104.2 - Décalage horaire

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Il regardait à travers la fenêtre et se couvrit les yeux d’une main, il essayait de voir si sa fille était là. Gabriel le tira à l’intérieur de la boutique. Une cloche tinta à l’entrée, ce qui alerta une jeune femme blonde derrière le comptoir principal. Elle sursauta lorsqu’elle vit le couple entrer. Elle était un peu plus grande que la dernière fois où ils l’avaient vu, mais c’était bel et bien Estelle.

Devant eux se tenait une jolie jeune femme qui portait un tee-shirt blanc avec le logo du magasin et un pantalon noir. Elle avait un stylo perché sur l’une de ses oreilles et elle tenait dans ses mains un manuscrit qu’elle était en train de corriger. Elle lâcha ce dernier et courut en direction de l’entrée, en larmes.

— Papas ! hurla-t-elle en sautant dans les bras de ses parents.

— Ouf ! fit le colosse qui se prit sa petite fille dans son ventre.

— J’étais certaine que vous alliez revenir ! pleura-t-elle, en souriant à travers ses larmes. Oh merde ! Vous n’avez pas changé d’un poil !

Flint lui caressa les cheveux et l’embrassa sur la joue.

— Toi, par contre, tu as légèrement grandi, dit-il. Comme tu es jolie !

L’ex-golem entoura son chéri et leur fille, de ses longs bras.

— Alors, tu es journaliste, maintenant ? fit ce dernier.

— Ouais ! Et je suis aussi écrivaine entre deux articles !

— Cassandra nous a dit que tu travailles avec Wyatt, non ? Est-il avec toi ?

— Oui ! Il est dans l’arrière-boutique avec Scottie. Au fait, vous avez manqué leur mariage ! Pfft… J’aurais tant aimé que vous soyez là !

Flint remarqua que la boutique était plus spacieuse qu’il l’avait imaginé. Il y avait de vieux journaux de la presse de cette semaine-là, dans les étals et une table et des chaises, près de l’entrée. Les clients pouvaient se servir du café, s’ils le désiraient ou bien du thé.

— Parfois, on laisse les gens venir lire nos articles, en échange de quelques potins, expliqua Estelle, souriante. Ça nous tient occupé et parfois ça nous inspire de nouvelles manchettes.

Gabriel vit que leur fille avait toujours une mèche de cheveux rose dans sa chevelure. Il gloussa quand il pointa celle-ci.

— Tiens, tiens, dit celui-ci. Elle n’est jamais partie, on dirait.

— Oh, ce n’est pas la même, si c’est ce que vous vous demandez, raconta la journaliste. À chaque mois, je remplace ma mèche avec un rose plus éclatant, sinon ça part rapidement au bout de plusieurs douches.

— Que devient Kylie, dans ce cas ?

— Elle travaille à côté.

Estelle pointa en direction de la taverne.

— C’est la nouvelle propriétaire, ajouta leur fille. Vous devriez aller faire un tour. Elle sert d’excellents martinis.

— As-tu vraiment l’âge pour ça ? couina le colosse, confus.

La demoiselle fronça des sourcils.

— Papa… soupira celle-ci. J’ai vingt-six ans, quand même… Je n’ai plus seize ans…

Le gros guerrier ressentit monter la honte dans ses joues. À ses yeux, elle était toujours l’adolescente qu’il avait élevée avec Flint. Il mordilla l’ongle de l’un de ses pouces et poussa un rire nerveux.

— Désolé, ma puce, dit-il, quelques secondes plus tard. Ça va nous prendre quelque temps pour nous habituer à tout ça.

— Je comprends, répliqua-t-elle. Au fait ! J’ai oublié de le préciser, mais Scottie travaille normalement avec sa sœur, mais là il est venu nous aider à ouvrir des paquets de boites de papiers pour nos machines… Je n’ai qu’une chose à dire… Pas un mot, lorsque vous le verrez… Vous comprendrez pourquoi…

— Hein ? Pourquoi ? fit le blond.

— Ah ! Mais je reconnais ces voix ! s’exclama une voix forte, de l’autre bout du couloir. Wyatt, viens voir qui sont de retour !

Un grand homme barbu à la chevelure noire s’approcha de Flint, Gabriel et Estelle. Il avait des yeux d’un bleu pétillant et dégageait une forte odeur de pâtisseries et de friandises. Celui-ci était si musclé que ses abdominaux donnaient le tournis à la pauvre journaliste, alors qu’elle voyait ces derniers à travers son tee-shirt bien moulant. Le capitaine et son époux s’échangèrent un regard, choqués, avant de se rendre compte qu’il s’agissait de Scottie Sanders.

— Surprise ! dit ce dernier qui ouvrit ses bras, un grand sourire aux lèvres.

Bouche-bée, Flint se mit à bégayer.

— Ah… b… b… bah ça a… alors… couina-t-il.

— J’hallucine, n’est-ce pas ? ajouta son mari. Notre petit Scottie est devenu baaaaaalèze ! Bonté divine !

— Tu n’as pas fait ça avec des stéroïdes hein ?

— Non mais regardez-moi ces biceps !

Le colosse se mordit le poing alors qu’il contournait l’athlète. Le jumeau pouffa de rire tandis qu’il se croisait les bras.

