111.3 - L'ascension de Perséphone

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— Non, répliqua-t-il. Pas plus que Lucas. Il ne semble pas nous avoir rejoints. Quant à Kyran, il vit à l’autre bout de la ville.

— Comment va Gabriel ?

— D’après Flint, il a toujours mal, mais a recommencé à manger.

— Très bien. Ça m’embêterait que tout ce qu’on lui prépare finirait jeté à la poubelle.

— Je ne te savais pas aussi fier de ta bouffe…

Le copropriétaire du restaurant esquissa un sourire.

— On dirait ce cher Lorenzo, continua Artael avant de glousser.

Il parlait du gérant de la rôtisserie ainsi que celui avec qui il avait signé le bail. Le vieil homme au début de sa soixantaine, n’aimait pas qu’on insulte sa cuisine. Étant d’origine italienne, il avait un fort accent et avait rajouté plein de recettes de son pays natal au menu. Plus de quarante pourcents de leurs plats étaient basés sur des mets canadiens, cependant. Les clients n’y voyaient que du feu, tellement ils adoraient ce que préparaient les chefs de ce restaurant.

Shayne s’inspira de cette remarque pour imiter l’un des fameux signes du gérant lorsqu’il s’adressait à un client impoli.

— Tu sais que c’est très vulgaire, hein ? commenta le blond qui secoua la tête.

Le général de Baldt était sur le point de lui répondre quand tout à coup, une créature hideuse bondit droit devant eux et tenta de les tuer. Le grand basané poussa son ami de justesse mais la chose lui écorcha légèrement la peau de son bras gauche. La bête avait l’air d’un homme ailé, dont les ailes étaient celles de chauves-souris et les griffes étaient acérées. Deux yeux rouges les observaient alors qu’il leur montra les crocs. Shayne comprit aussitôt ce que c’était.

— Un vampire, ici ? formula-t-il.

— Mais cette dimension ne peut pas avoir de démons… ! protesta son interlocuteur.

— J’ai bien peur que Hypnos nous a bien roulés…

Shayne échangea quelques coups de poings et coups de pieds avec le monstre qui se tenait devant lui, puis ramassa le couvercle d’une poubelle métallique, près de lui, afin de taper le crâne de leur agresseur. Déboussolé, leur ennemi recula, grogna et afficha ses canines. Il avait l’air difficile à tuer.

— Mais vous allez mourir, oui ? fit le démon. Je n’ai pas toute la nuit.

Il bondit sauvagement sur le général et planta ses dents dans la nuque de celui-ci.

Ironiquement, l’ex-vampire ressentait enfin ce que ça faisait de se faire mordre. C’était une sensation horrifiante. Tous ses sens commençaient déjà à s’affaiblir, alors qu’il voyait les images tournoyer autour de lui. Le démon avait consommé un litre de son sang. Le basané crut qu’il allait mourir, lorsqu’Artael planta un couteau dans le dos de leur adversaire. Un ustensile sortit tout droit du casse-croûte.

— Fuyons ! lança le blond, avant d’empoigner le bras de Shayne.

Il tira son ami jusqu’à la ruelle où se trouvait son appartement et ils grimpèrent tous deux les escaliers qui menaient à sa demeure. Ils pouvaient entendre les rugissements de la créature sauvage, derrière eux.

— Oh Athéna ! Oh Athéna ! Oh Ath… répéta nerveusement Artael, ce qui étonnait l’ex-vampire, puisqu’il faisait allusion à sa foi et non sa bien-aimée.

— Nous y sommes presque ! déclara ce dernier.

Le blond tourna la poignée de porte et poussa cette dernière. Ils entrèrent rapidement et refermèrent celle-ci derrière eux. La première chose que l’assistant-gérant fit chez lui, fut de tirer sur la chaise la plus lourde qu’il pouvait pour barricader l’entrée. Shayne s’approcha ensuite de la grande lampe du salon, l’arracha au mur et enleva le couvercle, puis l’ampoule afin de s’en faire une arme improvisée. Le vampire aux ailes de chauves-souris fonça alors dans la porte d’entrée.

— Bon sang, mais c’est quoi ce boucan ? dit Flint qui sortait de sa chambre. J’essaie de parler avec Gabriel au téléphone et…

Ses yeux s’écarquillèrent lorsqu’il vit la nuque du grand basané en sang. Il remarqua ensuite l’étrange créature qui défonçait leur porte d’entrée.

— Gabriel ? Je te rappelle, dit-il en s’adressant à son appareil.

