Tu n’as aucun respect pour les rêveurs tel que moi ! Sans rêves, nous n’aurions pas d’inventeurs ! Sans inventeurs, nous n’aurions pas des gens comme Athéna qui se tuent à créer de nouvelles choses, dans l’unique espoir de nous faciliter la vie !

Quand il termina cette phrase, le capitaine réalisa un détail important.

— Oh… tu as fait exprès de me provoquer, c’est malin.

Artael esquissa un sourire.

Je te connais mieux que quiconque, mon fils. C’était pour moi la seule façon de te faire réaliser à quel point ta mère travaille très dur pour nous. Et veux-tu savoir pourquoi j’ai décidé de te parler ainsi, ce matin ?

Flint haussa les épaules.

Parce que vous êtes pareils.

Le blond n’appréciait pas de se faire comparer à la femme qui l’avait mis au monde.

— Bordel de bites molles, lâcha le capitaine. Gabriel m’a dit la même chose hier.

Parce que vous êtes tous les deux des êtres révolutionnaires, compléta l’ex-président. Partout où vous passez, la perception des gens évolue. Vous ne laissez personne indifférents par vos actions et vos décisions. Ton côté à te mettre le nez partout où il ne faut pas, ça, ça vient de moi. Tu as hérité, tout comme tes frères et ta sœur, de la curiosité maladive d’Athéna. Le plus marrant, toutefois, c’est que vous avez tous développé mon entêtement légendaire, ainsi que le sens du devoir de votre oncle Nash.

— Grosso modo, vous avez fait de nous des individus parfaits pour cette cause.

Exactement. Ce n’est pas pour rien que nous vous avons élevé de manière si peu conventionnelle. Je reconnais que j’ai mes torts en tant que parent, puisque je travaillais beaucoup pour notre nation… Par contre, afin d’honorer la promesse que j’ai faite à ta mère, avant de mourir, je devais m’assurer que vous deviendriez des héros.

Flint haussa des sourcils.

— Des héros ? répéta celui-ci.

Mon souhait le plus cher a toujours été de vous pousser vers la voie de la justice et de vous former à devenir des gens qui combattraient pour le bien-être de tous. Voilà pourquoi j’ai tant insisté que tu sois entouré des brigadiers, dès ton plus jeune âge. Tu as fini par vouloir en devenir un… et regarde-toi aujourd’hui. Tu es le chef de ta propre brigade.

Dérouté, Flint recula la tête et grimaça de dégoût.

— Alors, toi aussi tu nous as manipulés ? Et depuis notre jeunesse en plus ? Décidément, je ne peux plus faire confiance à personne.

N’est-ce pas ce que tu fais à tous les jours avec Gabriel et la plupart de tes camarades ? Un peu de manipulation dans le but de faire un peu de bien, n’est pas un crime. Nous devons tous nous protéger parfois et il arrive que nous manipulions nos proches sans le vouloir ou sans même nous en rendre compte. C’est un mécanisme de défense très commun. Plus tôt tu accepteras cette facette de ta personnalité, plus vite tu comprendras qu’il y a de bonnes, comme de mauvaises raisons de manipuler les gens.

— Tu… tu n’as pas tort en fait. Je n’ai jamais pris la peine de réfléchir à tout ça… même si je trouve ton raisonnement tiré par les cheveux. En tout cas, il y a un peu de vérité dans tout ça. Je comprends mieux pourquoi tu as fait tout ça pour nous…

Très bien. Dans ce cas, pourrais-tu revenir au vaisseau qu’on en discute un peu, autour d’une tasse de thé ? Gabriel nous a préparé des petits-déjeuners avec ta mère et tu es le seul qui n’a pas touché à son repas.

Le capitaine hésita, puis hocha la tête.

Dans ce cas, je t’attends. Active le portail pour retourner à bord du vaisseau.

— Compris.

Artael mit fin à la communication. Flint pressa alors sur la gemme de sa bague et activa le menu holographique qui se dressa sous ses yeux. Il appuya sur le bouton de portail d’urgence, celui qui le ramènerait au Célestia.

Un instant plus tard, une voix robotisée se fit entendre à travers le menu :

DEMANDE DE SAUVETAGE ACTIVÉE. VEUILLEZ PATIENTER.

— Toujours aussi bruyant, ce truc…

Rapidement, le corps de Flint se désintégra à travers une sphère lumineuse, qui l’entoura. Quelques secondes plus tard, il se matérialisa à bord du véhicule.

¤*¤*¤

Quelques heures après l’entraînement intensif de la Septième Brigade, tous les représentants présents dans la salle sportive s’étaient séparés afin de se rendre aux vestiaires. Seul Lucas avait décidé de se diriger à sa chambre, en compagnie de Misaki.

Non seulement on les avait entraînés à repousser des ondes psychiques avec leurs facultés mentales, mais Shayne Wolfe avait décidé de tous leur faire reprendre leurs exercices physiques. Le pauvre Gabriel avait grogné faiblement, durant plusieurs activités, mais s’était décidé de tricher et avait modifié son apparence afin de ressembler à un athlète musclé. Shayne l’avait grondé et forcé à reprendre ses rondeurs. Même qu’il l’avait forcé à ajouter dix kilos pour le punir davantage. Cette idée aurait d’abord plu au colosse, puisqu’il adorait ses rondeurs, mais ces dix kilos supplémentaires l’avaient poussé à redoubler d’efforts dans ses exercices. Il n’était même pas parvenu à faire deux redressements assis, avant de s’essouffler. Il s’était écrasé au sol, épuisé.

Pathétique… avait grondé l’elfe basané.

Suite à l’entraînement, les hommes s’étaient rendu à leurs vestiaires, comme prévu. Ils devaient se doucher afin d’éliminer les sueurs qu’ils avaient accumulées. Ensuite, ils auraient le privilège d’aller se reposer au jacuzzi, comme récompense. Les femmes se trouvaient du côté opposé de la grande salle sportive, avec leurs propres douches.

— Mince alors… mes muscles me font mal… brailla le colosse, alors qu’il se passa une savonnette sur l’un de ses bras.

Celui-ci avait retrouvé son poids habituel.

— Ça t’apprendra à ne pas les entretenir comme il faut, déclara son voisin de gauche.

Le châtain tourna son regard Shayne qui venait de lui adresser la parole. Ce dernier était plus petit que lui, mais arrivait toujours à lui faire peur. Gabriel déglutit et rougit timidement. À sa droite, Scottie et Wyatt s’amusaient à se lancer des bulles de savon.

— Hé ho, vous deux, nous ne sommes pas dans une cour de récré, fit le général.

— Ça va, on s’ennuie tellement à bord du Célestia, fit le gros guerrier. Laisse-les jouer un peu. Comptes-tu te joindre à nous pour le jacuzzi ?

L’ex-vampire fit non de la tête.

— J’ai déjà promis à Cassandra que j’irais l’aider à l’infirmerie. Elle aimerait me montrer… un nouvel ensemble… Mmm… Euh…

Il baissa son regard vers le bas et se tourna brusquement afin de cacher ses parties à ses compagnons. Gabriel pouffa de rire.

— Ne me dis pas que les sarraus t’excitent !

— Ouais, et alors ?! grogna Shayne. Moi je ne te critique pas ton collier de chien.

— M… mon collier… ? couina le gros barbu.

Instinctivement, il posa sa main sur l’accessoire qu’il avait oublié d’enlever, depuis la veille. Il rougit et réalisa que tout le monde à bord du vaisseau avait pu le voir se promener avec ce dernier, durant une bonne partie de la matinée.

— Il a une valeur sentimentale pour moi, bouda celui-ci.

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