116.1 - Flint et Luna

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Le lendemain, alors que Wyatt se servait des tartines à la table du réfectoire, il croisa le regard de Luna qui avait très mal dormi après avoir vu son meilleur ami faire l’amour à son mari. Elle fusillait le mage du regard, les bras croisés.

— Tu sais qu’il y a des chambres pour faire vos trucs ? grogna-t-elle, ses sourcils froncés. Je veux bien comprendre qu’on s’emmerde sur ce vaisseau, mais n’oublie pas que je n’ai pas besoin de voir vos parties de jambes en l’air…

— Bon matin à toi aussi, ma belle, répondit simplement Wyatt avec un sourire.

La magicienne roula des yeux et soupira. Son collègue de travail n’en avait que faire de ses commentaires. Il était de bonne humeur, ce matin-là.

— Et puis, que faisiez-vous debout à trois heures du matin ? râla Luna.

— Je te retourne la question, très chère.

— Je n’avais pas sommeil.

— Eh bah, figure-toi donc que nous non plus !

Luna se croisa les bras et émit un petit grognement.

— Il y a des livres, des jeux de société, des casse-têtes, et j’en passe… Il y a d’autres activités à faire à bord de ce vaisseau. Pas besoin de faire l’amour à toutes les vingt secondes. Dois-je te rappeler, mon cher Wyatt que ce vaisseau n’a qu’une centaine de personnes mais que les murs sont très minces ?!

L’expert des eaux haussa des épaules et gloussa. Cela n’amusait pas du tout son interlocutrice qui le pointait du doigt.

— Ha ! Et ça t’amuse, en plus ? Mais que vais-je faire de toi, Wyatt ?

— Écoute, Lu’… Tu es asexuelle, je le reconnais, mais nous sommes des créatures sexuelles à la base. Arrête de me faire la morale, veux-tu ?

Wyatt avait répondu à son amie de manière plus sérieuse.

— Ce n’est pas le sexe en soi qui me dérange, c’est le fait que vous n’avez aucune gêne de le faire publiquement, répliqua sèchement la scientifique. Les autres n’ont pas besoin de vous voir ou de vous entendre ! Et surtout pas dans une cuisine au beau milieu de la nuit ! Qu’auriez-vous fait si le petit Randell était venu se chercher un verre d’eau ?!

— Allons, pas besoin de t’énerver. J’ai compris où tu veux en venir… Seulement Scottie et moi, nous avons récemment célébré notre anniversaire de mariage et…

— Vous n’auriez pas pu attendre un meilleur endroit pour faire joujou avec vos queues ? expira son amie.

— J’avais très envie de lui, gronda Wyatt. Tu ne comprendras jamais ce que c’est que de ressentir une attirance physique et émotionnelle, alors tais-toi ! J’en ai marre que tu me critiques constamment ! C’est toi qui n’a pas voulu de moi après tout, alors ne viens plus jamais me dire comment je dois vivre ma vie et dégage de ma vue !

Cette fois, il se leva et frappa la table si violemment que la magicienne faillit tomber de sa chaise après avoir sursauté. Ces mots eurent l’effet désiré : Luna se leva et s’éloigna en sanglots. Elle ne s’était pas attendue à ce que son meilleur ami lui parle sur ce ton. Soulagé, le mage se rassit.

— Était-ce vraiment nécessaire de lui parler comme ça ? demanda Flint, derrière lui.

Wyatt se tourna vers le comptoir et vit le capitaine, ainsi que son mari. Ces derniers préparaient le déjeuner pour leur groupe. Il y avait d’autres cuisines à bord du vaisseau, mais ce réfectoire était celui que la Septième Brigade préférait.

— Elle fait une crise de jalousie, remarqua Gabriel qui tournait des tranches de bacon. C’est compréhensible… elle doit se sentir délaissée.

— Sûrement, mais Wyatt n’avait pas à lui parler ainsi.

— C’est normal, Flint. Elle compte beaucoup sur lui pour plusieurs petits détails. Elle doit se sentir perdue et stressée à cause de tout ce qui nous arrive.

Le mage des eaux rougit et posa son regard sur le colosse.

— Je n’y avais pas pensé comme ça, mais tu marques un point… déclara-t-il. Il est vrai que j’ai passé beaucoup de temps avec Scottie, ces derniers jours. Elle faisait les cent pas dans la salle des machines de la base lunaire, et espérait que vous reviendriez de votre mission, sains et saufs…

— Luna est une jeune femme responsable, mais elle est loyale envers ses amis, dit Flint. Elle s’est toujours inquiété pour nous, d’aussi loin que je m’en souvienne. Notre voyage vers le Saint Royaume ne doit pas la rassurer.

— Moi, non plus, d’ailleurs. Nous savons peu de choses de cet endroit. Et puis, nous ignorons tout du Conclave et pourquoi ils agissent comme des tyrans.

Flint jeta un coup d’œil sur le comptoir et retourna son attention vers Wyatt. Il était curieux d’en savoir plus au sujet de ce qui s’était passé, la nuit précédente. Il décida donc de changer le sujet.

