102.2 - Panique nocturne

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Un peu plus tôt, avant que leur fille aille se coucher, Flint et Gabriel ne dormaient pas. Le capitaine était allongé dans son lit et observait le plafond avec une expression vide. Dia et Charlie avaient préféré rester à l’extérieur pour dormir à la belle étoile, ce qui aurait normalement donné la chance au couple de faire l’amour, mais pour la première fois depuis des jours, le blond n’avait pas envie de son mari. Il prenait de grandes respirations et fixait dans le vide.

Le colosse savait que toutes ces récentes révélations avaient fini par réveiller de vieilles blessures en lui. Il avait des papillons dans le ventre et ignorait ce qu’il pourrait lui dire pour le réconforter. Il l’écoutait simplement respirer, en silence.

— Dis… Flint… ? couina celui-ci.

— Mm ? répondit le blond.

— Tu m’en veux… n’est-ce pas ?

Le capitaine secoua la tête, mais ne regarda pas son mari.

— Dans ce cas, dis-moi ce qu’il se passe… supplia Gabriel. J’ai l’impression que tu me trouves répugnant, tout à coup…

La voix du gros guerrier cassa légèrement, ce qui inquiéta le blond. Le plus petit des deux hommes se tourna vers son époux et lui passa une main autour de la taille. Il enfonça légèrement son nez dans sa généreuse poitrine.

— Tu ne seras jamais répugnant à mes yeux, répondit Flint. C’est envers le système des dieux que j’en veux.

— À cause de l’inceste et tout ça ? demanda son mari.

— Ça et la façon dont ils ont traité mon grand-père et ma mère. Je m’inquiète pour nos amis de Baldt… j’ignore où sont mon père, Kyran et ma sœur… Je m’inquiète pour tous ces gens que l’on voyait souvent…

— Ils sont toujours vivants, ne t’en fais pas… Je suis certain qu’ils sont quelque part et qu’ils sont sains et saufs.

Ils étaient complètement nus sous leurs couvertures. Flint ressentait que son mari le désirait, mais il n’avait pas envie de faire l’amour, ce soir-là. Il l’embrassa simplement sur les lèvres et retourna à sa position précédente.

— Je ne sais pas ce qui me retient pour prendre la fuite avec toi et juste refaire ma vie, quelque part… soupira le blond. J’en ai tellement marre de ce conflit. Je n’ai jamais voulu être un outil de guerre, ni de représenter Athéna comme une sorte de champion. Elle n’arrête pas de nous imposer cette destinée… J’en ai marre.

— Tu ferais ça à ta maman ? Elle a vraiment besoin de ton aide…

Flint expira. Il grogna faiblement.

— Et si c’était moi, le joli bonhomme en détresse… tu viendrais me sauver ? poursuivit le colosse, avec la bouche en cul de poule.

Le blond fronça des sourcils et fit une moue.

— Toi, c’est différent, déclara-t-il. Tu es l’homme de ma vie.

— Oui, mais je suis aussi ton créateur. En tes veines coule aussi une partie de moi.

— C’est ça que je n’aime pas…

Flint se tourna dos à son partenaire.

— J’ai l’impression que tu as profité de moi, tout ce temps… poursuivit-il.

— Mais qu’est-ce que tu racontes ?! questionna le colosse. As-tu conscience que ce n’est qu’une toute petite particule de ce que j’étais autrefois ? Je n’ai plus le même sang que ma toute première forme. Je suis tout comme toi le résultat de milliers d’années de naissances… et n’oublie pas que je suis le clone d’un homme qui n’avait aucun rapport avec les Dieux d’Aeglys !

— Oui, mais tu nous a quand même créés, avec ma mère… Tu aurais dû être honnête avec moi, dès le moment où tu as retrouvé la mémoire. En plus, tu possèdes le sang des esprits élémentaires qui font partie de ma fratrie. Tout ça, me perturbe vraiment…

— Non, mais tu vas te ressaisir, oui ? gronda le colosse. Ça ne t’a jamais causé un problème avant ce stupide enregistrement ! Après toutes les choses débiles que nous avons faites ensemble pour prendre notre pied, tu me déçois !

Furieux, le gros guerrier se tourna dos à son mari, lui aussi, et se croisa les bras. Sans faire exprès, il retira le bout de couverture qui recouvrait son partenaire. Flint tira sur cette dernière, grincheux et ils se battirent ainsi pour quelques secondes à savoir qui allait avoir la garde de tous les draps.

Au bout d’un moment, Flint en eut assez et sortit du lit pour s’habiller en vitesse.

— Où vas-tu ? demanda son interlocuteur.

— Je m’en vais, fit le blond.

— Pour aller où ?!

— Je ne peux plus supporter cette dimension de merde ! Je veux rentrer chez nous et qu’on me fiche la sainte paix ! J’en ai assez de tout ça… Trouvez-vous un autre capitaine ! J’abandonne !

— Mais… mais… Flint ! Voyons !?

L’ex-golem se leva rapidement pour enfiler ses propres vêtements et suivit son mari jusqu’aux couloirs. Ce dernier avait déjà mis ses chaussures. Il n’avait qu’une envie : partir de Célestia. Il n’avait pas envie de parler à qui que ce soit. Au moment de descendre les escaliers, le colosse le retint.

