101.4 - Le terrible secret des dieux

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Avec ce corps, j’ai fait la connaissance d’Artael, un charmant politicien de Baldt. Je ne m’attendais pas à tomber amoureuse de celui-ci, mais c’est ce qui est arrivé lors de ma plus longue visite sur ce monde. Je devais faire tellement de va-et-vient que j’ai fini par me faire prendre par Zeus. Lorsqu’il a réalisé que j’étais enceinte, il m’a autorisé à porter les bébés grâce à ce corps d’emprunt, puis je devais revenir vivre pour l’éternité au Saint Royaume, une fois que tout cela serait terminé. Il a tout fait pour taire mon escapade sur Aeglys, mais hélas… le Conclave a fini par l’apprendre et mes sanctions ont empiré. Si jamais je remettais les pieds là-bas, ils allaient m’enlever tous mes pouvoirs et me jeter en enfer.

Ce fut le bout de l’audio où la princesse se mit à sangloter, puis elle essuya ses larmes rapidement. Son ton changea du calme à l’agressif.

Et quelques mois plus tôt, mon père adoptif est mort et c’est là que j’ai réalisé que je ne pouvais plus combattre toute seule. J’ai donc profité de l’opportunité de vous ramener à la vie, tout en vous donnant les pouvoirs et les privilèges des dieux. Je sais, ce que j’ai fait est mal, mais de toute façon, j’ai déjà entendu toutes ces rumeurs, comme quoi ils planifient d’exiler tous les olympiens sur différentes planètes… J’ai déjà perdu mon roi. Il est hors de question qu’ils s’en prennent à vous et les habitants de votre monde… C’est pourquoi… C’est pourquoi j’ai décidé que vous seriez parfaits pour prendre la relève. Je vous ai tous vus grandir, après tout… Je sais que vous êtes des gens respectables qui sauront protéger Aeglys et ses habitants… J’ai foi en vous et j’espère que vous ne m’abandonnerez pas. Je comprendrais toutefois si vous refusiez de répondre à l’appel divin… J’espère cependant que vous me pardonnerez d’avoir agi de la sorte, sans votre consentement. Vous êtes mon dernier espoir pour sauver le Saint Royaume… Je vous en supplie… Aidez-moi à mettre un terme à cette folie…

L’audio se termina sur cette dernière phrase. Kylie ferma son application et se prit le menton. Elle n’en revenait toujours pas qu’elle leur avait menti. Malgré cela, elle avait de bonnes intentions.

— Ses messages sont tous assez longs, je trouve, remarqua la musicienne. Je suis trop fatiguée pour écouter les autres qui restent.

— La pauvre… répondit Estelle. Elle cachait tant de souffrance à ses amis… et pourtant, sa vie était plutôt merdique, du début jusqu’à aujourd’hui. Ça explique sûrement pourquoi elle s’échappait si souvent…

— Mouais… elle devait se sentir si seule.

— La plupart des anges et des dieux la trouvait étrange, à cause de ses nombreuses expériences… Elle avait l’air d’une déesse sympathique.

La musicienne prit une grande respiration avant de demander :

— Au fait, pourquoi parle-t-on d’elle au passé ? Elle est toujours vivante, que je sache… Seulement… je me demande où elle peut bien se trouver.

Estelle leva sa tête vers Kylie.

— Je l’ignore, répliqua-t-elle. Peut-être qu’elle est morte…

— Bah non… formula Kylie. Sinon elle serait sur la liste des victimes. D’après Nash, elle se trouvait déjà sur Aeglys, quand elle a communiqué pour la dernière fois avec lui.

— Espérons qu’elle soit saine et sauve, dans ce cas…

La petite blonde bailla et s’étira pour se lever, mais tomba face au sol. Elle grogna et leva ses yeux bleus vers sa collègue de travail.

— Je vais le dire comme Oncle Shayne… Ma vie est un mensonge.

Elle soupira. La pauvre adolescente avait vécu tellement d’émotions, ces derniers temps, qu’elle ne savait plus comment gérer la crise.

— Bah, au moins notre mensonge actuel est sympa… répliqua son amie. Et sérieux… j’ai autant la trouille que toi… Je suis reconnaissante que tu sois là avec Scottie et Wyatt. Vous me changez les idées quand ça ne va pas.

Estelle avait remarqué que son associée portait moins de perçages que d’habitudes aux oreilles. Avant, elle s’était débarrassé de ceux de son nez et de ses lèvres, là elle changeait carrément ses habitudes. Elle ne se maquillait plus autant que la première semaine où elles s’étaient rencontrées. Ses cheveux commençaient à décolorer, comme ceux de son frère, mais le pourpre était toujours visible.

— Dis… ça te dirait qu’on teigne tes cheveux, puisque tu n’as pas sommeil ? demanda la jeune magicienne.

Elle s’appuyait le visage sur ses mains, les coudes au sol.

— Eh… pas bête comme idée, remarqua Kylie. J’ai préparé quelques bouteilles de colorants, l’autre jour. Il y en a de toutes les couleurs. On dira ce qu’on voudra des machines du sous-sol, mais c’est trop cool de pouvoir fabriquer plein de trucs, à partir de notre mana.

La musicienne sortit alors quelques bouteilles de liquides opaques de sa bague magique qu’elle posa devant les yeux de son amie. Il y en avait du rouge, du vert, du bleu, du rose et du violet.

— Oh ! J’aime bien le rose… dit Estelle qui prit le contenant. Crois-tu que je pourrais m’en faire une mèche ?

— Mouais ! Pourquoi pas ?

— Tes cheveux sont lavés au fait ?

— Ouais, et les tiens ?

La blonde hocha la tête.

— Ce matin-même, confirma-t-elle.

Après avoir fermé la lampe de chevet qui les éclairait, toutes deux se levèrent et partirent du salon avec leurs bouteilles respectives. Une fois aux toilettes, la jumelle sortit tout le matériel nécessaire pour se teindre les cheveux : brosse, peigne, gants en caoutchouc, pinceaux, serviettes et cetera. Elle recouvrit le comptoir avec des sacs pour qu’elles ne puissent pas le salir. Estelle se peignait déjà afin de démêler les nœuds dans ses cheveux.

C’est dingue, quand même… se dit la musicienne. Au début elle ne pouvait pas me supporter et là, elle me mange pratiquement dans la main…

Elle rougit timidement, observa son amie, puis retourna son regard dans le miroir. Elle cligna des yeux.

Mais qu’est-ce qui me prend ? grogna-t-elle mentalement. Suis-je en train de développer des sentiments pour elle ? Mais non… elle est hétéro… Pourquoi je me casserais la tête à tomber amoureuse de cette nana ?

Quand elle vit que son amie n’était pas dans son état normal, Estelle l’observa et pencha sa tête d’un côté. Nerveusement, Kylie enleva l’élastique de sa queue de cheval et commença à se brosser. La punk ne pouvait s’empêcher de trouver sa collègue de travail très adorable avec son haut de pyjamas aux motifs des petits lapins. C’était un peu enfantin, mais Estelle n’avait par l’air de s’en soucier.

Arrête de la zyeuter comme ça, pensa Kylie. Tu vas la traumatiser !

Tout à coup, elle glissa sur un gant qu’elle avait laissé tomber par terre. Elle se cogna contre le comptoir et perdit connaissance. L’adolescente était confuse.

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