— Alors… Scottie et toi… commenta celui-ci. Dans la cuisine ? Bonté divine. Ils ont appris des maîtres… Pas vrai Gab ?

Gabriel s’étouffa avec un morceau de pain qu’il venait de mâcher.

— Il faut bien s’amuser un peu, non ? gloussa Wyatt.

— En tout cas, je suis content que tout aille si bien pour vous, continua le blond.

— Je ne m’attendais vraiment pas à ce qu’on tombe amoureux l’un de l’autre, au départ, mais il est désormais mon meilleur ami ainsi que l’homme avec qui je veux passer le reste de mes jours. Je ne pourrais pas imaginer ma vie sans lui.

— C’est bien. Tu le mérites.

Le colosse, à côté de Flint, se tapa le torse et toussa un peu avant de recracher le morceau de tartine qui l’avait étouffé. Il toisa son mari et bougonna. Ce dernier n’y fit pas attention et retourna aux pannes à frire pour retirer une première omelette qu’il mit dans une assiette. Le guerrier bedonnant, peu impressionné, s’éloigna pour aller jeter ce qu’il tenait dans la main et décida de se laver au zinc de la cuisine.

— Et vous, commenta Wyatt qui s’approcha du comptoir. C’était comment votre première nuit avec Randy ? Il ne vous a pas causé trop de soucis ?

Flint eut un petit rire nerveux avant de répondre.

— Pfft, il a dormi toute la nuit, entre nous. Même qu’il s’est servi de Gabriel comme une grosse peluche et que je me suis réveillé au milieu de la nuit, avec sa main dans ma tronche. On va devoir lui trouver un lit, rien qu’à lui.

— Ça doit te faire bizarre de te réveiller avec un tout nouveau fils, gloussa le mage. Scottie et moi, on songe de plus en plus à fonder une famille. Enfin, surtout lui. Il aimerait qu’on ait des enfants…

— Vous feriez d’excellents parents, j’en suis certain, répliqua Flint, tout sourire.

Il remarqua que Wyatt n’avait pas l’air à son aise, tout à coup.

— Ai-je dit quelque chose de mal ? reprit le capitaine.

— Je ne pense pas que je ferais un très bon père, soupira le mage. J’adore mon mari, mais honnêtement, je ne m’imagine pas avec des enfants. Tu comprends ? Je préférerais simplement continuer ma vie comme ça, travailler pour les gens que j’aime et partir en missions… J’aime mon travail de brigadier…

— L’un n’empêche pas l’autre.

— Je sais… mais… Je n’aime pas vraiment les enfants… Enfin, pas comme vous…

Gabriel remplit une assiette de bacon et s’adressa au mage.

— Pourquoi ne lui as-tu rien dit, dans ce cas ? demanda-t-il.

— C’est compliqué, mentionna son interlocuteur. J’aime Scottie et je n’ai pas envie de lui faire de la peine, mais je ne veux pas d’enfants… Du moins, pas maintenant… Je ne peux pas le forcer à faire ce sacrifice pour moi, même si ça fait plus de dix ans que nous sommes ensemble. Je ne sais plus quoi faire, pour être honnête.

— Est-ce récent, tout ça ? questionna Flint.

— Pas vraiment… poursuivit Wyatt. Au début de notre relation, nous n’en parlions jamais, mais trois ans après votre départ pour Aeglys, il a décidé d’être le baby-sitter des triplés de Cassandra… et disons que cette expérience lui a plu. Il aimerait que l’une des membres de la Septième Brigade soit notre mère porteuse.

— Ça n’a pas l’air simple tout ça.

— Ce ne l’est pas. Scottie hésite à demander à sa sœur ou bien Estelle, comme ça notre enfant aurait quatre parents…

Les yeux du capitaine s’écarquillèrent. Il avait encore un peu de difficulté à imaginer sa fille, autrefois adolescente, mariée à Kylie Sanders.

Le mage se gratta le bout du nez avant de poursuivre :

— Bien sûr, pas la peine de demander à sa jumelle, parce qu’elle a horreur des bébés. Peut-être qu’Estelle accepterait de jouer ce rôle, pour nous.

— As-tu pensé à Luna ? interrogea le colosse. Même si elle n’est pas du genre à tomber amoureuse ou aimer les parties de jambes en l’air, l’insémination artificielle pourrait…

Wyatt s’impatienta et fusilla ses camarades.

— Je ne veux PAS d’enfants ! insista celui-ci.

— Dans ce cas, ce n’est pas à nous de dire ça, mais à ton mari, déclara Flint.

— Je ne suis pas pressé de le lui dire.

— Je comprends. Par contre, s’il désire vraiment fonder une famille, je crois qu’il a le droit de savoir. Ne le fais pas trop languir.

Le mage allait finir par perdre patience. D’abord Luna l’avait embêté pour sa partie de jambes en l’air. Là, il se faisait sermonner par ses supérieurs à propos d’une affaire personnelle.

— Vous voulez tous me faire un procès ou quoi ? râla-t-il.

— Mais non, répliqua Gabriel. Flint et Luna s’inquiètent seulement pour toi.

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