— Lâche-moi ! grogna le capitaine.

Un par un, les membres de la Septième Brigade sortaient de leurs chambres, ainsi que Yosuke Megumi. Ils avaient tous été réveillés par la dispute du couple.

— Mais arrête ! insista le gros barbu. Flint ! Sapristi ! Qu’est-ce qui te prend !?

— Je veux rentrer à la maison ! sanglota le blond. Je veux voir mon père !

Le plus petit des deux hommes se pencha dans les escaliers et se prit la poitrine. Il avait de la difficulté à respirer. Celui-ci faisait une crise d’angoisse et pleurait à chaudes larmes. Il n’en pouvait plus de cet endroit. Célestia était pour lui un cadeau empoisonné. Tout lui était offert sur un plateau d’argent, mais il ne désirait qu’une chose : retourner là où il se sentait chez lui.

Cassandra se sentit triste de voir son ami dans cet état de détresse. Elle leva son regard vers son amant et lui fit signe d’intervenir. Shayne était tout aussi perturbé que cette dernière.

L’ex-vampire avait remarqué à quel point le comportement de son subordonné n’avait fait qu’empiré, du jour au lendemain. Il soupira.

— Flint, formula-t-il alors qu’il s’approcha du blond et de son époux. Qu’est-ce qui ne va pas ? Tu peux nous parler, tu sais ?

— Je veux rentrer à la maison, répéta le blond qui tremblait dans les bras du colosse. J’en ai marre de cette stupide mission… J’en… ai… marre… Je…

Il n’arrivait plus à respirer. Il s’étouffa. Instinctivement, le général vint à la rescousse du capitaine. Il demanda à Gabriel de se tasser un peu et prit Flint par les épaules. Il força le blond à lui regarder droit dans les yeux. Cassandra avait allumé la lumière du couloir, ils pouvaient mieux voir, ce qui se passait.

— Prends une grande respiration, ordonna Shayne.

— Je… n’y… arrive… pas… fit son interlocuteur.

— Ferme les yeux et concentre-toi sur Baldt. Pense au centre-ville où vous passez vos après-midis en famille.

Flint suivit les ordres de son supérieur. L’elfe à la peau olive continua :

— Maintenant… prends une grande respiration et visualise une douce brise printanière, alors que vous vous promenez près des marchés.

Le capitaine écouta ses paroles et s’imagina, en compagnie de Gabriel et d’Estelle, le jour où ils avaient décidé de l’adopter. Il y avait encore de la neige, mais il faisait beau, ce jour-là.

— Expire tout doucement, ajouta Shayne. C’est ça… tranquillement… Maintenant, reprends ton souffle à nouveau, mais lentement.

— Ça ne serait pas mieux de l’emmener dehors pour prendre un peu d’air ? proposa le colosse, inquiet. C’est mieux aéré.

Flint ouvrit les yeux, hocha la tête en pointa en bas des escaliers. Shayne escorta celui-ci tranquillement et ils se rendirent à la porte de sortie du salon. Le blond l’ouvrit rapidement et sortit à l’extérieur. Déjà, il ressentait une fraîcheur sur sa peau qui l’aidait à se sentir mieux. Il fut rejoint de Nash, Shayne et Gabriel. Il s’installa sur les marches de l’escalier qui descendait du perron.

— Ça va mieux ? demanda l’elfe basané.

— Un peu… répondit son ami.

— C’est la première grosse crise d’anxiété qu’il fait depuis des années… remarqua Gabriel, au général.

— Bah, normal, reprit celui qui fut autrefois un vampire. Nash l’a un peu secoué avec toutes les révélations d’hier.

Shayne afficha un air sévère au Roi de l’Olympe qui avala sa salive.

— Écoutez les gars, dit Nash. Je m’excuse… Je ne pensais pas que la vérité allait autant le secouer. Mais j’aurais dû être plus prudent, car moi aussi j’ai souffert de la même condition mentale.

— En effet, gronda Shayne. Franchement, faire ça à ton neveu…

L’elfe serra son subordonné contre lui, comme s’il le prenait pour son enfant. Le blond était tout étourdit et pleurait en silence.

— Ça va aller, Flint, rassura le général. On est tous avec toi.

— Mon père… renifla le capitaine. Je veux mon père…

— Merde… se dit Nash qui se tapa le front.

Flint avait fini par se rendormir dans les bras de Gabriel qui avait veillé sur lui, une bonne partie de la nuit. Shayne et Cassandra préparaient le déjeuner pour tout le monde, alors que Nash se tenait à l’écart. Le dieu s’en voulait d’avoir brisé mentalement son neveu de la sorte. Cela n’avait pas été dans ses intentions de lui faire de la peine, ni de briser ce qu’il y avait d’innocent en lui. En même temps, tous les dieux, surtout les olympiens, passaient à travers cette épreuve difficile qu’était cette vérité. Il y avait encore d’autres fichiers audio à écouter, mais il n’avait pas la force de faire endurer tout cela à son groupe.

Cerbère n’était pas revenu de la nuit, mais Dia, Nox et Windy étaient venus rendre visite aux brigadiers. La louve avait remarqué que son porteur n’allait pas bien. Elle resta auprès de lui et du colosse jusqu’à ce que ce dernier se réveille.

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