118.4 - Période d'adaptation

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Quelques minutes après que Gabriel et les autres soient passés près de la porte de chambre des patients, Scottie ouvrit les yeux. On lui injectait un liquide par intraveineuse afin de le réhydrater, car tout l’alcool qu’il avait consommé commençait faire des ravages sur son corps. Étourdi, il essayait de se relever. Ce fut sans succès.

— Oulah, la gueule de bois… grogna-t-il.

À sa gauche, Wyatt mit son livre de côté et fixa l’éclaireur.

— Bien dormi ? demanda ce dernier.

— Moyen…

— Cassandra t’a donné assez de somnifère pour dormir six heures d’affilée. Comment te sens-tu ? As-tu toujours la nausée ?

Scottie haussa les épaules.

— J’ai moins mal au cœur que ce matin, en tout cas…

— Très bien. Dans ce cas ça veut dire que la cure fonctionne. On va te garder ici pour quelques jours, afin de vider ton corps de tout ce qui a affecté ton organisme. Tu pourras recommencer à manger dès ce soir, d’après les infirmières, mais de petites bouchées seulement. Ce n’est pas une bonne idée de consommer des aliments lourds, dans ton cas.

— Tu n’étais pas obligé de faire tout ça pour moi… tu sais ? On a rompu…

— Oui ? Et alors ? Je m’inquiétais pour toi.

Scottie ne se souvenait plus de ce qu’il avait dit à Wyatt, plus tôt dans la journée. Il n’arrivait même pas à se rappeler comment il avait atterri là, près de l’infirmerie.

— Ai-je… été impoli envers quelqu’un ?

— Non. Pas plus que d’habitude. De toute manière, les gens du vaisseau savent qu’ils ne doivent pas te déranger. Tu vis une période difficile, après tout.

— Difficile ? Tu parles ouais… Ne pas pouvoir te parler pendant plus de trois semaines, ça m’a tué. Je croyais que tu ne voudrais plus jamais m’adresser la parole…

— Mais non. C’est absurde. On a tous eu nos petites à grosses frustrations, à bord du Célestia. Même Gabriel qui a voulu me tuer, tu t’en souviens ?

L’éclaireur hocha la tête et observa plafond, un moment.

— Bah voilà, quoi, reprit le mage. Nous sommes tous dans une période d’adaptation, d’après Athéna. Ça ne prend pas un génie pour comprendre que tout ceci est psychologique. Le problème, par contre, c’est que nous n’avons pas de thérapeutes à bord du vaisseau. Cassandra fait de son mieux pour nous écouter et tout ça, mais elle n’est pas spécialisée dans ce domaine.

— C’est vrai que c’est déconcertant de voyager dans l’espace, fit Scottie. Jamais je ne me serais imaginé à bord d’un véhicule de ce genre…

Tandis qu’il se grattait le bout du nez, le patient entendit des reniflements à sa gauche. Il se tourna rapidement pour voir Wyatt qui pleurait à chaudes larmes. Le mage s’appuya sur le lit et se laissa tomber près de son ami. Il s’agenouilla par terre.

— Mais… qu’est-ce que… commenta le jumeau.

— Tout ça c’est de ma faute ! pleura son interlocuteur. Tu t’es enfoncé dans l’alcool à cause de moi. Je suis tellement désolé ! J’aurais dû être plus calme et m’exprimer comme il faut… Oh, si tu savais comme je m’en veux…

— Euh… ça n’a rien à voir, Wyatt. Je suis alcoolique… J’étais sobre depuis quelques années, j’ai rechuté. Fin de l’histoire…

— Mais c’est de ma faute…

L’éclaireur de la Septième Brigade roula les yeux et secoua la tête. Tranquillement, il caressa la tête du mage, afin de le réconforter. Scottie n’avait pas encore eu la chance de parler de son problème de dépendances à tous ceux et celles qui avaient été absents durant une décennie. Cassandra était tenue de garder le secret professionnel alors que ses autres camarades ne voulaient pas le déranger, ni l’humilier en face des autres brigadiers. Il lui fallait retourner en thérapie.

— Flint m’a tout raconté, avoua Wyatt. Au départ, j’ai voulu le cogner pour avoir agi comme un imbécile envers moi, après je me suis vite rendu compte qu’il essayait simplement de me motiver… et j’ai vite regretté ce que je lui ai fait, il y a trois semaines. Puis cet imbécile m’a embrassé sur le front et fait un câlin…

— C’est tout lui… gloussa Scottie. Il serait prêt à se mettre dans la merde, rien que pour faire plaisir à ses amis. Tu vois ? Ce mec, c’est un génie…

— Je n’irais pas jusque-là, mais il est vrai qu’il a un certain talent pour aider son prochain. Est-ce la raison pour laquelle tu l’apprécies autant ?

Le jumeau hocha la tête.

— Il a peut-être un sale caractère par moments, mais il pense toujours à faire le bien. C’est pour cela qu’il a toujours été un modèle pour moi. Son mari, c’est autre chose… j’adore à quel point il est un excellent cuisinier. C’est l’une des raisons qui m’a poussé à ouvrir mon resto-bar avec Kylie… tu t’en souviens ? Je voulais devenir un cuisinier aussi talentueux que lui… Ces deux-là, ils ont beaucoup d’importance à mes yeux.

Wyatt essuya ses larmes, et retourna s’asseoir sur son banc. Il tira ce dernier près du lit, afin d’être plus prêt de son meilleur ami et celui qu’il aimait tant.

— Je trouve ça vraiment bizarre que tu sois autant fan de nos collègues, mais je n’y peux rien, mentionna-t-il. Si tu les aimes autant, je n’ai pas d’autre choix que d’accepter ce fait. De toute façon, vous me voyez souvent avec un pot de cornichons à la main et vous ne me jugez pas. Qui suis-je pour te juger ?

— Bah tu vois ? On a chacun nos petits trucs étranges qui font de nous des gens uniques… c’est ce que j’apprécie de nos amis.

Le mage esquissa un sourire en coin.

— Tu sais quoi ? remarqua-t-il. Ça fait longtemps que je n’ai pas préparé de cornichons… Je me demande si les légumes que Flint et les autres ont trouvé, pourraient me servir. Ça me changerait les idées d’avoir un passe-temps de ce genre.

— Rien ne t’empêche d’essayer. Tes pots faisaient un tabac dans notre restaurant, en tout cas. Nos clients en redemandaient tout le temps.

Wyatt caqueta maladroitement. Cette conversation avec Scottie l’avait réconforté. Il nettoya ses lunettes, recouvertes de saletés et les posa à nouveau sur son nez.

— Ça m’a manqué de discuter avec toi, avoua l’homme allongé sur le lit.

— Moi aussi.

— Que dirais-tu de venir t’étendre près de moi ?

Le mage rougit. Il hésita à rejoindre celui-ci. Après tout, ils ne formaient plus officiellement un couple.

— Es-tu sûr que c’est ce que tu veux, Scottie… ?

— Légalement, nous sommes toujours mariés sur papiers… Alors, t’attends quoi ?

Précipitamment, le mage bondit de son banc et grimpa sur le lit avant d’enlacer son bien-aimé. Ils s’embrassèrent, comme si leurs vies en dépendaient.

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