Il raccrocha aussitôt, puis mit son téléphone sur la table de la cuisine. Ensuite, il courut chercher le plus gros couteau qu’il pouvait trouver dans les tiroirs. La porte du salon était maintenant grande ouverte et une créature sauvage entra à l’intérieur de leur demeure pour bondir sur Artael. Le général donna deux puissants coups de bâtons dans le dos du monstre, qui gémit de douleur. Le capitaine de la Septième Brigade, de son côté, s’élança vers l’agresseur et lui donna un coup de pied au visage. Il passa le couteau à son père qui le planta dans le torse du vampire. Le grand blond se souvint aussitôt de l’une des plus grandes faiblesses des suceurs de sang, puis courut en direction du placard à balai.

— Flint, mais qu’est-ce que tu fais !? lança son père.

— J’ai une idée ! lança celui-ci.

Pendant ce temps, Shayne donna quelques coups de bâton au démon, puis évita quelques coups de griffes avant de recevoir une morsure dans le bras.

— Aïe ! grogna le basané. Non, mais tu vas arrêter, oui !?

Artael profita de cette distraction pour trancher au travers de l’aile gauche de la créature. Le vampire hurla de douleur, empoigna le blond par la gorge et le souleva jusqu’au plafond. Il aurait pu lui briser la nuque, mais ressentit un objet pointu dans le dos. Le monstre se désintégra aussitôt et devint un nuage de poussière, aux pieds des trois hommes. Le pieux improvisé roula jusqu’à Flint, qui venait de s’en servir.

— Bien joué, dit Shayne qui lâcha son bâton. Tu t’es souvenu de tout ce que je t’ai appris, n’est-ce pas ?

— Ouais, expliqua le capitaine. Il y avait un vieux balai brisé dans notre placard. J’en ai profité pour prendre le bout de manche cassé et je l’ai taillé un peu avec un couteau. Voilà le résultat. Heureusement pour nous, ça a fonctionné…

Le souffle court, Artael s’agenouilla un instant, puis déglutit.

— Il faut tout de suite alerter ta mère, dit-il à son fils.

— Gabriel… répliqua soudainement Flint. Oh merde… Je ne peux pas le laisser seul.

Il était sur le point de paniquer lorsque Shayne s’approcha de lui et mit une main sur l’épaule. Il le regarda droit dans les yeux.

— Écoute, dit-il. Je comprends ta détresse, mais tu ne dois pas perdre ton sang-froid. Les démons nous ont repérés, mais le plus important pour le moment est de rassembler tout le monde. Peux-tu au moins m’aider à contacter les jumeaux ?

— Mais ils ne sont pas conscients qu’ils sont des nôtres… rouspéta le capitaine. Comment suis-je censé les convaincre ?

— Laisse-les combattre ne serait-ce qu’un démon de ce genre et je t’assure qu’ils vont se souvenir de tout. Tu as Scottie dans tes contacts, non ?

Le jeune homme hésita un moment, puis hocha la tête.

— Très bien, je vais lui dire de se ramener les fesses à notre appartement, déclara-t-il.

Le capitaine se tourna ensuite vers son père et demanda :

— Toi, peux-tu demander à Athéna de ramener Estelle avec elle ?

— Je vais voir ce que je peux faire, répondit son père.

Flint retourna chercher son téléphone cellulaire et composa le numéro que Scottie Sanders lui avait offert pour lui envoyer des textos, le soir précédent. Ils avaient échangé au moins une heure sur l’écriture avant que le capitaine ne tombe endormit sur son lit. Il n’y avait aucune réponse, de l’autre côté de l’appareil. Il courut dans sa chambre et se rendit sur le premier réseau social qui lui passa à l’esprit. Il envoya un message rapide au jeune homme. Il espérait que celui-ci lui réponde, malgré le fait qu’il commençait à se faire tard.

Pourvu qu’il ne leur soit rien arrivé… se dit le blond, qui avait eu la frousse de sa vie, lorsqu’il avait vu la créature perchée sur son père.

Il était tellement nerveux qu’il renversa accidentellement le verre en vitre de son pupitre, qui se fracassa par terre. Il s’occuperait de le ramasser plus tard. Il n’y avait rien dedans. Ce fut à cet instant qu’il réalisa une chose : Perséphone l’avait lu. C’était la raison pour laquelle on avait tenté de tuer son père, ce soir-là. Cette constatation lui glaça le sang. Il s’empressa rapidement de se rendre sur le site de Scribay et retira temporairement ses œuvres du site web. Le mal avait été fait et il ne pouvait plus faire machine arrière. Il était temps pour sa famille et lui d’affronter la Déesse des Enfers.

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