105.3 - Deus Ex Machina

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— Maintenant que tu le dis…

La chercheuse se gratta la tête et se tourna en direction d’un pupitre, au fond de la pièce. Elle utilisa un pouvoir télékinétique pour déplacer une chaise dans leur direction, qu’elle plaça ensuite à côté de l’incubateur où devait normalement se trouver le deuxième corps du colosse.

Pendant ce temps, le gros guerrier bedonnant chatouillait son mari au ventre, qui pouffait de rire. Dans leur élan amoureux, tous deux s’enlacèrent et s’embrassèrent sous les regards malaisés de leurs compagnons.

— Oh trop dégueu… grimaça Kylie. Flint, retourne dans ton corps et tout de suite ! Non mais… c’était pas toi qui chialais sur l’inceste, il y a dix ans ?!

— Pfft, répondit le capitaine avec la grosse voix de Gabriel. Je parie que tu ferais la même chose avec ton double.

Il lui fit alors un clin d’œil et se pencha pour ramasser son véritable corps, inanimé. Il rangea celui-ci dans l’incubateur et appuya un bouton pour activer le mécanisme qui remplit le contenant du liquide transparent. Un casque imperméable se posa sur la tête de sa coquille charnelle et il s’installa sur la chaise d’à côté pour enfiler l’accessoire. Un instant plus tard, il retourna dans son véritable corps. Le blond répéta tout ça avec son véritable clone, alors que ses camarades l’imitèrent. Un par un, ils échangèrent leurs corps avec les faux.

Nash s’occupa d’installer tous ses amis sur des chaises roulantes que Luna avait fait placer dans la salle, sauf le véritable corps de Gabriel qui était installé sur le banc. Il transférerait les corps inanimés dans les incubateurs, une fois qu’ils seraient partis pour l’autre monde. Tous ces transferts lui donnait déjà mal à la tête, mais il savait que cela était nécessaire afin d’accomplir leur quête.

Les esprits élémentaires n’eurent aucun problème à synchroniser avec leurs porteurs, même s’ils avaient tous des corps différents.

— Euh… et qu’arriverait-il si l’un d’entre nous devait mourir, là-bas ? demanda Flint, qui venait de penser à cette question.

— Vos souvenirs actuels ont tous été copiés dans nos machines, en cas d’accident, répondit Luna. Si l’un d’entre nous devait mourir, au nouveau monde, Nash n’aura qu’à télécharger tout ça dans nos cerveaux normaux.

— Beurk… on dirait que t’as fait de nous des machines, réagit Kylie.

— Si tu savais le nombre de fois que j’ai entendu ça au Saint Royaume… mentionna Nash. Mais bon, techniquement parlant, nous ne sommes pas de simples êtres vivants, en tant que créatures divines. Nous sommes à la fois organiques comme synthétiques. La magie qui compose nos corps est ce qui nous rend si particuliers. Tous les anges sont comme nous.

— Donc… nous sommes à moitié-golems ? formula Gabriel.

— Techniquement… continua Nash. c’est comme je l’ai expliqué.

Le colosse se dit qu’il valait mieux ne pas trop se poser de questions. Ses collègues de travail ne partageaient pas tous son avis.

— Ah, c’est donc pour cela que nous pouvons modifier nos corps avec les panneaux de configurations ? s’exprima Flint.

Son oncle hocha la tête.

— La magie qui coule dans nos veines nous permet de faire de grandes choses, lui dit Luna. Mais bon, trêve de bavardage inutile. Nous devons partir !

Au moment où ils commencèrent tous à s’éloigner vers la salle du grand portail, Scottie interrompit le groupe.

— Une petite minute ! fit ce dernier.

La magicienne s’arrêta et se retourna.

— Quoi encore ? demanda-t-elle, frôlant l’impatience.

— Si nos souvenirs sont déjà tous stockés dans les machines de Célestia, alors pourquoi avoir gaspillé autant de mana sur ces faux corps ?

— Parce que je voulais m’assurer que vous pourriez vous battre, en cas d’une invasion de démons, expliqua Luna. Nous ne sommes jamais trop prudents avec les renégats et le Conclave. Il est vrai que nous aurions pu simplement nous servir de nos véritables coquilles charnelles, mais je trouve ma méthode plus efficace. C’est mieux ainsi. Nash pourra communiquer avec nous en cas d’urgence. Pas vrai ?

Elle se tourna vers le châtain musclé qui hocha la tête.

— À travers vos bagues, je pourrais facilement vous envoyer des textes en passant par vos courriels, expliqua celui-ci. Tant que vous aurez des ondes de notre réseau, vous ne devriez pas rencontrer trop de problèmes à communiquer avec moi.

— Ça ne risque pas d’être compliqué tout ça ? continua l’éclaireur.

— Les ondes sont ultras rapides en Célestia, mais ça, vous le saviez déjà. Et puis bof… je ne suis pas celui qui a conçu ces bagues et ce bracelet. Faudra demander à Athéna comment elle a fait tout ça, si jamais vous la trouviez.

— Oui, mais rien ne dit qu’elle nous reconnaîtra…

Nash se gratta le front et réfléchit.

— Il dit vrai, déclara-t-il. Les dieux du Conclave ont tendance à effacer les souvenirs de toutes les âmes qu’ils réincarnent. Vous devrez être prudents lorsque vous serez de l’autre côté. Malgré tout, vous finirez bien par retrouver nos amis. N’oubliez pas que vos bagues sont invisibles au commun des mortels, puisque ce sont des objets divins. Servez-vous de ces dernières que pour attirer notre attention et celle des membres de votre groupe. Vous finirez par trouver une piste…

Gabriel se tourna vers le portail magique, il déglutit. Il avait peur que leur mission échoue. Charlie, attaché derrière son dos, comprenait pourquoi son ami se sentait ainsi. Tous deux se demandaient s’il était prudent de se promener comme ça, dans un monde étranger, avec des armes.

Le commandant en chef s’approcha d’un ordinateur au fond de la grande pièce où ils venaient d’entrer. Il composa les coordonnées du nouveau monde à l’écran et activa le mécanisme qui changea la couleur de l’énorme sphère magique, celle qui flottait au centre du large cercle métallique. Une lueur bleue éclatante éclaira la pièce.

— C’est maintenant, ou jamais ! déclara Flint Markios en pointant son arme en direction du puissant portail magique. Allons-y, les amis !

— Bonne chance à tous, répliqua Nash.

Un par un, ils foncèrent tous dans la sphère.

Quand il ne resta plus que lui, le châtain appuya sur une touche de son clavier pour désactiver les coordonnées. La sphère lumineuse redevint blanche. Il prit une grande respiration et se rendit dans la salle des incubateurs, où il transféra les corps de ses camarades, un par un, dans les contenants qu’il remplit de liquides. Le plus difficile pour lui, fut de déplacer le corps de Gabriel, qui n’avait pas de chaise roulante. Le pauvre Nash dût se résoudre de le traîner jusqu’à sa propre cloche de verre, sans même demander l’aide de personne.

— Bon sang ! Tu pèses une tonne, Gabou ! couina-t-il.

Au bout de cinq minutes, il réussit à le placer dans son tube et activa la machine pour conserver son corps. Enfin, il s’étira les bras et se dirigea vers le petit bureau de la même pièce. Quelque chose lui disait qu’il serait là pour un bon moment. Il allait toutefois s’assurer de vérifier les signes vitaux de ses amis, régulièrement. Il n’avait pas envie qui leur arrive quoi que ce soit.

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