— Pour vous répondre, tout est naturel, dit-il. J’ai commencé à m’entraîner avec Derek Doyle pour les jeux sportifs qui ont lieu à chaque année dans la ville. J’ai gagné trois médailles d’or à la course de deux cents mètres et deux médailles d’argent à la natation pour les dix kilomètres. Cool, non ? Je peux vous affirmer que cela a amélioré mon style de combats.

— Beau bébé, commenta le blond qui jaugea l’homme gymnaste.

Il siffla et approuva ce qu’il voyait, alors que son mari fit de même. Ils le serrèrent en sandwich dans leurs bras et l’embrassèrent sur les joues. Il pouffa de rire tandis qu’ils le chatouillaient.

— Haha ! fit le jumeau. Ça suffit, les gars ! Oh, merde ! Vous connaissez mes points faibles ! Ah, j’abandonne ! Je vous boude…

Flint et Gabriel lâchèrent le jumeau, heureux de le retrouver. Il sourit et gloussa tandis que Wyatt arriva d’en arrière de la boutique. Le capitaine vit qu’il n’avait pas tellement changé, outre le fait qu’il avait désormais une queue de cheval et qu’il portait des montures de lunettes différentes, même si elles étaient toujours foncées. Celui-ci leur fit un sourire.

— Wyatt ! Mais quel beau mec, tu fais ! s’exclama Gabriel qui s’approcha du mage. Viens par ici, mon beau !

Le mage s’esclaffa et enlaça son grand ami. Le capitaine regrettait de ne pas avoir pu voir tous ces changements se produire sous ses yeux. Il était néanmoins heureux de constater qu’ils allaient tous bien.

— Non, mais… vous vous êtes regardés ? dit-il en complimentant les deux mariés. Quels beaux mecs vous faites ! Toutes mes félicitations pour vos noces !

— Oh, c’était il y a trois ans, mais merci, répondit Scottie. À vous voir, vous n’avez pas vraiment changé de vêtements depuis votre départ, hein ? Combien de temps êtes-vous partis, en tout ?

— Même pas quinze minutes, répliqua Gabriel qui baissa la tête, honteusement.

Le colosse pleurnicha aussitôt et serra l’éclaireur et le mage dans ses bras.

— MES BÉBÉS SE SONT MARIÉS ! brailla-t-il, ému. OUAAHAHAAH… !

Estelle roula des yeux et se couvrit le front.

— Et ça recommence… dit-elle pour elle-même.

Il était dix-huit heures. Estelle et Wyatt avaient fermé boutique pour le reste de la journée. Ils avaient donné rendez-vous à Flint et Gabriel à la taverne d’à côté. Ces derniers étaient en avance. Ils s’étaient promenés autour de la ville, et avaient découvert les nombreuses nouveautés, ainsi que les habitants de la capitale. Ils n’avaient pas encore trouvé Luna, durant leur promenade, mais avaient fini par croiser Windy qui revenait d’une promenade au-dessus des plaines.

Kylie était la propriétaire de cette taverne. Elle s’était beaucoup assagie au fil des années qu’elle avait passées dans ce monde, mais Flint remarqua qu’elle avait toujours la même façon de s’exprimer. La musicienne ne fumait plus, ne portait plus tellement d’accessoires punks, mais avait gardé ses cheveux pourpres avec des mèches noires. Celle-ci portait un fard à paupières sombres et du rouge à lèvre digne d’une rock star, cependant son style était beaucoup plus professionnel. Le blond était impressionné.

— Qu’est-ce que je vous sers, mes beaux messieurs ? dit-elle avant de s’approcher de la table du capitaine et du colosse. Mon frère a passé la matinée à cuire des gâteaux, si ça vous intéresse.

— J’ai vu que vous serviez des macarons crémeux, dit Gabriel qui lisait le menu. On dirait un Café, non ?

— Nous sommes un café de jour et un bar, la nuit, expliqua la femme d’affaires. Par contre, les clients n’arrêtent pas d’appeler cet endroit une taverne, parce que c’est comme ça que ça a toujours été avec les baldtiens. On s’habitue, vous verrez.

— Je vois. Je prendrais un macaron crémeux au café et un cappuccino.

— Oh, on aime la caféine, pas vrai ? taquina son interlocutrice.

— Je tiens à rester éveillé longtemps, ce soir. J’ai tant de choses à rattraper…

Kylie gloussa et se tourna vers le capitaine.

— Et pour toi, qu’est-ce que ça sera ? questionna-t-elle.

— Une bière maison et une pointe de votre tarte aux agrumes.

— Excellent choix ! Je reviens tout de suite avec votre commande.

— Oh minute… on paie avec quoi ? remarqua Gabriel. Nous n’avons pas d’argent…

La propriétaire de la Taverne des Sanders – le nom officiel de cet endroit – secoua la tête et leva une main en l’air pour chasser cette idée.

— Mais nan, c’est la maison qui paie ! mentionna-t-elle. Après tout, vous êtes mes…

Le bruit de la cloche d’entrée sonna. Estelle entra, en compagnie de Wyatt. La petite blonde portait une petite robe de soirée et passa de l’autre côté du comptoir. Elle servait un client qui venait d’arriver, alors que Wyatt vint s’asseoir avec Flint et son époux.

— Notre fille travaille ici ? interrogea l’ex-golem.

— Non, enfin, elle travaillait ici avant, mais son rêve était de devenir journaliste, expliqua Kylie. Parfois, elle vient m’aider en fins de soirées.

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