— Mais comment ai-je pu louper des documents si importants ?! tonna Luna qui se tourna vers le roi.

— Eh… tu étais occupée à lire la liste des victimes, répondit Nash. Je suis désolé. Je comptais t’en parler.

Cassandra était choquée d’entendre ce que son ami leur disait. Elle n’était pas le produit des esprits, tout comme elle et sa tribu l’avait cru, mais une création de Poséidon. Elle était bouche bée. Quant à Shayne, il se sentait humilié. La panthère leva son regard vers son ami, inquiet.

— Eh bah… prononça le félin. Est-ce que ça ira ?

— J’ai besoin d’un whisky… répondit le guerrier basané.

Ce dernier se frotta les tempes alors qu’il râlait intérieurement.

Tout le monde recommençait à parler dans un chahut que Nash ne comprenait pas. Il dut siffler une seconde fois pour attirer l’attention vers lui.

— C’est bon ! déclara-t-il. Si vous voulez, on peut arrêter cette séance audio et faire comme si rien de tout cela n’avait été dit. Cependant, vous venez tous de faire face à ce que chaque nouveau dieu doit endurer lorsqu’on leur transfère leurs pouvoirs et leurs tâches. Un par un, nous sommes tous pris par les membres du Conclave afin qu’ils nous racontent tous les secrets de nos origines. Ceux et celles qui ne peuvent pas endurer cette vérité se voient retirés leurs pouvoirs. Ensuite, les souvenirs de cette conversation leur sont effacés.

— Mais c’est horrible… dégueula Flint. Comment peux-tu vivre avec ça sur la conscience ? C’est vraiment répugnant ce qu’on vient d’apprendre.

— Il faut le prendre une journée à la fois, tout simplement. Après quelques jours, je suis vite passé à autre chose. Athéna et tout le reste de la faction avait grandement besoin de moi, à cause de la mort de Zeus.

— On fait quoi, alors ?

— Je vous offre deux possibilités : vous avez le choix de garder ce secret ou je vous soumets à un sortilège d’amnésie sélective. Vous oublierez tout ce que vous venez d’apprendre. Est-ce que ça vous convient ?

Le capitaine secoua la tête.

— Ça va… je ne compte pas oublier tout ça, dit-il. Et puis de toute façon, tous ces gens étaient nos ancêtres… Ils ne pouvaient pas savoir qu’ils étaient parents…

— Très juste, soupira Cassandra. J’imagine que d’autres divinités ont offert de leurs semences pour créer les premiers habitants de notre monde, n’est-ce pas ?

— En effet, ajouta Nash. Les nains, par exemple, sont des créations d’Héphaïstos, le dieu de la forge. C’est ce qui explique pourquoi ils sont si doués pour la fabrication des armes, des armures et j’en passe. Lui, il n’avait pas vraiment de cultes, mais normalement les nains le voyaient comme une sorte de héros de conte de fées. Ils prétendent qu’ils sont nés de la pierre et qu’ils descendront à celle-ci, une fois morts. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que toute la surface rocheuse des montagnes a été forgée par l’un des marteaux d’Héphaïstos, pour aider Athéna.

Shayne était bouche-bée face à une telle déclaration.

— Toutes mes croyances ne sont que des mensonges, en fait, soupira-t-il.

— Si ça peut te consoler, Shayne, la majorité des phénomènes naturels sur Aeglys sont provoqués par la science et non la magie des dieux. Ces deux disciplines sont très respectées par les habitants du Saint Royaume. Comme vous avez pu vous en douter, Athéna est une grande dame de la science, tout comme son père adoptif était un excellent inventeur. Au fil des siècles, Père et fille ont fait progresser le mode de vie des anges et de leurs semblables. Les aeglysiens ont hérité de leur ingéniosité.

— Ah… d’accord… Je comprends…

— Et puis, puisque nous en sommes aux révélations choquantes, poursuivit l’oncle des quadruplés. Je crois que c’est le moment pour moi de vous annoncer que les dieux ne sont pas en fait les véritables divinités de cet univers, mais des créations abandonnées par le créateur. Bref, nous sommes coincés dans le cycle éternel de veiller sur les âmes, en espérant qu’un jour, le père de toutes les divinités reviendra sauver ces dernières. Ça fait plus d’un milliard d’années que ça persiste. Maintenant... comprenez-vous pourquoi Athéna voulait que les choses changent ? Elle en avait marre de se tourner les pouces à causes des convictions conservatrices du Conclave.

Scottie cligna des yeux, puis observa Wyatt. L’éclaireur remarqua que le mage était plus blanc que d’habitude. Ce dernier absorbait toutes ces informations comme une éponge. Le jumeau s’inquiétait pour lui et posa son regard sur ses propres jambes alors qu’il se serrait les cuisses. Il avait hâte que cette réunion de groupe se termine.

— Vous savez quoi ? dit alors Nash. J’ai des copies de cette clé USB et j’ai transféré tous ces fichiers dans vos courriels. Tout est accessible à travers le menu de vos bagues. Vous pourrez y accéder plus tard.

— Je préférais écouter le reste de cet audio avec vous, de mon côté, dit Luna. Je n’ai pas envie d’entendre tout ça sans vous…

La magicienne était assise près du Roi de l’Olympe et s’était rapprochée les jambes contre elle, comme Scottie. Ses amis ne l’avaient jamais vu aussi effrayée. À côté d’elle, Misaki hocha la tête. Elle non plus n’était pas à son aise, mais personne ne l’était vraiment à part le châtain qui se tenait près de l’ordinateur portable. Ce dernier observa le reste du groupe, puis conclut qu’ils ne partiraient pas. Il prit une grande respiration et appuya sur la touche Play.

❖

Une fois le premier fichier audio terminé, tous les membres de la Septième Brigade partirent se coucher, sauf Estelle et Kylie. Elles réécoutaient le dernier passage d’Athéna. Ce qui avait précédé était plus ou moins ce que Nash leur avait expliqué avec ses mots. La princesse était calme, même si les deux amies avaient détecté de la tristesse dans sa voix.

Elles étaient toutes deux assises sur le divan du salon, la punk était celle qui faisait jouer le son, alors que la petite blonde était allongée près d’elle. Il n’y avait qu’un petit espace entre ces dernières.

— Il y a une trentaine d’années, j’en ai eu marre de me cacher, dit-elle. Je voulais apprendre à connaître les gens de ma planète. J’ai donc désobéi à mon père, puis j’ai sombré dans un profond sommeil, alors que j’ai envoyé un corps artificiel sur Aeglys, qui était en réalité ma copie conforme. Je contrôlais tous ses faits et geste, c’était un clone dont je me suis souvent servie par le passé afin de m’éloigner du palais. Chaque fois que je rencontrais des risques avec elle, je la cachais. Elle était mon moyen d’évasion, si on peut le décrire ainsi. Quand elle dormait, je reprenais le contrôle de mon véritable corps.

Athéna se leva pour aller cherche un objet quelconque dans une armoire et revint s’asseoir à son pupitre.